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Zacharie, ou le père évincé. Les rites nuptiaux toscans entre Giotto et le concile de Trente

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Christiane Klapisch-Zuber*
Affiliation:
Centre de recherches historiques

Extract

Entre 1300 et 1500, un thème iconographique, le Mariage de la Vierge ou Sposalizio, connaît une fortune surprenante dans l'art de l'Italie centrale et septentrionale. Il n'est certes pas le seul à véhiculer une image du mariage. Millard Meiss a souligné l'apparition, dans la peinture toscane du XIVe siècle, de plusieurs thèmes très neufs se rapportant à la famille, au couple, à l'enfant. Faut-il alors simplement considérer le Sposalizio comme l'un des témoins de cette sensibilité nouvelle des bourgeoisies italiennes à la vie familiale et domestique ? Sa floraison insistante aux murs des sanctuaires de Toscane, puis d'Ombrie et d'autres régions d'Italie, suggère aussi que l'Église y a trouvé un instrument pour l'édification des fidèles.

Summary

Summary

“The Marriage of the Virgin” was an important theme in Italian iconography in the 14th and 15th centuries. This predilection, inspired by the Church, seems to have been particularly marked in a period when nuptial rites were undergoing profound changes, and it is evidence of the clergy 's efforts to control the crucial phases of these changes. This essay reconstructs the process of the marriage ritual in Florence, mainly from Florentine family books. It highlights the marginal role played by the clergy in this process and the tendency to concentrate the theologically and juridically most significant episodesi for both laity and clergy) around the presentation of the wedding ring. This attraction is expressed, in representations of the “Marriage of the Virgin”, by focusing on the wedding ring. The church setting and the role accorded to the priest are expressions of the Church's ambition to attract folk rituals to it, even at the cost of introducing certain aspects of folklore which it was later to abhor and which it eliminated in the 16th century.

Type
L'Imaginaire Des Sociétés
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1979

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References

Notes

* Cette étude est la dernière-née de celles qui ont été consacrées par les Annales de 1978 (pp. 623-676) aux rituels de parenté. Ses éléments ont été rassemblés à l'occasion du séminaire qui s'est tenu de 1975 à 1977 sur ce thème. Ils ont été soumis à la discussion de collègues américains au cours d'une série de conférences en janvier 1979. Je remercie spécialement pour leurs critiques et leurs suggestions, M. Becker, G. Brucker, S. Chojnacki, S. Cohn, R. Goldthwaite, D. Herlihy, R. Lopez, E. Muir, R. Starn, R. C. Trexler.

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2. Meiss, p. 61.

3. Cf. la synthèse présentée par A. Burguière, « Le rituel du mariage en France : pratiques ecclésiastiques et pratiques populaires (xvie-xviiie siècles) », Annales ESC, n° 3, 1978, pp. 637-649. Bossy, J., « The Counter-Reformation and the people of catholic Europe », Past and present, 47, 1970, pp. 5170.CrossRefGoogle Scholar

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14. Le dépouillement d'environ 120 livres de famille inédits, conservés aux Archives d'État de Florence et à la Bibliothèque nationale centrale, ainsi que d'une trentaine de livres publiés (cf. une liste dans Herlihy, D. et Klapisch-Zuber, C., Les Toscans et leurs familles. Une étude du catasto florentin de 1427, Paris, 1978, p. 190 Google Scholar, n. 3), a donné un échantillon de 140 mariages environ.

15. Cf. les remarques de Le Goff, J. dans « Le rituel symbolique de la vassalité », rééd. dans Pour un autre Moyen Age, Paris, 1977, pp. 348420 Google Scholar, spéc. p. 365.

16. Des exemples publiés par J. Del Badia, « Fidanzamento e matrimonio nel sec. xv », Miscellanea fiorentina di erudizione, 1, 1886, pp. 189-192 ; Biagi, G., Due corredi nuziali fiorentini 1320 e 1493, Florence, 1899.Google Scholar Descriptions du déroulement des noces en Italie, dans Tamassia, N., La famiglia italiana nei sec. XV e XVI, Milan, 1911, pp. 188193 Google Scholar ; Pampaloni, G., « Le nozze », dans Vita privata a Firenze nei sec. XIV e XV, Florence, 1966, pp. 3152 Google Scholar ; D. Herlihy et C. Klapisch, pp. 588-594.

17. M. A. Altieri, pp. 50-51.

18. Certaines ont été soigneusement recopiées dans leurs ricordanze, vers 1500, par des Florentins ; cf. l'ex. édité par Fachard, D., Biagio Buonaccorsi, sa vie, son temps, son œuvre, Bologne, 1976, en appendice (1509).Google Scholar

19. M. A. Altieri, p. 51.

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21. M. A. Altieri, p. 51.

22. C'est le terme des notaires toscans pour désigner l'acte notarié rédigé aux giure ; cf. n. 28.

23. Cf. la controverse sur la place de cet engagement dans le droit médiéval, dans Friedberg, E., Ehe und Eheschliessung im deutschen Mittelalter, Berlin, 1864 Google Scholar ; Idem, Das Recht der Eheschliessung in seiner geschichtlichen Entwicklung, Leipzig, 1865. Sohm, R., Das Recht der Eheschliessung aus dem deutschen und kanonischen Recht geschichtlich entwickelt, Weimar, 1875 Google Scholar ; Idem, Trauung und Verlobung, eine Entgegnung auf Friedbergs Verlobung und Trauung, Weimar, 1876.

24. A. Burguière, « Le rituel du mariage… », p. 645. K. Ritzer, pp. 373-402. Voir le rituel des fiançailles de la seconde moitié du xiiie siècle, publié par J.-P. Molin et P. Mutembé, p. 299, Ordo xi.

25. Même Antonin, reprenant Hostiensis, admet cette procédure des sponsalia ; le choix incombe alors au père, qui est tenu de proposer par la suite l'une de ses filles, mais qui est libéré de sa promesse si elle est refusée ; Summa, liv. III, tit. i, cap. 18, éd. de Venise, 1582, f° 18.

26. Ibid., III, i, cap. 16, f° 16 v° et 17 r° ; la dispense des bans est commune « cum magnatibus quia eorum matrimonia cum magna deliberatione soient tractari per amicos ». Les constitutions synodales les plus anciennes de Fiesole (1306) ou de Florence (1310 et 1327) n'intiment aux prêtres l'obligation d'annoncer qu'une seule fois le mariage à venir, pour que se manifestent les oppositions éventuelles ; R. C. Trexler, Synodal law in Florence and Fiesole, 1306-1518, Cité du Vatican, 1971. pp. 68-69. En revanche, les statuts synodaux de 1517 proclameront fermement la nécessité de la proclamation des bans par le curé, sans laquelle aucun notaire ne pourra célébrer les sponsali de praesenti (Mansi, t. 35, col. 248).

27. Un exemple de rupture entre les giure et l'anello « per legiptime e buone chagioni e chon bolla di Chorte di Roma », datant de 1449, dans les ricordanze d'Uguccione Capponi, Arch. di St., Florence. Conv. soppr., S. Piero a Monticelli, 153, f° 12 v°.

28. Très nombreux dans les registres notariés ; cf. S. K. Cohn, Community and conflict in the Renaissance: Florence, 1340-1530, thèse non publiée, Harvard Univ. Press, 1978. L'auteur a constitué deux échantillons, l'un pour le xive siècle comptant 523 acta matrimonii, l'autre, pour la période 1450-1530, en comptant 2 244; F. Brandileone, pp. 213-216, publie un formulaire notarial florentin du xve siècle et p. 476, le texte de Rainerius de Pérouse sur ces procédures du mariage.

29. M. A. ALTIERI, p. 51. Cf. les régulations des festivités et des cadeaux à Florence dans les Statuta… de 1415. vol. III, pp. 366-369.

30. Antonin, Summa, liv. III, tit. i, cap. 18, De sponsalibus, réserve encore ce terme aux « promesses de futures noces ».

31. Les statuts florentins de 1415, compilant des textes de dates différentes, entretiennent une certaine confusion sur le sens où ils entendent le mot de sponsalia. Le glissement de sens est manifeste chez un Lapo Niccolini, par exemple, lorsqu'il écrit en 1402 dans ses ricordanze : « E del decto matrimonio e sponsalitio è charta fatta… etc. » ; Il Libro degli affari proprii di casa di Lapo di Giovanni Niccolini de' Sirigatti, C. Bec éd., Paris, 1969, p. 94. Lapo réserve le mot de « giuramento » pour la cérémonie antérieure de l'engagement. Le mot français d' « épousailles » a suivi une évolution parallèle.

32. M. A. Altieri, p. 53.

33. Brandileone, F., « Die Subarrhatio cum anulo. Ein Beitrag zur Geschichte des mittelalterlichen Eheschliessungsrechtes », Deutsche Zeitschrift für Kirchenrecht, 3e série, X, 1901, pp. 311340.Google Scholar Zdekauer, L., « Usi popolani della Valdelsa », Miscellanea storica della Valdelsa, IV, 1896, pp. 6466, 205-212.Google Scholar

34. L'Église considère le mariage comme indissoluble, et Antonin démontre longuement dans sa Summa, liv. IV, tit. 15, cap. 7, De desponsatione Mariae, f°s 299-301, que Joseph et Marie ont été unis en un « verum matrimonium » puisque la première perfection du mariage est de consentir « in copulam conjugalem, non autem expresse in copulam carnalem », et que la seconde perfection est d'élever l'enfant.

35. A. Van Gennep, Manuel de folklore français contemporain, rééd. Paris, 1976, t. I, ii, chap. iv, Le mariage, pp. 373-648. Belmont, N., « La fonction symbolique du cortège dans les rituels populaires de mariage », Annales ESC, n° 3, 1978, pp. 650655.Google Scholar

36. S. Bernardino da Siena, Prediche volgari, L. Banchi éd., Sienne, 1880-1888, t. II, p. 359. Cf. les conseils à la jeune mariée quant au maintien qu'elle doit observer pendant ses noces, par Francesco da Barberino, Del reggimento e costume di donne, G. E. Sansoni éd., Turin, 1957, pp. 59-61.

37. M. A. Altieri, pp. 66-67.

38. Ibid., pp. 51, 53, 55.

39. Ibid., pp. 73, 81.

40. Salvioli, G., « La benedizione nuziale fino al Concilio di Trento », Archivio giuridico, 53 (1894), pp. 169197.Google Scholar

41. Il ne me semble pas que ce soit le recul de l'âge moyen au mariage des femmes, vers la fin du xve siècle, qui puisse expliquer l'avancement de la consommation qu'on aurait repoussée, auparavant, jusqu'au moment où la fiancée aurait atteint l'âge canonique. Celui-ci était pris en compte, en effet, dès l'expression des paroles de présent.

42. Summa, liv. IV, tit. xv, cap. 7, f° 300.

43. Bien avant le concile de Trente, les statuts synodaux florentins de 1517 interdisent que le fiancé rende plus de deux visites à la promise entre les fiançailles et les paroles de présent ; Concilium florentinum, Mansi, t. 35, col. 248.

44. S. Bernardini, Opera omnia, P. Collegii S. Bonaventurae éd., Florence, 1950-1978, t. IV, pp. 469-470.

45. M. A. Altieri, p. 68 ; l'auteur décrit de nombreux rites destinés à écarter cette menace (en particulier manger du poisson) ou à assurer la fécondité du couple (pp. 76, 79, 81, 83, 88). Cf. sur ces rites, E. Westermarck, IV, pp. 203-236. Cf. E. Le Roy Ladurie, « L'aiguillette », Europe, 1974.

46. Cf. Herlihy, D. et Klapisch, C., Les Toscans…, p. 592 Google Scholar, n. 34.

47. Kirshner, J., « Pursuing honor while avoiding sin. The Monte delle Doti of Florence », Studi senesi, 89, 1977, pp. 177258.Google Scholar Kirshner, J. et Molho, A., « The dowry fund and the marriage market in early Quattrocento Florence », Journal of modern history, 50, 1978, pp. 403438.CrossRefGoogle Scholar

48. C'est un thème lancinant des déclarations de contribuables au catasto en 1427, se plaignant de garder leur fille mariée à la maison et ne pouvoir en payer la dot de sorte que le mari « l'emmène ».

49. ASF, Conv. soppr., 95, n° 212, Ricordanze di Bernardo di Stoldo Rinieri, f° 169 v°, et aussi f° 169 r° (1483), f° 171 (1487). La simplicité des fêtes nuptiales est expressément voulue par Laurent de Médicis après 1472 ; cf. les Ricordi storici di F. di C. Rinuccini dal 1282 al 1460…, C. Aiazzi éd., Florence, 1840, p. CXLVIII.

50. Cf. là-dessus, F. Guicciardini, Storie florentine, chap. 9, G. Canestrini éd., Florence, 1859, Opere inedite, III, pp. 90-91. R. Fubini a retrouvé dans les registres du notaire Michelozzi un très grand nombre de ces contrats de mariage conclus sous l'égide de Laurent. Cf. Kent, D., The rise of the Medici, Oxford, 1978.Google Scholar

51. Quelques exemples : G. Buongirolami, Ricordanze (ASF. Strozz., n, 23), f° 129 : accord conclu le 11 déc. 1499, sans être suivi de giure : idem pour T. Guidetti, Ricordanze (Strozz., iv, 418. , f° 3 v°, le 2 oct. 1481 ; Luigi Martelli (Strozz., v, 1463), f° 119, 24 avr. 1487 ; Bart. Valori (BNC, Panciat. 134), f° 7, le ler mars 1474 ; f° 8, 2 janv. 1476 ; f° 9, 7 juil. 1476 ; f° 10, 22 nov. 1481. ; Recco Capponi (ASF, Conv. soppr. S. Piero a Monticelli, 153), f° 24 v°, 20 fév. 1469.

52. K. Ritzer, pp. 388-395 ; J.-P. Molin et P. Mutembé, annexes, pp. 283-300, publient une douzaine de ces ordines du mariage.

53. Statuti…, R. Caggese éd., i, p. 222. Repris en substance par les Statuta de 1415, m, p. 366.

54. ASF, Strozz., v, 22, f° 105.

55. Cf. Les statuts synodaux de 1517 : « Nessuno ardisca contrahere sponsalitii ne de futuro ne de presenti se prima non chiama el prête suo o vero un notaio, el quale faccia le parole tra loro in questa forma… » ; Mansi, 35, col. 247.

56. Summa, III, tit. i, De statu conjugatorum, f° 6 et 32 v°.

57. Éditées par Trexler, R. C., dans Quellen und Forschungen aus den italienischen Archiven und Bibliotheken, 59, 1979, pp. 111139.Google Scholar « Item perche abiamo inteso in alchuno luogo in contado… da alchuno ignorante farsi le nozze prima senza la benedictione overo mess dil Congiunto secondo a ordinato la sancta Chiesa… »

58. M. A. Altieri, p. 73, rapporte cependant qu'à Rome les couples faisaient souvent célébrer la messe dans la maison de l'épouse trois jours avant les noces, de manière à pouvoir consommer l'union le soir de celles-ci tout en ayant respecté les trois « nuits de Tobie » que leur imposait l'Église.

59. Machiavel, Œuvres complètes (Pléiade, 1952), « Clizia », acte iii, se. vii, p. 265. Sur la célébration religieuse en Italie, cf. F. Brandileone, pp. 88-96.

60. Un exemple de mariage rural de 1302 dans Pampaloni, G., « Le nozze », pp. 3536.Google Scholar Beaucoup d'unions paysannes devaient pourtant se passer de toute formalité, telle celle mentionnée en 1409 par un Florentin : « Ed è vero posto che la detta donna fosse stata con d. G. più anni, non era perô fatto sponsalizio ne dato anello o confessato dota » ; BNC, Manoscr., 77, f° 34.

61. Cohn, S., Community and conflict…, pp. 1519.Google Scholar

62. Summa, liv. III, tit. i, cap. 18, De sponsalibus.

63. S. Cohn, pp. 15-19.

64. Un exemple dans les ricordanze de Piero Strozzi (ASF, Strozz., iv, 354, f° 168 v°). Le 31. janv. 1508, mariage d'une jeune fille pauvre dotée pȧṙ charité, son mari « donna l'anneau… à Santa Trinità en présence des moines de l'église ».

65. Comme il ressort des ricordanze relatant les mariages de servantes, esclaves, pauvresses, filles mariées par charité.

66. Chénon, pp. 23-13, 33-35 ; F. Brandileone, p. 318 ss ; Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, art. « Mariage », X (1932), col. 1890-1893.

67. Antonin distingue bien les deux moments possibles où peut être donné l'anneau : les sponsalia sont faites par le don de l'anneau, « alicubi tamen datur anulus quando contrahitur per v. de pr. et tune non sunt sponsalia sed perfectum matrimonium » ; Summa, liv. III, tit. i, cap. 18, f° 19.

68. M. A. Altieri, p. 51.

69. Dict. d'archéol. chr… (art. « Mariage »), t. X, col. 1 891-1 893 et 1 931-1 942.

70. Dès le viie siècle, les évêques portent un anneau exprimant leur mariage avec l'Église. Ibid., art. « Anneaux », t. I, col. 2 181-2 186. De même, sur l'anneau des religieuses, cf. R. Metz, La consécration…, appendices.

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74. Dict. d'archéol. chr. et de liturgie, V, art. « Saint Joseph », col. 2 656-2 666.

75. Legenda aurea, éd. Th. Graesse, Breslau, 1890, p. 589.

76. « … nuptiis habiles non conjugati », ibidem.

77. C'est encore l'interprétation d'Antonin, Summa, liv. IV, tit. xv, cap. 7, se référant aux usages juifs.

78. E. Chénon, p. 13. Cf. supra, p. 1221.

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84. Une centaine, au total, de peintures italiennes des xive-xvie siècles a été analysée. Les pages qui suivent sont reprises en partie de « La mattinata médiévale d'Italie », à paraître en version intégrale et trad. anglaise dans Journal of family history, 1980, et en version allégée, dans Le Charivari, Paris, 1980.

85. La vogue du Sposalizio s'appuie, dans cette région, sur le culte de la relique de l'anneau de Marie à Pérouse, culte qui se développe au xve siècle ; cf. A. Rossi, L'anello sposalizio di Maria Vergine che si venera nella cattedrale di Perugia. Leggenda, Pérouse, 1857.

86. Kent, F. W., « The Rucellai family and its loggia », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 35, 1972, pp. 379401.CrossRefGoogle Scholar

87. Sur les rites « aux portes de l'église » à Gaète, cf. Brandileone, F., Saggi, pp. 7779, 90-91.Google Scholar

88. Respectivement dans la moitié et dans le tiers des cas.

89. La représentation du mariage d'une jeune fille pauvre dotée par la charité des Buonomini di san Martino est spécialement intéressante : le père de la fille en avance la main droite vers l'anneau tendu par l'époux tandis que le « Bonhomme » verse la dot dans la main gauche de celui-ci. Père et doteur occupent la place centrale, celle-là même où d'autres peintres placent Zacharie ; à gauche, assis, le notaire rédige ïinstrumentum matrimonii. (Fresque de Francesco d'Antonio del Chierico, 1478. env., dans l'église florentine de S. Martino al vescovo.)

90. Cf. C. Klapisch-Zuber, « La mattinata médiévale… ».

91. Cf. aussi le médaillon d'Orcagna à Orsanmichele vers 1350.

92. Bartolo di Fredi travaille avant 1367, Niccolo di B. meurt en 1388.

93. Cf. Andrea di Giusto (Prato, Duomo, ap. 1450), Fra Angelico (S. Marco), Giovanni di Paolo (Rome, Gall. Doria), Benozzo Gozzoli (Vatican, prédelle).

94. Cf. Fra Angelico (Prado), Bartolomeo di Giovanni (Florence, Innocenti, prédelle).

95. Par ex. chez Ghirlandaio (Florence, S. Maria Novella, 1488-90), Franciabigio (Florence, S. Annunziata, 1513), Tribolo (Loreto, S. Casa).

96. Le tableau figurerait dans une collection privée. Dans celui de la National Gallery, à Washington, l'animation des briseurs de baguette engendre une sorte de bagarre générale.

97. A quelques exceptions près : Lorenzo Monaco (Florence, S. Trinità) ; D. Beccafumi, un autre Siennois du début du xvie ; V. Tamagni de San Gimignano (1492-1530)…

98. Antonio da Viterbo, dit Pastura (Tarquinia, v. 1478), Marco Palmezzano (Milan, Museo Poldi Pezzoli), Pinturicchio (Spello, 1501 ; Rome, S. Maria del Popolo, 1490) ; Ragazzini (Macerata. v. 1520-1547); Andréa da lesi il Giovane (Cingoli, S. Sperandio)… En revanche Monaldo da Corneto (Detroit, Inst. of Arts) et Lorenzo da Viterbo (Viterbo, S. Maria della Verità) montrent la colère des jeunes. Pérugin et Raphaël restent les meilleurs exemples de cette école et de son interprétation du Sposalizio (resp. Fano, S. Maria Nuova et Caen, Musée ; et Milan, Brera).

99. B. Luini (Saronno, et Milan, Brera) ; et les peintres des deux premiers tiers du xvie s. : G. Marchesi, G. Romanino, O. Samacchini.

100. Masolino da Panicale (Castiglione d'Olona, 1435); Bartolomeo dei Rossi (Parme, Duomo), B. Loschi (Carpi).

101. Le plus bel exemple est sans doute celui de Lorenzo Costa (Bologne, Pinacoteca) : Joseph y est un jeune homme imberbe. Cf. aussi, pour le xive siècle, P. Cavallini (Naples, Museo Civico) ; au xve siècle : B. Fungai (Florence, Col. Berenson ; Gotha, Landesmuseum) ; au xvie siècle : Rosso Fiorentino (Florence, S. Lorenzo), Sodoma (Subiaco). Ce dernier, comme Palmezzano (cf. n. 98) élimine totalement le prêtre : ici les époux s'administrent réellement le sacrement de mariage par leur seule volonté.

102. Ainsi dans les œuvres de Rosso Fiorentino, Fr. Zaganelli, le Brescianino, G. Marchesi, V. Salimbeni, E. Salmeggia (ces trois derniers peintres se référant encore au miracle des vergettes).

103. Seitz, J., Das Josephfest in der lateinischen Kirche in seiner Entwicklung bis zum Konzil von Trient, Fribourg, 1908.Google Scholar Sépulcre, E., Saint Joseph, p. 20.Google Scholar

104. E. Sépulcre, p. 51. La caricature du saint est surtout le fait des artistes et des écrivains de Flandre et d'Allemagne. En Italie, on a rarement poussé la moquerie jusqu'à le représenter occupé aux basses besognes féminines, le respect du paterfamilias y est trop présent et vigoureux…

105. Cf. Haskell, F., Patrons and pointers : a study in the relations between Italian art and society in the age of the Baroque, Londres, 1963.Google Scholar Burke, P., Culture and society in Renaissance Italy 1420-1540, Londres, 1972.Google Scholar

106. « In filiis familias sufficit tacitus cum expressione eorum in quorum sunt potestate. » « Si… illa nihil respondeat, dico quod si mulier consentiat animo sed ex verecundia taceat, permittit tamen se subarrhari per anuli immissione voluntarie vel dotari ipsa taciturnitate et patientia consensus eius exprimitur etiam si lingua taceat… sufficit quod non contradiceat » ; Antonin, Summa, liv. III, tit. i, cap. 19, f° 20.

107. Trexler, R. C., Synodal law, p. 125.Google Scholar Cf. supra, n. 55.