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Les Juifs et leurs voisins a l'époque perse, hellénistique et romaine

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

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Les relations entre des peuples différents sont fonction d'un certain nombre de variables et évoluent entre deux pôles : proximité et distance, sympathie et hostilité. Une telle définition n'est certes pas exhaustive. Parler de proximité et de distance dans le domaine culturel par exemple (identité de langue, religion, tradition et origine) ne signifie pas forcément la même chose concernant la sphère du politique. Avec la géopolitique, la proximité risque d'entraîner un sentiment d'animosité quand la distance géographique peut, elle, renforcer les liens politiques ou, au moins, atténuer l'hostilité politique et culturelle. Une autre distinction peut s'effectuer entre ce qui relève de l'actualité immédiate et ce qui relève des représentations culturelles et historiques de longue durée que les peuples se donnent d'euxmêmes et des autres.

What kind of relations did the Jews have with the neighboring peoples during the Second Temple? Based upon the way in which the Jews defined themselves, what were the criteria, the variables by which to measure proximity and distance? And what are the political translations of the different forms of “otherness”? Compared to the autochtonous populations (Samaritans, Idumeans, Phenicians, etc.) whom languages and customs brought together, the “Greeks” from the hellenistic cities represented a most heterogeneous group and were perceived ofas radically different.

During the Persian epoch, the question of relations with neighboring peoples evoked two contradictory attitudes within Jewish society. The first with Esdras and Nehemiah, by imposing a very narrow definition of Judaïsm, erected a barrier between Jews and non-Jews. The second, with the adversaries of Esdras and Nehemiah, by adopting a very broad definition, favored contacts and passages between non-Jewish societies and Judaïsm. From the hellenistic period on, new social clivages due to the colonisation and to the emergence of a dominant culture tended to reduce the diversity of relations between peoples of the region and resulted in increasing bipolarisation. Among the autochtonous peoples, some become hellenized and enter into the system of the Greek city-states, while others are judaïcized and integrated into Jewish society. As a reaction to this mobility and acculturation, the definition ofwhat it means to be a Jew once again hardens. This bipolarisation of relations between Jews and non-Jews radicalizes to the point of constituting one of the determining factors in the Jewish insurrection against Rome between 66 and 135 ofthe common era.

Type
Le Judaïsme Ancien
Copyright
Copyright © École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris 1996

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References

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4. Voir ci-dessous note 9.

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6. Voir U. Rappaport, ci-dessus note 5.

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10. Voir Rappaport, U., « La Galilée entre la révolte hasmonéenne et la conquête romaine », Les Juifs et le judaïsme à l'époque du Second Temple, de la Michna et du Talmud, études en hommage à Safrai, S., Gafni, Y., Oppenheimer, A., Stern, M. éds, Jérusalem, 1993, pp. 1630 Google Scholar, notamment pp. 22-25 (en hébreu), ainsi que les références citées en note 12.

11. Voir P. Briant, Rois, tributs et paysans, op. cit.

12. Voir note 5 et, pour le développement de cette thèse, voir Kasher, A., Jews, Idumaeans,and Ancient Arabs, Tübingen, 1988, pp. 7174 Google Scholar. R. A. Horsley et J. Pasto ont développé un raisonnement peu ou prou semblable quoique sous un angle sociologique dans leurs communications données dans le cadre du Congrès annuel de la Society of Biblical Literature à Washington, en novembre 1993, R. A. Horsley, « The Expansion of Hasmonean Rule in Idumea and Galilee : Toward an Historical Sociology » ; J. Pasto, « Exclusion or Inclusion ? The Origin and Expansion of the Hasmoneans in Light of Comparative Ethnographie Studies ».

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19. Voir, par exemple, Haran, M., Entre les anciennes et les nouvelles prophéties, Jérusalem, 1963 Google Scholar, notamment de la p. 73 à la fin, ainsi que la bibliographie (en hébreu).

20. Nous n'avons que très peu d'informations sur les Ashdodéens, voir Néhémie 13, 23-24. Voir aussi Kempinski, A., « Some Philistine Names from the Kingdom of Gaza », Israel Exploration Journal, 37, 1987, pp. 2024 Google Scholar, en particulier p. 24 ; Alt, A., Kleine Schriften, II, Munich, 1953, pp. 234241 Google Scholar. Pour la dénomination «Ashdodéens», voir Strabon, (Géographie , 16, 2, 2) dans Stern, , Greek and Latin Authors on Jews and Judaism, 1, p. 287 Google Scholar.

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22. Malgré la bataille acharnée que mena Néhémie contre Tobiah, « le serviteur ammonite » (Néhémie 2 , 10 et 13, 7-9), cette famille restait l'une des plus illustres de l'aristocratie judéenne au 3e siècle et dans le premier tiers du 2e siècle avant notre ère.

23. Shemayah, fils de Delayah, Néhémie 6, 10-13 ; 14 ; 19 ; « Noadyah la prophétesse et les autres prophètes », 6,14 ; Tobiyah et la nécessité de purifier sa chambre vidée de tout ce qu'elle contient (13,9).

24. Voir Heltzer, M., « Une nouvelle approche du problème des « femmes étrangères » dans les livres d'Esdras et de Néhémie », Annuaire de la Bible et de l'étude de l'Orient ancien, 10, 1990, pp. 8392 Google Scholar (en hébreu).

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26. Je n'aborderai pas ici la question de l'époque et de la profondeur du schisme avec le judaïsme. Il semble qu'il s'agit là d'un processus de longue haleine, au cours duquel survinrent nombre de changements. Voir U. Rappaport, « Les Samaritains à l'époque hellénistique », cité en note 3 ; Schwartz, S., « John Hyrcanus I's Destruction of the Gerizim Temple and Judaean- Samaritan Relations », Jewish History, 7, 1993, pp. 925 CrossRefGoogle Scholar.

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29. Voir les propos attribués à Aristote par Cléarque de Sole, d'après Flavius Josèphe dans le Contre Apion : « Ce juif venait de Lydie […], il était grec non seulement par la langue, mais aussi en son âme » (1,179-180). Cf aussi Cohen, S. J. D., « Religion, Ethnicity, and « Hellenism » in the Emergence of Jewish Identity in Maccabean Palestine », dans Religion and Religions Practice in the Seleucid Kingdom, Bilde, P. éd. et al, Aarhus University Press, 1990, pp. 204223 Google Scholar.

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31. Voir U. Rappaport, ci-dessus les notes 5 et 10.

32. Voir Rappaport, U., « Jewish-Pagan Relations and the Revolt against Rome in 66-70 CE », Jérusalem Cathedra, 1, 1981, pp. 8195 Google Scholar (en hébreu dans Tarbiz , 47, 1978, pp. 1-14 ; et La grande révolte , A. Kasher éd., Jérusalem, 1983, pp. 159-174).

33. Sur l'emploi de ces deux termes, voir Lee I. Levine, « The Jewish-Greek Conflict in First Century Caesarea », Journal ofJewish Studies , 1974, p. 381 ss, et surtout dans La grande révolte , A. Kasher éd., Jérusalem, 1983, pp. 173-194 (en hébreu).

34. Voir U. Rappaport ci-dessus note 32 ; et Goodman, M., The Ruling Class of Judaea, Cambridge, 1987 CrossRefGoogle Scholar.

35. Comparez, par exemple, les événements qui suivirent l'érection de la statue de Caligula à Yavneh et leurs conséquences. Voir à ce propos, entre autres références, Schwartz, D. R., Agrippa I, The Last King of Judaea, Tübingen, 1990, pp. 8183 Google Scholar.