A l'occasion du 19me anniversaire de sa fondation, le Comité international a tenu, le 9 février dernier, une séance extraordinaire, dans laquelle il a entendu la lecture d'un mémoire qui nous paraît propre à intéresser nos abonnés.

Le Président du Comité ayant entrepris la composition d'un travail d'ensemble sur l'histoire de la Croix rouge, en avait détaché, pour le communiquer à ses collègues dans la réunion dont nous venons de parter, un fragment relatif à l'avenir de cette œuvre. C'est ce morceau que nous sommes autorisés à reproduire ici, en attendant la publication de l'ouvrage entier.

La Caridad en la guerra. Boletin official de la Asamblea espagnola de la Cruz roja (mensuel). Nos 143 et 144, 13me année, 1882. — Madrid, in-4.

Société française de secours aux blessés militaires. — Comité départemental du Nord, 5me Bulletin — Lille, 1881, in-8, 8 p.

Assistance aux mutilés pauvres. Rapport de 1881. Paris, 1882, in-8, 28 p.

Nous nous reprocherions de ne pas conserver dans notre Bulletin la trace d'un épisode intéressant venu récemment à notre connaissance, quoiqu'il se rapporte à une guerre depuis longtemps terminée.

C'était pendant la lutte des Boers du Transvaal côntre le chef indigène Secocœni. M. Nachtigal, qui avait été précédemment au service de la Société des missions de Berlin et s'était retiré pour cause de santé, accompagnait le corps des Boers comme médecin. Il avait avec lui 25 hommes de Botchabélo, indigénes baptisés, qui devaient faire le service d'infirmiers.

Le Comité central allemand, en réponse aux félicitations et aux vœux qu'il avait adressés à ses hauts protecteurs à l'occasion du renouvellement de l'année, a reçu les lettres suivantes:

De l'empereur,

« J'ai reçu la lettre du 31 décembre, dans laquelle le Comité central allemand de la Croix rouge m'adresse ses vœux fidèles, comme il en a l'habitude, à l'occasion du renouvellement de l'année. Je suis touché des sentiments qu'il m'exprime sur l'événement arrivé dans ma famille, et mon cœur est plein de la plus vive gratitude pour l'activité qu'il déploie, en vue de la propagation et de l'amélioration de la Croix rouge, ce haut symbole de l'humanité.

Pendant la guerre de 1870/71, plusieurs convois de blessés ont traversé la Belgique, mais les soldats dont les blessures rendaient impossible le transport jusqu'en Allemagne, ont été accueillis et soignés avec beaucoup de charité à Bruxelles, à Bouillon, à Neuchâteau et à Löwen. A ce sujet M. le Dr Hoyer a publié un intéressant opuscule, dans lequel il parle tout d'abord de la grande difficulté qu'on eut à constater l'identité de ceux de ces soldats qui succombèrent à leurs blessures. Ces morts étaient enterrés à Bruxelles et à Bouillon, mais leurs tombes ne devaient rester intactes que pendant 7 ans, après quoi les villes pouvaient disposer du terrain. Cela a donné à M. Hoyer l'idée de former un comité, pour garantir à ses compatriotes une sépulture stable.

C'est par un journal anglais que nous avons en connaissance d'un intéressant mouvement qui se produit en Allemagne, et nous lui empruntons les lignes suivantes:

Si l'imitation est la flatterie la plus sincère, l'Association de St-Jean pour les ambulances peut être fière de son dernier succès. Un centre pour l'œuvre des ambulances est en train de s'organiser à Kiel, à l'instigation et sous la direction personnelle du professeur Esmarch, dont le nom est honoré et respecté dans toute l'Europe, non-seulement des membres de la profession médicale, mais aussi de tous ceux qui cherchent à diminuer dans les limites du possible les souffrances physiques.

Nous référant à l'article inséré dans notre précédent Bulletin (p. 42), nous sommes heureux de pouvoir annoncer que l'acte d'adhésion, que nous pressentions, a été signé à Washington le 16 mars, à la suite d'un vote par lequel les membres du sénat l'ont approuvé à l'unanimité. Nos lecteurs seront sans donte surpris, comme nous, qu'après la longue et systématique résistance du gouvernement des Etats-Unis pour se rallier à la Convention de Genève, il ne se soit pas trouvé dans la législature américaine, lorsque la question a été portée devant elle, un seul représentant de l'opposition. Un revirement d'opinion aussi complet no peut s'expliquer, que si l'on admet que les chefs de la nation avaient nourri jusqu'à présent des préjugés à l'égard de la Convention de Genève, préjugés qui se sont évanouis, le jour oû ils ont bien compris ce que l'on attendait d'eux, et reconnu qu'il n'y avait la rien de compromettant pour la politique de leur pays.

En réservant, pour en parler à part, les faits relatifs à l'expédition de Tunisie, nous résumons ici les détails donnés dans le rapport annuel de la Société française, sur son activité pendant l'année dernière.

Du 1er janvier au 31 décembre 1881, le Conseil de la Société, sur la proposition de son Comité de secours, a fait à d'anciens blessés ou malades militaires, à des ascendants, des veuves et des orphelins de soldats morts par fait de guerre, 1,989 allocations, dont le montant s'élève à 59,200 francs. Il faut y joindre une somme de 1,795 francs, prix de 82 appareils de prothèse, pilons, jambes de bois et bras artificiels.

Le compte rendu des opérations de la Société française pendant l'année 1881, nous a apporté des renseignements que nous désirious et qui complétent ceux que nous avons déjè publiés sur le soin des soldats malades en Afrique.

Nos lecteurs se souvienment qu'au début de l'automne, à la reprise des opérations militaires qui menaçaient de s'étendre en Tunisie, le Conseil de la Société s'empressait de fonder un Comité à Tunis. Il sollicitait en même temps du ministre de la guerre l'autorisation d'organiser des ambulances de ravitaillement, dans celles des villes d'embarquement et de débarquement des troupes ou il y avait des comités.

Le 1er février 1881, une lettre circulaire du Président de la Société française engageait les comités départementaux a créer des comités de dames, ou à réorganiser ceux qui avaient existe en 1870. C'est à Lille, comme nous l'avons déjà annoncé, qu'il a été le plus vite répondu à cet appel. Le 13 octobre dernier, une assemblée générale des dames ayant fait partie en 1870–71 du Comité de Lille, était convoquée pour se reconstituer et nommer son bureau.

Les cours sanitaires tendent à prendre un développement remarquable dans la capitale de la France.

L'année dernière nous avons parlé des conférences données par les soins de la « Société française de secours aux blessés militaires », puis de « l'Ecole des garde-malades et des ambulancières » dont l'enseignement se donne à la mairie du 6me arrondissement. Aujonrd'hui nous joindrons à, ces indications quelques notes sur les leçons que fait donner « l'Union des femmes de France », déjà mentionnée dans notre Bulletin. On nous a écrit à ce sujet, le 20 février dernier:

Il y aura, à partir des 2 et 4 mars, des cours pour ambulancières dans les 4me, 6me, 8me, 11me, 15me et 18me arrondissements.

Le Conseil de la Société française de secours aux blessés fait donner, cette année comme les précédentes, à Paris une série de conférences, dont voici les sujets:

Le rôle des dames dans les ambulances, par M. le docteur A. Riant, vice-président.

Les premiers soins à donner aux blessés, par M. le docteur Boinet, membre du Conseil.

Le Comité central néerlandais nous a communiqué la circulaire suivante:

La Haye, 2 mars 1882.

Nous avons l'honneur de vous communiquer qu'il a plu à Sa Majesté le Roi de nommer, par arrêté du 21 février (no 17), comme Président du Comité supérieur de la Société néerlandaise pour le secours des malades et, blessés en temps de guerre, le lieutenantgénéral pensionné C.-F. van Meurs, adjudant du roi en service extraordinaire, Vice-Président du Comité supérieur.

Pour faire suite à des renseignements contenus dans notre précédent Bulletin, nous sommes en mesure d'annoncer que la Société péruvienne de la Croix rouge s'est donné un nouvean président, en remplacement de Mgr. Roca démissionnaire. Elle a mis à sa tête M. le Dr Manuel Odriozola, doyen de la faculté de médecine de Lima, et elle lui a adjoint, comme vice-président, M. le Dr Joseph-Georges Loayza. Ces nominations out été portées officiellement à la connaissance de M. Henriod, commissaire extraordinaire du Comité international de la Croix rouge au Pérou.

M. le comte Maurice Prozor qui, lors de la dernière guerre d'Orient, a figuré dans les rangs des serviteurs de la Croix rouge russe, et auquel nous devons les substantiels articles que nous avons publiés sur les travaux de cette société pendant la campagne de Turquie, a adressé, au Président du Comité international la lettre suivante:

à M. Gustave Moynier, Président du Comité international de la Croix Rouge, à Genève.

Monsieur,

Si je n'ai pas profité jusqu'à présent de votre aimable encouragement à vous écrire en dehors même du motif spécial auquel j'ai dû jusqu'à présent l'honneur de correspondre avec vous, c'est que je me suis fait conscience de vous dérober quelques-uns de vos précieux instants, sans avoir à vous parler d'un sujet digne d'attirer votre attention.

La publication d'un rapport officiel sur l'état sanitaire de l'armée russe pendant la guerre de 1877/78 a été retardée, à cause des longs travaux que cette œuvre nécessite. En attendant, M. Köcher a publié une petite brochure, dont le but est de renseigner ses lecteurs sur le même sujet. Il parle successivement des deux armées russes, celle du Danube et celle du Caucase. Il démontre, par des chilffres effrayants, que les soins donnés aux soldats russes pendant la guerre furent loin d'être suffisants, parce que la diététique est encore peu avancée en Russie.