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Les Privileges d'Une Capitale : L'Approvisionnement de Rome a l'Époque Moderne

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Jacques Revel*
Affiliation:
C.N.R.S.

Extract

L'approvisionnement d'une grande ville pose, aujourd'hui encore, des problèmes spécifiques. Depuis le milieu du xixe siècle, une série de transformations techniques (la révolution des transports, les progrès du conditionnement) et économiques (la mise en place de réseaux nationaux ou internationaux de distribution) tendent cependant à unifier progressivement les conditions de circulation des biens consommables entre les différents types d'agglomérations humaines dans les pays « développés ». Il en va tout autrement dans l'Europe moderne ; la ville y constitue un domaine tout ensemble menacé et privilégié : menacé parce que la nourriture des masses urbaines réclame d'énormes approvisionnements, qui, à leur tour, exigent une concentration très précoce de la production et de la distribution ; privilégié parce que la cité est généralement dotée d'importants pouvoirs de commandement sur le plat pays, et que, d'autre part, la peur des révoltes de la faim détermine les pouvoirs politiques à tout subordonner à la satisfaction des besoins urbains.

Type
Dossier: Histoire de la Consommation
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1975

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References

Notes

1. F. Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, 2e éd., Paris 1966, t. 1, pp. 301 et suiv. Pour le domaine italien, un certain nombre d'études récentes : M. Aymard, Venise, Raguse et le commerce du blé pendant la seconde moitié du XVIe siècle, Paris, 1966 ; G. L. Basini, L'uomo e il pane. Risorse, consumi e carenze alimentari délia popolazione modenese nel cinque e seicento, Milan, 1970 ; G. Lombardini, Pane e denaro a Bassano tra il 1501 e il 1799, Venise, 1963 ; D. Zanetti, Problemi alimentari di una economia preindustriale, Pavie, 1964.

2. Cf. J. Delumeau, Vie économique et sociale de Rome dans la seconde moitié du XVIe siècle, 2 vol., Paris, 1957 et 1959, en particulier t. 2, pp. 521-649 ; et J. Revel, « Le grain de Rome et la crise de l'Annone dans la seconde moitié du XVIIIe siècle », dans Mélanges de l'École française de Rome (Moyen Age-Temps modernes), 1972, 1, pp. 201-281.

3. On saisit mal le moment exact du passage du blé dur au blé tendre. Il s'effectue sans doute pendant le xvie siècle, au moment où l'énorme accroissement démographique de Rome crée, pour les producteurs, un marché proche et où les produits peuvent s'écouler rapidement. Contrepreuve : dans les régions qui continuent à produire, au moins pour une part importante, en vue de l'exportation (ainsi, par exemple, la Maremme de Castro-Montalto), les variétés de grains durs, qui voyagent et se conservent mieux, ont résisté parfois jusqu'en plein xviiie siècle. Dans la périphérie montagneuse du Latium, on sème des mischiglie de grains durs et tendres, destinées au stockage sur place. La prédominance du blé tendre est, elle aussi, bien évidemment liée à la pression qu'exercent les goûts urbains : il fournit un pain plus blanc et permet d'ailleurs de meilleurs rendements du grain en farine.

4. N. M. Nicolai, Memorie, Leggi ed Osservazioni sulle campagne e suli Annona di Roma, t. 3, Rome, 1803, a publié un certain nombre de ces scandagli pour le XVIIIe siècle. Pour le XVIIe, un essai de 1648 dans Archivio di Stato di Roma (A.S.R.), Camerale II, Annona, b. 1.

5. Il s'agit essentiellement de la comptabilité des grains entrés dans la ville, et de la gabelle de la mouture (macinato). Pour les xvie et xviie siècles, Bibliothèque Vaticane, manuscrits, Cod. Chigiani, 1826 ; A.S.R., Congregazione economiche, Sollievo, b. 2. Pour le XVIIIe siècle, voir Nicolai, Memorie…, op. cit., III, pp. 142-145, corrigé par Revel, «Le grain de Rome…», pp. 224-225. On trouvera dans cet article une justification des calculs effectués sur ces données. Je renvoie la présentation critique des sources utilisées à une version plus développée de cet article.

6. W. Sombart, La campagna romana, trad. ital. Rome, 1892, pp. 51 et suiv.

7. Critique des évaluations en poids admises par la Grascia dans A.S.R., Camerale II, Dogane, b. 140 (1765-1784). Par ailleurs, l'essentiel des sources de ce tableau se trouve dans A.S.R., Camerale II, Grascia, b. 1-6 (Precettazione degli agnelli), 15-25 (Gabella délia scannatura) ; ibid., Dogane, b. 227 ; Bibl. Vat., ms, Cod. Chigiani, 1826. Pour le xvie siècle, cf. J. Delumeau, Vie économique…, op. cit., 1, pp. 123-124. Les poids indiqués sont, en théorie rappelons-le, des poids vendus au détail.

8. Cf. A.S.R., Congregazione economiche, Sollievo, b. 2.

9. A.S.R., Camerale II, Dogane, b. 49 et 111 ; Grascia, b. 9; Sollievo, b. 2; Tournon, Études statistiques sur Rome et les départements romains, Paris, 1831, t. 2, p. 66.

10. Bibl. Vat., ms., Vat. Lat. 8354, f 187 v°.

11. Réforme des séminaires : cf. par exemple la Relazione latina dei Visilatori Apostolici al Papa Sisto Quinto à propos du Séminaire romain, Bibl. Vat., ms., Cod. Ferraioli, 154. Pour les putti du Santo Spirito, cf. Vat. Lat., 7941, f° 187 r°.