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Les Grecs, Les Autres (et Nous) (note critique)

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Gérard Lenclud*
Affiliation:
CNRS Paris

Extract

Que nul n'entre ici s'il n'est helléniste ! Ce ne fut jamais, du moins veux-je le croire, une devise d'helléniste. Au cours d'un entretien avec Moses I. Finley, François Hartog rappelle d'ailleurs la phrase de Wilamovitz : « La philologie est pour les philologues ; tout ce qui est immortel dans l'hellénisme est pour tout homme qui souhaite venir, voir et saisir », et F. Hartog d'ajouter que Wilamovitz donnait chaque semaine à Berlin un cours public de deux heures.

Type
L'Historien et L'Anthropologue
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1998

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References

* Hartog, François, Mémoire d'Ulysse. Récits sur la frontière en Grèce ancienne, Paris, Gallimard, « NRF essais », 1996.Google Scholar

1 « Entretien avec M. I. Finley », dans Moses I. FINLEY, Mythe, memoire, histoire, Paris, Flammarion, 1981, p. 262.

2. Voir l'Introduction de Fustel de Coulanges à La cité antique : « On s'attachera surtout à faire ressortir les différences radicales et essentielles qui distinguent à tout jamais ces peuples anciens des sociétés modernes » (nouvelle édition : Paris, Flammarion, 1984, p. 1) et le commentaire de F. Hartog sur la démarche de Fustel de Coulanges : « Entre eux et nous, les Modernes, la distance est infranchissable […]. La tâche de l'historien est donc de faire voir exactement l'altérité radicale de ce monde à jamais révolu » (Préface, pp. IV-XV).

3. Vidal-Naquet, P., « Tradition de la démocratie grecque », dans Finley, Moses I., Démocratie antique et démocratie moderne, nouvelle édition, Paris, Payot, 1990, p. 40 Google Scholar.

4. Hartog, F., « Le vieil Hérodote », Préface à la nouvelle édition de Le miroir d'Hérodote, Paris, Gallimard, 1991, p. II Google Scholar.

5. Songeons à ce fait : « Quand il s'agit du très lointain passé, l'esprit humain joue d'étrange façon avec les perspectives temporelles : les siècles deviennent des décennies … » ( Finley, M. I., Le monde d'Ulysse, Paris, La Découverte, 1990, p. 17 Google Scholar).

6. Finley, Moses I., On a perdu la guerre de Troie, Paris, Les Belles Lettres, 1990, p. 11 Google Scholar.

7. Cf. Le miroir…, op. cit., p. 12.

8. Ibid. Plus loin, il écrit même à propos de la prétention à retrouver le texte, c'est-à-dire le « véritable » Hérodote, qu'elle est « à la fois sotte et erronée » (p. 379). Il évoque alors la critique par Hans R. JAUSS de cette « philologie restée plus ou moins platonicienne ». H. R. JAUSS rappelle, en effet, citant W. BULST, que « jamais aucun texte n'a été écrit pour être lu et interprété philologiquement par des philologues » et, ajoute-t-il, « par des historiens avec un regard d'historien » (Pour une esthétique de la réception, Paris, Gallimard, « Tel », p. 44).

9. Cf. Le miroir…, op. cit., nouvelle édition, pp. VIII-X et 272-282.

10. Cf. Le miroir…, op. cit., nouvelle édition, p. 272.

11. Ibid., p. VIII.

12. Arendt, Hannah, La crise de la culture, Paris, Gallimard, « Folio-Essais », 1989, pp. 62 63 Google Scholar.

13. Momigliano, Arnaldo, Sagesses barbares. Les limites de l'hellénisation, Paris, Gallimard, « Folio-Histoire », 1991, p. 14 Google Scholar.

14. L'anthropologue est sensible au fait que F. Hartog se défie comme de la peste de toute conception essentialiste de l'identité. L'auteur de Mémoire d'Ulysse renvoie sur ce point àC. LÉVi-Strauss : « L'identité est une sorte de foyer virtuel auquel il nous est indispensable de nous référer pour exprimer un certain nombre de choses, mais sans qu'il ait jamais d'existence réelle » (cité p. 227).

15. A. Momioliano rappelle que les Romains payaient les Grecs pour que ceux-ci leur enseignent leur sagesse… et que, bien souvent, ils n'avaient même pas à débourser puisque ces derniers étaient leurs esclaves (dans Sagesses barbares, op. cit., p. 22).

16. Voir en particulier Stéphane Ferret, Le bateau de Thésée. Le problème de l'identité à travers le temps, Paris, Editions de Minuit, 1996, auquel nous empruntons la présentation du problème conceptuel posé par la question de l'identité dans le temps.

17. Toute l'entreprise du dictionnaire critique, Le savoir grec, conçu par J. Brunschwig et G. Lloyd, Paris, Flammarion, 1996, repose sur la volonté de « faire apercevoir cette dimension fondamentale de réflexivité qui […] paraît caractéristique de la pensée grecque » (p. 19). Les auteurs précisent dans leur introduction que la pensée grecque, comme celle du Dieu d'Aristote, est une « pensée de la pensée » et qu'il s'est édifié tôt, sur le sol hellène, une « culture de la conscience de soi ». Il est tentant de faire observer à l'un des deux concepteurs de cet ouvrage, G. Lloyd, signataire d'un vigoureux manifeste intitulé Pour en finir avec les mentalités, Paris, La Découverte, 1993, que c'est bien là dessiner les traits d'une « mentalité », une mentalité critique et réflexive, qu'il est impossible de ne pas mettre en rapport avec l'invention de la politique.