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Les fondements d'une géographie sociale de la bourgeoisie française

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Abel Chatelain
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Les géographes français, depuis Vidal de la Blache, ont très inégalement fouillé les divers domaines de la géographie humaine. Ils n'ignorent pas la géographie sociale, mais ils n'ont pas encore cherché à lui donner la place qui lui est due. Les analyses restent très superficielles; les limites sont à peine tracées et les méthodes propres de cette géographie sociale sont encore à préciser.

Parmi les derniers ouvrages sur les classes sociales et la vie sociale de notre pays, deux surtout doivent retenir l'attention des géographes : celui d'un historien, Charles Morazé, et celui d'un géographe, Pierre George. Tous deux, avec raison, montrent le lien étroit entre économie et société. Mais chacun traite de la société française en utilisant ses méthodes propres ; l'historien insiste sur l'évolution et le rôle de cette bourgeoisie depuis le XVIIIe siècle, tandis que le géographe fait un tableau de la situation sociale présente ; il s'agit en quelque sorte de deux analyses, menées sur des plans différents, mais qui possèdent leurs qualités respectives.

Type
Débats et Combats
Information
Annales. Histoire, Sciences Sociales , Volume 2 , Issue 4 , December 1947 , pp. 455 - 462
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1947

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References

page 455 Note 1. Jean Brunhes, dans son Traité de géographie humaine, a fait un chapitre de géographie sociale, mais cette branche de la géographie reste: imprécise.

page 455 Note 2. Cf. Abel Chatelain, « Cette nouvelle venue : la géographie sociale », Annales (Économies, Sociétés, Civilisations), 1946, n°3, p. 266-270. Dans cette note, nous indiquions les aspects de cette géographie et nous émettions l'idée d'une géographie de la bourgeoisie française, partie intéressante de la géographie des classes sociales.

page 455 Note 3. Morazé, Charles, La France bourgeoise : XVIIIe-XXe siècles, XVI-220 p. in-8°.Google Scholar

page 455 Note 4. Pierre George, Géographie économique et sociale de la France, Paris, Ed. Hier et Aujourd'hui, coll. Civilisation française, 2e éd., 268 p.

page 455 Note 5. George, Pierre, Géographie agricole du Monde, coll. Que sais-je ? p. 6, Paris, 1946, 128 p.Google Scholar

page 456 Note 1. Charles Morazé, o. c., p. 185-186 sur la répartition régionale des classes paysannes.

page 456 Note 2. Renouvin, Pierre, L'époque contemporaine, t. II, La paix armée et la grande guerre (1871-1919), coll. Clio, Paris, 1939, 684 p., p. 35.Google Scholar

page 457 Note 1. Cf. Marie-Louise Férré : Les classes sociales de la France contemporaine (thèse Lettres, Paris, 1934, 267 p.), p. 184. L'auteur ajoute une abondante et utile bibliographie. Sur l'analyse de la bourgeoisie, consulter aussi : W. Sombard, Le Bourgeois, traduit de l'allemand, in-8°, Paris, 1926, 486 p. — J. Aynard, La bourgeoisie française, in-8°, Paris, 1934, 517 p. — Goblot, La Barrière et le Niveau. Etude sociale sur la bourgeoisie française moderne, Paris, 1924, nouv. éd., 1930. — J. Bertaut, La Province, p. 133-154, dans Histoire de la Troisième République dirigée par Jean Héritier, t. II, grand in-4°, Paris, 1933. — L. de Chilly, La classe moyenne en France après la guerre : 19l8-l924 Sa crise : causes, conséquences et remèdes, thèse Droit, Paris, 1924, 126 p.

page 458 Note 1. Sur l'insuffisance des statistiques sur les fortunes et les revenus, cf. Michel Huber « Principales lacunes et insuffisances des statisques françaises », Journal de la Société de statistiques de Paris, 1944, p. 86-96. L'auteur reconnaît (p. 94) qu'a on ne possède que les estimations d'origine privée ».

page 459 Note 1. Cf. M. Derruau, « L'intérêt géographique des minutes notariales, des terriers et des compoix. Un exemple », Revue de Géographie alpine, Grenoble, 1946, p. 355-380. — Voir aussi une analyse de famille bourgeoise : Jacques Hatt, Quatre siècles de bourgeoisie strasbourgeoise, Strasbourg, 1934, 211 p. Mais les renseignements sur la situation actuelle de cette famille font défaut.

page 459 Note 2. Le Play et ses disciples ont fait des enquêtes assez poussées sur les familles paysannes et ouvrières au xixe siècle (cf. collection des Ouvriers des deux Mondes et de là Réforme sociale) ; mais ils n'ont pas entrepris les mêmes analyses ipour les familles de grande bourgeoisie.

page 459 Note 3. Sur les classes moyennes, voir diverses analyses dans la Réforme sociale da 1910.

page 460 Note 1. Cf. Gaston Bardet, «Principes d'analyse urbaine », Journal de la Société de statistique de Paris, 1944, p. 345-371. Voir particulièrement, p. 365, le plan d'Albi montrant la distribution des classes sociales de la ville.

page 460 Note 2. Cf. Germaine Veyret-Verner et Paulette Vincent, « Étude démographique du haut Daupbiné septentrional au XIXe siècle », Revue de géogr. alpine, 1946, pages 333-354. Page 335 : « Le Grésivaudan, fief de la propriété nobiliaire ou bourgeoise ».

page 460 Note 3. Cf. Jean Héritier, Histoire de la Troisième République, Paris, 1933, t. Il, p. 133-154. — La Province par Jules Bertaut ; voir p. 137 : « A Toulouse… pour une population de 100 000 hab. il y a 77 maisons religieuses… trois énormes collèges y comptent bco êlèves… A Poitiers, il existe 38 maisons religieuses pour 35 000 hab… A Besançon, pas un pensionnat de jeunes filles qui ne soit dirigé par les soeurs. »

page 461 Note 1. Voir plus haut, p. 411.

page 461 Note 2. Cf. P. Deffontaines, Les hommes et leurs travaux dans les Pays de la Moyenne-Garonne, thèse Lettres, Lille, 1932 ,; voir p. 100-101 là décadence de la bourgeoisie rurale en Aquitaine aux XIXe et XXe siècles. — Sur la décadence de la bourgeoisie rurale dans la Creuse : H. Clément, « Les mouvements de la population de la Creuse », Réforme sociale, 1908, p. 60-61 et 261-279.

page 461 Note 3. Cf. Maurice Wolkowitsoh, « L'élevage dans le Bazois », Annales de géographie, 1946, p. 205-210. Industriels, commerçants, emboucheurs, habitant Nevers, Dijon, Paris ou Lyon, deviennent les nouveaux propriétaires dans le Bazois, en bordure du Morvan. Combien de régions en France atteignent la proportion notée aux Pays-Bas ? Dans ce pays, une moitié des exploitants ruraux est composée de fermiers louant la terre à la bourgeoisie urbaine (cf. P. George, Géographie agricole du Monde, o. c., p. 64).

page 462 Note 1. Morazé, Charles, dans son Introduction à l'Histoire économique (Collection A. Colin, Paris, 1943, 212 p.Google Scholar), p. 8, affirme que l'histoire économique a été moins étudiée que l'histoire sociale ; c'est plutôt l'inverse en géographie, où tout reste à faire dans la géographie sociale. L'auteur affirme (p. 9) que « le problème social est essentiellement un problème de répartition de toutes les valeurs, c'est-à-dire non seulement des richesses matérielles, mais encore des richesses morales ». De même (p. III) : « La démographie n'a de sens que si elle est doublée d'une morphologie des classes. » Nous le croyons aussi ; démogéographie et géographie sociale doivent s'aider mutuellement.