NOUVELLES CROYANCES; LA PHILOSOPHIE CHANGE LES PRINCIPES ET LES RÈGLES DE LA POLITIQUE
On a vu dans ce qui précède comment le régime municipal s’était constitué chez les anciens. Une religion très-antique avait fondé, d'abord la famille, puis la cité; elle avait élabli d'abord le droit domestique et le gouvernement de la gens, ensuite les lois civiles et le gouvernement municipal. L’État était étroitement lié à la religion; il venait d'elle et se confondait avec elle. C'est pour cela que dans la cité primitive, toutes les institutions politiques avaient été des institutions religieuses, les fêtes des cérémonies du culte, les lois des formules sacrées, les rois etles magistrats des prêtres. C'est pour cela encore que la liberté individuelle avait été inconnue, et que I'liomme n'avait pas pu soustraire sa conscience elle-même à l'omnipoience de la cité. C'est pour cela enfin que l’État était resté borné aux limites d'une ville, et n'avait jamais pu francbir l'enceinte que ses dieux nationaux lui avaient tracée a l'origine. Chaque cité avait non-seulement son indépendance politique, mais aussi son culte et son code. La religion, le droit, le gouvernement, tout était municipal. La cité était la scule force vive; rien au-dessus, rien au-dcssous; ni unité nationale ni liberté individuelle.
ll nous reste à dire comment ce régime a disparu, c'est à-dire comment, le principe de l'association humaine élant changé, le gouvernement, la religion, le droit ont dépouillé ce caraetère municipal qu'ils avaienl eu dans l'antiquité.
La ruine du régime politique que la Grèce l'ltalic avaient créé, peut se rapporter à deux causes principales. L'une appartient à l'ordre des fails morauv et intellectuels, l'autre à l'ordre des faits matériels; la première est la transformation des croyances, la seconde est la conquête romaine.