Parvenu au milieu de son « Tableau de la Régence », Michelet s'interrompt tout à coup pour tirer d'un petit fait de moeurs un aperçu sur l'histoire de l'humanité. « Les trois âges du café, écrit-il, sont ceux de la pensée moderne », et il analyse avec subtilité le fin arôme du café d'Arabie, puis la saveur plus acre du café indien, « café de terre volcanique, qui fit l'explosion de la Régence et de l'esprit nouveau », — enfin le goût plein, corsé, nourrissant aussi bien qu'excitant du café des Antilles, qui « nourrit l'âge adulte du siècle, l'âge fort de L'Encyclopédie ».

Il existe traditionnellement dans les montagnes pyrénéennes de multiples types d'organisations pastorales fondées sur l'exploitation en commun des hauts pâturages. Il a semblé intéressant d'en analyser quelques exemples, au moment surtout où ces systèmes archaïques tendent à disparaître sous l'influence de conditions économiques et démographiques nouvelles, dans le cadre du Couserans, moitié occidentale des Pyrénées Ariégeoises, et plus particulièrement du Haut-Couserans, ensemble des vallées couserannaises en contact avec la chaîne frontière.

Les historiens contemporains portent grand intérêt à la chute de la société féodale, ainsi qu'aux causes économiques, sociales et politiques dont l'action engendra le monde moderne. Rien d'étonnant qu'ils s'efforcent de comprendre pourquoi et comment les ordres sociaux établis traversent des périodes de crise et, finalement, s'effondrent. Même les médiévistes ne sauraient pas être à l'abri des influences du monde dans lequel ils vivent ; il est donc naturel de se demander si l'ordre féodal s'est désagrégé accidentellement, remplacé peu à peu par l'organisation sociale, économique et politique du capitalisme ; ou bien, si sa désagrégation n'a point été accélérée par plusieurs crises sans rapport entre elles et qui influèrent sur des aspects différents de la société ; ou bien encore s'il y eut une crise générale de la société due à des faiblesses qui lui étaient inhérentes — crise générale dont les crises séparées qu'analysent les historiens n'auraient été que des expressions particulières.

Les historiens se résignent trop facilement, peut-être, à ne pas soumettre à la statistique les siècles antérieurs au XVIe. Encore faudrait-il des chiffres. Mais ces chiffres existent plus nombreux et plus serrés qu'on ne le pense et c'est une des tâches de l'érudition que de nous les fournir demain. Le récent article d'Edouard Perroy, ici même, nous a montré qu'ils étaient utilisables. Du coup un moyen âge nouveau se présente à nous.

Il n'y a pas lieu de donner une analyse intégrale d'un ouvrage qui, paru il y a quinze ans, a nécessité et mérité une seconde édition. Mais celle-ci ne comporte pas seulement, en appendice, une série de compléments bibliographiques qui permettent souvent de « faire le point » des études multiples où s'alimente la réflexion de l'auteur, elle comporte aussi une préface qui donne l'occasion de revenir sur certains des problèmes posés.

Il se peut que certains ironisent : « Avez-vous lu Baruch ? » Ma seule excuse, si c'en est une, est que ma découverte ne date pas d'aujourd'hui. Je crois bon, en tout cas, de signaler dans les Annales un des mouvements de recherches les plus hardis de ces trente dernières années, les plus impressionnants par les horizons qu'il entr'ouvre, les plus féconds en promesses, sinon actuellement encore en réalisations.

Deux voyages en Espagne, le premier à l'époque de Charles Quint et presque de Philippe, — celui-ci vient de naître, 1527, et grandit…, — le second de 1568 à 1598 à travers les trente dernières années du règne de Philippe II. Le premier grâce à un recueil de documents, celui du R. P. José M. March, paru en 1941 et 1942, le second par les faveurs du livre surchargé d'intelligence et de pensée du Dr Gregorio Marano, qui, en l'écrivant pour notre plaisir, a rempli les années d'amertume et de tristesse que l'exil et les circonstances ne lui ont pas épargnées.

Vennes — étymologiquement, des barrages de rivière à l'origine établis, au voisinage de Liège, pour prendre le poisson. Depuis le XVIe siècle, une usine métallurgique, devenue de nos jours la puissante Compagnie générale des Conduites d'Eau qui, par ce volume commémoratif, donne un bel exemple aux autres sociétés industrielles de Belgique… et d'ailleurs. Une documentation érudite, certes, mais aussi une enquête technique, au laboratoire, sur les fontes anciennes ; mais encore une histoire financière, et même la plus contemporaine. Des pièces justificatives et des annexes, une bibliographie étendue, l'illustration enfin complètent un ensemble tout à fait réussi.

Notre collaborateur Jean Meuvret, à l'heure actuelle l'un des rares connaisseurs de la France économique du XVIIe siècle, n'a pas une propension naturelle à se lancer dans des synthèses péremptoires. Il aime cheminer à pas lents, examinant, réexaminant les problèmes, pour lui jamais simples, et dont les solutions, aurait dit François Simiand, « ne sautent pas aux yeux ». On lira donc avec attention les quatre études serrées qu'il vient de donner au cours de ces dernières années et qui s'éclairent d'être ainsi rapprochées.

S'il y a, pour le biographe, « un double écueil à éviter : grossir démesurément le personnage et son rôle, en l'isolant, — ou bien, sous prétexte de l'expliquer, le noyer dans l'abondance des faits contemporains », on ne pourra soutenir qu'ayant aperçu les difficultés M. Aimeras les ait surmontées. Nous craignons même que l'éclairage donné par lui à « la figure attachante d'Odilon Barrot, laissée jusqu'ici dans l'ombre de l'histoire générale », n'ait été réduit à la fois par la fuite devant l'effort nécessaire de synthèse et par l'insuffisance de l'analyse.

Sur sa demande, qu'il motive dans la note qui suit —et sur les recommandations d'André Meynier, les Annales ouvrent bien volontiers une enquête sur le problème posé par M. Imberdis. Il est incontestablement intéressant. — L. F.

La plupart des auteurs qui se sont occupés d'archéologie agraire distinguent, selon leur forme, les champs carrés et les champs en lanières. Nous croyons préférable d'adopter une division tripartite :

— Champs en lanières, si le rapport de la longueur à la largeur est égal à 8, 10,14 ou davantage.

— Champs rectangulaires, si ce même rapport est faible : 4, 3, 2, etc..

— Champs irréguliers, qui ont la forme d'un polygone quelconque.

Les Annales veulent signaler sans plus tarder à leurs lecteurs l'apparition du tome VI des Œuvres de Maximilien Robespierre. Ce livre s'inscrit dans le cadre des publications de la Soéiété des Études Robespierristes, jadis animée (à partir de 1909) par Albert Mathiez qui lui assigna, entre autres tâches, celle de publier les oeuvres de Robespierre. « On rie peut douter, écrit dans sa Préface Georges Lefebvre, que, dans sa pensée, la priorité appartenait aux Discours, qui constituent la source essentielle pour l'étude de la pensée et de l'action politique du grand révolutionnaire. » Mais la tâche de les recueillir et de les publier apparaissait si lourde qu'elle fut ajournée — et c'est aux écrits de jeunesse, à la Correspondance et au Défenseur de la Constitution que la Société donna ses premiers soins.

Les Annales ont parlé, à plusieurs reprises, du grave problème des revues régionales — étroitement lié au problème des Sociétés Savantes provinciales. Nos lecteurs seront contents d'apprendre que, de divers côtés, des initiatives se manifestent, qui sont encourageantes.

Hier, c'était une vieille société jurassienne, la Société d'Émulation du Jura, fondée en 1817, recréée en 1864, qui se trouvait devant un grave problème. Pour des raisons financières, elle n'a rien publié depuis 1946, sinon un volume hors série consacré à la Révolution de 48 dans le Jura (il a été en son temps signalé ici même). Mais cependant, elle a vécu. Elle a entendu des communications (de notre regretté collaborateur l'abbé Berthet notamment) qui se sont accumulées sans connaître les presses. Comment sortir de là ? La solution adoptée est élégante.

Au Guide pratique des Bibliothèques de Paris que nous avait procuré en 1937 M. Emile Leroy, et que les Annales avaient alors signalé, mais qui se trouvait épuisé, on substituera ce Répertoire des Bibliothèques de France dont le premier volume est consacré aux Bibliothèques de Paris. Deux autres doivent suivre relatifs aux bibliothèques des départements et aux centres de documentation. Sur la Bibliothèque Nationale, les Bibliothèques de l'Université de Paris, les bibliothèques générales d'étude — et de vulgarisation, les bibliothèques dites spéciales, selon le classement adopté, on trouvera tous les renseignements désirables.