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L'envie au Moyen Age

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Mireille Vincent-Cassy
Mireille Vincent-Cassy*
Affiliation:
Université de Paris VII
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En 1213, Thomas de Chobham note que les gens ne savent pas ce qu'est l'envie. En 1330, n'en connaissant guère plus, P. Lorenzetti fait dériver invidia à'invisus (invisible) et, dans la série des sept péchés capitaux que lui ont commandée les Franciscains de Sienne, il la représente par un unique pied sur le point de disparaître. Dans la littérature, le mot n'apparaît presque pas aux XIIIe et XIVe siècles, tandis qu'au XVe siècle il sert d'explication courante aux luttes politiques qui déchirent la France et symbolise bientôt le vice de tout le monde : ainsi l'épidémie de coqueluche de 1414 est réputée la maladie des envieux. Que s'est-il passé entre temps ? Comment ce concept s'est-il formé du XIIIe au XVe siècle ? C'est l'objet de ce travail qui paraissait d'autant plus délicat au départ que le mot envie reste aujourd'hui polysémique : désir, jalousie ou, simplement pris dans les souvenirs de catéchisme, l'avant-dernier des sept péchés capitaux. Ces mots sont-ils d'usage mieux définis à l'époque médiévale ? Oui, puisque le mot jalousie n'est utilisé que dans le sens de jalousie amoureuse, et, quand au XVe siècle, Gerson l'emploie, il évoque la préservation des biens spirituels.

Summary

Summary

A concept not to befound either in literature or in art before the XIIIth century, envy evolved in conjunction with the growing awareness of the sin which followed in the wake of the church's decision in 1215 to require annual confession. Men of the middle ages, however, could only conceive of envy in terms of its most external aspects. It was associated with slander in the 13th ; with covetousness in the XlVth ; and with hatred in the XVth, making it a temporal instead of a spiritual sin. Supplanted by avarice and eventually relegated to the penultimate position in the last of the seven deadly sins, after the Black Death envy came to be seen as the guiding force behind all human behaviour and the explanation for the wars and rivalries which then divided France. Simultaneously, it became the sin associated with men who sought, not money itself, but the ostentatious finery which money could buy and who would stop at nothing to achieve that goal even though they would never get the satisfaction of having obtained it.

Type
Le Domaine Médiéval
Information
Annales. Histoire, Sciences Sociales , Volume 35 , Issue 2 , April 1980 , pp. 253 - 271
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1980

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References

Notes

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33. Sermon « Contre l'envie », op. cit.,p. 911.

34. Le châtiment des envieux dans la Table des sept péchés capitauxde Jérôme Bosch ne montre que des chiens hargneux, ou encore dans les sculptures de la cuisine du château de Chambord.

35. Pèlerinage de vie humaine,Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris, ms. 1130, pi. 53-60. Plusieurs peintures illustrent le texte.

36. Somme théologique,lia Ilae, quest. 34, art. 6, sol. 3.

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38. la, quest. 63, art. 2 ou reprend la citation de saint Grégoire, PL,LXXV, 728.

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50. J'ai utilisé l'édition des Chroniquesde la Société de l'Histoire de France ( 13 vols) de S. Luce et G. Raynaud pour les trois premiers Livres et l'édition de Buchon pour le Livre IV dans le Panthéon littéraire.

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52. Georges Chastellain. Kervyn DE Lettenhove éd., 8 vols, Bruxelles, 1866.

53. Premier substantif accolé avant ou après le mot envie. Notons que le qualificatif le plus fréquemment employé avec envie est « couverte ».

54. Dans les peintures de manuscrits, le thème apparaît peu au xme siècle mais souvent au xive siècle, comme l'indiquent l'Index iconographique de Princetonet un premier examen des manuscrits parisiens.

55. Comme la Maison des sept péchés capitaux à Thiers (Puy-de-Dôme) ou à Aguilar de Campo (Palencia, Espagne).

56. Arvieux (Savoie), Bagas (Gironde), Bessans (Savoie), Clans (Alpes-Maritimes), Cocumont (Gironde), Digne (Alpes-de-Haute-Provence), Jaillons (Italie, ancien comté de Savoie), L'Argentière (Hautes-Alpes), La Pommeraie (Vendée), La Tour-sur-Tinée (Alpes-Maritimes), Le Mail-Pujols (Lot-et-Garonne), Les Horres (Italie, ancien comté de Savoie), Les Vigneaux (Hautes-Alpes), Martignac (Lot), Montbrun-Bocage (Haute-Garonne), Névache (Hautes-Alpes), Pervillac (Tarn-et- Garonne), Plampinet (Hautes-Alpes), Roubion (Alpes-Maritimes), Roussines (Indre), Salbertrand (Italie, ancien comté de Savoie), Sigale (Alpes-Maritimes), Vieux (Tarn), Villafranca (Italie, ancien comté de Savoie). Cette liste ne comprend pas les églises où la représentation de l'envie a disparu, en partie ou totalement. Je remercie M. Marc Thiboult, conservateur des Musées des Monuments français pour l'aide précieuse qu'il m'a apportée.

57. BN, Paris, ms. fr. 400, f° 54.

58. Langue tirée à Lévis-Saint-Nom, crapauds à Bourges, flammes à Pannes, serpent à Padoue dans la peinture de Giotto.

59. 20 fois.

60. 6 fois.

61. Lévrier le plus souvent. Seuls 6 chiens ont un os dans la gueule.

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108. Autre exemple à Roussines, mais aussi Giotto à Padoue.

109. Gilles Li Muisis, op. cit.,t. II, p. 156.

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