Il y a cinquante ans, soit en 1910, sont décédées successivement trois des personnalités qui ont eu l'influence la plus forte sur le mouvement humanitaire de leur temps : Florence Nightingale, le 13 août, Gustave Moynier, le 21 août, Henry Dunant, le 30 octobre.

Toutes trois, par l'exemple, par la parole ou par l'écrit, ont remué les consciences dans ce XIXe siecle, si prêt à vibrer aux grands appels de l'humanité.

« Le bon sens, a dit Montesquieu, consiste parfois à reconnaître la nuance des choses. » On pourrait ajouter qu'il consiste aussi, en certaines occasions plus rares, à suivre les traces des visionnaires. Telle a été la démarche des fondateurs de la Croix-Rouge. Ils ont compris, à la lecture d'Un Souvenir de Solférino, que Dunant avait eu l'intuition du possible. Ils se sont alors promis de soulager le sort des blessés de guerre. Et ce n'est point le moindre miracle de Dunant que d'avoir rendu si sensible l'abandon dans lequel on avait coutume de les laisser, que quatre Messieurs de Genève en ont fait leur affaire personnelle alors que rien ne les exposait à éprouver dans leur chair les maux de la guerre. Ces promoteurs de la Croix-Rouge ont compris — c'est leur grand mérite — que pour venir en aide aux blessés il fallait nécessairement intervenir sur un double plan.

A la fin de l'année 1959, eut lieu, à Sofia, le quatrième Congrès de la Croix-Rouge bulgare. De nombreux délégués et invités y assistaient, venus de toutes les parties du pays; parmi eux, on notait la présence de représentants du Gouvernement, d'académiciens, de professeurs d'université et militants sociaux, de médecins et travailleurs sanitaires. Assistaient également au congrès, des paysans des fermes coopératives, des ouvriers des entreprises, des instituteurs, d'autres encore.

Lorsqu'une station de radio du littoral suédois ou d'un autre point de la côte nordique capte un message émanant d'un bateau ou d'un avion en détresse quelque part dans la mer Baltique, la mer du Nord ou d'autres mers, son personnel est actuellement en mesure d'alerter le service suédois de sauvetage maritime; mais il peut également faire entrer en action les services de tous les pays voisins de ces mers, en communiquant avec leurs postes de secours respectifs. En faisant appel à des avions de reconnaissance, des vedettes de sauvetage (cruisers), des unités navales diverses, des bateauxpilotes ou des navires de commerce qui se trouvent en mer, il devient alors possible d'organiser un plan de sauvetage. Dans certains cas, les stations de radio côti'éres, à l'étranger, alertent les services de sauvetage d'autres pays, ce qui permet la mise sur pied rapide d'une expédition de secours de grande envergure, formée d'éléments de divers pays.

Aux cérémonies qui eurent lieu à Carlsruhe, le 22 juin 1960, à l'occasion de la célébration du centenaire de la constitution de la Société des dames badoises, et de la fondation de la maison mère Luisenhaus, le Comité international de la Croix-Rouge se fit représenter far M. Martin Bodmer. Dans le discours qu'il prononça, et dont nous publions ci-après les passages essentiels, celui-ci rappela les années lointaines pendant lesquelles les premiers liens étroits se nouèrent entre l'institution genevoise et cette association féminine qui devait devenir bientôt une œuvre admirablement organisée et capable d'assumer les tâches d'assistance en faveur des blessés et malades et de traduire en actes — sur les champs de bataille et à l'arrière des fronts — les dispositions de la première Convention de Genève du 22 août 1864.

Ce fut un avantage certain pour le mouvement de la Croix-Rouge que de pouvoir compter, dès l'origine, sur l'appui de personnalités de premier plan qui, toutes, dans la situation qu'elles occupaient, se sont faites les servantes efficaces d'une grande cause. S'il en est une qu'il convient de citer parmi elles, c'est bien l'impératrice et reine d'Allemagne, Augusta.