Nous référant à notre circulaire du 26 décembre 1888 (no 73), qui annonçait l'ouverture d'un concours relatif à l'emploi abusif du signe et du nom de la Croix-Rouge, nous avons le plaisir de pouvoir vous dire que ce concours, arrivé à son terme, a donné des résultats très satisfaisants. Vous pourrez en juger par la lecture du rapport du jury, que nous joignons à ces lignes et qui vous fournira à cet égard toutes les indications désirables.

C'est par circulaire en date du 26 décembre 1888 que le Comité international a ouvert le concours au sujet duquel je viens aujour d'hui donner le verdict du jury; c'est le 30 septembre 1889 qu'est arrivé à son terme le délai fixé pour la présentation des mémoires. Sept manuscrits étaient parvenus à Genève à la date indiquée; ils ont donc été admis au concours et leur circulation entre les membres du jury d'examen a immédiatement commencé, par les soins de M. le président du Comité international. Ces mémoires ont successivement séjourné à Rome, à Budapest, à Berlin et à Paris; ce cycle achevé, ils rentraient à Genève le 21 juin 1890, et c'est le 2 juillet seulement que, les appréciations de tous les jurés m'étant parvenues, la majorité a pu se former et le préavis définitif être donné.

Depuis la publication de notre 82eBulletin, d'importantes contributions sont venues, ainsi que nous le pressentions, grossir le Fonds Augusta, qui atteint déjà le chiffre de 40,000 fr.

Le don le plus considérable nous a été offert par le Comité central de Berlin, au nom de toutes les Sociétés allemandes de la Croix-Rouge. Il s'est élevé à la somme ronde de fr. 25,000. Nous avons reçu d'autre part fr. 2,000 de la Société autrichienne, fr. 1,074 (500 florins) de la Société hongroise et fr. 1,000 de la Sociétê grecque.

Nous avons souvent pensé que l'adoption d'une devise commune à toutes les sociétés de la Croix-Rouge serait une heureuse innovation, mais jamais cela n'a été proposé, ni par nous, ni par d'autres, croyons-nous. Si nous émettons cette idée aujourd'hui, c'est que nous avons reçu récemment deux rapports de comités, portant pour épigraphe la devise latine que nous mettons nous-mêmes en tête de nos écrits. Nous avons remarqué avec satisfaction cet emprunt tout spontané, et nous nous permettons d'émettre le vœu que l'exemple dont nous parlons, donné simultanément, à Palerme et à Rouen, soit suivi partout. Il n'y amait que de l'avantage à ce que le signe de la Croix-Rouge fût habitueilement accompagné d'une courte phrase, qui l'expliquât et en rendît la signification intelligible à première vue. D'ailleurs, des associés aiment en général à se rallier autour d'une formule rappelant l'idée mère qui les a rapprochés ou les sentiments qui les animent, c'est-à-dire des choses qu'ils ne doivent et ne veulent jamais perdre de vue. Cela semble tout particulièrement naturel pour les nombreux organes de la Croix-Rouge, qui se trouvent dispersés dans le monde entier, sans être reliés entre eux par des attaches administratives. Dans leur isolement, ils doivent souhaiter d'avoir des moyens de manifester leur parenté spirituelle, tout en sauvegardant leur indépendance, et l'inscription d'une légende identique sur le sceau de toutes les Croix-Rouges nationales répondrait à ce desideratum.

M. le général et ambassadeur comte de Zeppelin ayant quitté Berlin, la Direction de la Société sanitaire wurtembergeoise, dont il était le représentant au sein du Comité central allemand, a désigné pour le remplacer, en qualité de représentant définitif, l'envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du roi de Wurtemberg, M. le conseiller d'Etat von Moser. Celui-ci est immédiatement entré en fonctions dans le Comité central, en même temps que M. le général d'infanterie von Grolmann, gouverneur de la maison des invalides, que le Comité s'était récemment adjoint.

Une nouvelle et importante publication est venue attirer l'attention des personnes qui s'occupent de l'œuvre de la Croix-Rouge. Elle est due à la plume d'un homme dont l'expérience et les travaux sont dès longtemps consacrés au service de l'assistance aux blessés. M. de Criegern avait déjà publié en 1883, sur l'organisation des secours volontaires allemands, un ouvrage intitulé: La Croix-Rouge en Allemagne, qui remporta le prix dans le concours ouvert alors par S. M. l'impératrice Augusta pour le meilleur manuel de l'assistance volontaire. Mais l'œuvre de la Croix-Rouge n'est pas restée stationnaire; on sait quel développement elle a pris en Allemagne depuis quelques années; de nouveaux principes édictés par les autorités compétentes ont favorisé son essor, en sorte que l'ouvrage de M. de Criegern ne s'est plus trouvé en rapport avec les circonstances nouvelles.

Le Comité de la Société patriotique autrichienne a, conformément à ses statuts, consacré son activité, en première ligne, à l'assistance des invalides ou blessés des guerres anciennes, incapables de pourvoir à leur subsistance, ainsi qu'à l'assistance des veuves et des orphelins de soldats morts devant l'ennemi.

Le Comité directeur de l'Association congolaise et africaine de la Croix-Rouge a tenu le 25 mai dernier, à Bruxelles, une séance dont rend compte son deuxième bulletin.

Le maréchal de Mac-Mahon, président de la Croix-Rouge française, a rendu compte de ses opérations pendant l'année 1889, dans un rapport dont nous donnerons ici un aperçu et quelques extraits.

Il résulte du compte rendu pour 1889, que la Croix-Rouge grecque a eu à déplorer la mort de son président honoraire, Mon seigneur le métropolitain d'Athènes Procopius, qui, pendant de longues années, a été à la tête de l'église orthodoxe du royaume de Grèce. Elle a perdu aussi M. Jean-D. Vouros, membre du Comité central. M. Vouros, patriote et philanthrope, a été l'un des fondateurs de la Croix-Rouge grecque en 1877.

La Société italienne est une de celles qui se développent le plus rapidement et le plus méthodiquement. Il en résulte que ses rapports annuels se ressemblent, mais que chacun d'eux accuse un progrès marqué sur le précédent. Tel est le cas, en particulier, de celui que nous analysons aujourd'hui. Il concerne l'exercice de 1889 et a été lu par le président, Comte Della Somaglia, dans l'assemblée générale du 28 avril dernier.

Le Sous-Comité régional de Palerme est l'une des plus récentes ramifications de la Croix-Rouge italienne. Il existait à peine depuis quelques mois lorsqu'il a publié son premier rapport, lequel porte la date du 28 février 1890 et fait bien augurer de l'avenir. Nous lui empruntons les indications suivantes:

Le Comité de Palerme a sous sa direction tous les Comités siciliens, l'île entière formant la XIIe circonscription à la tête de laquelle il a étê placé. Il en a déjà institué cinq dans la province de Catane, où plusieurs autres sont encore en voie de formation. A Messine et à Trapani l'œuvre est aussi près d'éclore. Le Comité de Palerme a affecté, dans son budget de 1890, une somme de 500 L. pour une tournée de propagande dans les principales villes de la Sicile.

Dans son rapport sur les travaux de la Société italienne pendant l'année 1889, le Président de cette association, M. le comte Della Somaglia, a consacré à la mémoire d'un homme qui a joué un rôle important dans l'histoire de la Croix-Rouge en Italie quelques lignes que nous nous faisons un devoir de reproduire:

« Le 13 mars dernier est mort à Milan le baron Antoine Tarchini-Bonfanti, Dr-Méd., président de notre Sous-Comité dans cette ville.

Le Comité des Dames de la Croix-Rouge à la Haye a compris que, pour former des infirmières, il faut un apprentissage et une pratique quotidienne. Au cours annuel fait par un médecin de l'armée sur les premiers soins à donner aux blessés, ces dames ont donc joint des exercices de pansement et de bandage, exécutés trois fois par semaine, sous la direction d'un chirurgien et d'une sœur infirmière. Ces cours sont suivis par quelques membres du Comité, ainsi que par des femmes qui désirent en faire leur métier et s'associer à l'œuvre. Ces dernières ont à faire un stage d'environ six mois à l'hôpital de la ville, après quoi elles sont examinées et diplomées, et, dans la suite, très recherchées comme garde-malades. Depuis un an, le Comité a loué une modeste maison, où les sœurs diplomées et les sœurs apprenties sont logées et nourries aux frais du Comité. Une salle du rez-de-chaussée et une chambre de bains attenante sont affectées an traitement antiseptique de pauvres blessés ou infirmes.

Le rapport que le Comité exécutif a l'honneur de présenter aujourd'hui sur l'activité de la Société de la Croix-Rouge et sur sa situation financière, comprend le temps qui s'est écoulé depuis la précédente assemblée générale du 26 octobre 1888, époque à laquelle, non seulement la Suède, mais encore le monde civilisé a célébré la vingt-cinquième année d'existence de cette institution humanitaire.

La Société centrale suisse de la Croix-Rouge poursuit toujours vigoureusement sa marche en avant, et prospère de manière à faire naître beaucoup d'espérances. La Direction centrale, composée d'hommes pratiques appartenant à des professions variées et à diverses parties du pays, n'a pas borné ses efforts à posséder et à recruter en Suisse le plus grand nombre possible de membres, et à réunir les ressources financières les plus considérables possible; elle s'est efforcée aussi, de toute son énergie, de rendre populaire la noble cause de la Croix-Rouge et de l'acclimater dans les divers cantons, sous la forme d'organisations permanentes bien constituées.