Pour les Japonais de l’époque ancienne, la souillure et les stratégies pour l’éviter relèvent d’un ensemble idéologique cohérent qui détermine les attitudes devant la vie et les actes sociaux. La dialectique pureté/souillure donne aussi naissance à une conception de l’espace autour d’un centre supposé pur (l’empereur/la cour/la capitale), des régions intermediaries chargées d’impureté et des périphéries souillées, mal connues et peu contrôlées. Sur ces marges vivent des êtres qui ne peuvent donc être considérés tout à fait comme des humains. L’auteur montre comment cette conception originale de l’espace propre à l’aristocratie de Kyōto se met en place au cours de la période Heian, puis se défait avec la montée du commerce et des échanges au cours des siècles médiévaux, en même temps qu’à l’ordre aristocratique ancien se substitue celui des guerriers.