La physionomie de l’année 1948 apparaîtra, aux yeux des observateurs du mouvement social en Belgique, très différente de celle des années précédentes, écoulées depuis la fin de la guerre.
Jusqu’en 1947, en effet, l’accroissement du volume de l’emploi avait été constant, une hausse continue des salaires et des avantages sociaux avait tout naturellement suivi cette expansion, et des mesures, telles que la mobilisation civile, avaient dû être prises pour pallier les effets de la pénurie de main-d’œuvre. Mais en 1948 l’expansion prit fin. Le retour à des conditions considérées comme normales devenant de règle pour toute la vie économique du pays, une tendance à la normalisation se fit jour également dans le domaine des relations sociales entre employeurs et travailleurs. On peut en voir le signe dans l’abrogation du régime de la mobilisation civile ainsi que dans le retour progressif à la liberté des négociations collectives et au système de la liaison entre les salaires et l’indice des prix.
D’autre part, la principale réforme introduite dans notre législation sociale depuis 1944 fut le vote, par les Chambres, de la loi du 20 septembre 1948 portant organisation de l’économie. Jointe à d’autres réformes dites « de structure », telles que la modification des statuts de la Banque nationale (dont il ne peut être question dans le cadre limité du présent article), elle apporte une transformation importante, encore que non révolutionnaire, dans la vie interne de l’économie belge en général et surtout, dans la vie des entreprises.
Par contre, la législation en matière d’assurance et de.prévoyance sociales n’a subi que peu de retouches au cours de l’année sous revue.