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Vers une description linguistique de l'ptre de Jacques

Published online by Cambridge University Press:  05 February 2009

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Ce mot, quoique trs utilis en linguistique, n'a pas encore reu dans ce domaine les conditions d'une dfinition precise. Dcrire suppose en effet deux donnes prliminaires: d'une part, la reconnaissance de l'objet dcrire comme une unit; d'autre part, a l'intrieur de cette unit, l'existence d'une autre unit, beaucoup plus petite, mais qui, associe un certain nombre de fois a elle-meme, compose la grande unit. La premiere unit, c'est Ia macrostructure; la seconde unit, c'est la microstructure. Dcrire, c'est toujours dcrire une macrostructure; la description d'une macrostructure consiste a partir de la microstructure pour retrouver la macrostructure.

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References

1 Bibliographie. Plutt que de partir d'un rassemblement plus ou moins htroclite de fragments mthodologiques, j'ai prfr partir navement du texte et en tirer petit petit des lments de mthodes cohrents entre eux. Aussi les indications bibliographiques sont-elles rduites quelques exemples dont je me suis finalement peu servi, mais qui reprsentent des efforts complmentaires entre eux.

(a) Harris, Z. S., L'analyse du Discours, dj ancien (1952 en anglais)Google Scholar, mais qui reste, avec sa concision, l'une des meilleures bases de l'analyse dans un domaine cependant trs limit. Langages, n0 13, mars 1969.

(b) Gulich, E., Heger, K., Raible, W., Linguistische Textanalysen, in Papiere zur Textlinguistik, Band 8 (154 pp.) (Hambourg: H. Buske, 1974)Google Scholar. Les auteurs proposent et appliquent un texte anglais deux mthodes qui forment une analyse intressante mais extrmement complique en particulier la premire, avec sa proposition de 19 tages dans la dlimitation des units d'analyse!

(c) Apresjan, J. D., Elments sur les ides et les mthodes de la linguistique structurale contemporaine (Moscou, 1966; Paris: Dunod, 1973) (374 pp.)Google Scholar; l'auteur propose moins sa propre voie qu'un tour d'horizon des voies explores ou ouvertes il y a 10 ans.

(d) Mounin, G., Cls pour la Linguistique (Paris: Seghers, 1968, 1971) (187 pp.)Google Scholar. C'est un peu une boutade que de citer ici cette brve initiation gnrale destine des tudiants de premire anne. Mais il y a peu d'ouvrages donnant avec autant d'intelligence une leon de modestie une science balbutiante qui se prend dj tellement au srieux! (e) Trois ouvrages enfin qui abordent Ia mthode de l'anaiyse sous des angles diffrents. Pecheux, M., Analyse automatique du discours (Paris: Dunod, 1969)Google Scholar; Salkoff, M., Une Grammaire en chane du Franais (Paris: Dunod, 1973)Google Scholar; en complment ces deux ouvrages, cf. les communications de la Table Ronde du CNRS (Ivry, 1213 mars 1974), publies sous le titre: Examen critique de l'apport du traitement par ordinateur, pour l'tude des Structures linguistiques; d'autre part les tudes publies dans l'ouvrage collectif Smiotique narrative et textuelle (Larousse, 1973), prsent par C. Chabrol.Google Scholar

2 Ce ne sont que quelques-unes des units qui ont t proposes; toutes reprsentent un effort pour passer de concepts usuels mais flous (comme sons, radical, mot) des units caractrises par des traits distinctifs. Le phonme est un son, mais c'est un son pertinent; selon l'intonation, la position, la prononciation, le mme phonme peut tre prononc par des sons diffrents, ceux-ci sont alors des variantes, leur opposition n'est pas pertinente.

Le monme est, chez Martinet, l'unit significative minimale qui peut tre un mot, mais aussi un radical, un affixe, une dsinence. Le lexme est l'unit de base du lexique; chez Martinet il s'oppose au morphme, l'un et l'autre tant des monmes; chez B. Pottier, il s'oppose au grammme, l'un et l'autre formant des morphmes.

Le sme est l'unit minimale de signification non susceptible de ralisation indpendante, lment, par consquent du smme, unit qui a pour correspondant formel le lexme. Nous avons utilis, pour les dfinitions de ces units, le Dictionnaire de linguistique de Larousse (Paris, 1973).Google Scholar

1 Dans le passage qu'il consacre aux Deux infinis (Penses, n84, d. de J. Chevallier), Pascal dcouvre l'existence de l'infiniment petit en fondant son raisonnement sur une suite gomtrique: l'infiniment grand, obtenu par multiplication de l'unit (par exemple, avec comme raison 2:1, 2, 4, 8, 16, 32 1024, 2048 etc), correspond l'infiniment petit, obtenu par division de l'unit (soft avec la mme raison 2:) tendant vers zro, mais jamais gal lui. Jusque l, on ne connaissait qu'un infini, celui obtenu par addition de l'unit (suite arithmtique: 1, 2, 3, 4, 599, 100, 101 N, auquel, si grand soit-il, on peut toujours ajouter une unit) et n'ayant pas de symtrie avec Ia soustraction. Mais, si Pascal progresse, il le fait plus intuitivement qu'exprimentalement: les paliers de sa division vers l'infiniment petit (ciron, jambes, veines, sang, lumire, gouttes, vapeur) ne correspondent pas des niveaux d'organisation.

2 Novi Testamenti Graeci Editio Maior Critica; dition codirige par Kurt Aland (Mnster), Jean Duplacy (Dijon) et Bonifatius Fischer (Beuron); cf. la prsentation du projet dans N.T.S. par K. Aland, xvi, 3, 16377.Google Scholar

1 Il est difficile de citer des sources sur ce point: on tudie gnralement l'emploi de l'article, non son comportement; l'approche est le plus souvent smantique (cf. Humbert, J., Syntaxe Grecque, 3e d.Paris 1972, pp. 4156Google Scholarou Turner, N., Syntax (Nouveau Testament), Edinburgh, 1963, pp. 16584)Google Scholar; il est significatif que J. Humbert cherche rattacher un sens de l'article son absence syntaxique devant l'attribut (60: De l (= de cette signification) rsulte la rgle bien connue). Dubois, J., dans la, Grammaire Structurale du Franais, vol. i Nom et Pronom (Paris, 1965)Google Scholar, note en passant un lien possible avec la syntaxe: p. 150 L'absence de l'article supprime l'existence du syntagme nominal. Mais je suis ici plus redevable aux observations faites sur le rle de l'article dans les oppositions de nombre et de genre qui commencent le mme ouvrage (pp. 1719); bien que morphologiques et appliques une autre langue que le grec, ces observations nous ont mthodologiquement beauCoup apport.

2 Une exception pourtant, d'aprs les grammaires (Turner, op. cit. p. 183; BlassDebrunner, , Grammatik des ft. Griechisch (p. 571) en iii. 6Google Scholar: ὶ άί est analys comme sujet, et ὁ comme attributs; mais ne fonctionne pas comme dans la mesure o il est une appellation spcifique de l'objet dsign par ἠ : comme dans (Jean i. 4), l'article devant l'attribut marque une rciprocit possible de la construction; la langue est un feu (= il y a d'autres feux), c'est le monde de l'injustice (= Ie monde de l'injustice, c'est la langue).

1 Rappelons ici qu'un syntagme est un groupe de mots correspondant une mme fonction syn-taxique. Nous n'emploierons ici ce mot que pour dsigner un groupe organis autour du nom; le syntagme prdicatf c'est le groupe nominal complement d'un verbe; l'expansion nominate de syntagme c'est le groupe nominal complement d'un nom (et qui fait partie du syntagme de ce nom).

2 Nous ne traduirons pas, en gnral, les exemples d'un texte si accessible en franais; mais ici l'explication porte sur le sens, c'est donc ce sens que nous exprimons galement en franais; nous en profitons pour proposer au verset i.17 une interprtation qui tient compte du caractre littraire du verset (un vers cit, un vers paraphras?) et du registre astronomique du vocabulaire (en particulier , les lumitres du ciel, que l'on trouve avec ce sens dans l'Apocalypse de Mose, ch. 36, et ἀ, l'ombre porte; quant et , lun et l'autre indiquent un phnomne cyclique); ce sens revient en mme temps sur le problme textuel, puisqu'il conviendrait plutt une des lecons ayant άά. Mais n'est-il pas significatif, pour le problme qui nous proccupe ici, de voir les tmoins hsiter entre le nominatif et le gnitif: , 614 pc itff bo B?

1 L'article a deux emplois particuliers: ou bien ii exprime le possessif, le plus souvent avec une expansion pronominale, ou bien il accompagne un adjectif pronominal: ἐ, , (toujours non enclav), (enclav):

L'absence de l'article, de son ct, peut tre due l'emploi de certains adjectifs pronominaux ( au singulier, ἕ ἄ, ); elle est galement la rgle dans l'Eptre devant le nom propre; il faut enfin noter qu'il existe des cas d'expansions pronominales dans un syntagme sans article, qui ont leur intrt pour l'examen en cours, mais qu'il faut numriquement dcompter comme tous les prcdents pour tablir une comparaison numrique significative:

2 Quand on examine les exemples un par un, on perd de vue l'existence de tendances gnrales que nous nous efforons de mettre en vidence; quelle surprise pour nous, par exemple, de lire, propos de ii.8: ῑ que l'absence de l'article est ici inexplicable! (N. Turner, op. Cit. p. 173).

1 Voici ces cinq cas:

i.26a: BP 2138 614 al: rel;

i.26b: ἀά B C 2138* pc; rel;

ii.2: έῃ B * al; + , 2 P A 2138 al pl;

V.20a: ἐἐ ά ἐ ά

V.20b ά P A al; . . B 614 pc; . . pm.

Deux des exemples ont tendance tre limins par la tradition textuelle: ii.2, par addition de l'article, et v.20b par limination de l'expansion dont la place tait incertaine.

2 Sur les 57 syntagmes ayant une expansion nominale (ou plusieurs coordonnes, il n'y a alors jamais de diffrences entre elles), 9 sont des syntagmes sujets avec l'article, et 5 des sujets sans l'article; tous ont le mme emploi de l'article avec l'expansion nominale; d'autre part, 17 sont des syntagmes prdicatifs avec l'article, et ii des prdicatifs sans article; sur les 28, 23 ont le mme emploi de l'articie avec l'expansion nominale; l'exemple le plus singulier est celui de i.25: ὀ ὐ ἰ ὀ ὁ ἰ o le nom est sans article, mais l'expansion nominale en a 2; les quatre autres cas ont l'articie devant le nom, mais pas devant l'expansion qui est un nom propre: Ἰὠ (v.II) n'a pas d'article, comme expansion de ὑὑ, on trouve de mme trois fois ἰ expansion sans article (v.4, 10, II) mais dans le mme chapitre, on trouve aussi trois fois le mme ἰ expansion avec l'article (v.7, 8, 14), cc qui montre que ὑ a un statut hsitant entre le nom et le nom propre enfin, 15 syntagmes attributs sans article ont so fois l'expansion sans article, les 5 autres cas (i. i8, iv.4(ter), v.10) ayant une expansion avec article: celui-ci s'y explique pour des raisons secondaires: en i.18, l'expansion ά a elle-mme une expansion pronominale valeur possessive, dont on a vu qu'elle s'accompagnait ordinairement de l'article; en iv.4a, l'article devant l'expansion permet une symtrie entre le sujet et l'attribut: ἱ ὀ ἐX ὐ ἐ, et les deux expansions de 4b poursuivent cette symtrie; v.lo, enfin, I'article de l'expansion est difficile expliquer, mais s'agit-il d'une expansion?

v.10: ὑὀ ά άἰ

ou piutt, comme ἰ en iii.3, d'un syntagme indiquant le thme de la phrase, plac un point fort de celle-ci, et servant d'expansion plusicurs syntagmes?

1 Aprs avoir t trs sduit par ce rapprochement de J. Dubois (op. cit. pp. 1569), je suis amen le refuser. D'autres raisons que l'emploi possible de l'article m'y poussent. Auniveau lexical, d'abord: le nom propre a le registre lexical le plus extraordinaircment fourni; ce registre est proprement infini: imagine-t-on un rpertoire qui contiendrait, par exemple, tous les noms propres connus par les francophones, et par consquent utilisables dans un discours en franais? Ii faudrait des centaines de Bottin! Le mme travail, avec les autres mots lmentaires du syntagme, et en y incluant le verbe, forme un rpertoire beaucoup plus limit, de l'ordre de 100 200,000 mots, en comptant tous les termes techniques - l'exception des noms propres comme les noms de mdicaments. Les pronoms, au contraire, avec leur tout petit nombre, ne font mme pas partie d'un lexique ils forment entre eux un jeu d'oppositions trs rudimentaire qui relve plutt du champ grammatical. Au niveau smantique, d'autre part, le nom propre ne se substitue pas, il est premier; ii est tellement premier que c'est plutt le nom qui se substitue lui: quant on dit l'auteur au lieu d'utiliser son nom, par exemple, ou l'aptre au lieu de Paul; quand, dans Ia Torah, on lit Adona (le Seigneur) pour YHWH, le ttragramme qui reprsente le nom de Dieu. Le nom peut tre substitut, pas le nom propre; le pronom l'est toujours.

1 Ainsi:

i.21: ἐ ὸ ἒ ἑ ὀ ά ά ά

(adjectif) (participe)

ii.7: ὑ ὑἰ ὺ ὀ ὀ ὁ ὀ ἐἐ ἐ'

(adjectif) (participe)

1 Il faut entendre par structure l'infinitif toute la structure qui quivaut un syntagme nominal, et non seulement l'infinitif: c'est donc toute la proposition infinitive qui est ici analyse comme sujet. On reviendra plus loin sur la nature et les limites de cette structure.

1 Un classement de ces mots, autre que morphologique (simplescomposs: N. Turner, op. cit. pp. 329 sq.) ou smantique (copulativesdisjonctives causalesconclusivesadversatives, sclon Riemann et Goelzer, Grammaire compare du Grec et du Latin, Paris, 1897, P. 358Google Scholar; adversatifsexplicatifsconclusifsadditifsintensifs, sclon J. Humbert, op. cit. p. 372) est rarement tent. Dans les deux cas, l'absence d'unit dans de telles catgories amne examiner les mots les uns aprs les autres; on a ainsi longuement tudi des coordonnants, rarement (jamais?) le coordonnant grec. Le gros ouvrage de Denniston, J. D., The Greek Particles (2e d.Oxford, 1954) apporte cependantGoogle Scholar, d'Homre Dmosthne, suffisamment d'exemples pour permettre une telle tude. En particulier la position de la particule est abondamment illustre, mais pour chacune sparment: ἐ, cf. pp. 1859; yap, pp. 958; , p. 427. Ces exemples illustrent avec plus de varit la tendance observe dans l'Eptre de Jacques: le coordonnant fait partie du premier lment du groupe coordonn, trs rarement du second sauf dplacement pour des raisons mtriques en posie et en particulier chez Sophocle.

1 Dans les tudes systmatiques faites sur le grec, l'intrt pour le mot pris hors de tout contexte l'emporte tellement sur l'intrt pour le mot en contexte qu'on en oublie de distinguer l'accent graphique, dont la notation systmatique est rcente, du ton phontique qui devait affecter une portion de discours beaucoup plus proche de notre lment que du mot en gnral; pour un petit nombre de mots, comme la ngation, la prposition, l'article, certaines conjonctions, on peut remarquer que les formes initiale vocalique ont seulement un esprit (ὑ, ἰ, ἰ, ἐ, ἐ, ὀ, ἱ etc.) alors que celles initiale consonantique ont un accent (, ὁ, ὁ, ὁ, ὑ etc.). Comme il n'est pas raisonnable de penser qu'il y a l une opposition entre mots atones et mots toniques, mais plutt un usage esthtique de l'accent (pour combler un vide suprasegmental dans la prsentation crite en cas d'absence de l'esprit??), on admettra, avec Lejeune, M. (Trail de Phontique Grecque, Paris, 1955, p. 272)Google Scholar que l'orthographe traditionnelle accentue arbitrairement sur leur finale un Certain nombre de mots proclitiques, parmi lesquels Lejeune cite en outre ὀ, , άά sans indiquer les raisons qui l'amnent considrer ces mots comme proclitiques.

1 La ngation est en outre proclitique (cf. p. 71, n. i): la phontique vient ainsi renforcer l'argumentation syntaxique.

1 Ce classement, pour devenir dfinitif, a besoin d'autres verifications; il n'est pour l'instant qu'une hypothse qui, pour le texte de Jacques, permet d'atteindre un degr d'explication des groupements de mots jamais atteint jusqu'ici; ce classement est d'ailleurs incomplet: il laisse de ct tous les invariables qui n'appartiennent pas aux catgories mentionnes, et qui font partie, dans la morphologie traditionnelle, des adverbes au mme titre que les adverbes d'adjectifs, lmentaires, ou les adverbes pronominaux, les ngations, non lmentaires. Il n'est pas certain que ces invariables encore non classs fassent partie de la mme catgorie grammaticale: peut-tre en constituent-ils plusieurs; de toute faon, le texte de Jacques est insuffisant pour permettre un examen de leur statut. Disons cependant que, du point de vue lexical et smantique, un certain nombre d'entre eux ont des analogies avec les catgories non lmentaires: ce sont les invariables comme hieraujourd'huidemain, tttard; on a dans Jacques: ὺ (iv. 13), ὺ (iv.16), les adjectifs o et ὀ, lmentaires (v.7), forms sur les invariables ἰ et ὀἐ comme ὀὀὀ. (i.9) sur ὀ (de la famille de ὑὀ, ὑἐ) et ὀἰὑ (i.21 ) sur ἐ (de la famille de ἰ); lexicalement, ils forment des rpertoires trs courts; smantiquement, us se rfrent, comme les pronoms, la subjectivit du locuteur ou d'un locuteur: demain, par exemple, n'a de sens que par rapport a l'aujourd'hui du locuteur. Mais ces arguments n'ont pas de confirmation morphosyntaxique dans notre texte: le classement de ces invariables ne sera donc pas tent.

1 Cette rputation a valu au franais d'enrichir son vocabulaire de nuances subtiles: on distingue le ngatif im-moral du privatif a-moral; en perdant de vue, videmment, que in- (latin) et a(grec) ont la mme origine

2 Cette ide de flexion lmentaire est rapprocher des sries drivationnelles constitus par J. Dubois et R. Lagane et al. dans le Dictionnaire du Franais Contemporain et dans le Lexis, tous deux dits chez Larousse; la flexion lementaire suppose galement une observation synchronique de la langue, et non plus historique; mais, peut-tre parce qu'elle part d'une observation du grec et non du franais, elle a un caractre plus systmatique: son principe est qu'il existe des groupements de catgories grammaticales au plan lexical comme au plan morphosyntaxique, et que la catgorie n'est qu'une subdivision de l'unit, soit lexicale, soit morphosyntaxique. Dans cette enqute, le dictionnaire de MagnienLacroix (ParisBerlin, 1969) nous a t d'unegrandeutilit. Faut-il considrer, par exemple, que ἰ (ii.1) et ἐ (u.9), ainsi que (Actes x.34) sont des units lexicales distinctes qui n'ont entre elles que des liens de parent? ou bien que ce sont les subdivisions morphologiques d'une mme unit lexicale qui a une flexion lmentaire complte, chaque categoric pouvant Se dduire de l'autre? Il est vrai que le passage d'une catgorie l'autre ne se fait pas toujours automatiquement, par exemple dans άὀάἰάά; mais le passage est-il plus automatique entre άά (present), ά (futur) et (aoriste), et cette relative indpendance des thmes temporels du verbe n'empche pas d'y voir la mme unit. L'unit lexicale ainsi conue est d'ailleurs fonde sur une unit de sens et une complmentarit morphologique plutt que sur une unit tymologique: distinguer ἐά et ἰ, ὀά et ῑ nous parait factice; de mme, en franais, ressusciter et rsurrection, quoique d'tymologie diffrente, sont la mme unit lexicale.

1 On trouve encore dans le Nouveau Testament ῑ (Marc xiv.7), ά (Actes xv.29); mais On trouve surtout - en composition.

2 Devant l'article, mais aprs le coordonnant (et, le cas chant, l'article d'enclave: cf. en i. 1: ῑ ἐ ᾷ).

3 Cette gnration compte les 18 mots suivants: ἀἰ, ἀά, ἀἰ, άὀ, ά, ἰ,ἐ, ἐ, ἐά, ά, ά, ἰ, ὀ, ὀ, ὑ, ὑἐ, ὑὀ; le premier a disparu comme prposition. Les prpositions plus rcentes sont toujours suivies du seul gnitif.

4 Autres exemples: ά (i. 17)

ἰὀ (ii.4)

ἰά(agent)ά (action) (ii.9)

ὀάὀὀ (-) (i.17)

ἐἐἐ (adjectif)ἐἰ (v.14)

ὑ (v.17).

5 ἐἰ n'est pas attest par les textes; ii n'apparat donc pas dans A. Bailly (op. cit. note 4), qui fait de ἐἐ (crit ἐ.ἐ,-) un verbe compos; la prsentation de Magnien-Lacroix qui en fait un dnominatif de: ἐἰ, passionn, cit par les Lexiques: ἐἰ, ὀ, cur, est plus satisfaisante, et est une tape vers la reconnaissance d'une unit lexicale plusieurs catgories grammaticales.

1 Citons deux exemples o le sujet, syntagmatique, est prcd par un syntagme prdicatif:

ii.22: ἰ ἐ ἰ ἐ

iii.10: ἐ ὺ ὑ ἐἐ ὑί ἱ ά.

Le premier exemple s'explique contextuellement: ἐ ὀ ἰ ῑ ὑὺ ἰ ἐ ἐ ἰ ἐὠ; remarquons la disposition en chiasme de ἰ et , conservs dans leur fonction, dans la deuxime proposition (ἰ sujet, ἕ prdicatif) grce la transformation passive; ils ont, dans cette deuxime proposition, l'ordre de la formulation premire (cf. infra p. (81), n. i et p. (87)). Dans le second exemple, l'absence de l'article devant ὑἰ ἰ ά fait qu'il n'est pas certain qu'il faille analyser ce double syntagme comme sujet; dans le cas o l'on maintient cette analyse, le rapprochement avec la phrase prcdente, ἐ ὑὴ ὑὺ ὀ ὑ ἰ ἐ ἐ ὑὴ ὑ ά (iii.9), nous ramne au problme de la reformulation, examin un peu plus loin (p. 81): ici, comme dans les exemples ultrieurement envisags, l'ordre des syntagmes est conforme l'ordre des fonctions de la premiere formulation, et non celui de la reformulation. Ces deux exemples sont donc particuliers, mais ne font pas proprement parler exception.

1 Comme pour l'ordre des syntagmes, d'autres contraintes peuvent intervenir dans la place des pronoms; ainsi, ὀ, qui est en mme temps subordonnant, est ncessairement au commencement de la proposition; de mme, ὑ et ἐ, qui correspondent dans le dialogue une insistance sur le locuteur et l'interlocuteur, sont presque toujours placs ainsi l'initiale dfaut, ils ont la place des pronoms, dans l'entourage immdiat du verbe: cf. par exemple Hbreux v.5, ἰὀ ἰ ὑ, ou Matthieu xii.28, ἰ ὑ ὺ ἐ ἐά ά ὀ. Dans ces deux exemples de Jacques, le verbe forme, d'autre part, avec l'objet une unit qu'on pourrait appeler lexie (selon la terminologie de B. Pottier), ou synapsie (selon celle de E. Benvniste), ou unit de signification (selon celle de L. Guilbert), et qui, dans notre unit lexicale (cf. p. 74, n. 2) peut tre considre comme un quivalent d'une partie de la flexion lmentaire, de mme qu'il existe en morphosyntaxe des quivalents d'lments. Le verbe, dans une telle perspective, n'est plus ou ἕ, mais le groupe quivalent ὀ ou ἰ (~ ὑ?) et la place du pronom peut se dterminer par rapport au groupe et non plus seulement par rapport au verbe morphologique.

1 Sur le syntagme verbal, cf. les travaux de Dubois, J., et en particulier sa Grammaire Structurale du Franais, vol. ii, le Verbe (Larousse, 1967) et lesGoogle ScholarElments de Linguistique Franaise: Syntaxe (avec Dubois-Charlier, F.) (Larousse, 1970), pp. 7183Google Scholar, dont les theses se situent dans la continuit du grand ouvrage du chomskysme plutt que de Chomsky, N. (dont il marque malgr tout une tape importante de la pense): Syntactic Structures (2 d. La Haye, 1962)Google Scholar, traduit en franais au Seuil (Paris, 1969)Google Scholar. Dans les lignes qui terminent cette conclusion, nous prenons le risque de nous carter de cette analyse que nous avons longtemps adopte; ii nous semble prsent qu'elle ne parvient pas rendre compte du rle du verbe lui-mme de manire satisfaisante, dont certaines proprits restent inexplicables son absence, par exemple, dans certains types de phrases, sans que rien ne justifie qu'on le dise sous-entendu ou remplac ; cette analyse nous parat encore trop attache la survaluation du verbe dans la grammaire traditionnelle, et dont elle part comme d'une vidence. C'est pour mieux marquer notre divergence avec cette analyse que nous renonons provisoirement, peut-tre utiliser le terme mme de syntagme verbal; il s'agit bien d'un syntagme, au sens saussurien du terme, il contient bien en gnral un lment verbal; mais c'est plutt un syntagme poly-nominal ou pluri-nominal que verbal.

1 L'ide de ces deux formulations n'est pas le fruit d'un rapprochement hardi; autant la similitude d'ordre des lments morpho-smantiques est relle, autant la construction syntaxique est exceptionnelle; Jacques a bien quelques exemples de reliant au milieu d'un syntagme nominal, mais il s'agit toujours d'un syntagme du prdicat! Or ici, le reliant ά coupe le syntagme sujet ὑ ἰ au milieu mme d'un lment, puisque ὑ est un mot non lmentaire; en outre, l'antposition de l'expansion pronominale est contraire la tendance gnrale de l'Eptre. L'ide d'une double formulation nous a paru d'abord une piste intressante, puis fconde.

1 Il serait sans doute plus exact d'opposer le mot d'auditeur celui de locuteur; mais l'auteur, dans la tradition de la Diatribe, se laisse volontiers interrompre par un interlocuteur fictif (par exemple, ii. 18) et traite ainsi ses auditeurs comme un interlocuteur collectif. Aussi prfrons-nous le terme d'interlocuteurs, mme si ceux-ci n'interviennent jamais rellement.

2 Nous entendons ici par pronom aussi bien les personnels que les pronoms-adjectifs (dmonstratifs, relatifs, interrogatifs, indfinis): le caractre non lmentaire des uns et des autres a t mis en vidence dans les pages qui prcdent, et c'est cela qui nous a amens les examiner ensemble, en les sparant des syntagmes nominaux.

1 Il existe d'autres quivalents d'lments de syntagmes que ceux vus propos de la syntaxe de l'article. Il s'agit en particulier de propositions un mode personnel o l'article peut intervenir: c'est le cas de la proposition interrogative indirecte dans l'usage classique usage malgr tout peu frquent, au point qu'il est ignor d'un bon nombre d'ouvrages, comme RiemannGoelzer (op. cit. 701), ou J. Humbert (op. cit. p. 56); Krger, mais K. W. (Griechische Sprachlehre fr Schulen, 5e. Berlin, 1875, p. 50610) cite Hrodote, 8.79Google Scholar: ἐ ά ὀ ἐ ἰ ὀὀ ἐά usage que l'on retrouve dans la langue de Luc (Evangile et Actes; cf. N. Turner, op. cit. p. 182 qui renvoie ce sujet aussi Mayser, E., Grammatik der Griechischen Papyri aus der Ptolemerzeit, Berlin, 1926 1934Google Scholar, II180 et 11352 sq.). En gnral, cependant, l'article n'intervient pas, et ces propositions ont d'autres signes pour marquer leur caractre d'quivalent d'lment; dans Jacques, on trouve notamment les propositions relatives, mais aussi des compltives avec ὀ, des interrogatives indirectes et des phrases de style direct; les relatives, comme les participiales, sont des quivalents d'adjectifs ou d'expansions, mais elles peuvent aussi s'employer sans nom, qu'on appelle 'antcdent; elles sont alors des quivalents d'adjectifs substantivs; c'est le cas de ὀ ὑἐ ὀ Si on analyse ά ά comme reliant (attribut); dans le mme ὀ ἐἰ ἰ ά ὑὀ a un antcdent, ὀ ἐ.

1 Il est bon de rappeler, ici, que notre propos est de rflchir sur des observations faites d'un texte, et non d'illustrer par des exemples telle ou telle ide-force de la linguistique contemporaine. En soutenant ici un paradoxe, nous cherchons non pas rfuter, mais rendre compte d'un certain nombre de faits prcis, en partant d'eux seulement.

1 Cf. aussi les exemples et leur analyse la note i, p. 76.

1 Nous remercions Mm. Irigoin, Duplacy, et Mignot d'avoir bien vouἰu nous lire et nous aider apporter a cc travail des corrections bien ncessaires.