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La philosophie comme critique du pouvoir*

Published online by Cambridge University Press:  05 May 2010

Venant Cauchy
Affiliation:
Université de Montréal

Extract

Les Anciens Tenaient pour évident que la philosophie dans ses aspects les plus formels ne pouvait surgir que dans une société dont les composantes étaient suffisamment efficaces et spécialisées pour soustraire ses citoyens à l'obligation d'employer tout leur temps à s'assurer les nécessités de la vie. La philosophie ne serait-elle dans cette optique qu'une activité secondaire à laquelle l'homme s'adonne quand il a trouvé des solutions aux problèmes plus vitaux ou plus pressants qui l'assaillent? Une sorte de jeu de la pensée ou du langage, agréable certes pour des esprits d'une certaine tournure, mais occupé tout au plus à épiloguer sur ce que les hommes ont déjà accompli par d'autres moyens? La philosophie apparaîtrait donc, et c'est ainsi qu'elle est souvent perçue dans la société et même dans l'université, comme la manifestation d'une virtuosité de la raison à laquelle on tient comme aux bonnes manières prescrites par l'étiquette mais qu'on subordonne aux exigences plus fondamentales de l'existence: primo vivere, deinde philosophari.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1981

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References

1 Francis Bacon écrivait dans ses Aphorisms concerning the Interpretation of Nature and the Kingdom of Man, iii: « Human knowledge and human power meet in one; for where the cause is not known the effect cannot be produced (…)» et dans le plan de la Magna Instauratio: « For the end which this science of mine proposes is the invention not of arguments but of arts (…) And as the intention is different, so accordingly is the effect: the effect of the one being to overcome an opponent in argument, and of the other to command nature in action. » Voir ce que nous disons de l'utilisation de cet aphorisme par Bonneau, L.P. et Corry, J.A. (« Poursuivre l'Optimum » dans The Humanities Association Review, Vol. 27, n.4, 1976, p. 343Google Scholar. Voiraussil'expression nietzschéenne de l'aphorisme dans la Volonté de pouvoir, éd. Kaufmann, de W., n.480 (p. 266267). New York, Vintage Books, 1968.Google Scholar

2 Aristote, Eth. Nic., I, 1094b 7–8.

3 Aristote, Eth. Nic., X, 6, 1176b 6-7: ούδενòς γάρ ένδεής ή εύδαιμονíα άύτ άρκης.

4 Aristote, Eth. Nic., I, 1094a 22-24.

5 Aristote, Eth. Nic., I, 5, 1095b 15SS.

6 Le troisième type de vie, auquel se subordonne le second, est la vie contemplative (τριτος δσέστìν ό θεωρητικóς), car seule elle est recherchée pour elle-même.

7 Aristote, Politique III, c.6.

8 Anton, J. P., «The Secret of Plato's Symposium», in Diotima 2, 1974, p. 4041.Google Scholar

9 République, VI, 494 cd (Traduction de Robert Baccou, Classiques Gamier).