Hostname: page-component-5c6d5d7d68-7tdvq Total loading time: 0 Render date: 2024-08-16T16:05:22.411Z Has data issue: false hasContentIssue false

La « mère cruelle ». Maternité, veuvage et dot dans la Florence des XIVe-XVe siècles*

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Christiane Klapisch-Zuber*
Affiliation:
Centre de Recherches Historiques EHESS

Extract

A Florence, les hommes sont et font les « maisons ». Le mot casa désigne, aux XIVe-XVe siècles, la maison matérielle, le logement d'une unité domestique, et c'est dans cette acception que bien des documents de type fiscal, juridique ou privé l'utilisent. Mais il renvoie aussi à la représentation du groupe de parenté agnatique. La casadésigne alors l'ensemble des ancêtres morts et des membres vivants du lignage, de tous ceux qui sont porteurs d'un même sang et d'un même nom, qui revendiquent un ancêtre commun, héros éponyme dont le groupe a hérité son identité.

Summary

Summary

In Florence, a woman's identity was defined according to the man who acted as her caretaker or trustee. Consequently, widows posed a considerable problem for Florentine society. In what lineage-their husband's or their maiden one-were they to be allowed to “reside”, that is, physically and with their dowry? This article looks at how widows who remarried came to be accused of abandoning their children and were inevitably put in the position of betraying the interests of one of their two reference lineages.

Type
L'Italie
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1983

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

Footnotes

*

Cet article a fait l'objet, dans une première version, d'une communication au colloque de Sénanque organisé par M. Georges Duby en juillet 1981 sur le thème de « Maisons et sociétés domestiques au Moyen Age », puis d'une réélaboration dans le cadre de l'enquête « La femme seule » menée en 1980-1982 au Centre de Recherches Historiques.

References

Notes

1. Herlihy, David et Klapisch-Zuber, Christiane, Les Toscans et leurs familles. Une étude du catasto florentin de 1427, Paris, Presses de la F.N.S.P., 1978, p. 532 Google Scholar ss.

2. Cf. Trexler, R. C., Public Life in Renaissance Florence, Londres, Académie Press, 1980 Google Scholar.

3. Ainsi divers états dressés par des généalogistes des xve-xvie siècles classent-ils les femmes en usciteet entratepar lignage.

4. Cf. Klapisch-Zuber, Christiane, « Le nom “ refait ”. La transmission du prénom en Toscane à la fin du Moyen Age », L'Homme, XX, 1980, pp. 77104 Google Scholar.

5. Archivio di Stato, Firenze (abr. ASF), Strozziane,II, 4, Ricordanze di Paolo Sassetti (1365- 1400), f. 34 (11 fév. 1371). Les dates sont données en style commun.

6. Ibid.,f. 68v (24 sept. 1383) ; ASF, Strozziane,II, 13, Ricordanze di Doffo di Nepo Spini,f. 83 (7 juil. 1434).

7. On ne compte que 70 célibataires sur les 1 536 chefs de ménage féminins du catastode 1427 à Florence.

8. Sur la suspicion où l'on tient lespinzoeherequi prennent l'habit d'un tiers-ordre pour vivre en communautés ou — pire —isolées, cf. la note 22 infra ;R. Davidsohn, Storia di Firenze(trad. ital., Florence, 1965), vu, p. 66 ss. Sur l'attitude de l'Église, cf. Trexler, R. C., Synodal Law in Florence and Fiesole, 1306-1518, Rome, Città del Vaticano, 1971 Google Scholar ; Studi e Testi 268, pp. 121-122 et 142. Sur les formes de vie communautaire féminine ou de réclusion isolée, cf. les travaux de A. Benvenuti-Papi, en particulier : « Penitenza et penitenti in Toscana. Stato délia questione e prospettive délia ricerca », Ricerche di storia sociale e religiosa,n.s., 17-18, 1980, pp. 107-120 ;et” Le forme comunitarie délia penitenza femminile francescana. Schede per un censimento toscano », dans Prime manifestazioni di vita comunitaria maschile efemminile nel movimento francescano délia penitenza,R. Pazzelli et L. Temperini éds, Rome, 1982, pp. 389-450.

9. Sur les religieuses in casaen 1427, cf. Herlihy et Klapisch, Les Toscans…,pp. 153-155 et 580. A Florence, une trentaine de ces femmes remettent une déclaration à leur nom, mais bien plus nombreuses sont celles qui restent intégrées à une famille (à Arezzo, quatre sur onze suore in casa ou pinzoeheredéclarent indépendamment leurs biens). Cf. infra,n. 40, sur Umiliana dei Cerchi.

10. R. C. Trexler, « Le célibat à la fin du Moyen Age. Les religieuses de Florence », Annales E.S.C.,1972, n° 6, pp. 1329-1350.

11. 92 % des Florentines appartenant au groupe d'âge 20-24 ans sont mariées et cette proportion est encore plus haute dans la catégorie de fortune supérieure.

12. Cf. Kirshner, J., Pursuing Honor While Avoiding Sin. The Monte délie doti of Florence, Milan, 1978 Google Scholar ; Quaderni di « Studi senesi », p. 7, n. 22 ; Burguère, A., « Réticences théoriques et intégration pratique du remariage dans la France d'Ancien Régime, xvne-xviiie siècle », Marriage andRemarriage in Populations in thePast, éd. par J. Dupâquier et al., Londres, Académie Press, 1981, p. 43 Google Scholar. Sur le traitement populaire du remariage, cf. Le charivari,J. LE Goff et J.-Cl. Schmitt éds, Paris-La Haye, Mouton, 1981. Cf. le « De la vie des veuves » dans les Œuvres spirituelles de J. Savonarole,éd. et trad. par E. C. Bayonne, Paris, 1879-1880, pp. 5-51.

13. D. Herlihy et Ch. Klapisch-Zuber, Les Toscans…,appendice v, tableaux 1 et 2.

14. Sur le problème du remariage et ses implications pour la fécondité, cf. Marriage and Remarriage…,pour des éléments de comparaison.

15. De nombreuses veuves déclarant indépendamment des biens au catasto de 1427 vivent en réalité au foyer de leurs enfants, mais font ainsi reconnaître leurs droits sur leurs biens personnels ; cf. D. Herlihy et Ch. Klapisch-Zuber, Les Toscans…,p. 61.

16. Bellomo, M., Ricerchesui rapportipatrimoniali tra coniugi, Milan, 1961, p. 61 Google Scholar ss.

17. Et, en l'absence de frères, aux agnats du père intestat pour les trois quarts ; la fille ne peut vraiment hériter que s'il ne se présente pas d'agnats dans un certain degré. (Pour des exemples de l'application de ce droit et de leurs effets désagrégateurs sur les solidarités lignagères, cf. R. Biz- Zochi, « La dissoluzione di un clan familiare : i Buondelmonti di Firenze nei secoli xv e xvi », Archiviostorico italiano,a. CXL, n° 511,1982, pp. 3-45.) Cf. Statutapopuliet communisFlorentioe (1415),Fribourg, 1778-1781, t. I, p. 223 ss. Par son testament, un père pouvait naturellement laisser davantage à ses filles ; ainsi, Ser Alberto Masi laisse cohéritiers en 1454 ses deux frères pour le tiers de ses biens et ses deux filles pour les deux autres tiers ; ASF, Manoscr.89, f. 15.

18. Cf. l'exemple cité par D. Herlihy et Ch. Klapisch-Zuber, Les Toscans…,p. 557, n. 21 (1312). Autre exemple : Barna Ciurianni exige que l'on mette en commun avec sa veuve tous les revenus de la famille et qu'elle « soit en toutes choses honorée comme il convient, et tutrice avec son fils Valorino sans avoir à rendre compte » (ASF, Manoscr.77, f. 19, a. 1380). Giovanni Niccolini, mort en 1381, laisse sa femme partager l'administration des biens avec ses enfants tant qu'elle demeurera avec eux et, après dix ans, si elle veut vivre indépendante sans reprendre sa dot, il lui laisse l'usufruit d'une ferme, ou la moitié si elle reprend sa dot (c'est cette dernière solution que la veuve paraît préférer dès 1382) ; Il Libro degli affari proprii di casa de L. N. dei Sirigatti,C. Bec éd., Paris, 1969, p. 62 ss. De même, Matteo Strozzi en 1429 ; ASF, Strozz.,y,12, f. 25.

19. Cf. Lorcin, M.-Th., « Retraite des veuves et filles au couvent. Quelques aspects de la condition féminine à la fin du Moyen Age », Annales de Démographie historique, 1975, pp. 187- 204. Id., Vivre et mourir en Lyonnais à la fin du Moyen Age, Paris, Éd. du CNRS, 1981, pp. 6573 Google Scholar.

20. Sur le droit aux « aliments » et sur la tornata,cf. Statuta…,I, pp. 135, 223-225.

21. Des conflits avec les héritiers mâles résultent souvent de ce droit à la tornata; cf. ASF, Strozz.,V, 1750, Ricordanze di Bartolomeo di Tommaso Sassetti, f. 181 et 154 v. Cf. des exemples de retraites familiales dans ASF, Strozz.,V, 12, Ricordanze di Matteo di Simone Strozzi, f. 25 (a. 1429) et Strozz.,V, 15, f. 96 (testament de la veuve de Matteo en 1455), f. 97 (a. 1464) ; ASF, Conventi soppressi, 83,131, f. 100 (a. 1548). BNF, Magliab., VIII, 1282, f. 112 v. (1467).

22. Débauche d'autant plus répugnante qu'elle se cache derrière l'état de pinzocheraet que la veuve ouvre sa porte aux frères « grands consolateurs des veuves » ; Boccacio, Giovanni, Corbaccio, Ricci, P. G. éd., Turin, Einaudi, 1977, Classici Ricciardi, 44, pp. 7172 Google Scholar.

23. ASF, Manoscr.88, f. 160 v.

24. Sur le remariage des veuves et la circulation de leur dot ou de leur douaire, cf. Duby, G., Le chevalier, la femme et le prêtre, Paris, Hachette, 1981, pp. 88 Google Scholar, 96, 283.

25. ASF, Strozz.,II, 4, ff. 74 ss.

26. Biblioteca Centrale Nazionale, Firenze (abr. BNF), Panciatichi120, f. 156. (a. 1377) : la veuve s'en va « bien qu'elle ait quatre enfants et qu'elle soit enceinte, et dans l'église elle ne l'a point honoré ». De même, le Bolonais Gasparre Nadi, un maçon, note que le voisinage a beaucoup jasé quand une veuve a rejoint trop vite son nouvel époux ; Diario bolognese,C. Ricci et A. Bacchi Della Lega éds, Bologne, 1886, p. 47.

27. ASF, Strozz.,II, 4, ff. 74 et 103.

28. Morelli, Giovanni Ricordi, Branca, V éd., Florence, n. éd., 1969, pp.213223 Google Scholar.

29. Ibid,p. 211. Alberti, L. B., ILibri della famiglia, Romano, R. et Tenenti, A. éds, Turin, Einaudi, 1969, pp. 135136 Google Scholar. Une étude à venir de Julius Kirshner montrera le sens de l'évolution dans les attitudes devant le remariage des veuves, qui entraîne l'introduction d'une modification importante dans les Statuts de 1415.

30. Cf. Kirshner, PursuingHonor…, op. cit.

31. Cf. Ch. Klapisch-Zuber, « Le complexe de Griselda. Dot et dons de mariage au Quattrocento », Mélanges de l'École Française de Rome (Moyen Age, Temps Modernes),1982, n° 94, pp. 7-44.

32. Pitti, Bonaccorso, Cronica, Lega, A. Bacchi Della éd., Bologne, 1905, p. 200 Google Scholar.

33. Un cas exemplaire, dans son tragicomique, de cette appartenance au lignage du père : une femme enceinte devient veuve, sa famille la « retire » après l'enterrement du mari, mais la restitue au lignage de celui-ci jusqu'à l'accouchement ; la chose faite, elle la reprend pour la remarier ; ASF, Acquisti e Doni,8, Ricordanze di Jacopo di Niccolô Melocchi, f. 56 (a. 1517). Cf. aussi les démêlés dans la famille Minerbetti : l'un d'eux se brouille avec ses frères pour épouser une femme, qu'il laisse veuve et enceinte ; la mère se voit enlever son enfant à peine né par ses beaux-frères, puis sa propre famille fait arracher de force à la nourrice ruinée, le bébé, et il faut une décision de justice pour que celui-ci soit rendu à ses oncles paternels, lesquels finalement, le restituent à sa mère ; Bibl. Laurenziana, Florence, 229, f. 69 (a. 1508).

34. Une exception notable, parce que célèbre, est celle de Giovanni Morelli et de ses jeunes frères et soeurs qui vivent, après le remariage de leur mère, sept ou huit ans avec leurs grandsparents maternels, puis dans la famille du second époux de leur mère ; cf. infra,n. 49.

35. Antonio Rustichi remarie sa soeur veuve en 1418 et s'accorde avec son nouveau beau-frère pour que les enfants du premier lit accompagnant leur mère renoncent à tout droit sur sa dot, probablement en compensation des frais d'éducation assurés par le parâtre ; ASF, Strozz.,II, 11, ff. 12v., 13v.

36. A titre d'exemple, voici dans la campagne de Pise, les trois héritiers de Giovanni di Biagio, âgés de un à sept ans, abandonnés par leur mère (Archivio di Stato, Pisa, Ufflcio dei Fiumi e Fossi (abr. UFF), 1542, f. 400) ; les deux fillettes, 9 et 12 ans, de Giovanni di Corsetto (UFF, 1559, f. 580) ou les deux enfants de Battista di Giovanni Guideglia âgés de dix et trois ans (UFF, 1538, f. 479) sont dans la même situation.

37. ASF, Strozz-,II, 15, Ricordanze di Cambio di Tano et di Manno di Cambio Petrucci, f. 64v (a. 1430).

38. Illibrodegliaffariproprii…, op. cit., p.135.

39. Cité par Kent, F. W., Household and Limage in Renaissance Florence, Princeton, 1977, p. 36 Google Scholar. On peut encore citer le cas de Bernardo di Stoldo Rinieri, perdant en 1431 son père et dont la mère se remarie huit mois après, le laissant avec ses deux jeunes soeurs quand il a trois ans ; ASF, Conventisoppressi,95, 212, f. 150.

40. « Vita S. Humiliane de Cerchis », par Vito da Cortona, Acta sanctorum,Mai, IV, col. 388. Sur la carrière d'Umiliana, cf. Benvenuti-Papi, A., « Umiliana dei Cerchi. Nascita di un culto nella Firenze dei Dugento », Studifrancescani, 77, 1980, pp. 87117 Google Scholar.

41. ASF, Conv. soppr.102, 82, f. 15.

42. David Herlihy a insisté sur la volonté d'indépendance des veuves et sur le rôle que leur autonomie retrouvée par le veuvage leur permettait d'assumer dans la société urbaine ; cf. « Mapping Households in Médiéval Italy », Catholic Historical Review,58, 1972, p. 14 ; « Vieillir à Florence au Quattrocento », Annales E.S. C,24, 1969, n° 6, p. 1 342 ss. Pour une discussion de ces positions, cf. Kirshner, Pursuinghonor…,p. 8etn. 23.

43. C'est le cas de cette veuve anonyme, qui, « souhaitant se remarier et reprendre sa dot qui était grande », laisse ses quatre jeunes enfants à leur grand-mère paternelle, cité par Bisticci, Vespasiano da, dans ses Vite di uomini illustri dei sec. XV, Fratiéd., L., Bologne, 1892, III, p. 261 Google Scholar. Cf. aussi infra,n. 47.

44. Des mères devaient finir par récupérer leurs enfants dont on les avait séparées, comme la veuve Minerbetti citée n. 33 ; mais, pour un cas de ce genre, combien de scénarios où la mère paraît se ranger sans émettre de protestations qui parviennent du moins à percer l'épaisse chape des témoignages masculins relatant leur comportement.

45. ASF, Manoscr.77, f. 19. Elle avait épousé en 1365 Barna âgé de 43 ans environ, et veuf depuis moins de trois ans.

46. ASF, Strozz.,II, 15, ff. 61v-65.

47. Morelli, Ricordi,p. 495. Cf.L. Pandimiglio, « Giovanni di Pagolo Morelli e le strutture familiari », Archivio storico italiano,136, 1978, n° 1-2, spéc. p. 6. R. C. Trexler, Public Life in Renaissance Florence, op. cit.,chap. 5, offre une longue analyse du cas Morelli et — spécialement p. 165, n. 27 — voit l'une des raisons de l'abandon des enfants par leur mère dans le désir de celleci « to establish her persona »; l'initiative qui revient, dans la majorité des cas, aux parents de la femme provoquant au départ, me paraît contredire cette hypothèse.

48. Voir le débat autour de l'amour maternel suscité par le livre d'E. Badinter, L'amour en plus,Paris, 1980, et le colloque de la Société de démographie historique consacré en novembre 1981 au thème « Mères et nourrissons ».

49. Comme l'a relevé Pandimiolio, « Giovanni Morelli e le strutture familiari », p. 6. Voir aussi sur les relations avec la grand-mère maternelle, les ricordanzedu frère de Giovanni, Morello, ASF, Carte Gherardi,Morelli, 163.

50. Giovanni Rucellai, cité par Kent, Household and Lineage,p. 40 n. 64 et par Marcotti, G., Un mercante fiorentino e la sua famiglia nel secolo XV, Florence, 1881, pp. 49 Google Scholar, 59-60. Mêmes expressions dans les « Memorie di Ser Cristofano di Galgano Guidini da Siena », Milanesi, C. éd., Archivio storico italiano, IV, 1843, pp. 2530 Google Scholar et dans BNF, Panciatichi,134, Memorie Valori, f. 4 (a. 1438).

51. Donato Velluti trouva dans sa mère un équivalent du père « presque continuellement absent » pour ses affaires ; Cronica domestica,Del Lungo et G. Volpi éds, Florence, 1914, pp. 119-120.

52. Tels sont quelques-uns des mérites d'une éducation paternelle énumérés par G. Morelli, Ricordi,spécialement p. 269. Inversement, l'épouse qui rebat les oreilles de son mari des hauts faits de son propre lignage est une figure-repoussoir de la littérature contemporaine (cf. Boc- Caccio, Corbaccio,pp. 46, 61), figure peut-être liée à l'hypergamie sociale des hommes fréquente à cette époque.

53. Les statuts de la ville de Pise du milieu du xne siècle accusent les mères de manifester envers leurs enfants une impietatem novercalemplutôt que leur maternum affectumen reprenant leur dot et leur antefactum; et le sexe féminin est communément taxé par les juristes de genus mulierum avarissimum atque tenacissimum promptius… ad accipiendum quam addandum; textes cités par Herlihy, D., « The Médiéval Marriage Market », Médiéval and Renaissance Studies, 6, 1976, p. 27 Google Scholar n. 58-59. Renvoyons encore au Corbacciode Boccace comme au pamphlet le plus complet contre les vices et les méfaits féminins, dont la racine est l'avidité sensuelle et pécuniaire.

54. Prato, Giovanni Gherardi Da, Il Paradiso degli Alberti, Lanza, A. éd., Rome, 1975, pp. 179184 Google Scholar.

55. Le débat sur la prééminence de l'amour paternel est un lieu commun qui court des prédicateurs jusqu'à Alberti, lequel le classe parmi les exercices de style scolastiques ; cf. Alberti, L.-B., / Libri délia famiglia, Turin, Einaudi, 1969, p. 349 Google Scholar.

56. Pour l'argumentation masculine, cf. D. Herlihy et Ch. Klapisch-Zuber, Les Toscans…, p. 558, n. 22. Le discours de la jeune femme, qui dure trois fois plus longtemps que celui du jeune homme, suscite l'émerveillement du meneur de jeu : « Per nostra donna, per nostra donna vergine Maria, che io non mi credea che le donne florentine fossono filosofe morali e naturali né che avessono la rettorica e la loica cosi pronta corne mi pare ch'abbino ! » Il accorde alors la victoire aux dames ; Paradiso,pp. 183-184.