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Aspects socio-culturels des conflits religieux à Paris dans la seconde moitié du XVIe siècle*

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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L'étude sereine des heurts confessionnels dans la France du XVIe siècle se heurte à des obstacles idéologiques et subit le poids des traditions historiographiques. Les tendances « œcuménisantes » qui traversent inégalement les Églises — surtout l'Église catholique post-conciliaire — nous aident-elles à comprendre les enjeux du passé ? On peut en douter : les cérémonies officielles organisées à Paris lors du quatrième centenaire du supplice de Coligny ont surtout marqué une distance. La bénédiction remplace l'arquebusade. Côté protestant, la fidélité au souvenir des martyrs s'accompagne souvent d'un refus obstiné d'une histoire explicative, comme en témoignent les réactions indignées suscitées par un article qu'un hebdomadaire m'avait demandé de consacrer au massacre de la Saint-Barthélémy. Comme la Révolution française, la longue persécution des Réformés affecte encore certaines sensibilités au point de les crisper dans une attitude purement commémoratrice.

Summary

Summary

A study of some 1100 witchcraft trials judged on appeal by the Parlement de Paris yields rather surprising conclusions. The execution rate was one of the lowest in Europe—only 15% before 1600, and 7% after the turn of the century. Long before the magistrales began to entertain “rationalist” doubts concerning the reality of the crime itself there is clear evidence that the Parlement became suspicious of the methods according to which local trials were being conducted and, as early as 1588, gave serious consideration to making all sentences for witchcraft subject to automatic appeal. Conscientious efforts were made to restrain local judges from engaging in massive prosecutions. The great witch craze was sharply curtailed out of a deep concern with the legality of criminal justice and the maintenance of public order. The process had little or nothing to do with the “intellectual revolution” of the seventeenth century, unless that revolution be redefined.

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Recherches en Cours
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Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1977

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Footnotes

*

Cet article est la version remaniée d'une conférence tenue en janvier 1975 au Centre d'Étude de la Réforme de l'Université Paul Valéry à Montpellier.

References

Notes

1. Le Nouvel Observateur, octobre 1972.

2. Rappelons : les Études sur la Réforme française d'Henri Hauser (1909) et la belle collection des Bulletins de la Société de l'histoire du protestantisme français.

3. Pour Hauser, on le sait, la Réforme fut d'abord l'expression des classes populaires urbaines avant d'être prise en charge (vers 1559) par une fraction de la noblesse. Engels avait vu en elle l'idéologie de la bourgeoisie «montante” (cf. La Guerre des paysans, 1850).

4. Lucien Febvre, « Une question mal posée : les origines de la Réforme française et le problème des causes de la Réforme », Revue historique, 1929, article repris dans le recueil Au coeur religieux du XVIe siècle, Paris, 1957.

5. Cf. Emile G. Léonard, Le Protestant français, 1963 ; Jean Dei.Umeau, Le Catholicisme entre Luther et Voltaire, 1971.

6. Certains sont encore inédits, dont deux forts remarquables : Rouen during the Wars of Religion, thèse présentée à l'Université de Princeton par Ph. J. Benedict (1975) et La Violence collective en France à l'époque des guerres de Religion, mémoire de maîtrise de Denis Crouzet (Université de Paris-Sorbonne, 1975, sous la direction de Pierre Chaunu). Parmi les travaux publiés, je mettrais en premier lieu ceux de Natalie Zemon Davis (notamment : « The rites of violence : religious riots in sixteenth-century France », Past and Présent, n° 59, 1973, rassemblés dans Society and culture in early modem France, Stanford, 1975 ; et, de Janine Estèbe, Tocsin pour un massacre: la saison des Saint-Barthélémy, 1968.

7. Cette enquête, menée en séminaire, doit beaucoup aux recherches de Robert Descimon.

8. Fils de Pierre Berthommier, auditeur des comptes, frère d'un chanoine de Chartres, oncle de François Petau, conseiller au Parlement de Bretagne. Cf. Weiss, N., « Lieux d'assemblées huguenotes à Paris », Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, t. XLVIII, 1899 Google Scholar.

9. LA Roche-Chandieu, op. cit., Fernand Aubert, Bulletin…, 1947 (d'après les Archives d'État de Zurich, E II, 341).

10. C'est également l'année où l'émigration parisienne à Genève atteint son maximum. Sur les 118 Parisiens recensés par le Livre des habitants de Genève, éd. Geisendorf, t. I, 1957, de 1549 à 1560, 44 sont arrivés en 1559.

11. Sur les Canaye, grands teinturiers et drapiers étroitement alliés aux Gobelin, voir Ch. Manneville, « Les Canaye… », Bulletin de la Montagne Sainte-Geneviève, t. V, et, surtout, R. Descimon, Les Teinturiers de Saint-Marcel : Gobelin et Canaye (mémoire de maîtrise dirigé en 1969 par Pierre Vilar, non publié). Notons que Jean Canaye se trouvait en Languedoc pour ses affaires au moment de l'incident. Le 18 août 1562 il chargea son frère Jacques, avocat au Parlement, de protester de son innocence. Mais il dut abandonner sa maison du Patriarche « pour estre donnée aux pauvres ou estre employée en autres oeuvres pitoyables » (FÉLibien, Preuves…, t. IV). Jean Canaye s'installera à Genève en 1572.

12. La version huguenote de cette bataille se trouve dans l'anonyme Histoire véritable de la mutinerie, tumulte et sédition faite par les prêtres de Saint-Médard… (Cimber et Danjou, Archives curieuses de l'histoire de France, t. IV), version catholique. Journal de Pierre [en fait : Nicolas] Bruslart (Mémoires de Condé, t. I).

13. On peut les suivre dans P. De Pascal, Journal de ce qui s'est passé en France durant l'année 1562. Principalement à Paris et à la Cour, édition M. François, 1950.

14. Aubert, article cité.

15. Publiée par Romier, Lucien (d'après les Archives d'État de Zurich) dans Origines politiques des guerres de Religion, 1913-1914, t. II, p. 254 Google Scholar.

16. Il sera d'ailleurs décrété de prisé de corps après l'intervention de Montmorency (Registres du Conseil du Parlement).

17. Bruslart, op. cit., 20 janvier 1562.

18. Pour Rouen, Benedict a pu, grâce notamment aux registres paroissiaux, établir pour 1565 le pourcentage de la population protestante (21 % de la population totale) et esquisser la part respective de chaque groupe (op. cit.).

19. Louis Régnier de la Planche, Le Livre des marchands, ou du Grand et loyal devoir, fidélité et obéissance de MM. de Paris, envers le Roy et Couronne de France (1560), publié par Paulin Paris et Édouard Mennechet dans Histoire de France par les écrivains contemporains, Paris, 1836.

20. Marchand drapier, huitième des neufs enfants de Jehan I Crocquet qui fut quartenier et échevin de la ville, époux d'une Gobelin, frère de deux conseillers de la ville, Nicolas Crocquet sera deux fois condamné à mort par contumace (pendant les deux premières guerres civiles) avant d'être pendu, le 30 juin 1569, avec Philippe et Richard de Gastines.

21. Marchand drapier allié aux grandes familles du négoce parisien.

22. A Rouen, Benedict trouve une réalité sensiblement différente : c'est la « moyenne marchandise » qui est surtout gagnée à la Réforme, alors que la « grande » reste fidèle à l'orthodoxie (op. cit.).

23. Jacques Danès faisait partie en 1562 du Bureau des pauvres de l'Église réformée de Paris (Bulletin de la S.H.P., t. I, p. 255, 1852). Il regagnera le giron de l'Église romaine, abandonnera le commerce pour devenir secrétaire du roi et acquerra la seigneurie de Marly-la-Ville.

24. Sur Jean Rouillé, beau-frère de Jacques Danès, voir Ch. Pradel, Un marchand de Paris au XVIe siècle. Mémoire de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 9e série, n° 1, 1889 et n° 2, 1890, et R. Descimon (mémoire cité).

25. Quartenier du quartier Saint-Séverin. Assassiné lors de la Saint-Barthélémy par le second mari de sa mère, Jacques Kerver, quartenier du quartier Sainte-Geneviève, lui aussi marchand libraire. Sur la famille Petit, voir Ph. Renouard, Documents sur les libraires parisiens (généalogie fautive) et A.N., Minutier central, LLXXIII, 78 et LXXIII, 42 (inventaires après décès et partages).

26. A la même époque 3 des 6 conseillers-échevins de Rouen étaient huguenots (Benedict, op. cit.).

27. La succession d'Henri Ladvocat, marchand mercier rue Saint-Denis, juge-consul en 1564, puis colonel du quartier du Sépulcre, atteignit la somme considérable de 235 000 livres (1574- 1583), A.N., Minutier central, LXXXVI.

28. Bibliothèque nationale, Fonds français, 4 047.

29. D'après le Journal du chanoine Bruslart (op. cit.) des monitions « ad finem revelationis » concernant les officiers du roi « qui ont esté à la Presche et faict la Cène ou exercice des Sacremens en autre forme que l'Église catholique a reçue » furent «jetées » en août 1562. Lors du procès fait au procureur Fichart (voir plus loin) pour dénonciation calomnieuse, l'accusé « a respondu qu'il a esté publyé une monition… et que pour la descharge de sa conscience il est allé à déclaration et revellation au vicaire de ladite paroisse… » (Guérin, article cité).

30. Un autre document (Cimber et Danjou, op. cit.) indique que les curés ont récusé 40 conseillers « qu'ils prétendoient (contre-vérité) estre tous de la religion réformée ».

31. C'est le cas d'Adrien de Thou, conseiller-clerc et chanoine de Notre-Dame, frère du président Christofle de Thou, qui refusa de faire profession de foi catholique le 15 juin 1561.

32. Félibien, , Preuves…, t. IV, p. 803 Google Scholar.

33. Notons qu'à Rouen le pourcentage des « grands » officiers huguenots par rapport à leurs corps n'atteint que le dixième (Benedict, op. cit.).

34. Benedict (op. cit.) observe fort justement 1’ « exubérance et l'exaltation » des protestants qui, en ces années, pensaient que « le triomphe de leur cause était imminent ».

35. Cf. Antoine Richart, Mémoires sur la Ligue dans le Laonnais, Laon, 1869.

36. Jacques Pineaux, La Poésie des protestants de langue française…, Paris, 1971.

37. Cf. le thème de la marmite renversée (musée des Arts et Traditions populaires. Catalogue de l'exposition «Cinq siècles d'imagerie française», 1973).

38. Le chanoine Bruslart qui relate l'incident (op. cit.) ajoute : « Semblables sacremens assez souvent se ministroient de cette façon, au veu et au sceu de la Court de Parlement, sans que toutefois on en fist aucune punition ni instance. » 39. LA Roche-Chandieu, op. cit.

40. Le « mimétisme martyrologique » est bien analysé par Denis Crouzet (op. cit.). Je ne partage pas certaines vues de Donald Kelley (« Martyrs. Myths and the Massacre : The Background of St Bartholomew » dans The American Historical Review, décembre 1972). Le «complexe du martyr » est observable avant 1559 et, de nouveau, à partir de 1572. Entre ces dates, en revanche, s'inscrit une période où la Réforme de « souffrante » devient « militante ».

41. Bruslard, op. cit.

42. J. Poujol a démontré (dans Bulletin de la S.H.P., 119, 1973) que lors de la « conjuration » d'Amboise, comme dans la plupart des manifestations protestantes de ces années, il s'agissait de présenter aux autorités les articles de la Confession de foi de 1559 : la vérité devait s'imposer d'elle-même.

43. Le mot « Commune », sans cesse utilisé dans les récits catholiques et dans les sources municipales pour désigner la foule catholique, a une connotation très importante. Fondé sur la mémoire collective, il recouvrira lors de la Ligue un projet institutionnel précis.

44. Théodore de Bèze relate avec satisfaction la disparition du Carnaval à Rouen quand les huguenots se rendirent maîtres de la ville en 1562-1563, Histoire ecclésiastique…, t. II.

45. Mémoires de Condé, t. I.

46. FÉLibien, Preuves, IV, 799.

47. FÉLibien, Preuves, IV, 807.

48. Labitte, De la démocratie chez les prédicateurs de la Ligue, 1966.

49. Cf. Registres des délibérations de l'Hôtel de Ville, t. VIII, p. 117 (liste des officiers déchus de leurs charges à la fin de 1568 et au début de 1569).

50. Cf. P. De Pascal, Journal, op. cit., 2 juin 1562.

51. Registres…, t. VIII, p. 16 (locataires des maisons du pont Notre-Dame).

52. Régnier de la Planche, op. cit.

53. Bibliothèque nationale, Fonds français 3 347, fol. 24, cité par Ferrière, La, Lettres de Catherine de Médicis, t. III, p. 60 Google Scholar.

54. P. De Pascal, Journal, op. cit.

55. Registres des délibérations…, t. V, 21 octobre 1562.

56. Bruslart, op. cit.

57. Registres des délibérations…, t. V, p. 253 (9 juillet 1563).

58. Elle échappa partiellement à cette mission. L'élection des officiers de la milice donna des résultats très différents selon les quartiers. Certains capitaines étaient des catholiques militants qui multiplièrent les arrestations de suspects de religion. Au quartier de la rue de la Parcheminerie s'illustra ainsi en 1562 le capitaine Tanchon, qui remplaça plus tard le huguenot Desjardins comme lieutenant criminel, puis fut arrêté en 1564 pour avoir pillé les biens de protestants, et redevint lieutenant criminel en 1570-1571 (Guérin, article cité). Les noms de certains de ces officiers spécialisés dans la chasse aux suspects reviennent fréquemment dans les Registres d'écrou de la Conciergerie du Palais (voir page 774).

59. Journal d'un curé ligueur publié par Éd. de Barthélémy, Paris, 1865.

60. Sur l'affaire de la croix de Gastines, qui suscita des émeutes, voir Registres des délibérations, t. VI ; Cimber et Danjou, Archives curieuses, Ire série, t. VI ; Mémoires de l'Estal de France, t. I ; Crespin, d'Aubigné (Histoire universelle, t. II, livre i) et surtout De Thou (Histoire universelle, t. VI).

61. Sur les responsabilités et l'impact de la situation internationale, voir Ph. Erlanger, Le Massacre de la Saint-Barthélémy, Paris, 1960, et Pierre Champion, La France et le contrôle de l'Espagne, 1939.

62. Cf. Janine Estèbe, op. cit.

63. Déclaration royale du 28 août 1572.

64. Lettre de la reine mère à l'ambassadeur de France à Madrid (29 août 1572).

65. Version adoptée à partir de septembre devant l'indignation internationale.

66. Histoire véritable…, op. cit.

67. P. de Pascal, op. cit.

68. Thou, De, Histoire universelle, vol. II, pp. 705706 Google Scholar.

69. Ainsi à Rouen où une Confrérie du Saint-Sacrement est fondée dès 1561 par 12 laïes, dont 5 marchands et 4 membres de la basoche (Benedict, op. cit.).

70. Claude Haton, Mémoires…, Paris, 1857.

71. Cf. De Thou, Histoire universelle, t. VI. La maison des Gastines était située rue Saint-Denis, quartier Saint-Jacques-de-1'Hôpital, Bibliothèque nationale, Fonds français, 11692).

72. 1562, le 20 mars : « Lon ensevelit un huguenot au cimetière des Saints-Innocents à la mode nouvelle, mais soudain les papistes le vinrent desensevelir et mirent le corps mort dans la grande rue au milieu de la boue », P. de Pascal, op. cit. Autres exemples dans le Journal d'un curé ligueur, op. cit.

73. Bruslart, op. cit.

74. « Aux Halles de Paris — On en fit la justice — Puis les petits enfants — En firent le service — Bientost en bas l'on descendu — Après qu'il eust esté pendu/Quand ils l'eurent jette — Au haut de la potence — Tous ces petits enfants — Se sont remis ensemble — A la voyrie l'ont traisné — L'avait-il pas bien mérité ?/Ils ont pris leur chemin — Par la Ferronnerie — Lié et garotté — Menant joyeuse vie — Crians chantans joyeusement — Voici venir le nez d'argent/Quand ils l'eurent traisné — Dedans son cymetière — Par dedans le ruisseau — Qui lui servait de bière — Toutes ses tripailles ont tiré — Pour dedans un feu les brusler » (texte cité par N. Weiss, B.S.H.P.F., t. XLVIII).

75. Journal d'un curé ligueur, op. cit.

76. Voir note 58.

77. Parmi eux Anne de Terières, sr de Chappes, qui figurait sur la liste des suspects dressée par les curés, et François de Marillac, ibid.

78. Voir note 20. Son frère Pierre Crocquet, conseiller de la ville, avait été arrêté par les officiers de la milice de son quartier, puis autorisé par le gouverneur de Paris à rentrer chez lui pour « continuer son commerce ». La chambre ordonne au préalable d'informer « si par cy devant il estoit ordinairement allé à la messe, à confesse, faict ses pasques es jours ordonnez de l'Église et faict autres actes et œuvres de catholique », ibid.

79. Issu d'une ancienne famille de marchands drapiers parvenus à l'échevinage dès 1515, fils d'un prévôt des marchands, François Perrot avait fait de longues études dans les universités italiennes (cf. E. Picot, Les Français italianisants au XVIe siècle, 1906-1907). Apparenté aux Gobelin et aux de Thou, il avait épousé la fille de Pierre Crocquet. Il repartira à Venise, puis à Genève où il sera inscrit sur le Livre des habitants en 1573 (voir Haao, La France protestante).

80. Marchand teinturier de Saint-Marcel, cousin germain de Jean Canaye (cf. note 11).

81. Marchand teinturier à Saint-Marcel.

82. Jehan Petit était le fils du marchand libraire Oudin Petit, quartenier de Saint-Séverin (voir note 25). Il était associé avec un libraire de Genève (A.N., Minutier central, LXII, 38, 13 décembre 1565).

83. Les copies d'Henri Bordier peuvent être consultées à la bibliothèque de la Société d'histoire du protestantisme français.

84. Charles Read, B.S.H.P.F., 1901 ; N. Weiss, ibid., 1901, 1923.

85. Transcrits dans les Registres des délibérations de l'Hôtel de Ville, t. VIII, p. 117.

86. Mémoires de Charles IX, t. I, p. 411.

87. Natalie Davis (article cité) reproduit dans un tableau les chiffres donnés pour plusieurs villes : Bourges, Meaux, Troyes, Orléans, Rouen et Lyon.

88. J'ai reconstitué l'échelle des contributions d'après l'emprunt forcé de 1571 (B.N., Fonds français, 11 692).

89. L'expression est d'H. Drout, Mayenne et la Bourgogne, Paris, 1937.

90. Guérin, article cité d'après A.N., X2 A 924.

91. Achille de Harlay, qui sera premier président du Parlement.

92. Pierre de La Place, premier président en la Cour des Aides, victime de la Saint-Barthélémy ; cf. l'inventaire (partiel) de ses biens meubles: Minutier central, Thireul, 1572.

93. Cf. son testament, A.N., X 114 fol. 252.

94. On retrouve les mêmes noms dans les registres d'écrou de 1564, 1569 et dans la liste des victimes de la Saint-Barthélemy.

95. Cf. Pradel, op. cit.

96. Benedict, Ph., « Catholics and huguenots in sixteenth century Rouen : The démographie effects of the religious wars », French Historical Studies, vol. IX, n° 2, 1975 Google Scholar.

97. Théodore, Cf. de Bèze, , « Deux Lettres sur la Saint-Barthélemy », B.S.H.P.F., vol. VII, 1858 Google Scholar.

98. J. Pannier, L'Eglise réformée de Paris sous Louis XIII, Paris, 1922.

99. Ainsi la famille Arnauld. Des huit fils d'Antoine I Arnauld sauvé du massacre par Catherine de Médicis, certains retournèrent au Temple (cf. le contrat de mariage d'Isaac Arnauld, Pièces originales, 100 fol. 43) alors qu'Antoine II, le célèbre avocat, resta fidèle à l'orthodoxie. Je reviendrai sur cette famille dans une étude sur Paris et les États généraux de 1614 (à paraître).

100. C'est la justification donnée par le ministre Hugues Sureau à son apostasie. Citée par Benedict (op. cit). Ce sentiment se traduisit par un retour à l'attitude de martyr : les victimes de la Saint-Barthélémy ne résistèrent pas.

101. Document reproduit par Pradel (op. cit.) sur Jehan Rouillé; voir note 24.

102. Histoire universelle de J.-A. De Thou, largement inspirée par la vision politique du clan Montmorency, a beaucoup influencé l'historiographie du XIXe et du premier XXe siècle.

103. Cf. Denis Richet, La France moderne: l'esprit des institutions, Paris, 1973.

104. On trouve dans les Lettres d'Estienne Pasquier après les Barricades l'expression la plus claire de ce mépris. Lorsqu'on remplaça les officiers de la milice nommés par Henri III par de nouveaux « élus », Pasquier était présent : « On désapoincte tous les anciens capitaines et lieutenants, tous personnages d'honneur, auxquels cette vermine de peuple n'eust osé faire teste, et surroge-t-on en leurs lieux uns sire Guillaume, sire Michel, sire Bonadventure ; que dy-je sires ? (car ce mot n'est mis en usage que pour les notables marchands) mais bien la plupart de simples taverniers, cabaretiers et autre telle engeance de gens… » L'analyse des listes d'officiers, que nous avons entreprise quartier par quartier, ne justifie pas l'appréciation de Pasquier (cf. note 22).

105. A. A. Lozinsky, La Lutte pour le pouvoir dans la municipalité parisienne après les Barricades (1588-1589) (en russe).

106. J. H. H. Salmon, « The Paris Sixteen, 1584-1594 : The social analysis of a revolutionary movement », Journal of Modem History, 1973. Je n'ai malheureusement pu avoir connaissance de la thèse présentée à Berkeley en 1971 par Peter Asooli, The Sixteen and the Paris League.

107. Nous préparons, Robert Descimon et moi, une étude des notables basée sur toutes les listes des « mandés » aux assemblées de la ville complétées par les documents des insinuations du Châtelet et du Minutier central.

108. Salmon, op. cit.

109. Cf. ma thèse (inédite) sur les Séguier.

110. On sait qu'il n'y eut jamais de conseil comprenant 16 membres. Le nombre leur fut attribué en raison des seize quartiers de Paris qui étaient représentés (inégalement) aux différents conseils.

111. Bibliothèque nationale, Fonds français, 3 960.

112. Palma-Cayet, Chronique Novenaire.

113. Ibid.

114. La catégorie minor functionaries me semble devoir être incluse dans celle où figurent avocats et procureurs.

115. Ou plutôt à ceux des hommes nouveaux que leur mariage n'avait pas introduits dans les familles en place. Sur l'importance des femmes dans la promotion sociale, voir D. Richet, « La formation des grands serviteurs de l'État… », L'Arc, mai 1976.

116. Le Dialogue du Malheustre et du Manant. L'auteur de ce remarquable pamphlet, mal connu parce que souvent confondu avec sa contrefaçon royaliste (cf. l'excellente analyse de Salmon, en appendice à l'article cité), exprime très clairement la répartition tripartite des forces. D'un côté la noblesse, le haut clergé, les « grandes familles », à l'autre extrême le « peuple » qui a lâché la bonne cause, entre les deux les Ligueurs fidèles à Dieu et héritiers des libertés anciennes.

117. Procès-verbal de Nicolas Poulain… (publié par Cimber et Danjou, Archives curieuses…, t. XI).

118. Évaluation très approximative. Lestoile nous parle d'une population de 200 000 habitants lors du siège de Paris, mais c'est pour mieux condamner la Ligue qui aurait vidé la capitale de la moitié de ses habitants (le nombre de 400 000 qu'il donne pour la période antérieure est hautement improbable).

119. Procès-verbal de Nicolas Poulain (op. cit.).

120. Lestoile, Fayet, Journal historique sur les troubles de la Ligue (édition de 1852).

121. Cf. Journal de François, bourgeois de Paris, édition Saulnier, 1913.

122. Lestoile, op. cit., passim.

123. Seule une minorité rejoignit le Parlement royaliste replié à Tours. Beaucoup demeurèrent « attentistes » jusqu'à la fin de 1591. Ainsi le président Séguier (cf. D. Richet, op. cit., note 109) qui eut du mal à se faire accepter par le noyau royaliste de Tours.

124. Notamment le curé de Saint-Séverin, paroisse où habitaient beaucoup de parlementaires. Cf. Lestoile, op. cit., passim.

125. Bibliothèque nationale, Fonds français, 3 960.

126. Il s'agit de l'affaire Brigard. Nommé procureur du roi et de la ville après les Barricades, François Brigard était devenu suspect. Le président Brisson s'était contenté de le bannir de la ville au lieu de le faire exécuter, comme le désiraient les Seize.

127. Ce discrédit se fera sentir jusqu'à l'époque de la Fronde : certaines « mazarinades » expriment la volonté des Frondeurs de se démarquer nettement des Ligueurs.

128. Sur le secret voir Dictionnaire de spiritualité, article «Congrégations jésuites».

129. En fait les jésuites furent divisés dans leurs choix politiques. Si le père Commolet figura parmi les grands prédicateurs de la Ligue, d'autres restèrent jusqu'au bout fidèles à Henri III. Cf. Fouqueray, H., Histoire de la Compagnie de Jésus en France, t. I, 1910 Google Scholar.

130. Après l'assassinat d'Henri III par le frère Jacques Clément, le père Bourgoing, prieur de Saint-Jacques-de-Paris, fut condamné à mort et ecartelé. La veuve d'Henri III, Louise de Lorraine, demanda à Henri IV d'interdire l'ordre des Prêcheurs en France, et il fallut des interventions pressantes pour éviter cette mesure.

131. Paris, Godefroy de, Les Frères mineurs capucins en France : histoire de la province de Paris, t. I, 1937 Google Scholar.

132. La défaite de la Ligue entraîna la disparition officielle de ces confréries dans le nord du royaume.

133. Sur les pénitents, voir Marc Venard, Les Confréries des pénitents au XVIe siècle dans la province ecclésiastique d'Avignon, Mémoires de l'Académie du Vaucluse, 6e série, I, 1967.

134. Marguerite Pecquet, Des confréries de pénitents à la Compagnie du Saint Sacrement, XVIIe siècle, 1965.

135. Benedict, op. cit.

136. On observe des initiatives identiques dans d'autres villes, notamment à Rouen et à Laon (cf. Benedict, op. cit., Richart, op. cit.).

137. Cf. l'introduction de Charles Valois à la publication (partielle) de l'Histoire de la Ligue œuvre inédite d'un contemporain, 1914.

138. Journal de François, bourgeois de Paris, op. cit., p. 40.

139. Lestoile, op. cit. ‘.

140. Cité par Saulnier dans une note de l'édition du Journal de François…, op. cit.