Dans un numéro de la revue Politique consacré à l’évolution de la discipline au Québec, un auteur notait que les articles réunis à cette occasion ne recouvraient pas tous les champs de la science politique québécoise (Landry, 1993: 7–19). La théorie politique, comprise au sens large du terme, avait notamment été délaissée au profit d’études sur les politiques publiques et les institutions. Or, à l'instar de leurs collègues ailleurs au pays, les politologues québécois ont pourtant réfléchi aux questions politiques en y apportant un regard théorique ancré dans une réalité sociale particulière différente de celle prévalant au Canada anglais. Désireux de mieux comprendre l’évolution de leur société, des politologues ont privilégié quelques objets d'analyse dont celui de l’État et de la nature des idéologies politiques québécoises.

Canada and/in the World is a broad topic that has produced a wide range of diverse publications in the twenty-first century, not only in political science but also in history and other neighbouring disciplines. What they all share is an interest in investigating how Canada, either as a state, a polity, a society, a culture or an idea, intersects with and is part of the international. Yet, along this spectrum we find literature spanning from problem-solving to critical—to use Robert Cox's distinction (1986)—as well as from heavily empirical and policy relevant to theoretically informed. Some works aim to explain, some to facilitate understanding and others to challenge and deconstruct. Thus, while there might be a traditional core of positivist writing centring on liberal internationalism and to a lesser extent (neo)realism, which some claim can be condensed into a list of “the ten most important books on Canadian foreign policy” (Kirton, 2009), there are also strong critical voices that challenge core assumptions about how we conceptualize and examine Canada and/in the world.

Les élections générales de 1970 au Québec ont marqué tant les esprits que la discipline de la science politique au Québec, en particulier les analyses s'intéressant au comportement électoral et à l’étude des partis. En effet, pour la première fois de l'histoire de la province, un parti indépendantiste, le Parti québécois (PQ), faisait son entrée à l'Assemblée nationale, « un réalignement important des divisions partisanes » (Lemieux, 1976a : 60) remettant en question le bipartisme tenace de l’échiquier politique québécois. Cette élection, ainsi que celle de 1973, ont aussi illuminé les défauts du mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour (MU1), le PQ récoltant respectivement 7 sièges pour 23% du vote et 6 sièges pour 30% du vote–frustrant une grande partie de l’électorat.

This review essay identifies major monographs about the study of government and political institutions in Canada published in English over the past 50 years. Our review is woven around a general argument that key books about Canadian political life have mirrored the evolution of the discipline in the country as a whole. For instance, important books on federalism were written at turning points in Canada's constitutional history, while the recent uptick in social diversity and political communication studies mirrors broader societal trends. Equally, greater diversity in hiring within the academy has contributed to a broadening of subject matter, perspectives, methodologies and authorship. Thus, we explore the intersection between scholarship and society, with political scientists and their books as much products of their time as they have been contributors to the evolution of the political world around them. The sources that we identify have given shape to the study and practice of Canadian domestic politics.

Depuis 1995, la question de la nation en science politique a été ramenée à celle de la reconnaissance et de l’égalité des nations. La période contemporaine se distingue par cette impulsion dominante de la période des années 1960 et 1990, alors que les études se tournaient vers l’émancipation et la liberté de la nation. Une transition paradigmatique a eu lieu par le biais de trois genres d’études qui feront l'objet de cette recension. La position la plus discutée propose une synthèse du fédéralisme et du nationalisme d’émancipation autour de l'idée du fédéralisme multinational, qui met de l'avant l'impératif d’égalité. Une seconde position cherche à renouveler la tradition fédéraliste ou nationaliste de l'intérieur, afin de répondre aux défis politiques et aux innovations conceptuelles du moment. Enfin, une troisième position, souvent mais non exclusivement d'inspiration postmoderne et postcoloniale, refuse la matrice collectiviste qui sous-tend et le fédéralisme et le nationalisme pour se tourner vers l'expérience personnelle et interpersonnelle de la politique, parfois même pour la repenser à l'encontre de la nation et des ratés de la reconnaissance.