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Du problème de la continuité: Y a-t-il une protohistoire urbaine en France?

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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En 1935, les Annales avaient publié un article de Paul Rolland : « De l'économie antique au grand commerce médiéval. Le problème de la continuité à Tournai et dans la Gaule du Nord. » En 1957, reprenant un exposé fait à l'Association Marc Bloch de Toulouse, qui l'avait publié avec la discussion dans le n° 2, 1950-1951 de son Bulletin de l'Association pour l'Histoire de la Civilisation, Maurice Lombard avait donné aux Annales sa large esquisse sur « L'évolution urbaine pendant le haut Moyen Age ». Aujourd'hui, sans entrer dans la discussion de nombreux travaux récents dominés par la synthèse de E. Ennen : Frühgeschichte der europaischen Stadt, Bonn 1953, Anne Lombard-Jour dan élargit les perspectives en évoquant les lointaines origines urbaines où sont étroitement associés le religieux, le social et l'économique — et en montrant le poids de ces traditions sur l'évolution future. Nous espérons que ces hypothèses séduisantes susciteront un débat fécond.

Parlant de la « préhistoire rurale », Marc Bloch note « Dans ce continu qu'est l'évolution des sociétés humaines, les vibrations de molécule à molécule se propagent à si longue distance que jamais l'intelligence d'un instant, quel qu'il soit, pris dans le cours du développement, ne s'atteint par le seul examen du moment immédiatement précédent. »

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Problèmes
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Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1970

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References

page 1121 note 1. Caractères originaux de l'histoire rurale française, Paris, 1931, p. 251.

page 1122 note 1. Sur la relation intime qui existe entre l'augmentation du volume des monnaies en circulation et le développement urbain, voir M. Lombard, « L'évolution urbaine pendant le haut Moyen Age », Annales E.S.C., 1957, pp. 7-28.

page 1122 note 2. César semble avoir parfois distingué l'agglomération construite et permanente (urbs) qui servait au besoin de réduit fortifié (arx) et l'espace défendu alentour (oppidum), bien qu'oppidum désigne le plus souvent l'ensemble de la place forte.

page 1123 note 1. C. Jullian, « Les villes fortes de la Gaule romaine », Journal des Savants. 1908, p. 79. Voir aussi Paulys Real-Encyclopadie der classischen Altertums Wissenschaft, 1939, s.v. « oppidum », surtout col. 713 et 716.

page 1123 note 2. J. Meier, Ahnengrab und Rechtstein. Deutsche Akad. der Wiss. zu Berlin, Verôffentlichungen der Komm. fur Volkskunde, Bd. I, 1950 ; Ettlinger, E., « The association of burials with popular assemblies, fairs and races in ancient Ireland », Études celtiques, VI, 1953-1954, pp. 3061 Google Scholar.

page 1123 note 3. C. Jullian, Histoire de la Gaule, II, p. 61. — Sur les villes et les marchés de la Gaule indépendante, ibid.. Il, pp. 58-63 et 238-250.

page 1123 note 4. J. Toutain, Les cultes païens dans l'Empire romain. 1 r e partie, t. III : Les cultes indigènes, nationaux et locaux. Paris, 1920. Ch. III : Les cultes de la Gaule romaine, pp. 193-467 ; P. Grimal, Les villes romaines, 1966, pp. 67-72.

page 1123 note 5. On a trouvé des dédicaces à Icaunis (Yonne) à Auxerre, et à Souconna (Saône) à Cha-Ion. Les dieux et déesses Vasio, Samarobriva, Vesontio, étaient adorés à Vaison, Amiens, Besançon ; J. Toutain, loc. cit., p. 308 et 415.

page 1124 note 1. Par exemple, le culte de Belenus à Bayeux. R. N. Sauvage, « Les druides de Bayeux », Revue de Cherbourg, I, 1906-1907, pp. 81-86.

page 1124 note 2. E. Salin, La civilisation mérovingienne. 1re partie. Les idées et les faits, Paris, 1950, p. 82.

page 1124 note 3. Thietmar de Mersebourg indique le procédé parmi ceux employés par l'Église, vers 1010, contre les pratiques païennes des Slaves : « Hic predicatores sancti in vanum laborant… Multa sanctorum corpora in hiis partibus requiescunt ; sed habitatores hos, ut video, spernunt prevaricantes… Sed… de hiis sileo… » Chronicon, IV, 14, éd. F. Kurze. Hanovre, 1889, p. 72.

page 1124 note 4. Hubert, J., « Évolution de la topographie et de l'aspect des villes de Gaule du Ve au Xe; siècle », Settimane di studio del Centro italiano di studi sull'alto medioevo, VI, p. 541 Google Scholar.

page 1125 note 1. De bello gallico, V, 5, 2 ; IV, 2 et 3.

page 1125 note 2. Sous Néron, le chevalier romain envoyé en Germanie pour en rapporter de l'ambre parcourt les foires (commercia) du pays. Pline, Hist. nat., 37, 11.

page 1125 note 3. J. Gaudemet, « L'Empire romain a-t-il connu les foires ? » dans La Foire. Bruxelles 1953 (Rec. de la Soc. J. Bodin, V), pp. 25-42.

page 1125 note 4. J.-J. Hatt parle d'une « espèce d'abstention volontaire à la vie romaine », d'une « sorte de résistance passive » de la part des artisans et des marchands. Hist. de la Gaule romaine, Paris, 1959, pp. 99-100. Sur la prolifération de la monnaie locale et la persistance des courants commerciaux, voir J.-B. Giard, « La monnaie locale en Gaule à la fin du IIIe siècle, reflet de la vie économique », Journal des Savants, octobre-décembre 1969, pp. 5-34.

page 1126 note 1. Rostovtzeff, , The social and economical History of the Roman Empire, I, 1957, p. 164 Google Scholar.

page 1126 note 2. Panégyrique de Constantin en 312. Ed. Galletier, Pan. lat. II, p. 95.

page 1126 note 3. A propos de la Flandre, J. Dhondt écrit : « A la place d'une circulation essentiellement terrestre, caractéristique dans nos régions de l'époque gallo-romaine, une circulation par voie d'eau s'installe exclusivement ». « Développement urbain et initiative comtale en Flandre au XIe siècle », Revue du Nord, 30, 1948, p. 142. — Souvent usité au haut Moyen Age, le verbe barcaniare, « bargaigner » qui signifie « commercer », se réfère aux tergiversations ou « marchandages » qui précèdent le déchargement sur la rive des denrées contenues dans la barca.

page 1126 note 4. Monach. S. Gallensis Gesta Karoli, II, 14. M.G.H., SS. Il, p. 757 ; Annales Bertiniani, a. 861, éd. Waitz, p. 54.

page 1126 note 5. En 861, les Normands se vantent d'atteindre Chappes et son célèbre lieu de foire : « …minas praedonum, quibus vastatis longe lateque celeberrimis locis, etiam sedem negotiatorum Cappas se petituros jactabant ». Loup De Ferrières, Correspondance, éd. L. Levillain. Paris 1927, II, p. 178. — Chappes était situé à 20 km en amont de Troyes, sur la Seine navigable, à la frontière entre le pagus Tricassinus et le pagus Latiscensis. Cadappas avait un atelier monétaire vers 630. L. Levillain traduit vastatis celeberrimis locis par « après avoir ravagé les monastères les plus célèbres ». Mais ces « endroits bien connus » peuvent tout aussi bien avoir été les lieux de foire dont la renommée avait atteint les oreilles des Normands puisqu'ils se vantaient de s'y rendre. L'emploi de etiam par Loup de Ferrières encouragerait à cette interprétation.

Lorsqu'ils préparaient un coup de main, les Normands employaient une tactique qui se justifiait surtout en cas de rassemblement marchand : ils se tenaient cachés longtemps auparavant afin que leur arrivée subite soit une complète surprise pour tous. Aimoin, Mirac. S. Germani Parisiensis, II, 10. — En 924, ils ramenèrent, de Rouen à Saint-Benoît-sur-Loire, 12 000 chevaux qui devaient bien être le produit d'une rafle dans un marché à bestiaux. Mirac. S. Benedicti, éd. de Certain, p. 98.

page 1127 note 1. « De his ita sufficiant. » Grégoire De Tours, Hist. Franc., IX, 6. — « Sed de his satis dictum. » Vita sancti Eligii, II, 17. — « Sed… de hiis sileo. » Voir p. 1124, n. 3.

page 1127 note 2. Grégoire de Tours nous fournit cependant un récit détaillé et très caractéristique. Il nous raconte comment au VIe siècle, les paysans païens accouraient nombreux, une fois l'an auprès d'un lac (celui de Saint-Andéol, en Lozère) et y jetaient des linges, des pièces d'étoffe servant aux vêtements des hommes, des toisons de laine, des fromages, des gâteaux de cire et « chacun suivant sa richesse, divers objets qu'il serait trop long d'énumérer ». « Ils venaient avec des chariots, apportant de quoi boire et de quoi manger, abattaient des animaux et pendant trois jours se livraient à la bonne chère. » Une église dédiée à saint Hilaire de Poitiers fut chargée de détourner les païens de l'erreur et reçut désormais les offrandes. De gloria confessorum. II.

Dans ce texte, souvent cité à propos de l'évangélisation de la Gaule, Grégoire de Tours ne parle pas de foire. Il est cependant fort probable que des échanges avaient lieu pendant les trois jours que duraient l'assemblée et les diverses choses jetées dans le lac auraient pu constituer d'excellents objets de commerce en ce lieu même ou ailleurs.

page 1127 note 3. Un cas très significatif est la bénédiction solennelle du cimetière de La Roë (Mayenne), en pleine forêt de Craon, le 25 avril 1096, par l'évêque d'Angers et en présence d'une véritable multitude de seigneurs, d'ecclésiastiques et de paysans. Il s'agissait certainement d'un lieu de culte païen encore fréquenté. L'évêque institua une indictio, engageant les prêtres de tout le Craonnois à venir en ce lieu tous les ans avec leurs paroissiens formés en processions. Gilles Ménage, Histoire de Sablé. Paris, 1683, p. 135.

Le cimetière précéda le défrichement et l'installation d'habitants susceptibles d'y être ensevelis. L'église ne fut achevée qu'une quarantaine d'années plus tard.

page 1128 note 1. « Cum autem Regulus requiriret a populo in quo loco novam pro sepeliendis corporibus sepulturam faceret quorumdam nuntio comperit locum esse ante portam civitatis ad hoc habilem ubi plurima exercebantur negotia. » Vita secunda Reguli, AA.SS. Boll., mars, III, p. 820. Saint Rieul évangélisa à la fin du IIIe siècle. Sa vie date du XIe siècle.

page 1128 note 2. « In medio est urbis constructa eaque de causa Porta Media nuncupata. Forum rerum venalium maximum ante hanc portam constitutum habebatur, locus etiam quo mortui ad sepeliendum efferebantur. » Gesta Treverensium. c. 3. M.G.H., SS., VIII, p. 131. — « Forum quoque quod est ante Portam Mediam constitutum et frequentia comprovincialis satis célèbre et famosum. » Ibid., c. 24, p. 162.

page 1128 note 3. A. Lombard-Jourdan, « Aux origines de Rennes. Bourg-l'Évêque et Polieu », Mém. de la soc. archéol. du dép. d'Ille-et-Vilaine, 68, 1951, p. 37.

page 1128 note 4. R. Louis, Les Eglises d'Auxerre des origines au XIe siècle. Paris, 1952, pp. 8-14 et abbé Lebeuf, Mém. concernant l'hist. civile et eccl. d'Auxerre… cont. par Challe et Quantin. Auxerre, 1855 et le plan, p. 96.

page 1128 note 5. P. Timbal, Le Droit d'asile. Paris, 1939, pp. 228 et 294 ; E. Champeaux. « Les cimetières et les marchés du vieux Dijon », Mém. de l'Acad. des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, 1905-1906, p. 222.

page 1128 note 6. Mirac. S. Bened., M.G.H., SS., XV, p. 496. — Lib. mirac. S. Fidis, I, 24, éd. Bouillet p. 63.

page 1128 note 7. Par exemple, à propos de la foire Saint-Jean-Baptiste, à Dijon. Petit DE Vausse, Hist. des ducs de Bourgogne, I, Preuves, n° 131.

page 1128 note 8. « … die dedicationis vel natalitii sanctorum martyrum quorum illic reliquie ponuntur… Nam duris mentibus simul omnia abscidere impossibile esse non dubium est. » Lettre de 601, citée par A. Bertrand, La Religion des Gaulois. Paris, 1897, p. 420, n. 3. — Sur l'authenticité discutée de cette lettre, mais sa valeur historique, ibid., p. 424. — Plus tard, on fera glisser es foires aux dates des fêtes mobiles du calendrier chrétien : Carême, Pentecôte, etc.

page 1129 note 1. Toutes ces fêtes donnaient lieu à des rites solaires : feux de joie, roues de paille enflammées, etc.

page 1129 note 2. Cf. les notices qui relatent : l'élévation du corps de saint Bertin au début de mai, date où se tenait selon la coutume la foire in opido Sancti Audomari (1052). B. Guérard, Cartulaire de St-Bertin, Paris, 1841, p. 180 ; la translation du corps de saint Ayoul in quoddam pratum à la date et à l'emplacement où se tenait depuis longtemps la foire qui prit son nom (vers 1000). Mirac. S. Aigulfi, AA.SS. ord. S. Bened., Il, p. 638 ; la translation des reliques de saint Éloque, primitivement enterré sur un tertre au confluent de l'Oise, et du Sommeron, jusqu'à l'abbaye de Waulsort en 946, dans l'intention de corriger (in melius reformare) l'habitude qu'avaient les gens d'y venir de loin cum universo mercimonio. AA.SS. ord. S. Bened., Il, p. 626 ; la déposition de saint Émilien à Lagny. De S. Aemiliano abbati Latiniacensi. AA.SS. ord. S. Bened., Il, p. 625 ; la translation des reliques de saint Marcel et de saint Pierre à Maastricht, du 4 au 24 juin 828. M.G.H., SS., XV, p. 261 ; la translation de saint Liévin jusqu'au monastère de Saint-Bavon de Gand, le 28 juin 1007. Le lieu du primitif sépulcre de saint Liévin s'appelait Holthem et l'on donne le nom de Malus S. Livini à l'endroit d'où les reliques refusèrent d'avancer jusqu'à ce qu'on y laisse quelques parcelles d'ossements et qu'on ait pris l'engagement d'y ramener tous les ans le corps du saint en procession, la veille de la Saint-Pierre et Saint-Paul (28 juin). C'était sans aucun doute un lieu de culte païen. Le clerc qui rédige la notice substitue malus (le pommier) à ma/lus (lieu d'assemblée). M.G.H., SS., XV, 2, p. 612, etc.

page 1129 note 3. Une des plus anciennes foires de Champagne, celle de la Saint-Martin, à Provins, fut déplacée, puis rétablie, par le comte Thibaut en 1137 sicut antiquitus esse solebat. H. Laurent « Choix de documents inédits pour servir à l'histoire de l'expansion commerciale des Pays-Bas au Moyen Age », Bull, de la comm. roy. d'hist., Bruxelles, 98, 1934, p. 351, n° 1. — En 1084, la foire de Saint-Martin de Lamballe, transférée à l'intérieur du castrum par Geoffroi, comte de Bretagne, dut être rétablie à l'extérieur, près du prieuré de Saint-Martin. De Bourgogne, Geslin, Anciens évêchés de Bretagne. Hist. et Monuments. Paris, 1875, IV, p. 301, n° 2 Google Scholar.

page 1129 note 4. Louis VI à Étampes, en 1123. M. Prou, « Une ville-marché au XI” siècle. Étampes », dans Mélanges Pirenne, II, et à Paris, aux Champeaux, en 1137. R. De Lasteyrie, Cart. gén. de Paris, n° 264.

page 1130 note 1. R. Bautier, « Les principales étapes du développement des foires de Champagne », Communication à l'Acad. des Inscr. et B. L, 1952, p. 314.

page 1130 note 2. J. A. van Houtte, « Les foires dans la Belgique ancienne », dans La Foire, p. 181.

page 1130 note 3. Bulliot, « La foire du Beuvray », Mém. de la soc. Êduenne, VII, 1878.

page 1130 note 4. Les expressions ut moris est, ex more, more consueto, ex antiquo more, sicut antiquitus, reviennent continuellement dans les textes relatifs aux foires. Les jurisconsultes reconnaissent que « la coustume peult aussi introduire les foires ». Lieux communs de droit, III, p. 170. Cité F. Bourquelot, Les Foires de Champagne, Paris, 1865, I, p. 19, n. 2.

page 1130 note 5. L'auteur achève une étude relative aux origines de ces deux foires.

page 1130 note 6. Les textes parlent souvent de marchands venant ex loginquis regionibus ou de multis terrarum partibus, etc. Certes la longueur des distances s'évalue en fonction des connaissances géographiques, de la qualité des routes, des moyens de transport suivant les époques et les lieux. Toutefois, les actes mérovingiens et carolingiens relatifs à la foire Saint-Denis parlent de marchands venant d'outre–mer par les ports de Rouen et de Quentovic, de Saxons, de Lombards, d'Espagnols et de Provençaux. – En 1074, les Italiens figuraient en nombre, parmi d'autres, à la foire du Lendit où ils faisaient de gros profits.

page 1130 note 7. Le sel, indispensable à la vie et nécessaire aux salaisons gauloises. Celui de la région de la Seille fut exploité dès la protohistoire. E. Salin, La Civilisation mérovingienne. 1re partie, p. 129 et n. 2. Il y avait un marché au sel à Metz, à l'époque mérovingienne. Grégoire De Tours, De virtut. S. Martini, IV, 29. — Portus Saliae et foire du Champ à Saille, sur la Seille, navigable jusqu'au XVIe siècle. J . Schneider, La Ville de Metz aux XIIIe et XIVe siècles. Nancy, 1950, pp. 12, 30 et 47.

page 1130 note 8. De - 150 à - 50 tout le commerce de l'étain traversa la Gaule. Les métaux : fer, acier, cuivre, plomb, figurent aux foires dès leurs premières mentions, au Xe siècle.

page 1131 note 1. Diodore, V, 26.

page 1131 note 2. « Servos condicionis huius per commercia tradunt. » Tacite, Germanie, XXIV.

page 1131 note 3. Voir infra n. 12. — « Quae bello ceperint » : ce sont surtout des prisonniers.

page 1131 note 4. Formule de Sens. M.G.H. Formulae, éd. Zeumer, p. 189, n° 9. — Sidoine Apollinaire, Epistolae, VI, 4. — Vita S. Fidotis, AA.SS. ord. S. Bened., I, p. 197. — Salin, Cf. E., La Civilisation mérovingienne, I, 1, p. 140 Google Scholar ; Verlinden, C., L'Esclavage dans l'Europe médiévale, I, 1955, pp. 217218 Google Scholar.

page 1131 note 5. Sur l'immutabilité des routes du vin, R. Dion, Histoire de la vigne et du vin, p. 236 ; R. Doehaerd, « Au temps de Charlemagne. Ce qu'on vendait et comment on le vendait dans le bassin parisien », Annales E.S.C., 1947, p. 276.

page 1131 note 6. A. Allix, « Les Foires : étude géographique », La Géographie, 39, 1923, p. 537.

page 1131 note 7. Strabon, IV, 4, 3.

page 1131 note 8. « Arat nunc mihi Chamavus et Frisius et ille … fréquentât nundinas meas pécore venali… » Pan. de Constance Chlore, en 297. Éd. Galletier, Pan. lat, I, p. 89.

page 1131 note 9. CéSar, De bell, gall.. VII, 68 ; Strabon, IV, 4, 2.

page 1131 note 10. Voir infra n. 12.

page 1131 note 11. César, De bell. gall., VII, 55. — Pline, Hist. nat, VIII, 67. — Charlemagne enverra à l'empereur de Perse : « equos et mulos hispanos ». Mon. S. Gall. Gesta Karoli, M.G.H., SS., Il, p. 752.

page 1131 note 12. « Mercatoribus est aditus magis eo ut quae bello ceperint, quibus vendant, habeant. quam quo ullam rem ad se importari desiderent. Quin etiam jumentis, quibus maxime Galli delectantur quaeque impenso parant pretio. Germani importais his non utuntur, sed quae sunt apud eos nata, prava atque deformia. » De bell, gall., IV, 2 , 1 . — Pour lejvin, voir ibid., 1,1, 3 ; II, 15. 4 ; IV, 2,6. Vers 98, les Germains les plus proches du Rhin s'étaient mis eux aussi à boire du vin. Tacite, Germ.. XXIII.

page 1132 note 1. Les Francs qui primitivement démontaient pour combattre ne savaient plus combattre à pied à la fin du IXe siècle. Ann. de Fulda (a. 891), éd. Kurze, p. 120. L'emploi du cheval fut généralisé pour les travaux des champs et les transports routiers par suite de l'invention du collier d'épaules, de la ferrure à clous et du dispositif de traction en file (Xe-Xlle siècles).

page 1132 note 2. Ermold Le Noir, Poème sur Louis le Pieux, éd. Faral, vers 1116-1117. — Au cours du VIIIe siècle apparaît le destrier de combat assez résistant pour charger en supportant le poids d'un cavalier armé. C. Stephenson, « Feudalism and its antécédents in England », American Historical Review, janvier 1943.

page 1132 note 3. Bourquelot, Foires de Champagne, I, pp. 302-304 ; R. Bautier, « Les Foires de Champagne », dans La Foire, p. 109.

page 1132 note 4. L'expression se trouve dans une liste de denrées vendues au marché de Méron, près de Montreuil-Bellay (1080-1082). A côté de chevaux, bétail, laine, graisse, plume, cire, toutes marchandises d'origine rurale, il est question de merces peregrine vel magni precii, apportées à col ou à dos d'âne. Cartulaire de Saint-Aubin d'Angers, éd. B. de Broussillon. Angers, 1896- 1903, I, p. 263, n° 221.

page 1133 note 1. Nous renverrons seulement ici à trois actes inédits du XIIIe siècle. Ils sont tardifs, mais représentatifs des procédés employés pour régulariser la tenue de foires spontanées : en 1234 et 1264, Bibl. nat., 500 de Colbert, n°= 60 et 61 ; en 1295, Louandre, Hist. d'Abbeville. II, p. 384.

page 1133 note 2. LIV., IV, 4, 3.

page 1133 note 3. « … per Gallias edixere ut missis legatis in commune consultarent libertas an pax placeret ». Tacite, Hist.. IV, 67.

page 1133 note 4. Rostovtzeff, op. cit., p. 185, qui signale la force des reviviscences indigènes aux IIe et IIIe siècles ; J.-J. Hatt, Hist. de la Gaule romaine, p. 91.

page 1133 note 5. En Gaule comme à Rome où la plèbe urbaine se prononce en faveur de Cicéron : « …nulli pagani aut montani, quoniam plebei quoque urbanae majores nostri conventicula et quasi concilia quaedam esse voluerunt… » Cicéron, Pro domo, 74. — A Paris, en 360, Julien convoque à dessein l'assemblée du peuple (multitudo plebeia, quam de industria convocaret) et se fait acclamer par elle en même temps que par les soldats. Ammien Marcellin, XX, 9, 1-6. — Voir aussi, C. Jullian, op. cit.. IV, p. 330 et suiv.

page 1134 note 1. « lllic rustici etiam pérorant // et privati judicant… » Éd. L. Havet, Le Querolus, comédie latine anonyme… Paris, 1880, pp. 217-218.

page 1134 note 2. Formulae Senonenses recentiores, 10, éd. Zeumer, p. 216. H. Pi Renne se débarrasse trop vite de ce texte dans lequel il voit « une de ces énumérations tautologiques habituelles au style formulaire ». Les Villes et les Institutions urbaines. II, p. 244.

page 1134 note 3. Marculf, Formulae, I, 40, éd. Zeumer, p. 68.

page 1134 note 4. « Ubi sacramenta juranda sint ubi antiquitus consuetudo fuit de libertate sacramenta adrhamire vel jurare, ibi mallum habeatur et ibi sacramenta jurentur ; mallus tamen neque in ecclesia neque in atrio ejus habeatur. » Boretius, I, p. 284, c. 14. — Remarquer l'expression adrhamire. d'étymologie discutée.

page 1134 note 5. P. Timbal, Le Droit d'asile, p. 140, n. 1 ; E. Champeaux, loc. cit., p. 208, n. 1.

page 1134 note 6. Les Frontières de la France, p. 26.

page 1134 note 7. Le Lendit, près de Paris, vient de indictum [concilium] et non d'un prétendu Endit chrétien.

page 1134 note 8. A Angers, en 1096 Libellus Fulconis comitis Andegavensis, dans d'Achery, Spicilegium, III, p. 233.

page 1134 note 9. A Saint-Florentin, en 1159. M. Quantin, Cartulaire général de l'Yonne, II, p. 101.

page 1134 note 10. A Vézelay, au XIIe siècle. Hugues LE Poitevin, Hist. Vizeliacensis coenobii, éd. d'Achery, Spicilegium, II, p. 529.

page 1134 note 11. A Verdun, avant 1140 : «… adeo ut publicus patriae commeatus qui per mediam urbem tenebatur alias tune sit distortus et emporio nostro antea celebri hodieque perseveret inde inflictum dispendium ». Laurent DE Liège, Gesta ep. Virdunensium, M.G.H., SS., X, p. 508.

page 1134 note 12. A Lamballe, en 1084. Geslin DE Bourgogne, Anciens évêchés de Bretagne, IV p. 302, n° 2.

page 1135 note 1. A propos de la foire Saint-Bavon de Gand, en 1013 : « Ab incolis institorum cuiusvis nationum ceterisque quaquaversum gentibus evehuntur mercimonia. » Vita prima Macharii, c. 9, M.G.H., SS., XV, 2, p. 616.

page 1135 note 2. Hugues Le Poitevin, loc. cit.

page 1135 note 3. C. Petit-Dutaillis, Les Communes françaises, 1947, p. 26. — G. Labuda a montré comment le droit local (jus polonicum, jus terrestre) persista en Pologne après la généralisation progressive du droit allemand (jus teutonicum). Il fut conservé dans certains villages qui portent les noms de Wola (Liberté) ou de Lgota (Franchise) et aussi dans certaines villes. La Pologne peut ici servir de société témoin : elle offre, pour une période (Xllle-XIVe siècles) bien plus récente que celle qui nous occupe, un excellent exemple de fidélité des populations à leurs coutumes ancestrales. « Villes de droit polonais » dans Les Origines des villes polonaises. Paris-La Haye 1960, p. 53.

page 1135 note 4. Ce n'est qu'au XIIe siècle que la commune devient territoriale et qu'il est question de privilèges municipaux. Le groupement primaire est une simple collectivité jurée qui put revêtir plusieurs types.

Les uns ont cherché les origines de la commune dans la corporation (G. Espinas, Saint- Omer et Lannoy, app. IX, p. 188 et suiv.), les autres dans la confrérie (R. Grand, « La genèse du mouvement communal », Revue d'hist. du droit, 4° sér., XX 1943) ; d'autres encore, dans les assemblées délibératives qui réunissaient les hommes libres paroissiens d'une même église (chanoine Laenen, « Les églises primitives des villes et le problème des origines communales », dans Mélanges Camille Borman. Liège, 1919, p. 83). C'est encore avec les communautés d'habitants qui apparaissent, à partir du XIIe siècle, dans une grande partie de la France, souvent même après la création d'une municipalité, que les communes naissantes présenteraient le plus d'analogies (H. Babeau, Les Assemblées de communautés d'habitants, pp. 229-230).

page 1135 note 5. C. Petit-Dutaillis, op. cit., p. 47.

page 1135 note 6. Par exemple, au Mans, en 1070. J. Lestocquoy, « Vézelay », Annales E.S.C., 1952, p. 74.

page 1136 note 1. J. LE Goff, « Culture cléricale et traditions folkloriques dans la civilisation mérovingienne », Annales E.S.C., 1967, p. 789 et n. 1.

page 1136 note 2. « Quo conferrent suas controversias et quae vendere vellent quo ferrent forum appellarunt. » Varro, De lingua latina, V, 145.

page 1136 note 3. Saint-Pierre de foro à Laon, Saint-Jean de foro à Troyes, Saint-Quentin de foro à Tournai, Saint-Michel in foro à Liège, Saint-Martin in foro à Huy, Saint-Étienne in foro à Lille, Saint- Pierre de foro. de poliandro ou de Marcheil à Rennes, Saint-Gilles de foro à Étampes, Saint- Pierre de foro à Loudun, Sainte-Marie de foro à Dijon, etc. Des habitudes analogues existaient ailleurs et notamment en Bretagne, dans les plus anciennes églises de Quimper, Tréguier, Saint- Pol-de-Léon, Morlaix. C. Laronze, Essai sur le régime municipal en Bretagne… Paris, 1890, pp. 57-58.

page 1136 note 4. J. Taylor, Ch. Nodier et A. DE Cailleux, Voyages pittoresques et romantiques de l'ancienne France. Paris, 1845, III, fol. 142.

page 1136 note 5. « Convenerunt burgenses nostri in agrum quod suburbio adjacet intra septa villae, convocatis undecumque Flandrensibus circa nos, conjuraverunt simul super sanctorum reliquias… in agrum consuetum… » (1127). Galbert DE Bruges, Hist. du meurtre de Charles le Bon, éd. H. Pirenne. Paris, 1891, pp. 80 et 86.

Les rassemblements en faveur de la Paix de Dieu avaient lieu aux places de foire et de réunion, en dehors des remparts. B. Topfer, « Volk und Kirche zur Zeit des beginnenden Gottesfrieden Bewegung », Neue Beitràge zur Geschichtswissenschaft, n° 1. Berlin, [1957] ; M. DE Bouard, « Sur les origines de la Trêve de Dieu en Normandie », Ann. de Normandie, IX 1959, p. 169.

page 1137 note 1. Borgnet, « L'hôtel de ville et le perron de Namur », Messager des Sciences historiques… de Belgique, 1846, p. 210 ; A. Joris, La Ville de Huy au Moyen Age. Des origines à la fin du XIVe siècle. Paris, 1959, p. 417.

page 1137 note 2. J. Lestocquoy, « Le paysage urbain en Gaule du Ve au IXe siècle », Annales E.S.C. 1953, p. 170.

page 1137 note 3. Le paiement des cens et des rentes, le remboursement des prêts, etc. étaient souvent fixés aux dates des foires où il était facile de se rencontrer et pour que les propriétaires aient les fonds nécessaires à leurs achats annuels. A. E. Christensen, « La foire de Scanie », dans La Foire, p. 245.

page 1137 note 4. « Locus qui fuit jam olim urbs paganorum rusticorum », écrit-il, au début du VIIIe siècle. Erfurt fut de très bonne heure une place de commerce importante au coeur de la Thuringe. S. Bonifatii et Lulii epp., éd. M. Tangl, n° 50. — Faut-il traduire : « ville des cultivateurs du pays » ou plutôt, en donnant à pagani le sens qu'il a dans le vocabulaire religieux, plus plausible sous la plume de saint Boniface : « ville des paysans païens » ? Sur le sens de paganus, cf. M. Roblin, « Paganisme et rusticité », Annales E.S.C, 1953, pp. 173-183. — Quelle que soit la traduction qu'on choisisse, l'intérêt réside dans l'emploi du mot urbs par Boniface.

page 1138 note 1. Voir la définition proposée à l'issue des Journées de la Société J. Bodin, en octobre 1951. La Foire, p. 324.

page 1138 note 2. Les Vil/es et les Institutions urbaines. II, p. 106.

page 1138 note 3. Si ville et foire coexistent alors, on est en droit de parler de « foire parasite » et de « villehôtesse ». A. Allix, loc. cit., p. 535.

page 1138 note 4. R. H. Bautier analyse les causes de la décadence des foires de Champagne dans La Foire, pp. 135-145.

page 1139 note 1. P. Duparc, « Le cimetière, séjour des vivants (Xle-Xlle siècles) », Bulletin philologique et historique, 1964, pp. 483-504.

page 1139 note 2. L. Musset, « Les villes épiscopales et la naissance des églises suburbaines en Normandie », Revue d'hist. de l'église de France, 34, 1948, p. 14, n. 41.

page 1139 note 3. En Anjou, Poitou et Berri, au Xe et au début du XI8 siècle (R. Crozet, Villes d'entre Loire et Gironde, 1949, p. 41) ; en Flandre, dans la deuxième moitié du XIe siècle (J. Dhondt, « Développement urbain et initiative comtale en Flandre au XIe siècle », Revue du Nord, 30, 1948, p. 133) ; en Bretagne, aux XIe-XIIIe siècles (Bourde DE LA Rogerie, « Les Fondations de villes et de bourgs en Bretagne du XIe au XIIIe siècle », Mém. de la soc. d'hist. et d'archéol. de Bretagne, 9, 1928, p. 5.

page 1139 note 4. Par exemple, à la Charité-sur-Loire : Notifia de fundatione (1056) dans Hist. de la France, XIV, p. 41 ; ou, à Saint-Calais, Vita S. Carilefi, AA.SS. ord. S. Bened., I, p. 644.

page 1139 note 5. M.G.H., SS., XV, p. 839.

page 1139 note 6. Vita S. Gaugerici. M.G.H., SS. rer. merov., III, p. 656.

page 1140 note 1. En raison de son importance, nous reproduisons presque intégralement la longue explication que Lambert d'Ardres donne, à la fin du XIIe siècle, de la genèse de sa ville : « Locus autem qui nunc Ardensium populoso frequentatur accessu, pascuus erat et raro cultus habitare. Mansit tamen in medio agri pascui, secus viam, in loco ubi nunc Ardeae forum rerum frequentatur venalium, quidam cervisiae brasiator vel cambarius, ubi rustici homines et incompositi ad bibendum vel ad cheolandum (jouer à la soûle) vel etiam mercandum (corr. pour herkandum) propteragri pascui largam et latam planitiem convenire solebant. Ille autem sine nomine locus, eo quod usque ad montem, qui Agemelinda (Heiligoland, campus sacrus) ab indigenis nomen accepit, pascuus erat, denominative a pastura, ut aiunt incolae, in vulgati dicebatur Arda (néerl. aard). Dicebant enim pastores ad invicem et alii qui illuc convenire consueverant nomen tabernarii vel inhabitati loci ignorantes, alteri alteros instigantes et ad ludendum provocantes : « Eamus, eamus et conveniamus in pasturam, hoc est, in Ardam ». Postea vero convenientes in eodem loco alterius incolatus homines ibi manere coeperunt. Crescentibus autem ibi populis indigenis simul et advenis locum habitationis in villam tamen contraxerunt. Postmodum autem transitum per eumdem locum facientes quidam Italici ut in Angliam suam facerent negotiationem… » Ed. Ménilglaise, p. 229.

page 1140 note 2. I. Rabecka, « The early mediaeval Tavern in Poland », dans L'Artisanat et la Vie urbaine en Pologne médiévale. Varsovie, 1963, p. 372.

page 1141 note 1. Ce terme commode, équivalent de l'allemand « stadtbildend » a été employé par G. Gyorffy, Cahiers de civilisation médiévale, 1969, p. 127.

page 1141 note 2. Sur la synonymie de ces quatre termes, voir H. Bûttner et W. Schlesinger dans Studien zu den Anfângen des europaischen Stâdtewesens. Konstanz, 1955-1956, p. 166 et p. 300.

page 1142 note 1. C'est ainsi qu'on a voulu disjoindre « la ville, élément initial, de caractère économique – social, et la commune, élément postérieur, de nature judiciaire-administrative ». G. Espinas (d'après H. Pirenne), Annales d'hist. écon. et sociale, 1937, p. 474.

page 1142 note 2. Civilisation matérielle et capitalisme (XVe-XVIIIe siècles), I, Paris, 1967, p. 394.