A la fin du mois de juillet 1921, le Comité international de la Croix-Rouge recevait de ses délégués en Europe orientale et de diverses organisations russes, des lettres et des télégrammes lui demandant d'intervenir en faveur de la Russie acculée à la famine par l'insuffisance des récoltes et gravement atteinte par les épidémies. Le 2 août, le gouvernement tchécoslovaque adressait à la Commission mixte du Comité international de la Croix-Rouge et de la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge, une lettre dans laquelle il lui demandait officiellement de se charger de l'organisation des secours en collaboration avec le Comité international à créer.

La situation intérieure de la Russie empêche depuis plusieurs années un grand nombre de ressortissants de ce pays de rentrer dans leurs foyers. L'évacuation du sud de la Russie par les armées Denikine et Wrangel, en 1919 et 1920, amena encore un grand nombre de citoyens russes dans le reste de l'Europe, spécialement à Constantinople et dans les Balkans. Le nombre de réfugiés russes à l'étranger, se trouvant en grande partie sans moyens d'existence suffisants, était indiqué au début de 1921 comme étant de 785,000 au minimum, en Europe seulement.

Le Comité international de la Croix-Rouge, dans un appel qu'il lançait aux nations en guerre, le 23 juillet 1916, au sujet des cruautés exercées sur les prisonniers à titre de représailles, exprimait d'un mot son principe essentiel: «La Croix-Rouge a été fondée en vue d'un but unique: l'humanité». Si l'on nous demandait de caractériser aussi le but du Bureau international pour la défense des indigènes, nous ne saurions mieux faire que de donner la même réponse. Néanmoins il semble que l'on puisse dire que si la Croix-Rouge est une œuvre d'humanité-charité, le Bureau international pour la défense des indigènes est une œuvre d'humanité-justice. En effet il s'agit, pour ce dernier, de rendre ou de faire rendre à une grande portion des habitants du globe ce dont ils ont été dépouillés.