L'immense espace de l'imaginaire imprègne nombre de genres au Moyen Age, et tout particulièrement les romans, bretons ou non, les chansons de geste, ainsi que les hagiographies. La merveille et le miracle, qui appartiennent à ce vaste domaine, touchent le roman comme la chanson de geste, avec toutefois une prépondérance de la merveille pour le premier et une présence du miracle pour le second. Le cycle de Huon de Bordeaux, appartenant à un genre hybride où se mêlent, se superposent et se juxtaposent l'épique et le romanesque, nécessairement renferme ces deux notions. Elles se résument, en fait, à une seule, puisque le miracle n'est autre qu'un élément plus spécifique de la merveille.
Le cycle de Huon de Bordeaux en prose, comme on le sait, se compose du Huon propre suivi de quatre continuations: Esclarmonde, Clarisse et Florent, Yde et Olive, et Croissant. Ce remaniement en prose provient directement du Huon de Bordeaux en vers décasyllabiques assonancés datant du treizième siècle, qui avait eu un succès tel qu'il avait engendré pas moins de sept oeuvres en guise de continuations. Tous les prolongements ont été mis en prose, à l'exception d'un prologue (post Huon), le Roman d'Aubéron, Huon roi de Féerie, et la Chanson de Godin. La version épique du cycle a également donné naissance, au quinzième siècle, à une version remaniée en vers dodécasyllabiques rimés, et celle-ci ajoute même deux épisodes qui ne se trouvent pas dans la version épique: Huon et Calisse, et Huon de retour à Babylone. L'immense engouement pour les aventures de Huon et de ses descendants a fini par engendrer une version manuscrite en prose datant de la deuxième moitié du XVème siècle (1454).