Les routes, terrestres ou maritimes, ne véhiculent pas seulement des hommes, des marchandises et des idées. Elles transportent aussi des mots. Les termes qui désignent la soie dans les langues européennes ont suivi les routes qui amenaient le tissu d'Extrême-Orient en Europe. La route méridionale a propagé par le Khotan jusqu'aux bords de la Méditerranée la forme ancienne du nom chinois de la soie, s'r, d'où les noms latins et grecs des Chinois (Seres) et de la soie (sericum). Une route septentrionale, moins bien connue, a amené en Finlande et dans le Nord de l'Europe la forme mongole sir-kek, en passant par des dialectes qui vraisemblablement ont remplacé l'r par un l. C'est ainsi que s'expliquent le finnois silkki,le vieux norrois silki (d'où le danois et le norvégien silke), l'anglais silk. Les formes allemandes de ce mot (silecho) ont disparu au profit de sida (du latin saeta, comme le français soie).