Jusqu'aux années 1970, qui marque l'abandon de cette activité, la pêche estivale de la sardine (Sardina pilchardus, Walbaum) dans le golfe de Gascogne connaissait de fortes variations de rendement à l'échelle de quelques jours. Ces fluctuations affectent différemment chacun des secteurs de pêche soit les baies de Douarnenez, Audierne et Concarneau à la pointe sud-ouest de la Bretagne, ou les zones de Belle-Ile, Quiberon, Le Croisic et les ports des Sables d'Olonne et de Saint Gilles-Croix-de-Vie dans la partie centrale du golfe de Gascogne. A l'échelle de 2 à 4 jours, le vent induit des variations hydrologique
et courantologique différentes suivant ces lieux géographiques. En chacune de ces zones de pêche, exceptée celle d'Audierne, des relations significatives ont été obtenues à partir du calcul de régression entre les prises par unité d'effort ou PUE et des
composantes de vent spécifiques ou un index conjuguant l'amplitude de la marée et la vitesse du vent. Toutes ces relations présentent le même profil; les PUE augmentent avec la vitesse du vent jusqu'à un optimum pour 5 à 6 m.s−1; au-dessus de ce seuil, les rendements décroissent en fonction du renforcement du vent jusqu'à ce qu'il y ait arrêt de la pêche. Cette valeur de 5 à 6 m.s−1 correspond également à un optimum pour la stabilité verticale de la couche d'eau superficielle et pour le développement phytoplanctonique. Le mélange turbulent induit dans la colonne d'eau par le vent fort détruit les structures physiques et limite le développement de la biomasse phytoplanctonique; au contraire, l'absence de brassage, par vent faible, dans des conditions estivales d'ensoleillement renforce les gradients thermiques de la mer et restreint le
renouvellement de la couche euphotique en sels nutritifs. Ces facteurs limitants peuvent expliquer la non-linéarité des relations pêche/vent. La spécificité locale de ces relations pour une composante particulière du vent est en accord avec les variations des
structures thermiques horizontales et verticales induites par la circulation résiduelle. Les fluctuations du vent en vitesse et en direction expliquent 44 à 76 % de la variabilité des captures de sardines à l'échelle de quelques jours. L'indice composé de l'amplitude
de la marée et de la vitesse du vent intervient pour 25 à 38 % de cette variabilité pour les zones de Douarnenez et de Quiberon. L'importance de ces facteurs pourrait résulter de la forte sensibilité de la sardine aux variations environnementales et met en évidence l'amplitude de la variabilité d'abondance des captures due à des facteurs non prévisibles.