J. H. D'Arms à écrit, il y a une dizaine d'années, que les grands affranchis, dans les hiérarchies municipales, étaient plutôt à côté de l'aristocratie municipale qu'au-dessous d'elle. Selon lui, la structure sociale du monde romain se présentait davantage comme un « continuum » que comme une « hiérarchie ». La thèse du chercheur américain n'a pas fait long feu2. J. H. D'Arms a pourtant eu le mérite indubitable d'essayer de renouveler les recherches sur les affranchis romains. Le milieu des anciens esclaves, comme celui des ingénus, était fort hiérarchisé. On peut les représenter graphiquement sous forme de deux pyramides, dont les sommets sont occupés par les élites. Si l'on essayait de dessiner l'axe vertical de la hiérarchie sociale et de situer nos deux pyramides sur celui-ci, tout le monde admettrait que la figure représentant les hommes de naissance libre doit se situer à un niveau considérablement plus élevé que celle qui représente les affranchis. Mais il serait beaucoup plus difficile de déterminer à quel niveau de la première pyramide on doit placer le sommet de la seconde. On pourrait dire, en simplifiant, que tout le problème de la condition sociale des affranchis trouverait sa solution dans la réponse à cette question.