Une interprétation nouvelle du catharisme a été proposée par René Nelli dans trois textes : elle accorde une place centrale au concept de « néant », dont l'importance paraît lui avoir été suggérée par une traduction de J. Duvernoy du terme nihil du « traité anonyme ». La traduction de ce terme par « rien » ou par « néant » modifie substantiellement le sens que paraissent avoir les phrases où il intervient, du fait que ces deux mots ont des connotations philosophiques et émotionnelles très différentes. Il est donc d'une grande importance de fixer de façon rigoureuse le sens que le mot nihil pouvait avoir pour les cathares eux-mêmes. C'est ce que fait Mlle Thouzellier avec toute la précision désirable ; nous suivons entièrement sa démonstration sur ce point. Il en résulte que ce terme perd la place centrale qu'on lui attribue dans la pensée cathare : il n'a pas plus d'importance que « vanité », « périssable », « temporel », tous attributs de « ce monde ».