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Ano Asemã: Mythe et histoire

Published online by Cambridge University Press:  22 January 2009

Claude-H. Perrot
Affiliation:
Université d'Abidjan

Extract

LES Anyi-Ndényé se trouvent à la bordure occidentale du monde akan, dont ils font partie. La langue qu'ils parlent, l'anyi, est différent du twi (ashanti etc.) et fort proche de la langue du Sefwi (Sayie) et de 1'Aowin (ou Awowin), provinces limitrophes du Ghana occidental. Cependant leur langage tambouriné utilise le twi et la majeure partie du vocabulaire politique, définissant le pouvoir et ses détenteurs, provient directement du twi, langue qui n'est connue aujourd'hui que d'une minorité.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Cambridge University Press 1974

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References

2 Au XIXè me siècle, le fleuve ne formait pas une frontière ethnique aussi nette qu'aujourd'hui: les habitants du Ndényé et du Bettie avaient en effet fondé quelques villages sur la rive droite du fleuve, ce qui leur permettait de contrôler la navigation fluviale, fort importante à cette époque.

3 Delafosse, M., Les frontières de la Côte d'Ivoire, de la Côte d'Or et du Soudan (Paris, 1908), 61.Google Scholar La mention de l'anisado portugais est quelque peu surprenante. De longue date, lea boissons rituelles d'origine étrangère sont dans la région d'Assinie et pour un certain nombre de cultes, dans le Sanwi, le rhum tandis que plus au Nord, dans le Ndényé comme dans le Moronou, on utilise le gin.

4 Dans un geste d'élévation de la main droite, qui tient le récipient contenant la boisson. Nyamiē est un être trop élevé pour qu'on se permette de lui faire des offrandes. On se borne à les lui présenter.

5 Le bia des Anyi, siège-trône, n'est autre que le dwa des Ashanti.

6 ehoto est un sabre d'apparat, à lame ajourée, dont la poignée qui forme deux boules est recouverte d'une feuille d'or.

7 adofonzã, autre attribut du pouvoir, est le sabre à lame pleine que tient en mains le roi quand il prononce le serment d'investiture.

8 Il existe deux sortes de bia: les pulüe, sièges ronds, les plus valorisés, et les sesebia, sièges rectangulaires.

9 Récit de Ehuman Ndiffou, Zaranou, mai 1965.

10 Encore que le descente du ciel d'un bassin de cuivre et (ou) d'une chaîne figure dans plusieurs autres mythes d'origine. Pour ne pas quitter le territoire du Ndényé, les ancêtres des Ano-Abe, par exemple, seraient descendus du ciel au bout d'une chaîne.

11 Qui s'appelait, a dit ensuite la narrateur, Niandyi Adjo.

12 Euphémisme classique pour signifier qu'on va procéder à une exécution capitale.

13 Le veuf ou la veuve se tiennent à côté du lit d'apparat sur lequel le corps du défunt est ou a été exposé.

14 Nanã Alou Mea, chef de Kouadiokouro (Sankadiokro), le 8 fév. 1967, bande A5, 415, traduction littérale du texte anyi.Google Scholar

15 Nana Koffi Dihye, chef de Zebenou, déc. 1968.

16 On dit à Enchi que tout intrus verrait se dresser sur son chemin un énorme serpent, gardien du lieu.

17 Tanoh, A. Brou, ‘Le Moronou; des migrations akan à la guerre agni-baulé’ (Mémoire de Maîtrise, ronéot., Paris, Centre d'Etudes et de Recherches Africaines, 1970), 1617.Google Scholar La liste des ethnies données comme venant d'Anyãnyã est étonnamment longue et peu crédible si on se réfère à ce qu'on sait de l'histoire de la plupart d'entre elles, qui ont un passé tout à fait distinct de celui des Anyi. La suite du récit fait naître également des réserves:

Il [Ano Assoman] partageait le pouvoir avec la reine Ablan Pokou; Ntim Yakali, le roi de Denkera, était le cousin d'Ano Assoman.

La présence d'Abrã Poku à Anyãnyã est contredite par lea sources baoulé, et par un récit ndényé. Abrã Poku et ses proches sont des Ashanti de l'abuswã royal qui ont émigré à la suite d'un conflit de succession (à la mort d'Osei Tutu) dans lequel ils eurent le dessous. Le fait de placer Abrã Poku aux côtés d'Ano Asemã dont le renom, si grand soit-il, n'a pas dépassé les limites de l'ethnie anyi, et d'associer la principale migration baoulé à la migration anyi (il n'est pas exclu que d'autres migrants baoulé aient pu passer par Anyãnyã) ne traduit-il pas un sentiment qu'on pourrait qualifier de “panakan”, qui conduit à relier entre eux, coûte que coûte, les fragments connus de l'épopée akan pour en faire un ensemble cohérent.

Enfin, Ano Asemã est présenté comme le ‘cousin’ (terme tout européen, dont l'emploi est regrettable) de Dim Gyakari. S'il s'agit d'une parenté en ligne maternelle, on ne peut que rester sceptique parce que les sources écrites en langue anglaise ne rattachent pas les abuswã des deux rois l'un à l'autre, ce qui ferait d'Ano Asemã un prince denkyira. Les relations de Dim Gyakari et d'Ano Asemã, telles que lea dépeignent les documents oraux ndényé, sont bien plutôt celles de ‘suzerain’ à ‘vassal’ en rupture de ban que de ‘frères ennemis’.

18 Que lea Morofwe prononcent adyee (Brou Tanoh, 9 n. 5)

19 Ibid. 35.

20 ‘Journal du sieur Tibierge’ (1692) publié par Roussier, P., L'Etablissement d'Issiny (Paris, Larose, 1935), pp. 6263.Google Scholar Le terme de capessaire, tiré du portugais, est appliqué indistinctement (avec des variantes: capchères etc.) par les Européens à tous lea chefs locaux, quelle que soit l'ethnie à laquelle ils appartiennent.

21 Tibierge avait pu voir aux Antilles françaises ces ‘chaudières à faire du sucre’ de canne.

22 Journal du sieur Tiberge, 64.

23 Journal du sieur Tibierge, 67.

24 Bosman, W., A new and accurate description of the Coast of Guinea (1705) (repr. London, 1967), 79.Google Scholar

25 Fynn, J. K., Asante and its neighbours, 1700–1807 (London, 1971),Google Scholar and Daaku, K. Y., Trade and Politics on the Gold Coast, 1600–1720 (Oxford, 1970).Google Scholar

26 Bosman, 79.

27 Le nom de Bonzam n'est pas donné sans hésitation.

28 En anyi i saso, c'est-à-dire ‘ceux qui sont sous son bras’.

29 Nana Alou Mea, chef de Koudiokouro (Sankadioro), le 14–1–1965.

30 Bowdich, T. E., A Mission from Cape Coast Castle to Ashantee (London, 1819), 235Google Scholar, définit ainsi le rôle de l'adamfo: ‘Every subject state was placed under the immediate care of an Ashantie chief, generally resident in the capital who seldom visited it, but to receive the tribute from the native ruler, for whose conduct he was in a reasonable degree responsible’.

31 Depuis les grands ‘ministres’ mossi (Widi, Larhallé, Gunga, et Balum-naba) jusqu'aux kofa du Califat de Sokoto, kofa veut dire ‘porte’ dans la terminologie empruntée aux Haoussa par les Peuhl de Sokoto; c'est par ces dignitaires que les chefs locaux avaient accès au souverain.

32 Entendez: des hommes sans capacités ni expérience.

33 Nanã Alou Men, chef de Kouadiokouro (Sankadiokro) le 14 janv. 1965.

34 Ata Koassi, Ebilassekro, le 21 janv. 1965.

35 La même confusion est apparue dans le récit de Ndoli Anet de Nguessankro (voir supra p. 30). Elle obéit dans un cas comme dans l'autre au désir d'unifier des traditions disparates.

36 Nanã; Alou Mea, chef de Kouadiokouro, le 14 janv. 1965.

37 Le Denkyirahene.

38 En anyi Wo saso (voir supra p. 207 n. 28); ce sont les Ndényé.

39 Ano Asemã.

40 Dans le groupe des Ndényé.

41 Le nom d'Ano Asemã.

42 Répétitions qui ont pour effet de montrer que les Ndényé sont unanimes.

43 Euphémisme déjà rencontré (voir p. 29 n. 12), qui fait allusion au sort que les Ashanti réservèrent à Dim Gyakari.

44 Nanã Alou Mea, chef de Kouadiokouro, le I mai 1967, Bande A7, no. 165–70. Traduction littérale du texte anyi.

45 Le messager n'est plus, comme dans le texte précédent, Amalamã, mais Ehuma Kabrã, qui figure en tête sur la liste non officielle des rois ndényé.

46 Ano Asemã.

47 Nanā Alou Mea, chef de Kouadiokouro, le I mai 1967, Bande A7, no. 215–17, traduction littérale du texte anyi.

48 idem, Bande A7, no. 152–5, traduction littérale du texte anyi.

49 Les Ndényé.

50 D'Aniassue, lieu du récit, à Kodjina sur la route d'Abengourou, la distance est d'environ 12 km.

51 Qui sont les Ahib∈? ‘Ils sont derrière Kumasi. Il y a des Krogbo et des Ahib∈, leur village c'est Kratye’, répondit Nanã Djaponou.

52 Nanã Djaponou, notable d'Aniassue, le 9 juin 1972, Bande R, no. 316–25. Traduction littérale du texte anyi.

53 Il s'agit du propre fils (i kunuba: ‘fils du ventre’) d'Ano Asemã, Boafo Nda (et non Boa Fonda, comme l'écrit Cheruy, P., Monographie du Cercle de l'Indénié (Archives Nationales de Côte d'Ivoire, Abidjan, 1912). Il devint le premier chef des Alangwa (Euasso).Google Scholar

54 Le fait est confirmé. Dernièrement les héritiers d'Ano Asemã sont venus d'Enchi pour reprendre aux Ngattiafw∈ de Nguessankro une cloche attachée à la base du bia de leur ancêtre, qui est un pulüe (siège rond).

55 Nanã Alou Mea, chef de Kouadiokouro (Sankadiokro), le 8. fév. 1967, Bande A6, no, 65–69, traduction littérale du texte anyi.

56 En anyi, dya∈bw∈: la ‘pierre’ ou le ‘caillou’ du dya, c'est-à-dire du trésor, qui est généralement détenu par le chef de l'abuswä (famille matrilinéaire étendue).

57 Nanã Alou Mea, chef de Kouadiokouro (Sankadiokro), le 8 fév. 1967, Bande A6, no. 57–62. Ce passage a été enregistré immédiatement avant le précédent; traduction littérale du texte anyi.

58 Delafosse, M., Essai de manuel de la langue agni… (Paris, 1900), 182 sq.Google Scholar

59 Delafosse, M., 1908, p. 61.Google Scholar

60 Dans le Manuel de langue agni, Delafosse élargit considérablement le groupe zema, dans lequel il inclut outre les Zema (ou Apolloniens), auxquels on applique exclusivement aujourd'hui l'appellation de Nzima, les Brusa, les Denkira, les Saüe…Ici, par contre Zema eat pris dans sens étroit.

61 Clozel, F., Dix ans à la Côte d'Ivoire (Paris, 1906).Google Scholar

62 Tauxier, L., Religion, mœurs et coutumes des Agnis de la Côte d'Ivoire (Paris, 1932), Iivre II, chap. II.Google Scholar

63 Tauxier, 1932, 18 sq.

64 Chéruy orthographie Filassier, alors que l'auteur signe Fillassier, avec deux l.

65 Fillassier, P., Monographie du Cercle de l'Indénié; groupes ethniques de l'Indénié (Archive Nationales de la Côte d'Ivoire, Abidjan, 1912).Google Scholar

66 Sous la côte Afr. West 435: Notes de E. Terray.

67 Les origines des Sanwi n'etant pas, en 1973, élucidées, il serait téméraire de prendre position sur ce point. Bornons-nous à faire remarquer que le Sanwi est resté indépendant à l'égard de l'Ashanti, indépendance que le major Lang ne met pas en cause.

68 Fynn, Voir, 1971, 42 et 43.Google Scholar

69 Mouezy, P. Henri, Histoire et coutumes des Agnis de la Côte d'Ivoire (Paris, 1754), 42.Google Scholar

70 Dont le souverain n'est nommé, notons-le, par aucun de ces auteurs.

71 Daaku, K. Y., ‘A history of Sefwi: a survey of oral evidence’, Research Review of the Institute of African Studies (University of Ghana, Lagos), VII, 3 (1971), 33.Google Scholar

72 Ibid. 39.

73 Bosman, , 1705, 79.Google Scholar

74 Notamment, J. K. Fynn, 1971, 42.Google Scholar

75 Daaku, , Research Review (1971), 44.Google Scholar

76 L'étude de la toponymie du Ndényé montre que le twi au moment de l'implantation des Ndényé était encore largement répandu; les plus anciens noms de lieux ont une origine twi, et leur étymologie eat donnée en twi.

77 Daaku, , Research Review (1971), 43.Google Scholar

78 Daaku, , 1970, 177.Google Scholar

79 Daaku, K. Y., 1970, 176, et J. K. Fynn, 1971, 43. Les deux auteurs se fondent sur des rapports, hollandais provenant des forts de la Côte et notamment d'Axim, et datés de 1715.Google Scholar

80 Daaku, K. Y., Research Review (1971), 33.Google Scholar

81 Fynn, J. K., 1971, 43.Google Scholar L'auteur cite les termes d'une lettre du hollandais William Butler, datée d'Axim le 8 août 1715. J. K. Fynn identifie ‘Socco’ à Nsoko ou Begho. On peut peut-être se demander si ‘Socco’ ne désigne pas l'île d'Assoco au sud de la lagune Aby et à proximité du fort français d'Assinie, par où pouvaient s'établir des contacts directs avec les commerçants européens hors de portée des Ashanti. Dana l'ile d'Assoco se trouvaient côte à côte la capitale du roi des ‘Issynois’ et les villages sur pilotis des ‘Pescheurs’ Veterez (ou Ehotile), avec lesquels Anascheman, si on en croit le passage précédemment cité du Journal de Tibierge, entretenait des relations économiques basées sur l'échange or-sel. D'autre part si on se fonde sur le rapport du major Lang, également cité, la région de l'embouchure de la Bia semble avoir fortement intéressé le roi d'Aowin: The Chief of Krinjabos…, the principal Chief of the King of Aowin Ando Asseman…was sent from Enchy further to the south to see if a more suitable camping place for the whole army [cet épisode prend place au moment où les troupes ashanti entrent dans le royaume d'Aowin] could be found…and the town of Krinjabo was founded.

Il se peut donc que devant les progrès ashanti l'état d'Aowin ait orienté son expansion du côté du sud-ouest, direction ou il ne risquait pas de se heurter, contrairement à celle du nord, aux intérêts ashanti.

82 Fynn, J. K., 1971, 44.Google Scholar

84 Sea assertions semblant confirmer l'hypothèse hasardée plus haut d'une identification de ‘Socco’ à l'île d'Assoco.

85 Daaku, K. Y., Research Review (1971), 3738.Google Scholar

86 Daaku, K. Y., 1970, 177.Google Scholar

87 Le fait que Ano Asemã était roi d'Aowin vient d'être confirmé par K. Y. Daaku, qui donne dans une lettre datée du 12 mars 73 la liste dynastique des 14 rois d'Enchi, dont le premier n'est autre qu'Ano Asemã. Cette liste n'est pas encore publiée, et provient des notes de terrain de M. Daaku.