Summary
Aller aux sources de l'Orénoque, les gens du pays en parlaient comme d'une folie ou d'une témérité : c'était s'exposer à ne jamais revenir, à être mangé ou brûlé, à finir encore plus tragiquement, si possible. Dans mon précédent voyage, j'avais vu plusieurs Indiens à qui j'avais demandé des renseignements précis; tous m'avaient raconté sur cette région des histoires ou plutôt des légendes si extraordinaires que je n'en pouvais croire mes oreilles. Pas un n'avait vu, mais tous affirmaient: un tel l'a dit, sur la foi de tel autre. A les écouter, les sources se trouveraient dans un canton habité par des anthropophages bien armés, nombreux, qui guerroieraient les tribus voisines, pour s'emparer des vaincus et les dévorer.… Ces régions seraient protégées par un sorcier ou même un démon, qui allumerait un immense incendie si un mortel avait la témérité de franchir certaines limites.… Un feu souterrain embraserait instantanément des forêts entières.… Sur certains points s'allumeraient, toujours à la même saison, de gigantesques brasiers.… Enfin, des Indiens blancs et barbus, d'une cruauté sans égale, appartenant à une tribu nombreuse et féroce, s'amuseraient à tourmenter leurs prisonniers, qui périraient au milieu des tourments les plus atroces. Ces êtres abominables se plairaient à voir couler goutte à goutte un sang dont ils se peindraient le corps.
- Type
- Chapter
- Information
- L'Orénoque et le CauraRelation de Voyages Executées en 1886 et 1887, pp. 141 - 151Publisher: Cambridge University PressPrint publication year: 2010