Ce texte, envoyé aux Annales en 1980, a été, selon le vœu d'Aaron Gurevič, présenté par moi sous une forme abrégée au colloque organisé par le CNRS, à Paris sur Le temps chrétien, iiie-xiiie siècle (9-12 mars 1981), colloque auquel A. Gurevič n'a pu participer. Les organisateurs du colloque ont bien voulu laisser aux Annales le privilège de publier in extenso ce texte qui leur était destiné. Les problèmes abordés par A. Gurevič ont été traités de façon indépendante dans mon ouvrage sur La naissance du Purgatoire publié en 1981. On pourra constater une assez large convergence d'opinion entre l'auteur et moi-même, en particulier l'importance que nous attachons tous deux aux récits de visions et voyages dans l'au-delà et aux exempla. Mais je me sépare du grand médiéviste soviétique sur l'appréciation de l'importance accordée à l'individu dans la pensée médiévale de la mort et de l'au-delà. Bien qu'il existe, dès le Haut Moyen Age, un courant d'attention au jugement individuel avec pour référence scripturaire l'histoire du pauvre Lazare et du mauvais riche, l'insistance sur le jugement individuel ne se produit, selon moi, qu'avec l'apparition, à la fin du XIIe siècle, du Purgatoire comme lieu de l'au-delà.