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Julien Gracq. L’œuvre de l’Histoire

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Étienne Anheim*
Affiliation:
Université de Versailles/ Saint-Quentin-en-Yvelines – Laboratoire ESR

Résumé

En confrontant ses romans et ses livres ultérieurs, souvent constitués de recueils de notes, l’auteur montre que s’élabore chez Julien Gracq une véritable pensée de l’histoire. Il examine tout d’abord le goût de Gracq pour l’histoire et la place de son expérience historique dans son écriture, avant de constater, à la manière de Vincent Descombes avec Marcel Proust, que c’est peut-être dans son écriture romanesque plutôt que dans ses réflexions que se révèle la profondeur d’une réflexion sur l’histoire. À travers l’examen des figures de la temporalité et de son écriture du changement, il tente de mettre en évidence la manière dont les fictions de Gracq mettent en scène l’attente et l’événement, sur le mode paradoxal de la remémoration. Ce qui va arriver est toujours déjà connu: l’écriture est réflexion a posteriori, faisant de l’œuvre le laboratoire dans lequel l’auteur essaie de retrouver l’effet produit par la détermination de l’histoire sur les individus et les sociétés. En mettant en perspective les romans de Gracq par les débats des historiens de son époque sur l’événement, ainsi que par les réflexions sociologiques ou philosophiques sur le temps et sa perception, l’auteur essaie enfin de comprendre comment ses livres peuvent être considérés comme une contribution à la conception de l’histoire et de l’historicité.

Abstract

Abstract

Novelist Julien Gracq constructed throughout his work an elaborate reflection on History, as confronting his fiction with his later writing shows. This article first examines Gracq’s taste for History, and the place of historical experience in his writing. As Vincent Descombes suggested for Proust, it is in his novels, more than his theoretical musings, that Gracq exhibited the depth of his thinking: his use of figures of temporality and his writing of change underpinned, in his fiction, his staging of wait/expectancy, and events, paradoxically presented through recollection. What will happen is always already known: through writing, Gracq attempted to encapsulate the effect the determinism of History had on individuals and societies. Then, this article puts Gracq’s work in the larger context of contemporary debates, among historians on the concept of the “event”, and among sociologists and philosophers on time and its perception: in this perspective, Gracq’s books can be understood as a contribution to our understanding of History and historicity.

Type
Historicité
Copyright
Copyright © Les Áditions de l’EHESS 2010

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Footnotes

*

Je remercie beaucoup pour leur aide précieuse Patrick Boucheron, Antoine Lilti et Valérie Theis. Ce texte est dédié à Olivier Humbert.

References

1 - Gracq, Julien, En lisant en écrivant, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1995, t. II, p. 572 Google Scholar. Les œuvres de Julien Gracq sont citées dans cet article avec le titre de l’œuvre, suivi du tome et de la page correspondant à l’édition critique des Œuvres complètes dans la collection Pléiade de Gallimard, réalisée par Bernhild Boie et publiée en 1989 et 1995.

2 - J. Gracq, Entretiens, ibid., t. II, p. 1207.

3 - L’idée d’une place finalement faible accordée à l’histoire par Gracq est par exemple développée par Bridel, Yves, « Roman et histoire », Julien Gracq et la dynamique de l’imaginaire, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1980, p. 19-55 Google Scholar, qui cependant sollicite curieusement peu les notes, en particulier celles d’En lisant en écrivant, dans son interprétation. Ainsi, il affirme, p. 50: « [...] Gracq privilégie ce qui échappe, dans la vie humaine, à l’histoire, ce qui la transcende. Et comme le roman diffère de la vie, qu’il a sa vérité en lui-même, et non par rapport à la ‘réalité’, qu’il relève tout entier de l’imaginaire, l’histoire, au sens banal, ne peut y jouer qu’un rôle tout à fait secondaire ». Dans une autre perspective, Bessiere, Jean, « Gracq: fiction et histoire », in Marot, P. (dir.), Julien Gracq, t. 3, Temps, Histoire, souvenir , Paris/Caen, Lettres Modernes, 1998, p. 155 Google Scholar, souligne la scission de l’œuvre d’avec l’Histoire et l’« extériorité radicale de l’Histoire à la littérature ».

4 - J. Gracq, Entretiens, ibid., t. II, p. 1225 par exemple.

5 - J. Gracq, En lisant en écrivant, ibid., t. II, p. 577 par exemple, ou p. 675, est très clair sur ses préférences dans l’œuvre de Balzac. Sur Béatrix, voir « Béatrix de Bretagne », Préférences, ibid., t. I, p. 949-959.

6 - Murat, Michel, L’enchanteur réticent. Essai sur Julien Gracq, Paris, José Corti, 2004, p. 23-24 Google Scholar: « Si Gracq est plus qu’un paysagiste, c’est parce qu’il a des lieux une perception et une compréhension globale. Il est sociologue, historien, et au-delà des faits, attentif aux valeurs symboliques qui déterminent les désirs d’un individu ou d’un groupe. On pourrait citer pour le montrer presque chaque page de La Forme d’une ville. »

7 - Des lectures sociologiques partielles restent néanmoins possibles, voir par exemple Amossy, Ruth, Parcours symboliques chez Julien Gracq: Le Rivage des Syrtes, Paris, SEDES, 1982, chap. III, « La symbolisation et la description du social. Sociocritique du récit symbolique », p. 125-177 Google Scholar, qui propose une lecture socio-historique de l’univers du Rivage des Syrtes .

8 - J. Gracq, Entretiens, ibid., t. II, p. 1207.

9 - Antoine Blondin, « Un imprécis d’histoire et de géographie à l’usage des civilisations rêveuses », Rivarol, 6-12 décembre 1951. En ce qui concerne le regard des géographes sur l’œuvre de Julien Gracq, voir Lacoste, Yves, « Julien Gracq, un écrivain géographe: Le Rivage des Syrtes , un roman géopolitique », Hérodote, 44, 1987, p. 8-37 Google Scholar et, plus largement, les travaux de Jean-Louis Tissier, dont l’entretien avec Gracq publié dans Entretiens, Œuvres complètes, op. cit., t. II, p. 1193-1210. Voir aussi Gracq, Julien et Tissier, Jean-Louis, Paysages et sites dans l’œuvre de Julien Gracq, Montpellier, Maison du Livre et des Écrivains de Montpellier, 1988 Google Scholar, et Tissier, Jean-Louis, « De l’esprit géographique dans l’œuvre de Julien Gracq », L’espace géographique, X, 1981, p. 50-59 CrossRefGoogle Scholar. Dans une perspective historique, R. Amossy, Parcours symboliques chez Julien Gracq ..., op. cit., p. 224, a posé le problème des rapports de Julien Gracq avec l’historicité à partir de la note sur l’esprit-de-l’Histoire: « Faut-il admettre que Julien Gracq, alias Louis Poirier, agrégé de géographie et d’histoire, se situe d’emblée en dehors de toute historicité ? » Voir également le chapitre « Histoire-géographie » de M. Murat, L’enchanteur réticent ..., op. cit., p. 22-30.

10 - J. Gracq, Entretiens, ibid., t. II, p. 1215.

11 - Sur ce point, voir M. Murat, L’enchanteur réticent ..., op. cit., p. 51.

12 - J. Gracq, En lisant en écrivant, II, p. 707-708.

13 - La césure représentée par la publication d’En lisant en écrivant dans la réception de son œuvre antérieure est manifeste et mériterait une étude à part, voir les remarques de M. Murat, L’enchanteur réticent ..., op. cit., p. 295, à propos des modifications de l’image de Gracq lui-même. Du point de vue qui est le nôtre ici, il est clair que les travaux des années 1960 et 1970, s’ils mettent en évidence la question du temps, de l’attente et de l’événement, ouvrent beaucoup moins directement sur une réflexion proprement historique dans l’œuvre de Gracq: voir par exemple la place faible donnée à la question de l’Histoire dans le premier grand recueil consacré à l’auteur, Julien Gracq, Cahiers de l’Herne, 1972, par rapport à l’importance de la thématique dans les années 1980-1990, par exemple dans le livre de Marot, Patrick, La forme du passé. Écriture du temps et poétique du fragment chez Julien Gracq, Paris, Lettres Modernes Minard, 1999 Google Scholar, voir le chap. V, « La forme de l’histoire », p. 177-213, ou dans l’essai de Murphy, Carol J., The allegorical impulse in the works of Julien Gracq: History as rhetorical enactment, in Le Rivage des Syrtes and Un Balcon en Forêt, Chapel Hill, University of North Carolina, 1995 Google Scholar, consacré, dans une perspective littéraire post-moderne, à la narration et à l’histoire dans les romans de Gracq à partir des notes d’En lisant en écrivant .

14 - Sur la critique de Gracq et ses liens avec la lecture et l’écriture, voir Berthier, Philippe, Julien Gracq critique. D’un certain usage de la littérature, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1990 Google Scholar.

15 - Ce travail est bien sûr tributaire de la critique gracquienne. On signalera en particulier l’essai de M. Murat, L’enchanteur réticent ..., op. cit., qui nous a semblé la plus convaincante des approches de l’œuvre, avec une attention particulière à la question de l’Histoire, ainsi que la série de la Revue de Lettres Modernes dirigée par Patrick Marot et consacrée à Julien Gracq, qui compte six volumes publiés. On mentionnera également le très intéressant ouvrage de Perrin, Dominique, De Louis Poirier à Julien Gracq, Paris, Garnier, 2009 Google Scholar, dont je n’ai eu connaissance qu’au moment d’achever ce travail, et qui cherche, d’une manière plus ample que je le fais ici, à relire l’ensemble de l’œuvre de Gracq en posant la question de l’histoire, non pas à partir de la note sur l’esprit-de-l’Histoire, mais à partir du texte voisin et « frère » selon son expression, le « fragment Fest ». Sur la biographie de Gracq, outre la Chronologie dans le premier volume de la Pléiade, voir Haddad, Hubert, Julien Gracq. La forme d’une vie, Paris, Le Castor Astral, 1986 Google Scholar, et Pelletier, Jean, Julien Gracq. L’embarcadère. Vérité et légendes, Paris, Éd. du Chêne, 2001 Google Scholar. Sur la thématique de l’histoire, Voir aussi Faye, Éric, Le sanatorium des malades du temps. Temps, attente et fiction, autour de Julien Gracq, Dino Buzzati, Thomas Mann, Kôbô Abé, Paris, José Corti, 1996 Google Scholar; Murphy, Carol J., « Le retour de l’Histoire », in Marot, P. (dir.), Julien Gracq, op. cit., t. 3, p. 115-128 Google Scholar et J. Bessiere, « Gracq: fiction et histoire », art. cit.

16 - Le choix d’une lecture symbolique, dans lequel le roman est interprété comme une sorte de mythe reflétant le point de vue de l’auteur sur l’Histoire en relation avec la note sur l’esprit-de-l’Histoire, est celui fait par R. Amossy, Parcours symboliques chez Julien Gracq ..., op. cit., chap. V, « Le récit symbolique et l’Histoire. Le Rivage des Syrtes face à l’Histoire et à l’actualité », p. 223-254, tandis que le choix narrativiste est celui de C. J. Murphy, The allegorical impulse ..., op. cit., ou « Le retour de l’Histoire », art. cit., où elle considère que les romans de Gracq se caractérisent par la substitution de la référence historique par l’esprit immatériel de l’Histoire qui prend sa place dans le texte, selon la même dialectique que celle décrite par Certeau appuyé sur Freud dans L’écriture de l’histoire, entre l’événement et sa représentation linguistique. Cette riche interprétation a cependant le défaut de dissoudre toute référentialité historique, c’est-à-dire de gommer la mesure dans laquelle les livres de Gracq ne sont pas seulement discours sur la littérature, mais aussi sur l’histoire.

17 - Descombes, Vincent, Proust. Philosophie du roman, Paris, Minuit, 1987, p. 15 Google Scholar: « Mon hypothèse de lecture repose sur une distinction de la pensée du romancier et de la pensée du théoricien. »

18 - Montluçon, Anne-Marie, « Paysage romain: autour de Julien Gracq », Iris, 17, 1999, p. 47-63 Google Scholar; Chevalier, Anne, «La Rome de Julien Gracq », Elseneur, 18, 2004, p. 227-238 Google Scholar; Murat, Michel, « Vacances romaines », in Marot, P. (éd.), Julien Gracq, t. 4, Références et présences littéraires, Paris/Caen, Lettres Modernes Minard, 2004, p. 265-279 Google Scholar.

19 - J. Gracq, Autour des sept collines, ibid., t. II, p. 898.

20 - J. Gracq, Entretiens, ibid., t. II, p. 1215.

21 - Ibid .

22 - Sur la place de la philosophie de l’Histoire chez Gracq, en particulier à propos d’Oswald Spengler et de l’arrière-plan lié à Georg Wilhelm Friedrich Hegel et Frédéric Nietzsche, voir Duparc, Léopoldine, Transmutations de la philosophie dans l’univers imaginaire de Julien Gracq, Paris/Caen, Lettres Modernes Minard, 2006, p. 23-45 Google Scholar. Sur les liens avec O. Spengler, voir Amiot, Anne-Marie, «Un modèle historique dans Le Rivage des Syrtes: Le Déclin de l’Occident d’Oswald Spengler », Trente Quatre/Quarante Quatre. Cahiers de Recherche de STD Paris, 9, 1982, p. 39-65 Google Scholar, et Id . « La mystique politique de Julien Gracq », Cahier du Centre de Recherches sur le Surréalisme, 5, 1983, p. 159-173.

23 - C’est Compagnon, Antoine, Les antimodernes. De Joseph de Maistre à Roland Barthes, Paris, Gallimard, 2005, p. 372-403 Google Scholar, qui propose le qualificatif appliqué à Gracq, après avoir déjà posé la question « Gracq est-il un moderne ? », in P. Marot (éd.), Julien Gracq, t. 2, Un écrivain moderne (rencontres de Cerisy, 24-29 août 1991), Paris/Caen, Lettres Modernes, 1994, p. 11-29. Le qualificatif est cependant à manier avec précaution, voir Murat, Michel, « L’envers de la littérature contemporaine », in P.\Marot, (éd.), Julien Gracq, t. 5, Les dernières fictions , Un balcon en forêt et La presqu’île, Paris/Caen, Lettres Modernes Minard, 2007, p. 9-23 Google Scholar, en particulier p. 21-22, qui n’est pas convaincu par l’appellation d’anti-moderne: « Gracq est bien un ‘moderne en délicatesse avec les Temps Modernes’, intempestif plutôt que déchiré. Mais il est si loin de Joseph de Maistre que les traits prototypiques de l’antimoderne brillent chez lui par leur absence: où sont la contre-révolution, l’hostilité aux Lumières, le sens du péché originel ? Où sont même le pessimisme et le goût du sublime? Il y a au contraire chez Gracq un goût du bonheur, une rationalité positive, une fidélité républicaine, sans ostentation mais jamais démentis, et se renforçant avec l’âge. »

24 - J. Gracq, Autour des sept collines, ibid., t. I, p. 866; on trouve un emploi du même genre dans Lettrines, ibid., t. I, p. 145. À propos de la conférence de 1960 sur la littérature, M. Murat, « L’envers de la littérature contemporaine », art. cit., p. 17, observe justement que « malgré la référence explicite à Spengler, il faut bien comprendre que chez Gracq la technique est restreinte à la littérature; ne cherchons pas chez lui l’équivalent des réflexions de Heidegger ou de Jünger ».

25 - J. Gracq, Autour des sept collines, ibid., t. II, p. 899 et p. 935; Entretiens, ibid., t. II, p. 1263.

26 - J. Gracq, Réponse à une question sur la poésie, ibid., t. II, p. 1173.

27 - J. Gracq, Entretiens, ibid., t. II, p. 1215.

28 - Ibid., p. 1195.

29 - Cela pose directement la question d’une certaine inclination politique pour la vision spenglerienne, qui peut être mise en rapport avec ses considérations sur le devenir de l’Occident, voir de Malestroit, Jean, Julien Gracq. Quarante ans d’amitiés 1967-2007, Saint-Malo, Pascal Galodé; éd., 2008, p. 122 Google Scholar, 189 ou 205, même s’il faut se rappeler son affirmation cinglante, « je ne crois pas aux théories de Spengler ».

30 - J. Gracq, En lisant en écrivant, ibid., t. II, p. 715.

31 - Ibid., II, p. 707.

32 - Sur les liens entre biographie et histoire chez Gracq, voir D. Perrin, De Louis Poirier à Julien Gracq, op. cit., en particulier la première partie, « Crise collective et biographie de l’écrivain », p. 103-351.

33 - J. de Malestroit, Julien Gracq ..., op. cit., p. 250.

34 - Ibid., p. 92.

35 - Ibid., p. 122.

36 - Cette préférence est soulignée par C. J. Murphy, « Le retour de l’Histoire... », art. cit., p. 120-121.

37 - J. Gracq, Lettrines, ibid., t. II, p. 145.

38 - J. Gracq, Carnets du grand chemin, ibid., t. II, p. 1049-1050.

39 - Ibid., p. 1052.

40 - Sur l’autobiographie chez Gracq, voir Vouilloux, Bernard, Gracq autographe, Paris, José Corti, 1989 Google Scholar et P. Marot, La forme du passé ..., op. cit., p. 28-31, « L’inscription du biographique ».

41 - Voir P. Marot, La forme du passé ..., op. cit., p. 177: « L’Histoire et la remémoration ne constituent pas dans l’œuvre non fictionnelle de Gracq, me semble-t-il, deux objets évidemment séparables par leur nature. » Voir l’ensemble du chapitre V de ce livre, « La forme de l’histoire », pour une réflexion sur la place de l’histoire dans l’écriture fragmentaire, et plus généralement les essais réunis par P. Marot, Julien Gracq, op. cit., en particulier son introduction, « Quelques paradoxes du temps gracquien », p. 3-17, Kim Ji-Young, « Mémoires, survivance et mouvance dans les récits de Gracq », ibid., p. 21-46 et Hervé Menou, « ‘L’Esprit-de-l’Histoire’. Parallélisme et mise à distance dans le discours autobiographique gracquien », ibid., p. 129-149.

42 - Voir la place de la guerre dans La Forme d’une ville, dans la chronologie de l’édition Pléiade à laquelle il a directement collaboré, ainsi par exemple que dans les Carnets du grand chemin, ibid., t. II, p. 1037-1038, qui présentent un passage typique de l’éclairage de la guerre dans son souvenir. Sur le rôle fondateur de ces souvenirs de la Première Guerre mondiale, voir D. Perrin, De Louis Poirier à Julien Gracq, op. cit., « La première guerre mondiale comme scène primitive », p. 321-351.

43 - J. Gracq, Entretiens, ibid., t. II, p. 1231. D. Perrin, De Louis Poirier à Julien Gracq, op. cit., a donné une interprétation du lien entre lecture et guerre: « La suture guerre-lecture », p. 321-328.

44 - J. Gracq, Entretiens, ibid.

45 - Ibid., p. 1232.

46 - J. Gracq, Lettrines, ibid., t. II, p. 286: « Ce n’était nullement l’atmosphère électrique d’une veille de révolution [...]. On eût dit quelque chose qui s’abattait sur la ville passive et stupéfaite, mais qui n’en sortait pas: les rues de 1934 ou de 1936, dans ma jeunesse, m’avaient paru tout autrement fiévreuses et explosives. »

47 - J. Gracq, Carnets du grand chemin, ibid., t. II, p. 1011-1013.

48 - J. Gracq, Chronologie, ibid., t. I, p. LXX.

49 - J. Gracq, Lettrines, ibid., t. II, p. 252 ou p. 279.

50 - J. Gracq, Lettrines, ibid., t. II, p. 319-320: « Les souvenirs de la guerre de 1940, que j’avais pendant dix-huit ans conservés si vifs et si précis, depuis que j’ai écrit Un balcon en forêt se sont perdus dans le flou et la grisaille. Si j’y pense, j’y pense avec un détachement inexplicable, comme à une histoire qui me serait étrangère. Vieillissement – recul que les années augmentent ? Non pas, mais le livre est passé par là, et après lui le souvenir n’a pas repoussé, comme il m’est arrivé une ou deux fois. »

51 - J. Gracq, Lettrines, ibid., t. II, p. 188.

52 - Ibid., p. 196 ou p. 215, qui sont deux longues notes.

53 - Ibid., p. 169, 252 ou 337.

54 - J. Gracq, Carnets du grand chemin, ibid., t. II, p. 1015-1020, avec par exemple un écho direct à Lettrines, ibid., t. II, p. 337 à 1018.

55 - J. Gracq, Lettrines, ibid., t. II, p. 147.

56 - Ibid., II, p. 199.

57 - J. de Malestroit, Julien Gracq ..., op. cit., p. 189.

58 - J. Gracq, En lisant en écrivant, ibid., t. II, p. 704.

59 - Ibid., p. 707.

60 - Ibid., p. 708.

61 - Ibid., p. 708-710.

62 - Ibid., p. 705.

63 - Ibid., p. 706.

64 - C’est ce texte qui guide la lecture proposée par D. Perrin, De Louis Poirier à Julien Gracq, op. cit., p. 49-102, qui débute par un préambule consacré à ce fragment de Joachim Fest, remarquable modèle d’enquête herméneutique et philologique.

65 - J. Gracq, En lisant en écrivant, ibid., t. II, p. 710. Sur cette note et ses liens avec ses deux grands récits, voir les remarques de M. Murat, L’enchanteur réticent..., op. cit., p. 28-29.

66 - J. Gracq, En lisant en écrivant, ibid., t. II, p. 711.

67 - Voir D. Perrin, De Louis Poirier à Julien Gracq, op. cit., « Affect historique et écriture: une ‘influence qui crève les yeux’ », p. 559-618.

68 - J. Gracq, Carnets du grand chemin, ibid., t. II, p. 989.

69 - Sur la métaphore chez Gracq, et son double la comparaison, voir le second tome de Murat, Michel, Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq. Étude de style, Paris, J. Corti, 1983 Google Scholar, ainsi qu’ Cardonne-Arlyck, Élisabeth, La métaphore raconte. La pratique de Julien Gracq, Paris, Klincksieck, 1984, en particulier « L’analogie faite histoire », p. 57-61 Google Scholar.

70 - La marée et le glissement du bateau s’inscrivent dans le cadre général des métaphores de l’eau, étudiées par Rousseau, Laurence, Images et métaphores aquatiques dans l’œuvre romanesque de Julien Gracq, Paris, Lettres Modernes, 1981 Google Scholar. Voir aussi Cardonne-Arlyck, Élisabeth, Désir, figure, fiction. Le « domaine des marges » de Julien Gracq, Paris, Lettres Modernes, 1981, « Transports maritimes », p. 56-61 Google Scholar.

71 - J. Gracq, Le Rivage des Syrtes, ibid., t. I, p. 808, « la haute marée émotive qui submergeait Maremma ».

72 - J. Gracq, Lettrines, ibid., t. II, p. 96.

73 - J. Gracq, Autour des sept collines, ibid., t. II, p. 933.

74 - J. Gracq, Carnets du grand chemin, ibid., t. II, p. 1009.

75 - J. Gracq, Au Château d’Argol, ibid., t. I, p. 17.

76 - Ibid., p. 57.

77 - Ibid., p. 63. La puissance dialectique des métaphores qui permettent le retournement dramatique a aussi été soulignée, à propos de l’eau dans Le Rivage des Syrtes, par L. Rousseau, Images et métaphores aquatiques ..., op. cit., p. 76-80.

78 - J. Gracq, Au Château d’Argol, ibid., t. I, p. 92.

79 - Ibid., p. 93.

80 - J. Gracq, Un beau ténébreux, ibid., t. I, p. 189.

81 - J. Gracq, Le Rivage des Syrtes, ibid., t. I, p. 806 ou 815. Sur l’orage dans le Rivage, voir l’analyse stylistique de M. Murat, Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq ..., t. I, p. 27-28, qui évoque l’« éternelle imminence » créée par la figure.

82 - J. Gracq, En lisant en écrivant, ibid., t. II, p. 708.

83 - Cette image a fait l’objet d’une discussion précoce dans la critique gracquienne, depuis la célèbre intervention de Weber, Jean-Paul, « Glisser à la mer », Nouvelle Revue Française, 101, 1961, p. 886-895 Google Scholar et 103, 1961, p. 105-118, repris dans Id., Domaines thématiques, Paris, Gallimard, 1963. J.-P. Weber propose une démarche du même type que celle de cet article dans la mesure où des textes postérieurs lui servent à proposer une lecture du Château d’Argol placé sous le signe du bateau qui glisse à la mer. Pour une critique de cette interprétation, voir Hetzer, Friedrich, Les débuts narratifs de Julien Gracq, 1938-1945, Munich, Minerva-Publikation Saur, 1980, p. 5-16 Google Scholar, ou L. Rousseau, Images et métaphores aquatiques ..., op. cit., p. 80: malgré les objections légitimes, qui pourraient en particulier porter sur la notion psychanalytique d’archétype dans l’usage que J.-P. Weber en fait, ce dernier met néanmoins le doigt sur une figure centrale de l’imaginaire gracquien.

84 - Sur cette expression étudiée dans le contexte d’Un balcon en forêt, voir É. Cardonne-Arlyck, Désir, figure, fiction ..., op. cit., p. 47-50, et Boyer, Alain-Michel, Julien Gracq. Paysages et mémoire. Des Eaux étroites à Un Balcon en forêt, Nantes, Éd. Cécile Defaut, 2007, p. 85-114 Google Scholar. Sur la figure de l’appareillage et pour une lecture de Gracq à travers le fil des métaphores de la navigation, voir Bellemin-Noël, Jean, Une ballade en galère avec Julien Gracq, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1995 Google Scholar.

85 - J. Gracq, Liberté grande, ibid., t. I, p. 296.

86 - J. Gracq, Les eaux étroites, ibid., t. II, p. 529, par exemple.

87 - J. Gracq, Préférences, ibid., t. I, p. 850.

88 - J. Gracq, En lisant en écrivant, ibid., t. II, p. 622.

89 - J. Gracq, Le Rivage des Syrtes, ibid., t. I, p. 809.

90 - J. Gracq, Lettrines, ibid., t. II, p. 114.

91 - J. Gracq, André Breton, ibid., t. I, p. 515.

92 - J. Gracq, Le Rivage des Syrtes, ibid., t. I, p. 808.

93 - « Événement », in Rey, A. (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1998 p. 1347-1348 Google Scholar.

94 - Ibid .

95 - J. Gracq, Préférences, ibid., t. I, p. 933-940.

96 - J. Gracq, Le Roi pêcheur, ibid., t. I, p. 357.

97 - Ibid., p. 364.

98 - Ibid., p. 392.

99 - Comme l’affirme M. Murat, L’enchanteur réticent ..., op. cit., p. 226, « La ‘rature de l’événement’ trouve ici sa réalisation la plus stricte et la plus exemplairement ambiguë. »

100 - J. Gracq, Le Rivage des Syrtes, ibid., t. I, p. 839.

101 - Duby, Georges, Le dimanche de Bouvines: 27 juillet 1214, Paris, Gallimard, [1973] 1996, p. 841 Google Scholar.

102 - Sur le rôle des signes, Boie, Berhild, Hauptmotive im Werke Julien Gracqs, Munich, Wilhelm Fink Verlag, 1966, chap. II, « Die Welt der Zeichen », p. 48-109 Google Scholar, en particulier p. 58-83, «Das Roman-Klima ».

103 - Pour une perspective générale sur la dynamique des romans, voir Y. Bridel, Julien Gracq et la dynamique de l’imaginaire, op. cit.

104 - É. Faye, Le sanatorium des malades du temps ..., op. cit., chap. V, p. 135-204.

105 - J. Gracq, Au Château d’Argol, ibid., t. I, p. 32.

106 - Ibid., p. 33.

107 - Ibid., p. 34.

108 - Ibid., p. 60, 68 et 87.

109 - J. Gracq, Un beau ténébreux, ibid., t. I, p. 112.

110 - Ibid., p. 121.

111 - Ibid., p. 163: « la mort peut devenir un acte délibéré ».

112 - Ibid., p. 165.

113 - Ibid., p. 198.

114 - Ibid., p. 211 et 256. Sur le rôle fondamental, bien au-delà des exemples cités ici, des allusions littéraires dans l’économie d’Un beau ténébreux, voir Amossy, Ruth, Les jeux de l’allusion littéraire dans Un beau ténébreux de Julien Gracq , Neuchâtel, Éd. de la Baconnière/Payot, 1980 Google Scholar; pour une perspective générale sur cette question dans l’œuvre de Gracq, voir les textes réunis par P. Marot (dir.), Julien Gracq, t. 4. Références et présences littéraires, op. cit .

115 - J. Gracq, Un beau ténébreux, ibid., t. I, p. 220: « vous êtes au bord de quelque chose d’irréparable »; p. 240: « il faut que tout ceci finisse ».

116 - Ibid., p. 239.

117 - Ibid .

118 - J. Gracq, Le Rivage des Syrtes, ibid., t. I, p. 556.

119 - Ibid., p. 559.

120 - Ibid., p. 563.

121 - Ibid., p. 572.

122 - Ibid., p. 591 et 641.

123 - Ibid., p. 614.

124 - Ibid., p. 636-637.

125 - Ibid., p. 652, 654, 659, 666 et 670.

126 - Ibid., p. 675.

127 - J. Gracq, Lettrines, ibid., t. II, p. 152: « Et Le Rivage des Syrtes, jusqu’au dernier chapitre, marchait au canon vers une bataille navale qui ne fut jamais livrée. »

128 - Sur les références historiques à l’œuvre dans Un balcon en forêt, voir Y. Bridel, « Roman et histoire... », art. cit., p. 20-27, qui néanmoins présente une vision différente de la nôtre dans la mesure où il conclut que « donc l’histoire n’est ici que l’intervention du destin antique, elle donne un cadre temporel apparent au roman, dont l’essentiel se situe sur un plan non-historique ». Pour une vision nuancée des rapports entre « réel » et romanesque, voir Michèle Monballin, « Un balcon en forêt . Quelques aspects des décrochages du réel »; Jérôme Cabot, « La désertion par les mots. L’impossible référence et la réception parodique du vocabulaire de la guerre dans Un balcon en forêt » et Béatrice Damamme-Gilbert, « L’Entre-deux dans Un balcon en forêt », in P. Marot (éd.), Julien Gracq, op. cit., t. 5, p. 55-79, 80-96 et 97-114.

129 - J. Gracq, Un balcon en forêt, ibid., t. II, p. 6 et 11.

130 - Ibid., p. 39, 40 et 42-43.

131 - Ibid., p. 48.

132 - Ibid., p. 50 ou 66.

133 - Ibid., p. 70 et 122.

134 - Ibid., p. 67-69.

135 - D. Perrin, De Louis Poirier à Julien Gracq, op. cit., « Une poïétique à fleur de texte: la suture fiction-guerre », p. 505-678.

136 - À propos du lien entre écriture romanesque et fiction, voir les articles du volume dirigé par Marot, P., Julien Gracq, t. 6, Les tensions de l’écriture. Adieu au romanesque persistance de la fiction , Paris/Caen, Lettres Modernes Minard, 2008 Google Scholar. Sur La presqu’île, voir Patrick Marot, « Tension narrative et réversibilité dans Un balcon en forêt et La presqu’île », in P. Marot (éd.), Julien Gracq, op. cit., t. 5, p. 25-55. Pour une perspective narrative et linguistique sur la dynamique du récit dans les romans et jusqu’à La presqu’île, voir Noël, Mireille, L’éclipse du récit chez Julien Gracq, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 2000 Google Scholar, dont l’hypothèse centrale est que la narration est progressivement dévorée par la description. On pourra également comparer, sur la même séquence chronologique des œuvres qui étaient à l’époque tout ce qui était publié, avec l’étude de Dobbs, Annie-Claude, Dramaturgie et liturgie dans l’œuvre de Julien Gracq, Paris, José Corti, 1972 Google Scholar, qui pose clairement dans sa conclusion le problème du mouvement de l’œuvre et propose une lecture dans laquelle la question de l’histoire, évidente pour nous après les entretiens et les notes des années 1980-1990, n’a à peu près aucune place – rappel du caractère historique de l’œuvre et de son interprétation.

137 - Sur ce texte, voir Philippe Berthier, « Retour vers le futur, ou le routard élémentaire. ‘La route’ », in P. Marot (éd.), Julien Gracq, op. cit., t. 5, p. 161-169, ainsi que M. Noël, L’éclipse du récit..., op. cit., en particulier p. 171-188, qui en fait le véritable tournant dans l’écriture de Gracq.

138 - J. Gracq, La presqu’île, « Le Roi Cophétua », ibid., t. II, p. 489.

139 - Ibid., p. 514 par exemple.

140 - Voir Anne-Yvonne Julien, «Jeux de références croisées dans ‘Le Roi Cophétua’ », in P. Marot (éd.), Julien Gracq, op. cit., t. 5, p. 223-239, en l’occurrence p. 224, qui parle d’« une poétique du leurre » à l’œuvre dès le titre, et Dominique RABATE, « Profil perdu. Perte et consentement dans ‘Le Roi Cophétua’ », ibid., p. 241-254, qui pose la question de la perte comme moteur dramatique de la nouvelle.

141 - J. Gracq, La presqu’île, « Le Roi Cophétua », ibid., t. II, p. 517.

142 - Jean-Yves Laurichesse, « Le vagabondage automobile dans ‘La Presqu’île’ », in P. Marot (éd.), Julien Gracq, op. cit., t. 5, p. 171-197, souligne bien le caractère expérimental et radical de la nouvelle, p. 196: « Conducteur magistral d’une narration-description qui suit sa pente et ses virages ave une volupté mêlée peut-être de la sourde anxiété de tomber en panne autant que de rejoindre, Gracq, si éloigné qu’il soit par ailleurs du Nouveau Roman, se livre ici corps et âme à l’’aventure de l’écriture’ [...]. » Voir aussi, sur le même texte, Bruno Tristmans, « Météores gracquiens dans La presqu’île », ibid., p. 199-211.

143 - É. Faye, Le sanatorium des malades du temps ..., op. cit.

144 - Pour une analyse des différences entre les deux auteurs, voir Philippe Berthier, « Gracq et Buzzati poètes de l’événement », Julien Gracq, Cahiers de l’Herne, 1972, p. 90-104, suivi par une lettre de Dino Buzzati

145 - À ce titre, ce point de vue est légèrement différent de celui développé en conclusion par M. Noël, L’éclipse du récit ..., op. cit., p. 285-286, qui explique ce mouvement d’épuisement de la narration par le déplacement d’une « logique actionnelle ou événementielle » vers une logique spatio-temporelle, ce qui est clair dans La presqu’île . Une variante de cette interprétation consiste à souligner le rôle d’Un balcon en forêt dans le glissement vers une pure description temporelle, presque vidée de tout élément actionnel, une fois passé le cap de la métamorphose romanesque du souvenir de 1940.

146 - À ce titre, cette lecture diverge de celle de Carol J. Murphy, « The surreality of History in Un Balcon en Forêt », The allegorical impulse ..., op. cit., p. 147-191, qui déréalise la guerre et donne à l’histoire une fonction de pure mise en mouvement narratif du récit, sans considérer qu’il y a une dimension référentielle et réflexive de Gracq vis-à-vis de l’Histoire et de l’historicité.

147 - À propos de ce retour du temps sur lui-même, voir P. Marot, La forme du passé ..., op. cit., chap. IV, « La temporalité du souvenir », p. 137-176, en particulier p. 137-151, « Un ‘passé ultérieur’ », qui met en évidence le rôle de cette pratique de l’écriture qui traverse à la fois les romans et les œuvres non fictionnelles sous la forme du rapport entre présent de l’écriture et passé du souvenir.

148 - C’est de façon révélatrice le titre du premier volume de la série consacrée à Julien Gracq par la Revue des Lettres Modernes: Marot, Patrick (éd.), Julien Gracq, t. 1, Une écriture en abyme , Paris/Caen, Lettres Modernes Minard, 1991 Google Scholar.

149 - Sur cette question, voir les pages essentielles de M. Murat, L’enchanteur réticent ..., op. cit., p. 83-87.

150 - J. Gracq, Le Rivage des Syrtes, ibid., t. I, p. 580.

151 - Ibid., p. 729.

152 - Sur Alain, voir D. Perrin, De Louis Poirier à Julien Gracq, op. cit., p. 254-269.

153 - Patrick Nee, « Julien Gracq phénoménologue ? », in P. Marot (éd.), Julien Gracq, op. cit., t. 2, p. 163-182.

154 - M. Murat, L’enchanteur réticent ..., op. cit., p. 85: « À rejoindre un futur qui lui est antérieur, mais qui n’accède à l’existence qu’à partir de cette jonction, le récit comme l’écrivain créent un paradoxe causal et temporel dont ils jouent, mais qui s’empare d’eux en retour. »

155 - Ibid., p. 241: « le livre montre d’abord comment l’acte devient événement ».

156 - J. Gracq, Le Rivage des Syrtes, ibid., t. I, p. 756.

157 - Ibid., p. 779.

158 - Ibid., p. 827-828.

159 - Ibid., p. 828-830. Pour une lecture philosophique de l’œuvre posant le problème de la fin de l’histoire et du grand homme, voir L. Duparc, Transmutations de la philosophie ..., op. cit., p. 23-34.

160 - Sur la dimension collective de l’Histoire dans Le Rivage des Syrtes, voir Y. Bridel, « Roman et histoire... », art. cit., p. 38-42 et M. Murat, L’enchanteur réticent ..., op. cit., p. 242-243. Sur le lien entre individu et groupe dans l’œuvre de Gracq, voir B. Boie, Hauptmotive im Werke Julien Gracqs ..., op. cit., « Die Gruppe », p. 146-161, en particulier p. 158-159.

161 - J. Gracq, Le Rivage des Syrtes, ibid., t. I, p. 730.

162 - Sur le rapport à l’anachronisme de ces auteurs, voir Didi-Huberman, Georges, Devant le temps, Paris, Minuit, 2000 Google Scholar, et Id., L’Image survivante. Histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg, Paris, Minuit, 2002.

163 - Sur ce point, voir Bourgeois-Gironde, Sacha, Temps et causalité, Paris, PUF, 2002 CrossRefGoogle Scholar, en particulier les chapitres « Causalité et contrefactualité », « La causalité inversée » et « Les paradoxes du voyage dans le temps ».

164 - Comme l’affirme J. Bessiere, « Gracq: fiction et histoire », art. cit., p. 156, « le récit est, ipso facto, fondateur du temps et de l’histoire qu’il expose ». Mais il ne voit pas dans ce projet la dimension expérimentale appliquée à l’Histoire, et seulement la scission d’avec elle, ce qui le conduit à souligner la « minorité de la littérature » (p. 158) chez Gracq, soit « son inadéquation à la représentation de l’Histoire » et à conclure que « l’Histoire n’est pas figurable » (p. 172).

165 - M. Murat, L’enchanteur réticent ..., op. cit., p. 121.

166 - J. Gracq, Lettrines, ibid., t. II, p. 153. Sur l’absence de statut social des personnages de Gracq, voir Y. Bridel, Julien Gracq et la dynamique de l’imaginaire ..., op. cit., p. 10-11.

167 - J. Gracq, En lisant en écrivant, ibid., t. II, p. 558.

168 - M. Murat, L’enchanteur réticent ..., op. cit., p. 87.

169 - J. Gracq, En lisant en écrivant, ibid., t. II, p. 636.

170 - Ibid., p. 632.

171 - Sur le style de Gracq, en particulier à propos du Rivage des Syrtes, on ne peut que renvoyer encore une fois au livre de M. Murat, Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq..., op. cit .

172 - J. Gracq, En lisant en écrivant, ibid., t. II, p. 643.

173 - Ibid .

174 - Ibid., p. 644.

175 - J. Gracq, Entretiens, ibid., t. II, p. 1227-1228.

176 - Ibid., p. 1217.

177 - J. Gracq, En lisant en écrivant, ibid., t. II, p. 642.

178 - Ibid., p. 644.

179 - J. Gracq, Lettrines 2, ibid., t. II, p. 308.

180 - J. Gracq, Lettrines, ibid., t. II, p. 181.

181 - J. Gracq, Entretiens, ibid., t. II, p. 1196.

182 - J. Gracq, Lettrines, ibid., t. II, p. 150.

183 - de Certeau, Michel, L’écriture de l’histoire, Paris, Gallimard, 1975 Google Scholar; le Goff, Jacques, Pour un autre Moyen Âge. Temps, travail et culture en Occident, Paris, Gallimard, 1977 Google Scholar. Pour une perspective historiographique générale, voir Leduc, Jean, Les historiens et le temps. Conceptions, problématiques, écritures, Paris, Éd. du Seuil, 1999 Google Scholar.

184 - Zourabichvili, François, Deleuze. Une philosophie de l’événement, Paris, PUF, 1994 Google Scholar.

185 - La conjoncture littéraire très contemporaine semble au contraire marquée par une reformulation des enjeux historiques au sein de la littérature, voir dans ce numéro l’article de Patrick Boucheron.

186 - G. Duby, Le dimanche de Bouvines..., op. cit., p. 830.

187 - J. Gracq, Carnets du grand chemin, ibid., t. II, p. 943-944: « La route plonge et zigzague dans le pli creusé de la forêt et soudain se transforme en une rue de village pavée en lit de torrent. Avec ses toits de bardeaux faits pour les hautes neiges, ses granges à claire-voie de troncs équarris, les ruisseaux jaseurs de ses ruelles affluentes, et la panoplie de planches dressées de ses scieries qui palissadent la grand-rue de l’odeur du bois frais, le village allongé de tout son long dans le thalweg du val boisé semble fait de la débâcle triée et industrieusement utilisée d’une coupe forestière: c’est Lapoutroie, sur le versant alsacien des Vosges. » Sur le passage entre romans et fragments, voir P. Marot, La forme du passé ..., op. cit., « événementiel de la fiction et événementiel du fragment », p. 83-86, et M. Murat, L’enchanteur réticent ..., op. cit., p. 112, qui parle de « modèles réduits ».

188 - J. Gracq, En lisant en écrivant, ibid., t. II, p. 707 et 711.

189 - Il refuse d’ailleurs de fixer le sens de ses textes, voir J. Gracq, Entretiens, ibid., t. II, p. 1255 ou p. 1258.

190 - J. Gracq, En lisant en écrivant, ibid., t. II, 703.

191 - J. Gracq, Préface à « La Victoire à l’ombre des ailes » de Stanislas Rodanski, ibid., t. II, p. 1115.

192 - J. Gracq, André Breton, ibid., t. I, p. 444.

193 - J. Gracq, Au Château d’Argol, ibid., t. I, p. 5.