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Le problème de la clôture politique selon Daniel Jacques*

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Daniel Tanguay
Affiliation:
Université d'Ottawa

Extract

L'attachement aux coutumes locales tient à tous les sentiments désintéressés, nobles et pieux. Quelle politique deplorable que celle qui en fait de la rébellion! Qu'arrive-t-il? Que dans tous les États où l'on détruit ainsi toute vie partielle, un petit État se forme au centre: dans la capitale s'agglomèrent tous les intérêts: là vont s'agiter toutes les ambitions: le reste est immobile. Les individus, perdus dans un isolement contre nature, étrangers au lieu de leur naissance, sans contact avec le passé, ne vivant que dans un présent rapide, et jetés comme des atomes sur une plaine immense et nivelée, se détachent d'une patrie qu'ils n'aperçoivent nulle part, et dont l'ensemble leur devient indifférent, parce que leur affection ne peut se reposer sur aucune de ses parties.

Type
Critical Notices/Études critiques
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 2001

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References

Notes

1 Le titre complet du premier est Les humanités passagères. Considérations philosophiques sur la culture politique québécoise (Montréal, Boréal, 1991; dorénavant HP).Google ScholarLe second ouvrage de Jacques est une version remaniee de sa these de doctorat soutenue a l'Université de Montréal en 1993 (La problematique de I'uniformité dans la Démocratic en Ameriqué d' Alexis de Tocqueville, 256 p.) parue sous le titre Tocqueville et la modernité. La question de I'individualité dans la Démocratic en Amérique (Montreal, Boreal, 1995; dorénavant TM).Google Scholar

2 La pensée philosophique d'expression française au Canada. Le rayonnement au Québec, sous la direction de Josiane Boulad-Ayoub et de Raymond Klibansky, Sainte-Foy, PUL, 1998.Google Scholar

3 Jacques défend l'idée que le nationalisme est souvent à tort assimilé à la forme révolutionnaire qu'il a prise dans l'Allemagne des années vingt et trente. Parce que ce nationalisme était habité par l'idée d'une régéneration totale de 1'homme par la nation, Jacques le qualifie de nationalisme révolutionnaire. Or, selon Jacques, «tout discours politique qui tend à réduire le nationalisme, pris en général, à cette forme atypique que représente le nationalisme révolutionnaire allemand ou bien péche par ignorance ou bien, tout simplement, cherche à dissimuler la réalité pour atteindre ses fins» (p. 169; voir aussi p. 154–155).

4 Manent, Pierre, «La démocratic sans la nation?», Commentaire, vol. 19, no 75 (1996), p. 569575.CrossRefGoogle Scholar

5 Ibid., p. 571; voir aussi p. 574.

6 Ibid., p. 575.

7 Dans une intention critique, Habermas a parfaitement reconnu cette utilité historique de la nation: «I1 faut que l'État-nation se débarrasse du potentiel ambivalent qui, jadis, a été pour lui une force motrice. Aujourd'hui, alors même que l'État-nation découvre les limites de sa capacité d'agir, son exemple est eammoins instructif. Jadis, l'État-nation a créé un contexte de communication politique qui permettait de neutraliser les mouvements d'abstraction de la modernisation sociale et, au moyen de la conscience nationale, de réinsurér une population arrachée a ses cadres de vie traditionnels dans les contextes d'un monde vécu ymélargi et rationalisé. II pouvait d'autant plus aisément remplir cette fonction d'integration que le statut juridique du citoyen avait comme complemént l'appartenance culturelle « la nation» (L'intégration républicaine. Essais de th'orie politique, Paris, Fayard, 1998, p. 107108)Google Scholar. Jacques se sépare de Habermas en reconnaissant pour la situation politique présente l'utilité de la nation comme cadre de délibération politique et comme fonction d'intégration des individus. II met en garde contre les dangers liés au cosmopolitisme défendu par Habermas (p. 240-243; voir aussi p. 236).

8 La synthése pratique vise un art politique qui soit attentif à la diversite des fins humaines et qui guide une politique pour le temps présent. Quand nous disons que Jacques semble abandonner le sol normatif, il s'agit plutôt d'une question d'accent que d'une position théorique de fond. En fait, Jacques hiérarchise les fins, même s'il affirme que la synthése pratique ne cherche pas à le faire. Comme Tocqueville, il admet que l'égalité et la démocratic constituent l'horizon indépassable de notre temps. À choisir entre l'Universel et l'égalité ou la Difféence exclusive, il choisirait comme Tocqueville l'Universel. La synthése pratique opère done une hiérarchisation des fins. La différence entre la synthèse théorique et la synthèse pratique est que cette dernière est plus attentive à la diversité réelle des fins humaines et qu'elle ne tente pas à tout prix de soumettre l'homme à des principes vrais en théorie, mais potentiellement dommageables en pratique.

9 Voir sur la même question: Jacques, Daniel, «Tocqueville et le problème de la clôture politique», La Revue Tocqueville / The Tocqueville Review, vol. 19, no 2 (1998), p. 217218.Google Scholar