Il est sans doute possible de résumer le changement de perspective historiographique qui s'est produit, disons entre l'époque de Ranke et d'Imbart de La Tour, d'une part, celle de Febvre et Léonard, de l'autre, en indiquant que l'on est passé d'une interprétation extérieure des origines de la Réforme à une analyse de ses causes internes et proprement spirituelles. La première de ces visions insistait sur les aspects institutionnels, économiques, sociaux et culturels de la crise de l'Église, et tendait à interpréter celle-ci en termes surtout négatifs ; la position vigoureuse défendue au contraire par Febvre, en un article retentissant, et maintenue en gros, depuis, par les meilleurs historiens, a salué, dans le protestantisme, le résultat de l'approfondissement de la piété médiévale.