Jamais, depuis le milieu du XIVe siècle au plus tard, la terre du Portugal n'a nourri les hommes à leur faim. Déjà, pendant ce moyen âge que Lúcio de Azevedo a trompeusement baptisé de « monarchie agraire », à la table des Portugais le pain n'était ni abondant ni assuré. Quand naves et caravelles, lourdes d'exotiques richesses, sillonnaient des mers fabuleusement lointaines, quand Lisbonne se gonflait en devenant la métropole du monde atlantique montant et de la conquérante route du Cap, d'effroyables disettes venaient souvent frapper les hommes sans merci : le long des chemins se traînaient des cortèges d'affamés en quête d'un morceau de pain, laissant derrière eux des tas de cadavres au bord des routes. Qu'il n'y ait pas de crise, carraques et navires débarquent tout de même sur les quais du Tage, à Sétubal, Aveiro, dans les ports d'Algarve et ailleurs des sacs et des sacs de grains.