I) Parmi les différentes questions qui se posent dans l'étude de l'assurance automobile, celle de l'évaluation des réserves techniques est sans doute une des plus importantes. Dès que l'augmentation progressive du parc des véhicules a entraîné une hausse sensible de la chiffre des affaires et que le besoin de sauvegarder l'indemnisation des sinistres de circulation a transformé la base même du rapport contractuel, le problème des garanties, indissociable de celui de la solvabilité de l'entreprise, s'est imposé à l'attention générale.
En raison de cette évolution et de la nécessité d'un contrôle sur les engagements des compagnies, la fixation du montant exact de la réserve sinistres est fondamentale soit par rapport à la validité du tarif adopté (congruité des primes), soit à la possibilité de faire face aux engagements techniques moyennant des activités correspondantes. Deux aspects done d'un même problème, dont l'importance est augmentée dès que les risques se sont alourdis, les résultats de la branche défavorables, la situation économique et monétaire de plusieurs pays est devenue instable.
2) Le problème du calcul de la réserve pour sinistres en cours avait été posé, il y a plus que trente ans, par M. d'Addario: dans ses études il avait mis en relief l'existence d'une relation dans l'échelonnement des paiements valable pour une période de stabilité monétaire et d'une loi de distribution par rapport à l'âge du portefeuille sinistres (génération sinistres)). A cette oeuvre, disons prioritaire, ont suivi les remarquables travaux de M. M. Thépaut, Burlot, Henry, Pellegrin, Depoid: à la lumière des données expérimentales du marché français ils ont eu le grand mérite de pousser les études sur le coût moyen des sinistres et sur la cadence des règlements.