L'histoire en français a été, au XVe siècle, avec la farce et le mystère, un des genres majeurs, et elle montre une étonnante vitalité dont il convient d'élucider les grandes tendances. Elle éclate en plusieurs genres, dont deux sont plus ou moins nouveaux, les mémoires et le journal. Il s'agit ici d'esquisser à grands traits les préliminaires, forcément incomplets, que j'ai pu établir en dirigeant des thèses de doctorat, comme celles de Peter F. Ainsworth (Froissart), Nicole Chareyron (Jean le Bel), Danick Florentin (Commynes), Elisabeth Gaucher (biographie chevaleresque), Marie Thérèse de Medeiros (Froissart), Emily Springer (Lalain), Hélène Wolff; en participant à des soutenances, dont celles de Jean Claude Faucon sur la Vie de Du Guesclin, de Jean Claude Delclos et Estelle Doudet sur Chastelain, de Jean Devaux sur Molinet, de Danielle Quéruel sur Jean d'Avesnes; en utilisant des ouvrages récents; en travaillant moi-même sur l'oeuvre et l'environnement de Philippe de Commynes.
A la fin du Moyen Âge, l'organisation de la narration et les modalités du discours historique dépendent étroitement des choix préliminaires, à savoir: du choix de la prose, qui prétend s'opposer aux fantaisies jongleresques des histoires rimées; du choix de l'histoire contemporaine, ordonnée et composée, soucieuse de vérité et d'information; de la volonté d'historier, plutôt que de chroniquer, ou encore d'esclaircir la matiere, de donner un sens au récit des faits historiques. Si ce message n'est pas celui de la critique impartiale qui déduit les causes et explique les effets, du moins vise-t-il à l'édification morale et politique, ou encore à l'apologie.