Cet article répond à l'invitation de Ohno Taiichi, l'un des fondateurs du système Toyota : « penser à l'envers ». Mais c'est le modèle productif japonais qu'il s'agit cette fois de penser à l'envers, ou tout au moins les représentations que la communauté scientifique ou celle des gestionnaires tendent à s'en faire. Un mouvement de balancier est sans doute nécessaire pour obtenir une vision plus équilibrée du « système de production Toyota » à l'aide d'une analyse historique plus fouillée de données quantitatives précises. Pour ceux qui font de ce modèle un symbole de flexibilité parfaite et achevée (par exemple D. Friedman, 1983 ; B. Coriat, 1991 ; J. P. Womack et al, 1990), la souplesse du système Toyota et sa capacité à rationaliser les coûts de production se seraient traduites dès la fin des années cinquante par une aptitude à fabriquer efficacement et en faibles volumes une grande variété de produits : cette caractéristique originelle serait le résultat de la contrainte de variété qu'aurait imposé le marché automobile japonais.