Il ne suffit pas qu'une armée soit bien instruite et disciplinée ni qu'elle soit abondamment pourvue de munitions et de vivres pour être assurée de la victoire. Tout cela est sans doute indispensable, mais à quoi servirait cette armée, si bien aguerrie et approvisionnée fût-elle, si elle entrait en campagne sans que ses chefs eussent soigneusement préparé d'avance un plan de mobilisation et un plan de campagne, qui lui permissent de mettre en œuvre ses qualités? Il en est de même pour l'armée de la Croix-Rouge.

La mort vient encore de creuser un vide profond dans les rangs des champions de la Croix-Rouge. Elle a frappé d'une manière inopinée l'un de ses plus fidèles soutiens, l'un des hommes qui ont le plus contribué à son établissement et à son développement en Allemagne, et dont le nom se trouve associé à la plupart de ses travaux dans ce pays. Nous voulons parler de M. le conseiller de gouvernement Hass, premier vice-président du Comité central allemand, qui a été enlevé par une douloureuse maladie, à Berlin, le 9 février 1892.

A l'occasion du 25me anniversaire de la fondation de la Société de secours aux blessés du royaume de Bavière, célébré le 18 octobre dernier, et qui a donné lieu à l'envoi aux autres sociétés d'une intéressante communication sur l'activité de la Société bavaroise pendant ce laps de 25 ans, le Comité central prussien a adressé au Comité central bavarois le télégramme suivant:

«Nous envoyons au Comité central de la Société bavaroise nos sincères et cordiales félicitations, à l'occasion de l'anniversaire solennel de son 25me jubilé. Votre honorable Comité peut, en ce jour, jeter un regard en arrière sur une activité de bien des années, consacrée sans cesse à un travail désintéresşé, couronnée de résultats réjouissants en temps de guerre comme en temps de paix, et appréciée bien loin en dehors des frontières de notre patrie allemande. Etroitement unis à nous dans le faisceau des associations allemandes, votre honorable Comité nous a donné lieu de nous féliciter de la parfaite bienveillance et de l'appui efficace que nous avons rencontrés auprès de lui. C'est un devoir pour nous de lui en exprimer encore notre vive reconnaissance d'une manière toute spéciale. Que Dieu permette qu'il en soit encore ainsi à l'avenir.

Le rapport présenté à l'assemblée générale de la Société de la Croix-Rouge de Belgique, le 27 mars 1892, constate très brièvement que la Société a suivi une marche normale et que le nombre de ses membres, bien qu'en voie d'accroissement, est encore trop restreint. Tout le reste de ce rapport est consacré à la justification de la loi du 30 mars 1891, qui a accordé la personnalité civile à la Société de la Croix-Rouge et à des explications sur cette loi, qui a, paraît-il, été mal interprétée par plusieurs.

Le lazaret de baraques transportables établi au Tempelhof, près de Berlin, au sujet duquel un rapport très détaillé vient d'être présenté au Comité central allemand, par son délégué, M. l'assesseur médical Dr Menger, a été, comme on le sait, installé par les soins de ce Comité, conformément au désir exprimé par S. M. l'Impératrice, pour expérimenter, par un usage journalier, pendant un laps de temps d'environ cinq mois, les qualités des objets destinés au service des lazarets, primés lors du concours de 1889. L'installation de ce lazaret était achevée le 20 juin dernier et, le 1er juillet, il était presque entièrement occupé par des malades. Etabli dans le jardin du lazaret de garnison no II, il représente un lazaret de réserve et non pas, comme on en avait eu l'intention à l'origine, un lazaret de société. Il se compose de six baraques, dont trois (nos I, II, III) sont aménagées pour recevoir les malades, chacune avec 16 lits; le no IV sert de salle d'opération, pharmacie, chambre de bains et chambre de jour pour les infirmières; le no V renferme un bureau pour les médecins et les fonctionnaires, une lingerie, un magasin pour les ustensiles de ménage et le logement de trois infirmiers; le no VI sert de cuisine, lavoir et salle à manger. La baraque no I, réservée à la chirurgie, et construite en cartonfeutre, appartient au Comité central; les cinq autres sont la propriété de la Section médicale du Ministère royal de la guerre. Le carton-feutre (fabrication de Döcker) a aussi été employé pour la construction des deux baraques d'administration (nos V et VI), tandis que les autres (nos II, III et IV) sont revêtues d'une double couverture de toile à voile (baraques normales).

La Société argentine a pu enfin réaliser son désir de posséder un local pour tenir ses réunions et y installer ses bureaux. C'est grâce à la libéralité d'un de ses membres les plus distingués, M. le Dr Gallardo, qu'elle s'est, moyennant une très minime indemnité, établie dans un splendide édifice de la rue Vramonte y san Martino.

Le Bulletin de l'Association congolaise et africaine de la Croix-Rouge, publié par le Comité directeur, renferme le compte rendu de la séance de ce Comité du 12 mars 1892, dans laquelle ont été présentés le rapport sur les opérations de la Société pendant l'année 1891 et l'exposé de la situation financière.

La question soulevée le 2 décembre 1891 au sein de la Délégation du Reichstag austro-hongrois par M. le professeur Dr Billroth, au sujet des mesures à prendre pour mettre le service sanitaire militaire à la hauteur de la tâche qu'il aura à remplir dans les guerres à venir, a été posée également devant le Reichstag allemand, dans sa séance du 18 février dernier.

Le Kriegerheil nous apprend que le développement constant que prend l'Association des infirmiers volontaires a engagé son président, M. le Dr Wichern, de Hambourg, à demander à être déchargé de la direction des affaires de l'Association, dont il s'occupait seul jusqu'à présent. Pour satisfaire à ce désir, l'Association a constitué un comité provisoire, dont le siège est à Berlin et dont M. le Dr Wichern fait partie. Le bureau de l'Association a été transféré de Hambourg à Berlin, Kurfürstenstrasse, 97.

La Croix-Rouge argentine a tenu, le 8 octobre 1891, son assemblée générale annuelle, et le président, M. le Dr Roberts, y a présenté un rapport sur les derniers travaux de l'Association. Nous ne le reproduirons pas en entier, parce qu'il contient diverses informations que nous avons déjà publiées, d'après le Bulletin de la Société qui les avait portées à notre connaissance, et nous nous bornerons à une analyse de ce document.

Nous avons publié, dans notre 86meBulletin, le programme d'un concours ouvert par l'Union des Femmes de France, sur la question des secours aux blessés dans les guerres maritimes, et c'est avec regret que nous venons constater aujourd'hui le peu de succès de cette louable tentative, pour trouver la solution d'un problème qui préoccupe vivement aussi la Croix-Rouge.

L'organisation de la Société bavaroise n'a pas subi de modifications pendant l'année 1891. Le besoin d'une préparation consciencieuse en temps de paix se fait toujours plus vivement sentir. Il a été fait, sous ce rapport, quelques progrès, en ce sens que les colonnes sanitaires se développent d'une manière satisfaisante, grâce à l'appui des comités de cercle et au dévouement du personnel de ces colonnes. Le nombre de celles-ci, qui était de 17 en 1887, s'élevait, à la fin de l'année 1891, à 48. Leur personnel se composait, en novembre 1891, d'environ 2600 volontaires, sur lesquels 800 se sont déclarés prêts à faire un service de trois mois au moins sur le théâtre de la guerre et sont affranchis du service militaire.

Les deux derniers rapports que nous recevons de l'Association ambulancière de St-Jean, sur son activité pendant les années 1889 à 1891, nous fournissent l'occasion de dire quelques mots de cette association qui, comme on le sait, poursuit en Angleterre une œuvre analogue à celle que se proposent, sur le continent, les associations samaritaines.

Qu'en sera-t-il des guerres de l'avenir? Quels nouveaux devoirs imposeront-elles aux services sanitaires? Quel sera le nombre des victimes qu'elles coucheront sur les champs de bataille et dans les hôpitaux? Comment améliorer les secours aux blessés dans la même mesure dans laquelle on a perfectionné les armes de guerre? Telles sont quelques-unes des questions inquiétantes qui se posent, à l'heure actuelle, à l'esprit de tous ceux qui se préoccupent du sort des blessés. Mais ces questions n'intéressent pas seulement les spécialistes; l'attention du public a, ces derniers temps, été fréquemment attirée sur ce sujet d'une gravité extrême.

A l'occasion de la discussion du budget de la guerre, M. le conseiller de cour et professeur Dr Billroth, bien connu comme l'un des plus éminents chirurgiens militaires, a prononcé, le 2 décembre dernier, au sein de la Délégation du Reichstag, à Vienne, un important discours sur les devoirs qu'imposent au service sanitaire militaire les perfectionnements apportés à l'art de la guerre et spécialement l'introduction des nouvelles armes à feu. La sensation produite par ce discours a été considérable, non seulement dans l'assemblée où il a été prononcé, mais aussi en dehors de Vienne et même de l'Autriche; les idées émises par l'orateur sont, en effet, d'un intérêt général et appellent l'attention sur des questions qui demanderont à être approfondies. A défaut de la traduction de ce discours, que nous regrettons de ne pouvoir insérer en entier, nous voudrions au moins en présenter à nos lecteurs les fragments les plus importants, d'après le compte rendu sténographique de la séance.

L'Association congolaise de la Croix-Rouge a exposé, dans les jardins du Palais de l'industrie à Anvers, son premier pavillon sanitaire. La dépense d'achat et d'entretien de ce pavillon est entièrement assurée par le sous-comité anversois.

Il résulte du compte rendu de l'activité de la Société grecque de la Croix-Rouge pendant l'année 1891, que sa fortune était, le 31 décembre 1891 (v. s.), de 554,248, drachmes et qu'elle possède en outre un établissement estimé 57, 387 dr. ainsi qu'un matériel (médical, pharmaceutique, nosocomial, etc.) de la valeur de 211,195 dr.

Nous voudrions, pour faire suite à l'article qui précède et pour le compléter, pouvoir reproduire ici trois articles parus dans le journal viennois la Neue freie Presse (4, 5, et 6 mars 1892), et dus aussi à la plume de M. le baron, Julius von Horst. Dans ces études, M. von Horst creuse plus profondément le problème des guerres de l'avenir qui, depuis longtemps déjà, fait l'objet de ses préoccupations, et qu'il nous présente sous un autre de ses aspects.

Dans le courant de l'année, le Comité a reçu une invitation à prendre part à Leipzig à une « Exposition internationale de la Croix-Rouge, de fournitures d'armée, de matériel d'alimentation populaire, etc. » Comme nous n'avions point ici de matériel à exposer offrant quelque intérêt général, le Comité n'a pas cru devoir se rendre à cette invitation et se contentera d'en étudier les résultats lors- qu'on en publiera le rapport.