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D’Édesse à Antioche en passant par Jérusalem et Alexandrie. Où situer l’Évangile selon Thomas? Quelques considérations critiques

Published online by Cambridge University Press:  03 June 2024

Paul-Hubert Poirier*
Affiliation:
Faculté de théologie et de sciences religieuses, Université Laval, Québec, Canada.
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Résumé

Dans la perspective de la préparation d'une nouvelle édition annotée de l'Évangile selon Thomas, à paraître dans la collection « Bibliothèque copte de Nag Hammadi » (Leuven, Peeters), cet article revient sur quelques-unes des questions qui ont été débattues à propos de cet écrit, à savoir son lieu et sa date de composition, ainsi que sa langue d'origine.

Abstract

Abstract

With a view to the preparation of a new annotated edition of the Gospel according to Thomas, to be published in the “Bibliothèque copte de Nag Hammadi” series (Leuven, Peeters), this article looks back at some of the questions that have been discussed in relation to this writing, namely its place and date of composition and its original language.1

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Copyright © The Author(s), 2024. Published by Cambridge University Press

Une version complète de l’Évangile selon Thomas (ci-après: EvTh)Footnote 2 a été découverte en décembre 1945, à Nag Hammadi, en Haute Égypte, mais ce n'est que trois ans plus tard, le 4 décembre 1948, que son existence fut révélée par Jean Doresse dans une lettre qu'il adressait à Henri-Charles PuechFootnote 3 et dans laquelle il donnait le premier inventaire du contenu des manuscrits retrouvés à Nag HammadiFootnote 4. La découverte de l'EvTh sera rendue publique le 17 juin 1949 lors de la communication de Doresse présentée à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres à ParisFootnote 5. Les choses s'accélèreront par la suite, avec la publication d'un inventaire révisé des textes de Nag Hammadi par Puech, en 1950Footnote 6, l'identification par celui-ci, en juillet 1952, des P. Oxy 1 et 654 comme des témoins grecs de l'EvThFootnote 7, la parution, en septembre 1956, de l’édition facsimilée de Pahor LabibFootnote 8, enfin et surtout, celle de l’editio princeps de l’évangile, sous une quadruple forme (française, anglaise, allemande et néerlandaise), en 1959Footnote 9.

Seul recueil existant entièrement constitué de dits, de paroles ou de logia de Jésus, dont un bon nombre inconnu jusque-là, l'EvTh a suscité dès sa divulgation un énorme intérêt. C'est ainsi qu’à partir de 1959, il fera l'objet d'un nombre considérable de publications, monographies, éditions, commentaires ou études, chapitres dans des ouvrages collectifs ou articles dans des revues spécialisées ou destinées à un vaste lectoratFootnote 10. S'il fut très tôt admis par pratiquement tous les chercheurs que le manuscrit copte de l'EvTh, copié vers le milieu du IVe siècleFootnote 11, représentait la traduction d'une Vorlage réalisée dans une autre langue, pour le reste, on s'est rapidement retrouvé face à des questions dont certaines allaient s'avérer quasi insolubles: la langue dans laquelle l'EvTh avait été originellement rédigé, le lieu où il avait vu le jour, la date de sa composition, sa relation avec les évangiles synoptiques pour les dits que l'EvTh partage avec ceux-ci, la théologie ou la perspective propre au nouvel évangile et plus particulièrement sa relation au gnosticisme, question dont on ne peut faire l’économie tant en raison de la teneur de certains logia que du fait de la transmission de l’écrit dans un manuscrit constitué de textes relevant de ce courantFootnote 12. Dans cette contribution, je voudrais revenir sur l'une de ces quaestiones vexatae, celle du lieu d'origine de l'EvTh, que l'on ne peut toutefois considérer sans soulever en même temps celle de la langue de composition de l’écrit. Pour aucun de ces deux points, je n'ai de solution nouvelle à avancer; je veux plus modestement soumettre quelques réflexions à propos, notamment, de propositions plus ou moins récentes.

Dès 1957, peu après la publication de l’édition photographique de Pahor Labib et avant celle du texte copte de l'EvTh, H.-C. Puech, sur la base de rapprochements entre le nouvel évangile et les Actes de Thomas, se demandait si l'EvTh n'aurait pas « vu le jour en Syrie ou dans une région avoisinante »Footnote 13. Prenant appui sur la forme du nom de l'apôtre – Judas Thomas –, presque identique dans le nouvel évangile et dans les Actes, Puech avançait même que l'EvTh, comme les Actes, « doit provenir d’Édesse, ou de tel autre pays voisin, où le nom de l'apôtre était Jude Thomas, ou Didyme Jude Thomas, et auréolé d'un prestige qui, à ma connaissance, n'est nulle part attesté ailleurs »Footnote 14. Un an plus tard, il réaffirmait que « les deux ouvrages émanent d'un même milieu, ou de milieux voisins, et que l’Évangile selon Thomas pourrait être, lui aussi, originaire de Syrie ou d’Édesse »Footnote 15. Ce que Puech avançait d'une manière somme toute prudente trouvera un large écho et deviendra assez rapidement une quasi-certitude. Ce sera notamment le cas pour Gilles Quispel, qui, en 1964, estimait probable que l'EvTh ait été rédigé à Édesse vers 140 de notre èreFootnote 16. « Revisitant » l'EvTh en 1981, il se faisait beaucoup plus affirmatif : « It is absolutely certain that this apocryphal Gospel originated in Edessa, the city of the apostle Thomas »Footnote 17.

D'Helmut Koester à Uwe-Karsten Plisch, l'hypothèse d'une origine sinon édessénienne, à tout le moins oshroénienneFootnote 18, de l'EvTh trouvera par la suite de nombreux échosFootnote 19. Il faut reconnaître que cette hypothèse s'appuyait sur de bons arguments, pour la plupart formulés par H.-C. PuechFootnote 20 et que Simon Gathercole a rappelés: le nom de l'apôtre sous le patronage duquel l’évangile est placé, dont la forme suggère une provenance syrienne, la réception de l'EvTh dans les Actes de Thomas, ses affinités présumées avec des œuvres de provenance syrienne, des Odes de Salomon aux Démonstrations d'Aphraate et au Livre des degrés Footnote 21.

Tout en restant dans l'aire syrienne, on a également proposé de déplacer vers l'occident, plus précisément dans la région d'Antioche, le lieu de naissance de l'EvTh. C'est ainsi que Michel Desjardins, sans écarter du revers de la main les arguments qui plaideraient en faveur d'une origine édessénienne, estime que, si, comme il le pense, le grec est la langue originale de l'EvTh, la possibilité qu'une œuvre ait été rédigée en grec, à Édesse, au premier siècle ou au début du second, n'est pas des plus envisageablesFootnote 22. Desjardins ajoute à cela qu'il ne semble pas y avoir eu une présence juive significative à Édesse avant le milieu du deuxième siècle de notre ère, ni des traces d'une présence chrétienne avant 140, date présumée de la composition de l'EvTh. Et de conclure que, « si l'on doit choisir un lieu approprié entre 50 et 150, tous les chemins mènent à Antioche »Footnote 23. La question a été reprise d'une façon plus étoffée par Pierluigi PiovanelliFootnote 24. Assumant les thèses, à mon avis discutables, de Gregory J. Riley, April D. DeConick et Elaine H. Pagels, selon lesquelles l’Évangile de Jean serait une réponse polémique à l'EvThFootnote 25, Piovanelli imagine que les membres de la communauté johannique «étaient en conflit avec leurs frères et sœurs thomasiens, et [que] cela s'est probablement produit, vers la fin du premier siècle, dans les régions hellénophones de Syrie occidentale ou d'Asie Mineure, comme si, dans leur voyage de Jérusalem à Édesse, les porteurs araméophones des premières traditions thomasiennes avaient fait une halte à mi-chemin dans une communauté hellénophone ou bilingue identique ou en contact avec la communauté johannique »Footnote 26. Sur cette base, Piovanelli conclut que, «si nous voulons, à l'avenir, chercher un lieu plus central où localiser l’élaboration – presque certainement en grec – d'un recueil de paroles de Jésus aussi primitif et influent que l’Évangile de Thomas, nous serons mieux avisés de regarder du côté d'Antioche sur l'Oronte comme le point de départ le plus plausible pour sa diffusion ultérieure dans les communautés chrétiennes de langue grecque et syriaque du premier et du deuxième siècle »Footnote 27.

La thèse de l'origine sinon édessénienne, du moins syrienne de l'EvTh, mise de l'avant par H.-C. Puech et assez largement endossée, fut néanmoins rapidement contestée. Le premier à l'avoir fait fut Gérard Garitte, dès 1957, quoique de façon indirecte. Le coptologue de Louvain défendit en effet la thèse d'une rédaction copte originelle de l'EvTh tout en concédant que « la constatation de la priorité du copte par rapport aux ‟Paroles” grecques ne peut en rien faire préjuger l'origine immédiate de l’‟Évangile selon Thomas” » et que « le fait que les fragments grecs d'Oxyrhynque sont traduits du copte ne signifie pas nécessairement que l’‟Évangile selon Thomas” soit une composition originale copte »Footnote 28. Postuler un original copte évoque toutefois l’Égypte comme lieu d'origine de l’évangile.

Il reviendra toutefois à un collègue louvaniste de Garitte, le néotestamentaire Boudewijn Dehandschutter de reprendre de manière argumentée l'idée de l'origine égyptienne de l'EvThFootnote 29. Celui-ci se fonde tout d'abord sur une critique des arguments invoqués en faveur de la localisation de l'EvTh en Syrie ou à Édesse, dont il déclare qu'ils ne l'ont pas convaincu : « Tout cela, conclut-il, nous donne l'impression que dès le début de la recherche, on a considéré trop de choses comme vraisemblables sans avoir élaboré une argumentation solide. Nous n'avons pas compris pourquoi, continue-t-il, on n'a que fort rarement envisagé l’Égypte pour lieu d'origine de l'E(v)T(h) »Footnote 30. Pour renverser la tendance, Dehandschutter se fonde surtout sur la présence de fragments de l'EvTh au nombre des papyri retrouvés à Oxyrhynque, ce qui lui semble « plus qu'un indice dans ce sens »Footnote 31. Dans une contribution ultérieure, dans laquelle il reprend la question à partir des deux articles contradictoires de Barbara Ehlers et d'Albertus F. J. Klijn, Dehandschutter défend à nouveau la possibilité d'une origine égyptienne de l’évangile copte, sans toutefois apporter d'arguments nouveauxFootnote 32.

La possibilité d'une provenance égyptienne de l'EvTh pourrait être considérée comme une curiosité historiographique, si elle n’était revenue naguère à l'ordre du jour. Cette thèse a en effet été soumise à un nouvel examen de la part de Ian Phillip Brown en 2019. Dans un article bien documenté, il entend démontrer que « l’Évangile de Thomas s'inscrit très bien dans les traditions exégétiques judéennes d'Alexandrie et, par conséquent, [qu’]un Évangile de Thomas alexandrin a plus de sens qu'un Évangile de Thomas édessénien »Footnote 33. Brown se fonde sur le fait que l'EvTh « contient un bon nombre de dits (sayings) qui suggèrent à la fois qu'il était le produit d'un environnement intellectuel et qu'il était en concurrence, en termes de prestige et de réception, avec d'autres textes et traditions intellectuels »Footnote 34. Un tel texte, qui certes ne pouvait rivaliser, sur le plan philosophique ou exégétique, avec les traités de Philon, aurait néanmoins trouvé un public à AlexandrieFootnote 35. Sans aller jusqu’à suggérer que l'EvTh « soit un texte comparable aux écrits de Philon », il partagerait néanmoins avec ceux-ci de nombreux thèmesFootnote 36, au point d'en faire une œuvre alexandrine et non syrienneFootnote 37. Selon Brown, qui, là-dessus, s'inscrit dans la foulée des travaux d'Elaine PagelsFootnote 38, l'EvTh offrirait une exégèse des récits de création dans les deux premiers chapitres de la Genèse, qui distinguerait deux créations : la première dans laquelle les êtres humains seraient de pures images de Dieu, et la seconde dans laquelle les humains seraient faits de chair et de sangFootnote 39, reprenant ainsi une thématique centrale chez Philon d'AlexandrieFootnote 40.

Quelques années auparavant, l'hypothèse alexandrine avait trouvé un autre protagoniste en la personne de J. Gregory GivenFootnote 41. À vrai dire, celui-ci n'offrait guère d'arguments en faveur d'une origine alexandrine de l'EvTh. Il cherchait plutôt à répondre à la question suivante : « Comment un texte copte du quatrième ou cinquième siècle, parmi quelques douzaines découverts à Nag Hammadi, avec, comme parallèles, trois fragments grecs du troisième siècle retrouvés à Oxyrhynque, en est-il venu à être identifié comme l’Urtext du premier ou du deuxième siècle de la tradition édessénienne? »Footnote 42. À cette question, Given apportait une réponse largement théorique : « l'association durable de l’Évangile selon Thomas avec Édesse, écrit-il, s'enracine dans certains courants intellectuels du XXe siècle qui ont façonné l'imagination savante de l'Orient et ont cherché la condition sine qua non de la religion dans l'expérience mystique »Footnote 43. Ces courants intellectuels sont, d'après l'auteur, ceux de l'orientalisme et de ce qu'il appelle le « mystocentrisme » du cercle Eranos, qui ont fait l'objet des ouvrages bien connus d'Edward Said, dans le premier cas, et de Steven Wasserstrom, dans le secondFootnote 44. C'est dans cette perspective que Given critiquait aussi bien les positions initiales de Puech et de Quispel que celles plus récentes d'April DeConick ou de Steven PattersonFootnote 45. Aux perspectives de Said et de Wasserstrom, Given ajoutait discrètementFootnote 46 l'approche déconstructionniste des textes de Nag Hammadi, inspirée de la New Philology, qui prévaut depuis quelques temps. Pour les protagonistes de cette approche, les manuscrits qui portent ces textes seraient avant tout les produits du milieu monastique égyptien du IVe siècle ou devraient à tout le moins être lus en fonction d'un tel contexteFootnote 47. En ce qui concerne l'EvTh, Given estimait que, « si nous devions recadrer la discussion sur la situation sociale et géographique de l’Évangile selon Thomas, en mettant l'accent sur l'humilité et la précision », nous devrions, et c'est ainsi qu'il concluait, « commencer l'analyse plutôt aux emplacements précis [où se trouvent] nos preuves manuscrites physiques disponibles, en considérant d'abord le rôle que l’Évangile selon Thomas a joué dans l’Égypte du troisième au cinquième siècle »Footnote 48. Certes, J. Gregory Given ne prenait pas explicitement partie pour une origine alexandrine de l'EvTh, mais, en disqualifiant la thèse édessénienne et syrienne, il aboutit au même résultat.

Dans ce qui est sans aucun doute l'une des interprétations d'ensemble les plus ambitieuses de l'EvTh à avoir été avancée depuis sa découverte, April D. DeConick a proposé de concevoir l’élaboration de l’écrit comme le résultat de l'addition de couches rédactionnelles successives, à la faveur d'un effet « boule de neige ». À la base du développement de ce « rolling gospel » se trouverait un noyau (« Kernel Gospel »), constitué de cinq discours, dont la composition se situerait entre 30 et 50, auquel se seraient ajoutés, en réponse à des crises ou à des conflits, cinq couches ou « accrétions » datables respectivement de 50 à 60 (« relocalisation et crise de leadership »), 60 à 100 (« accueil des païens et première crise eschatologique [avec le passage à la dimension mystique de la pensée apocalyptique] ») et 80 à 120 (« mort des témoins oculaires, développements christologiques et poursuite de la crise eschatologique [avec incorporation de traditions encratites et hermétiques] »)Footnote 49. Ce modèle s'accompagne également de propositions relatives au lieu d'origine de l'EvTh. D'après A. DeConick, le noyau initial de l’évangile, antérieur à la seconde moitié du premier siècle, aurait consisté en ce qu'elle décrit comme « un très vieil évangile de paroles de Jésus provenant probablement de l’Église de Jérusalem »Footnote 50. En raison de l'activité missionnaire de l’Église de Jérusalem, cet évangile aurait migré en Syrie orientale avec les « chrétiens thomasiens »Footnote 51. Vers le milieu ou la fin du premier siècle, le groupe porteur de l'EvTh en cours d’élaboration aurait tissé des liens étroits avec les chrétiens d'Alexandrie, là encore, probablement comme un résultat direct de l'activité missionnaire de l’Église de Jérusalem, avant de faire le chemin inverse, d'Alexandrie à Jérusalem puis à nouveau en Syrie orientale. Ce mouvement aurait affecté la teneur de l’écrit, qui, d'apocalyptique à l'origine, se serait ouvert à « la voix d'Hermès » et à l'encratisme du christianisme alexandrin, et aurait épousé l'exégèse des Écritures juives, en particulier de Genèse 1-3, qui était en vogue chez les chrétiens d'Alexandrie, et cela pour faire face à la crise provoquée par le retard de la parousieFootnote 52. L'hypothèse rédactionnelle de DeConick se situe en quelque sorte dans la continuité de celle, plus sommaire, de John Dominic Crossan, qui distinguait deux couches dans l'EvTh, la première composée dans les années ’50 du premier siècle, vraisemblablement à Jérusalem, sous l'autorité de Jacques le Juste. Après son martyre, en 62, sa communauté se serait déplacée à Édesse, dans les années ’60 ou ’70, où la seconde couche de l’écrit aurait été produite, cette fois sous le patronage de ThomasFootnote 53.

La plus récente contribution relative au lieu d'origine ou de composition de l'EvTh est celle de Milan VukomanovićFootnote 54. Se basant sur le témoignage du Pseudo-Hippolyte, qui, en Elenchos V, 7, 20, évoque les Phrygiens, à côté des Assyriens et des Égyptiens, juste avant de citer, en V, 7, 21 un passage d'un Évangile selon Thomas partiellement parallèle au logion 4 de l'EvThFootnote 55, Vukomanović arrive à la conclusion que l'EvTh atteignit Alexandrie depuis la Palestine ou l'Asie Mineure, plus précisément la Phrygie, où il aurait été en circulation dans la première moitié du deuxième siècleFootnote 56.

Comme on le voit, l'unanimité est loin de régner en ce qui concerne la provenance géographique de l'EvTh. Comme l’écrivait Stevan Davies en 1983, « nous ne savons pas où Thomas a vu le jour. Nous ne savons même pas avec certitude s'il était plus important en Syrie qu'ailleurs. […] Thomas était connu à la fois en Syrie et en Égypte au milieu du deuxième siècle. Restons-en là », conclut-ilFootnote 57. Devons-nous pour autant nous résoudre à ce constat? Pour y voir plus clair, il faut, à mon avis, revenir à la question de la langue de composition de l'EvTh. L'examen le plus récent de cette question demeure celui de Simon Gathercole, dans un ouvrage consacré à la composition de l'EvTh, paru en 2012Footnote 58. Au terme d'un examen minutieux des preuves tangibles (positive evidence) en faveur du grec, Gathercole arrive à la conclusion que l'existence d'une Vorlage grecque pour la version copte de l'EvTh doit être considérée comme une quasi-certitude (virtual certainty)Footnote 59. Cette conclusion n'est pas nouvelle mais il revient à Gathercole le mérite de l'avoir établie sur la base d'un examen systématique des indices qui plaident en sa faveur. Elle n'a jamais non plus fait d'objet d'une remise en question sérieuse. On peut toutefois se demander si le plaidoyer, légitime en soi, en faveur d'une prise en compte du contexte proprement copte de la production des codices de Nag HammadiFootnote 60, et la résurgence de l'hypothèse d'une provenance monastique de ceux-ci, ne reviennent pas, en fin de compte, à favoriser une origine copte de l'EvThFootnote 61.

C'est toutefois en amont du modèle grec de la version copte que se pose la question de la langue de composition de l'EvTh originel et que surgissent les difficultés. L'existence même d'une version grecque – ou de versions grecques – de l'EvTh est imposée par les trois papyri d'Oxyrhynque, qui ont fait connaître le texte grec du prologue et des logia 1 à 7 (P. Oxy. 654), 26 à 33, avec le log. 77b (P. Oxy. 1), et 24 et 36 à 39 (P. Oxy. 655)Footnote 62, soit un total de vingt-et-un logia, mais sous une forme parfois assez divergente de celle de la version copte. La séquence des dits, quasi identique de part et d'autre, permet de conclure qu'aussi bien pour le grec que pour le copte, nous faisons face à un seul et même écrit. Cela ne signifie pas pour autant que les fragments d'Oxyrhynque seraient les restes de la Vorlage grecque de l'EvTh. Tout au plus permettent-ils d'estimer la diffusion de l'EvTh grec entre le début du IIIe siècle et les années 250. Par ailleurs, les observations codicologiques, paléographiques et orthographiques de Larry Hurtado, notamment sur les iotacismes et la graphie des nomina sacra, ont permis d'arriver aux conclusions suivantesFootnote 63: premièrement, dans les trois cas, il s'agirait de copies destinées à un usage privéFootnote 64; deuxièmement, si l'on considère le nombre d'exemplaires préservés par œuvre chrétienne grecque, aux IIe et IIIe siècles, l'EvTh se situerait dans la moyenne, ce qui suggèrerait un lectorat moins important que pour les Psaumes (16 exemplaires) ou le Pasteur d'Hermas (11 ex.), mais plus important que pour l’évangile de Marc, les deux lettres de Pierre ou les première et deuxième de Jean (1 ex. chacun); troisièmement, le fait que les papyrus de l'EvTh semblent avoir été produits pour un usage privé (personal or non-liturgical settings) donnerait à penser qu'il n'y a pas, derrière le texte, une (ou des) communauté(s) spécifique(s) (demarcated «communities») qui en auraient fait usage. En conséquence et pour autant qu'on puisse le savoir, ces trois manuscrits auraient été copiés et utilisés par les mêmes cercles chrétiens que les autres textes exhumés à Oxyrhynque ou dans d'autres sites égyptiens. Ces conclusions valent évidemment ce que vaut notre connaissance partielle de la production écrite des deux premiers siècles chrétiens, attestée par les seuls documents matériellement attribuables à cette période dont nous avons la chance de disposer. Il est donc raisonnable de supposer, à la source des témoins d'Oxyrhynque, l'existence d'un EvTh grec complet, antérieur au moins à la fin du deuxième siècle.

Revenons à la question de la langue de composition de l'EvTh. Dans la communication lue à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, le 24 mai 1957, par laquelle il présentait pour la première fois l'EvTh, Henri-Charles Puech s'exprimait ainsi sur ce sujet : « Que plus d'une de ces [114] paroles ait chance de remonter à un prototype araméen, il est permis de le présumer; il reste sûr, en tout cas, continuait-il, que l’écrit dans son ensemble, tel qu'il nous est offert en copte, suppose un original grec, dont il n'est que la traduction ou une adaptation »Footnote 65. Il évoquait en outre, pour plusieurs des logia, « des aramaïsmes que suppose leur rédaction originale »Footnote 66. Un original grec et un éventuel prototype araméen sinon pour la totalité de l'EvTh, au moins pour certains logia: H.-C. Puech fixait ainsi le cadre dans lequel allait s'engager la discussion, si l'on fait exception de la proposition de G. Garitte en faveur d'un original copte pour les logia d'OxyrhynqueFootnote 67, proposition qui reçut, aussitôt formulée, une réfutation sans appel de la part aussi bien d'Antoine Guillaumont que d'Ernst HaenchenFootnote 68. C'est également en 1957 que Gilles Quispel fit paraître un véritable article-programme dans lequel il examinait la possibilité que des paroles inconnues de Jésus tirées d'un évangile judéo-chrétien araméen aient été mises au jour grâce à la découverte de l'EvTh, et que l'auteur du Diatessaron et celui de l'EvTh aient tous deux puisé à une source judéo-chrétienne commune, en l'occurrence un Évangile selon les Hébreux Footnote 69.

C'est toutefois Antoine Guillaumont qui devait partir à la recherche du « prototype araméen » évoqué par H.-C. Puech. Il le fit dès 1958 dans un article consacré aux sémitismes que l'on retrouverait dans certains des logia de l’évangile copteFootnote 70. Il reprit la question en 1962 à propos de l'expression νησθɛύɛιν τὸν κόσμον / ⲣ̄ⲛⲏⲥⲧⲉⲩⲉ ⲉⲡⲕⲟⲥⲙⲟⲥ du logion 27Footnote 71. Quelque vingt ans plus tard, en 1981, il rouvrit le dossier et proposa un classement raisonné des sémitismes dans l'EvThFootnote 72. Guillaumont écartait tout d'abord des sémitismes peu significatifs, septantismes passés dans le texte grec de l'EvTh puis dans le copte, expressions, d'origine hébraïque ou araméenne, courantes dans le grec de l’époque, formules bibliques stéréotypées ou tournures qui paraissent être des sémitismes mais ne sont que des copticismesFootnote 73. Parallèlement à ces « faits de langue, d'origine sémitique, mais devenus usuels en grec et en copte, ou comme des expressions susceptibles d’être expliquées par la seule langue copte », il affirmait l'existence d’ «un nombre imposant de faits de vocabulaire, de syntaxe ou de style qui paraissent trahir, de façon évidente, l'existence d'un texte sémitique sous-jacent au texte copte seul conservé»Footnote 74. Guillaumont dénombrait ainsi près de trente-cinq termes ou formules de l'EvTh qui se qualifieraient comme sémitismes au sens large et qui relèveraient de deux cas de figure ou se situeraient à deux niveaux différents : « le premier, que nous ne faisons qu'entrevoir et qui sort à peine pour nous du champ de l'hypothèse, est représenté par les sémitismes qu'il conviendrait de rattacher à un substrat hébreu, judéo-araméen ou araméen judéo-chrétien; le second, plus proche de nous, se confond avec un état syriaque du texte, dont on ne peut dire s'il fut le stade initial ou seulement une étape intermédiaire de son histoire, mais qui paraît suffisamment attesté »Footnote 75.

D'après Guillaumont, « l’étude des sémitismes conservés dans le texte copte de l’Évangile selon Thomas conduit donc à d'importantes conclusions. Elle montre, d'une part, les liens étroits qui existent entre cet ouvrage et les milieux de langue syriaque et donne à penser qu'il a dû y avoir antérieurement une rédaction en cette langue. D'autre part, certains d'entre eux permettent, semble-t-il, de remonter au-delà et d'entrevoir, particulièrement pour les logia qui ont des parallèles synoptiques, un substrat araméen qu'ils auraient en commun avec ces derniers »Footnote 76.

Aussi bien les propositions de Puech et de Quispel que celles de Guillaumont firent l'objet d'une critique systématique de la part d'Alexander Böhlig dans un important article consacré au « problème des éléments araméens dans les textes de Nag Hammadi » et à la signification de ces éléments araméens ou syriaques pour la détermination du lieu d'origine de certains écrits, dont l’Évangile selon Philippe (NH II, 3), l’Écrit sans titre (NH II, 5), le Tonnerre, intellect parfait (NH VI, 2) et l'EvThFootnote 77. À propos de ce dernier écrit, Böhlig reprend un à un les arguments avancés par Guillaumont dans sa synthèse de 1981 et au terme de son examen, il conclut péremptoirement à un non-lieu, dans la mesure où, selon lui, la thèse d'une Vorlage syriaque ne s'impose nullement, que tous les exemples invoqués par Guillaumont s'expliquent autrement et que, pour autant qu'il y aurait vraiment des sémitismes dans l'EvTh, ils peuvent provenir de la tradition orale à laquelle les synoptiques ont également puiséFootnote 78.

Étant donné la conclusion à laquelle était parvenu Böhlig, il n'est pas surprenant qu'il n'ait pas été cité ni même mentionné par aucun des deux plus récents avocats de la présence de sémitismes ou de syriacismes dans l'EvTh, Nicholas Perrin et April DeConick. Dans sa thèse publiée en 2002, N. Perrin a cherché à établir que l'EvTh avait été composé à l'origine en syriaque, que ce texte syriaque forme une unité et non une collection aléatoire de dits, et que l'auteur de l'EvTh s'est appuyé sur des sources évangéliques écrites en syriaque, parmi lesquelles le Diatessaron de Tatien. Cette hypothèse implique que l'on attribue à l'EvTh une date de rédaction relativement tardive, puisqu'il est généralement admis que le Diatessaron a été composé quelque temps après 170 de notre èreFootnote 79. L'auteur prenait ainsi le contre-pied d'une grande partie de la recherche sur l'EvTh, aussi bien en ce qui concerne la date de rédaction que la langue de composition. La démonstration de Perrin repose essentiellement sur un inventaire des mots-crochets (catchwords) qui relieraient les uns aux autres les logia de l'EvTh; c'est ainsi que la rétroversion du copte en syriaque permettrait de retrouver pas moins de 502 mots-crochets, contre 263 en grec et 269 dans le texte copte existant. Par conséquent, estime Perrin, « les preuves quantitatives pointent de manière décisive dans la direction de la composition syriaque » et « suggèrent un arrière-plan linguistique unique pour l'ensemble de la collection »Footnote 80. Ces preuves confirmeraient la « théorie syriaque » au-delà de tout doute raisonnable: « L'EvTh a été composé entièrement en syriaque »Footnote 81, affirme-t-il, plus ou moins dans le dernier quart du deuxième siècle. La principale difficulté de la thèse de Perrin réside dans le fait que nous n'avons absolument aucune preuve de l'existence de textes littéraires syriaques antérieurs aux Odes de Salomon, dont la datation demeure toutefois incertaine, et au Livre des lois des pays attribué à l’« école » de Bardesane et que l'on peut dater de la fin du IIe ou du début du IIIe siècle. S'ajoute à cela le fait que le Diatessaron de Tatien, s'il a bien été composé en syriaqueFootnote 82, ne peut être reconstitué qu'indirectement. L'extravagance de la thèse de Perrin combinée à un traitement défectueux des matériaux coptes et syriaques expliquent que son ouvrage ait été très mal reçu par la critiqueFootnote 83.

L'hypothèse d'April DeConick est plus complexe que celle de Perrin, même si les deux se rejoignent au bout du compte. Présentant sa traduction anglaise de l'EvTh, la spécialiste américaine écrit qu'elle a cherché « à rendre compte de certaines des nuances de la langue copte en partant du principe que le copte est une traduction d'un manuscrit grec qui, lui-même, était probablement une traduction d'un “original” rédigé dans une langue sémitique »Footnote 84. Ce faisant, elle se réclame d'Antoine Guillaumont dont les travaux, que nous avons évoqués ci-dessus, auraient révélé deux niveaux de tradition antérieurs au grec et au copte, un premier, plus ancien, qui aurait été un niveau palestinien ou araméen occidental, et un second, plus récent, qui aurait été syriaque ou araméen oriental et qui aurait fusionné avec le premierFootnote 85. D'après DeConick, le noyau de l'EvTh, le « Kernel Gospel », aurait été originellement écrit en araméen, plus précisément dans le dialecte occidental de Palestine, et après avoir migré en Syrie, il aurait été remanié et adapté en syriaque, le dialecte araméen orientalFootnote 86. Cette conclusion serait corroborée par le « reconstructive work » de Perrin, à cette différence près que, pour DeConick, le syriaque ne se situe pas au niveau « original » de l'EvTh mais reflète une recomposition de l’évangile, « un changement de dialecte de l'araméen au syriaque qui s'est produit lorsque le noyau a été réinterprété dans l'environnement syrien »Footnote 87.

À mon avis et pour résumer, on peut dire que la possibilité d'un original syriaque de l'EvTh doit être exclue pour les raisons que nous avons évoquées à propos de la thèse de Perrin. Quant à celle de la rédaction d'une portion plus ou moins significative de l’évangile en araméen occidental ou palestinien – pour DeConick, cela concernerait 72 logia, ceux qu'elle attribue en tout ou en partie au « Kernel Gospel », soit plus de 60% de l'EvThFootnote 88 – cette hypothèse demeure tout à fait spéculative, étant donné ce que nous savons ou plutôt ne savons pas de l’état de cette forme de l'araméen au premier siècle de notre èreFootnote 89. Et cela, sans compter les contraintes temporelles qu'imposeraient l'une ou l'autre option: une Vorlage syriaque situerait en effet la rédaction de l'EvTh presque vers la fin du deuxième siècle au plus tôt, alors que l'hypothèse araméenne occidentale de DeConick date plus de la moitié des logia dès avant la seconde moitié du premier siècle. Dans l’état actuel de nos connaissances et sous réserve de la découverte de nouveaux témoins, il semble donc raisonnable de considérer le grec comme la langue originelle de l'EvTh, ce qui ne signifie pas, bien entendu, que le texte grec des papyri d'Oxyrhynque représenterait le texte originel de l’évangile.

Cela dit et quoi qu'il en soit de la présence de sémitismes détectables dans le grec ou le copteFootnote 90, on a depuis longtemps notéFootnote 91 qu'un certain nombre d'indices suggèrent, pour l'EvTh, une origine dans un milieu syrien au sens large : mentionnons, entre autres, la forme même du nom de l'apôtre à qui les paroles de Jésus ont été transmises (d'après le grec)Footnote 92 ou qu'il a écrites (d'après le copte), les parallèles que l'on relève entre l'EvTh et les Actes de Thomas, la parenté de certains logia avec le matériau textuel de la Vetus Syra, l'utilisation de l’évangile par les manichéensFootnote 93. Au terme, il apparaît difficile de situer l'EvTh ailleurs que dans un espace compris entre l'Osrhoène et Antioche, dans lequel grec et syriaque se côtoyaient.

Comme on le voit, l'interprète ou le commentateur de l'EvTh est confronté à bien des incertitudes mais il peut à tout le moins se garder de s'engager dans des impasses ou des voies sans issue en ce qui concerne la langue de l’écrit, son origine géographique, la date de sa composition ou encore ses références doctrinales. Et encore lui faut-il résister à la tentation de la quête chimériqueFootnote 94 et obsessive d'une forme primitive des paroles de Jésus en amont ou par-delà les dits de l'EvTh. En particulier, force est bien de constater la faillite de toutes les propositions qui visent à dater d'une manière trop précise, même à la décennie près, les logia de l'EvTh; pareilles tentatives relèvent davantage de la science-fiction que de la saine critique. Ce qui est en définitive déterminant, c'est le sens que le commentateur arrive à donner à chacun des logia compte tenu de ce que l'on peut connaître de son environnement textuel et doctrinal. Il m'apparaît en effet que l'EvTh porte la marque d'un éclectisme savant, comme on le voit pour certains logia que d'aucuns voudraient attribuer à une strate primitive de l’évangile. Dans un framework qui s'ouvre sur un prologue qui annonce des paroles secrètes ou cachées, l'auteur – rédacteur ou compilateur – aura rassemblé les matériaux qui lui tombaient sous la main et qui lui permettaient de mettre en scène un Jésus maître de sagesse dont les paroles, correctement interprétées, conduisent à la vie. Au demeurant, aussi bien le lecteur des premiers siècles que l'interprète d'aujourd’hui sont engagés dans une même quête herméneutique, comme y invite le prologue de l'EvTh : « Celui qui trouvera l'interprétation de ces paroles ne goûtera pas la mort. »

Competing interests

The author declares none.

References

1 « Main Paper » présenté au 77th General Meeting de la SNTS, le 26 juillet 2023, à Vienne. Cette communication s'inscrit dans le cadre de la rédaction d'une nouvelle édition commentée de l’Évangile selon Thomas à paraître dans la collection « Bibliothèque copte de Nag Hammadi » (Leuven, Peeters).

2 L'EvTh est le second écrit du Codex II de Nag Hammadi. Plusieurs éditions des versions grecque et copte de l'EvTh sont disponibles; l’édition de référence est celle de Bentley Layton et Harold Attridge dans H. Koester, B. Layton, T. O. Lambdin, H. W. Attridge, «Tractate 2: The Gospel According to Thomas», dans B. Layton, éd., Nag Hammadi Codex II, 2-7 together with XIII,2*, Brit. Lib. Or. 4926 (1), and P. Oxy. 1, 654, 655. Volume One (NHS 20; Leiden, Brill, 1989) 37-125. Sur l'histoire de la publication de l'EvTh, depuis la découverte des P. Oxy 1, 654 et 655, voir P.-H. Poirier, «From 1897 to 2015: Some Aspects of the Research on the Gospel according to Thomas», dans J. Schröter, K. Schwarz, éd., Die Nag-Hammadi-Schriften in der Literatur- und Theologiegeschichte des frühen Christentums (STAC 106; Tübingen, Mohr Siebeck, 2017) 219-32.

3 Édition de la lettre, sous le n° 20, dans E. Crégheur, M. Tardieu, J. M. Robinson, Histoire des manuscrits gnostiques coptes. La correspondance Doresse–Puech 1947-1970 (BCNH, «Études» 9; Québec/Louvain-Paris-Bristol, CT, Les Presses de l'Université Laval/Éditions Peeters, 2015) 191-5 (193 pour l'EvTh); cette lettre est reproduite, avec une traduction anglaise, pour la mention de l'EvTh, dans J. M. Robinson, The Nag Hammadi Story. Volume 2. The Publication (NHMS 86; Leiden-Boston, Brill, 2014) 799 et n. 1.

4 Inventaire de fait incomplet puisque Doresse mentionne seulement onze des treize codices.

5 Doresse, J., «Nouveaux documents gnostiques coptes découverts en Haute-Égypte», CRAI 93, 2 (1949) 176-180CrossRefGoogle Scholar, ici 179.

6 H.-C. Puech, «Les nouveaux écrits gnostiques découverts en Haute-Égypte. Premier inventaire et essai d'identification», dans M. Malinine, éd., Coptic Studies in Honor of Walter Ewing Crum (Bulletin of the Byzantine Institute 2; Boston, Byzantine Institute of America, 1950) 91-154, 104 pour l'EvTh.

7 D'après la lettre de Puech à Doresse, datée du 29 juillet 1952, éditée sous le n° 61, dans E. Crégheur, M. Tardieu, J. M. Robinson, Histoire des manuscrits gnostiques coptes, 264; cette lettre est reproduite, avec une traduction anglaise dans J. M. Robinson, The Nag Hammadi Story. Volume 2 (Leiden/Boston, Brill, 2014) 800.

8 Labib, P., Coptic Gnostic Papyri in the Coptic Museum at Old Cairo, Volume I (Le Caire, Government Press, 1956)Google Scholar; l'EvTh occupe les planches 80-99.

9 A. Guillaumont, H.-C. Puech, G. Quispel, W. C. Till, Y. ‘Abd al Masīḥ, L’Évangile selon Thomas (Paris, Presses Universitaires de France, 1959); A. Guillaumont, H.-C. Puech, G. Quispel, W. C. Till, Y. ‘Abd al Masīḥ, The Gospel According to Thomas (Leiden/Londres/New York, Brill/Collins/Harper & Brothers, 1959); A. Guillaumont, H.-C. Puech, G. Quispel, W. C. Till, Y. ‘Abd al Masīḥ, Evangelium nach Thomas (Leiden, Brill, 1959); A. Guillaumont, H.-C. Puech, G. Quispel, W. C. Till, Y. ‘Abd al Masīḥ, Het Evangelie naar de beschrijving van Thomas (Leiden, Brill, 1959).

10 Publications répertoriées par la Nag Hammadi Bibliography Online (NHBO), Leiden, Brill, qui a pris le relais des répertoires de David M. Scholer.

11 Sur la datation du Codex II de Nag Hammadi, voir S. Giversen, Apocryphon Johannis. The Coptic Text of the Apocryphon Johannis in the Nag Hammadi Codex II with Translation, Introduction and Commentary (Acta Theologica Danica 5; Copenhague, Munksgaard, 1963) 40; M. A. Williams, « The Scribes of the Nag Hammadi Codices », Newsletter of the American Research Center in Egypt 139 (1987) 1-7, ici 4.

12 Pour la plupart de ces questions, on trouvera d'utiles mises au point dans les chapitres de l'introduction de l’édition de l'EvTh de S. Gathercole, The Gospel of Thomas. Introduction and Commentary (TENTS 11; Leiden-Boston, Brill, 2014): langue originelle (chap. 5), provenance (chap. 6), date de composition (chap. 7), relation avec le gnosticisme (chap. 8); voir aussi C. W. Skinner, What Are They Saying About the Gospel of Thomas? (New York-Mahwah, Paulist Press, 2012).

13 H.-C. Puech, «Une collection des paroles de Jésus récemment retrouvée: l’Évangile selon Thomas», CRAI 101, 2 (1957) 146-66, ici 154 (repris dans H.-C. Puech, En quête de la Gnose. II. Sur l'Évangile selon Thomas. Esquisse d'une interprétation systématique [Bibliothèque des sciences humaines; Paris, Gallimard, 1978] 42)

14 Ibid., 156.

15 H.-C. Puech, «Une collection des paroles de Jésus récemment découverte en Égypte: l’Évangile selon Thomas», Bulletin de la société Ernest Renan, dans RHR 153 (1958) 129-33, ici 130.

16 G. Quispel, «The Syrian Thomas and the Syrian Macarius», VC 18 (1964) 226-35, ici 234; dans le même sens, G. Quispel, «“The Gospel of Thomas” and the “Gospel of the Hebrews”», NTS 12 (1966) 371-82, ici 371 et 378, Quispel, G., «The Latin Tatian or the Gospel of Thomas in Limburg», JBL 88 (1969) 321-30, ici 327Google Scholar; G. Quispel, compte rendu de A. D. DeConick, Recovering the Original Gospel of Thomas, 2005, VC 60 (2006) 231-33, ici 233.

17 G. Quispel, «The Gospel of Thomas Revisited», dans B. Barc, éd., Colloque international sur les textes de Nag Hammadi (Québec, 22-25 août 1978) (BCNH, «Études» 1; Québec/Louvain, Les Presses de l'Université Laval/Éditions Peeters, 1981) 218-66, ici 234.

18 Quoi qu'il en soit du déplacement des frontières et des dénominations provinciales dans la région du Levant, entre le premier et le quatrième siècle de notre ère (cf. A.-M. Wittke, E. Olshausen, R. Szydlak, Historischer Atlas der antiken Welt [Der Neue Pauly, Supplemente, 3; Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2007] 177 et 181; K. Kessler, «Osroene», dans H. Cancik, H. Schneider, éd., Der Neue Pauly. Enzyklopädie der Antike 9 [Stuttgart/Weimar, Verlag J. B. Metzler, 2000] 88), on peut considérer que la cité d’Édesse faisait partie de l'Osrhoène.

19 H. Koester, «ΓΝΩΜΑΙ ΔΙΑΦΟΡΟΙ. The Origin and Nature of Diversification in the History of Early Christianity», HTR 58 (1965) 279-318, ici 290-2 (repris dans H. Koester, «GNOMAI DIAPHOROI. The Origin and Nature of Diversification in the History of Early Christianity», dans H. Koester, J. M. Robinson, éd., Trajectories Through Early Christianity [Philadelphie, Fortress, 1971] 114-57, ici 126-9); U.-K. Plisch, Das Thomasevangelium. Originaltext mit Kommentar [Stuttgart, Deutsche Bibelgesellschaft, 2007], 23, qui, sans mentionner explicitement Édesse, situe l'origine de l'EvTh «aus dem ostsyrischen Raum».

20 Voir les articles cités ci-dessus.

21 S. J. Gathercole, The Gospel of Thomas, 104-7.

22 M. Desjardins, «Where was the Gospel of Thomas Written?», TJT 8 (1992) 121-33, ici 126-7.

23 Ibid., 127.

24 P. Piovanelli, «Thomas in Edessa? Another Look at the Original Setting of the Gospel of Thomas», dans J. Dijkstra, J. Kroesen, Y. Kuiper, éd., Myths, Martyrs, and Modernity. Studies in the History of Religion in Honour of Jan N. Bremmer (SHR 137; Leiden-Boston, Brill, 2010) 443-61.

25 Riley, G. J., Resurrection Reconsidered. Thomas and John in Controversy (Minneapolis, Fortress Press, 1995)Google Scholar; DeConick, A. D., «John Rivals Thomas. From Community Conflict to Gospel Narrative», dans Fortna, R. T., Thatcher, T., éd., Jesus in Johannine Tradition (Louisville-Londres-Leiden, Westminster John Knox Press, 2001) 303-11Google Scholar; Pagels, E. H., Beyond Belief. The Secret Gospel of Thomas (New York, Random House Large Print, 2004) 30-73Google Scholar. Pour une appréciation critique, Dunderberg, voir I., The Beloved Disciple in Conflict? Revisiting the Gospels of John and Thomas (Oxford, Oxford University Press, 2006)CrossRefGoogle Scholar.

26 P. Piovanelli, «Thomas in Edessa? Another Look at the Original Setting of the Gospel of Thomas», 458.

27 Ibid., 461.

28 G. Garitte, «Les “Logoi” d'Oxyrhynque et l'apocryphe copte dit “Évangile de Thomas”», Le Muséon 73 (1960) 151-72, ici 172; pour la primauté du copte sur le grec, voir 154-6, 162, 166, 171.

29 Il le fera tout d'abord dans « Les paraboles de l’Évangile selon Thomas: La parabole du trésor caché (log. 109)», ETL 47 (1971) 199-219, ici 203-9.

30 Ibid., p 207.

31 Ibid.

32 Dehandschutter, B., «Le lieu d'origine de l’Évangile selon Thomas», OLP 6/7 (1975-1976) 125-31Google Scholar. Les articles auxquels il se réfère sont ceux de Ehlers, B., «Kann das Thomasevangelium aus Edessa stammen? Ein Beitrag zur Frühgeschichte des Christentums in Edessa», NT 12 (1970) 284-317Google Scholar et de Klijn, A. F. J., «Christianity in Edessa and the Gospel of Thomas. On Barbara Ehlers, Kann das Thomasevangelium aus Edessa stammen?», NT 14 (1972) 70-7Google Scholar.

33 I. P. Brown, «Where Indeed Was the Gospel of Thomas Written? Thomas in Alexandria», JBL 138 (2019) 451-72, ici 452.

34 Ibid., 463.

35 Ibid., 466.

36 Ibid., 468.

37 Ibid., 472.

38 E. H. Pagels, «Exegesis of Genesis 1 in the Gospels of Thomas and John», JBL 118 (1999) 477-96.

39 I. P. Brown, «Where Indeed Was the Gospel of Thomas Written? Thomas in Alexandria», 467.

40 Notamment dans le De opificio mundi 134-5.

41 J. G. Given, «“Finding” the Gospel of Thomas in Edessa», JECS 25 (2017) 501-30.

42 Ibid., 506.

43 Ibid., 528-9.

44 Voir E. Said, Orientalism (New York, Pantheon Books, 1978) et S. M. Wasserstrom, Religion after Religion. Gershom Scholem, Mircea Eliade, and Henry Corbin at Eranos (Princeton, Princeton University Press, 1999). Sur le cercle Eranos et l'interprétation des textes de Nag Hammadi, voir J. G. Given, «Nag Hammadi at Eranos: Rediscovering Gnosticism among the Historians of Religions», dans K. GhaneaBassiri, P. Robertson, éd., All Religion Is Inter-Religion. Engaging the Work of Steven M. Wasserstrom (Londres/New York, Bloomsbury Academic, 2019) 87-97.

45 Voir, entre autres, A. D. DeConick, The Original Gospel of Thomas in Translation. With a Commentary and New English Translation of the Complete Gospel (LNTS 287; Londres-New York, T & T Clark, 2006) 3-7, et S. J. Patterson, «The View from Across the Euphrates», HTR 104 (2011) 411-31 (repris dans S. J. Patterson, The Gospel of Thomas and Christian Gospels. Essays on the Fifth Gospel [NHMS 84; Leiden-Boston, Brill, 2013] 9-32).

46 J. G. Given, «“Finding” the Gospel of Thomas in Edessa», 505 n. 26, 528 n. 112, et 529 n. 114.

47 Avant tout, Hugo Lundhaug et Lance Jenott. Dans cette perspective, voir les essais rassemblés dans H. Lundhaug, L. Jenott, The Monastic Origins of the Nag Hammadi Codices (NHMS, 97; Leiden-Boston, Brill, 2015), H. Lundhaug, L. Jenott, éd., The Nag Hammadi Codices and Late Antique Egypt (STAC 110; Tübingen, Mohr Siebeck, 2018) et H. Lundhaug, C. H. Bull, éd., The Nag Hammadi Codices as Monastic Books, (STAC 133; Tübingen, Mohr Siebeck, 2023); sur cette approche, cf. P.-H. Poirier, «Quelques réflexions pour une approche philologique et historique des textes de Nag Hammadi», Judaïsme ancien – Ancient Judaism 8 (2020) 33-54. Matthew Goff décrit la thèse centrale de la « new » ou « material philology » comme « the movement away from a traditionalist, historical-critical focus on postulating the original form of texts and reconstructing the historical and cultural milieux in which they were composed, towards an appreciation of the manuscripts in which the texts are found as material objects » (M. J. Goff, «Jewish Scrolls, Monastic Codices, and Material Philology», dans D. M. Burns, M. J. Goff, éd., The Dead Sea Scrolls and the Nag Hammadi Codices. Selected Papers from the Conference “The Dead Sea Scrolls and the Nag Hammadi Codices” in Berlin, 20–22 July 2018 [NHMS 103; Leiden-Boston, Brill, 2022] 144-51, ici 144).

48 J. G. Given, «“Finding” the Gospel of Thomas in Edessa», 529.

49 A. D. DeConick, Recovering the Original Gospel of Thomas, 97-8; pour une première ébauche du « Rolling Corpus Model » appliqué à l'EvTh, voir A. D. DeConick, «The Original Gospel of Thomas», VC 56 (2002) 167-99.

50 A. D. DeConick, «The Original Gospel of Thomas», 195.

51 A. D. DeConick, Recovering the Original Gospel of Thomas, 239.

52 A. D. DeConick, «The Original Gospel of Thomas», 196.

53 J. D. Crossan, The Historical Jesus. The Life of a Mediterranean Jewish Peasant (San Francisco, Harper, 1991) 427; A. DeConick reconnaît que l'hypothèse de Crossan constitue « une étape importante » dans le développement du modèle qu'elle propose (A. D. DeConick, «The Original Gospel of Thomas», 172). Cf. l'analyse de S. J. Gathercole, The Gospel of Thomas, 30-4, qui conclut que « DeConick's method is actually in practice similar to Crossan's » (33).

54 M. Vukomanović, «The Gospel of Thomas and Early Christian Monasticism in Egypt», Teologická reflexe 28 (2022) 3-25. Dans un précédent article, l'auteur avait procédé à une critique de l’« hypothèse syrienne » (M. Vukomanović, «The Provenance of the Gospel of Thomas: Assessing the Syrian Hypothesis», Annali di Storia dell'Esegesi 38 [2021] 79-107).

55 Éd. P. Wendland, Hippolytus Werke. Dritter Band. Refutatio omnium haeresium (GCS 26: Leipzig, J. C. Hinrichs, 1916) 83.

56 M. Vukomanović, «The Gospel of Thomas and Early Christian Monasticism in Egypt», 25.

57 S. L. Davies, The Gospel of Thomas and Christian Wisdom (New York, Seabury, 1983) 20-1.

58 S. J. Gathercole, The Composition of the Gospel of Thomas. Original Language and Influences (SNTSMS 151; Cambridge-New York, Cambridge University Press, 2012) 19-125.

59 Ibid., 125.

60 Pour une présentation succincte des arguments allant dans ce sens, voir H. Lundhaug, «Material Philology and the Nag Hammadi Codices», dans D. M. Burns, M. J. Goff, éd., The Dead Sea Scrolls and the Nag Hammadi Codices, 107-43.

61 Voir H. Lundhaug, L. Jenott, The Monastic Origins of the Nag Hammadi Codices, et H. Lundhaug, L. Jenott, éd., The Nag Hammadi Codices and Late Antique Egypt.

62 Étant donné les différences qui existent entre le texte grec du P. Oxy 655 – du moins ce qu'il en subsiste – et le texte copte du codex II, on peut se demander, avec Konrad Schwarz, si le papyrus ne représenterait pas un « fragment d'un évangile autonome et inconnu » plutôt que de l'EvTh («Das Thomasevangelium in der Theologiegeschichte des antiken Christentums», dans J. Verheyden, J. Schröter, T. Nicklas, éd., Texts in Context. Essays on dating and Contextualising Christian Writings from the Second and Early Third Centuries [BETL 319; Leuven-Paris-Bristol, CT, Peeters, 2021] 173-207, ici 179-80).

63 L. W. Hurtado, «The Greek Fragments of the Gospel of Thomas as Artefacts: Papyrological Observations on Papyrus Oxyrhynchus 1, Papyrus Oxyrhynchus 654 and Papyrus Oxyrhynchus 655», dans J. Frey, E. E. Popkes, J. Schröter, éd., Das Thomasevangelium. Entstehung ‒ Rezeption ‒ Theologie (BZNW 157; Berlin-New York, Walter de Gruyter, 2008) 19-32, ici 28-31.

64 Sur cette question, voir aussi A. Luijendijk, «Reading the Gospel of Thomas in the Third Century: Three Oxyrhynchus Papyri and Origen's Homilies», dans C. Clivaz, J. Zumstein, éd., Reading New Testament Papyri in Context. Lire les papyrus grecs du Nouveau Testament dans leur contexte (BETL 242; Leuven-Paris-Walpole, MA, Peeters, 2011) 241-67; à propos des fragments d'Oxyrhynque, Luijendijk conclut : « Looking closely at the manuscripts in their context, I established that the Gospel of Thomas in Oxyrhynchus was studied in private settings and also may have been recited in worship from a codex » (266).

65 H.-C. Puech, «Une collection des paroles de Jésus récemment retrouvée: l’Évangile selon Thomas», 147 (repris dans H.-C. Puech, En quête de la Gnose. II. Sur l'Évangile selon Thomas, 34).

66 Ibid., 159 (48).

67 G. Garitte, «Les “Logoi” d'Oxyrhynque et l'apocryphe copte dit “Évangile de Thomas”», Le Muséon 73 (1960) 151-72 et G. Garitte, «Les “Logoi” d'Oxyrhynque sont traduits du copte», Le Muséon 73 (1960) 335-49. Notons toutefois que Garitte est resté prudent en ce qui concerne la langue de composition de l'EvTh : « Le fait que les fragments grecs d'Oxyrhynque sont traduits du copte ne signifie nullement que l’“Évangile selon Thomas” soit une composition originale copte; en particulier, il ne prouve nullement que l'apocryphe copte ne soit pas lui-même une traduction du grec; ce que l'on doit tenir désormais pour sûr, c'est seulement ceci : si l'apocryphe copte dérive d'un modèle grec, ce modèle grec n'est pas le texte dont les papyrus d'Oxyrhynque nous ont livré des fragments » (G. Garitte, «Les “Logoi” d'Oxyrhynque et l'apocryphe copte dit “Évangile de Thomas”», 172).

68 Voir A. Guillaumont, «Les Logia d'Oxyrhynchos sont-ils traduits du copte?», Le Muséon 73 (1960) 325-33 et E. Haenchen, «Literatur zum Thomasevangelium», TRu 27 (1961) 147-78, ici 157-60.

69 G. Quispel, «The Gospel of Thomas and the New Testament», VC 11 (1957) 189-207, ici 189 et 194.

70 A. Guillaumont, «Sémitismes dans les logia de Jésus retrouvés à Nag-Hamâdi», JA 246 (1958) 113-23.

71 A. Guillaumont, «Νηστεύειν τὸν κόσμον (P. Oxy. 1, verso, 1. 5-6)», BIFAO 61 (1962) 15-23.

72 A. Guillaumont, «Les sémitismes dans l’Évangile selon Thomas. Essai de classement», dans R. Van den Broek, M. J. Vermaseren, éd., Studies in Gnosticism and Hellenistic Religions presented to Gilles Quispel on the Occasion of his 65th Birthday (EPROER 91; Leiden, Brill, 1981) 190-204.

73 Ibid., 190-2.

74 Ibid., 192-3.

75 Ibid., 201.

76 Ibid., 203-4.

77 A. Böhlig, «Das Problem aramäischer Elemente in den Texten von Nag Hammadi», dans Studien zu Sprache und Religion Ägyptens zu Ehren von Wolfhart Westendorf überreicht von seinen Freunden und Schülern (Göttingen, F. Junge, 1984) 983-1011, repris dans A. Böhlig, Gnosis und Synkretismus. Gesammelte Aufsätze zur spätantiken Religionsgeschichte. 2. Teil (WUNT, 2. Teil 48; Tübingen, Mohr Siebeck, 1989) 414-53.

78 A. Böhlig, «Das Problem aramäischer Elemente in den Texten von Nag Hammadi», 1010 (repris dans A. Böhlig, Gnosis und Synkretismus, 452-453).

79 N. Perrin, Thomas and Tatian. The Relationship between the Gospel of Thomas and the Diatessaron (SBL, AcBib 5; Atlanta, Society of Biblical Literature, 2002); voir aussi, du même auteur, «NHC II,2 and the Oxyrhynchus Fragments (P. Oxy. 1, 654, 655): Overlooked Evidence for a Syriac Gospel of Thomas», VC 58 (2004) 138-51; «Thomas, the Fifth Gospel?», JETS 49 (2006) 67-80; «The Aramaic Origins of the Gospel of Thomas – Revisited», dans J. Frey, E. E. Popkes, J. Schröter, éd., Das Thomasevangelium. Entstehung ‒ Rezeption ‒ Theologie, 50-9.

80 N. Perrin, Thomas and Tatian, 156.

81 Ibid., 169.

82 Cf. P. Foster, «Tatian», ExpTim 120 (2008) 105-18, ici 110-13.

83 Voir les comptes rendus suivants: D. C. Parker, TC: A Journal of Biblical Textual Criticism 8 (2003); P.-H. Poirier, Hugoye: Journal of Syriac Studies 6, 2 (2003); R. F. Shedinger, JBL 122 (2003) 387-91; J. Joosten, AS 2 (2004) 126-30; C. Gianotto, Apocrypha 15 (2004) 340-4; voir aussi P. J. Williams, «Alleged Syriac Catchwords in the Gospel of Thomas?», VC 63 (2009) 71-82.

84 A. D. DeConick, The Original Gospel of Thomas in Translation, 11-12.

85 Ibid., 12; cf. A. D. DeConick, Recovering the Original Gospel of Thomas, 233.

86 A. D. DeConick, The Original Gospel of Thomas in Translation, 13.

87 Ibid.

88 Pour la liste de ces logia, voir ibid., 25-31.

89 Voir à ce sujet H. Gzella, «The Aramaic Dialects of Early Roman Palestine: History, Variation, Use», Or 89 (2020) 22-57; cf. H. Gzella, Aramaic. A History of the First World Language (Grand Rapids, Eerdmans, 2021) 134-44.

90 Voir S. J. Gathercole, The Composition of the Gospel of Thomas, 43-104.

91 Voir H.-C. Puech, «Une collection des paroles de Jésus récemment retrouvée: l’Évangile selon Thomas», 154-55 (repris dans H.-C. Puech, En quête de la Gnose. II. Sur l’Évangile selon Thomas, 42-3); H.-C. Puech, «Gnostische Evangelien und verwandte Dokumente», dans E. Hennecke, W. Schneemelcher, éd., Neutestamentliche Apokryphen in deutscher Übersetzung, I. Band, Evangelien (Tübingen, J. C. B. Mohr, 1959) 158-271, ici 206-07.

92 Je suis assez enclin à lire ainsi le prologue de l'EvTh dans le P. Oxy 654, 1-3 : ο⟨ὗ⟩τοι οἱ {οι}, λόγοι οἱ [ἀπόκρυφοι οὓς ἐλά]λησɛν Ἰη(σοῦ)ς ὁ ζῶν κ[αὶ παρέδωκɛν Ἰούδᾳ τῷ] καὶ Θωμᾷ, « <Voici> les paroles, les (paroles) [secrètes que] Jésus, le Vivant, [a di]tes [et (qu’)il a transmises à Judas, qui (est)] aussi Thomas », en me fondant sur les arguments de P. Nagel, «Papyrus Oxyrhynchus 654, 1-5 und der Prolog des Thomasevangeliums», ZNTW 101 (2010) 267-93, repris et développés par S. Witetschek, Thomas und Johannes – Johannes und Thomas. Das Verhältnis der Logien des Thomasevangeliums zum Johannesevangelium (Herders Biblische Studien 79; Freiburg, Herder, 2015), 56-72.

93 Voir W.-P. Funk, «“Einer aus tausend, zwei aus zehntausend”: Zitate aus dem Thomasevangelium in den koptischen Manichaica», dans H.-G. Bethge, S. Emmel, K. L. King, I. Schletterer, éd., For the Children, Perfect Instruction. Studies in Honor of Hans-Martin Schenke on the Occasion of the Berliner Arbeitskreis für koptisch-gnostische Schriften's Thirtieth Year (NHMS 54; Leiden-Boston, Brill, 2002) 67-94; dans une perspective plus large, N. A. Pedersen, R. Falkenberg, J. M. Larsen, C. Leurini, The New Testament Gospels in Manichaean Tradition (CFM, Biblia Manichaica 2; Turnhout, Brepols, 2020) xv-xvii et 371-93.

94 Cf. É. Junod, «La littérature apocryphe chrétienne constitue-t-elle un objet d’études?», RÉA 93 (1991) 397-414, ici 407: « La notion de “texte primitif”, déjà suspecte en soi pour les ouvrages de l'Antiquité, devient une chimère lorsqu'on a affaire à la littérature apocryphe »; on pourrait appliquer à la recherche sur l'EvTh ce que Junod écrit à propos de celle qui porte sur le roman pseudo-clémentin, qui illustrerait « de façon presque caricaturale un acharnement à se concentrer sur le primitif ».