Nous avons l'honneur de vous communiquer une note rédigée par notre Président, M. Gustave Moynier, et-relative à la création d'une Institution judiciaire Internationale propre à prévenir et à réprimer les infractions à la Convention de Genève. Après avoir entendu la lecture de ce travail dans notre séance du 3 courant, nous croyons utile d'attirer, sur les idées qu'il renferme, l'attention des personnes compétentes et tout spécialement des membres des Comités centraux, dont il nous serait très-agréable de connaître l'opinion à ce sujet.

Dès avant la dernière guerre, des voix autorisées avaient réclamé, comme le complément nécessaire de la Convention de Genève, une sanction pénale contre ceux qui la violeraient. Mais, quelque rationnelle que fût cette exigence, il n'a pu, jusqu'à maintenant lui être donné satisfaction

M'occupant naguère de ce sujet, j'avais fait remarquer que le déficit signalé, quoique réel, ne présenterait peut-être pas beaucoup d'inconvénients, lorsque viendrait le moment d'appliquer les règles établies. L'opinion publique m'apparaissait alors comme devant être au besoin assez puissante pour imposer le respect de la loi; je nourrissais d'ailleurs l'espoir, que chacun des gouvernements signataires de la Convention s'empresserait d'édicter, pour son pays, des peines sévères contre ceux qui l'enfreindraient.

7e année. No 7. Janvier 1872. — Avis. — Don du comte de Caserle. — Œuvre de la Croix rouge en Belgique. — Enquête sur le fonctionnement de l'œuvre pendan t la paix et pendant la guerre. — Rapport de M. le Dr Chenu, sur les ambulances françaises. — Index bibliographique. — Miscellanées. — Cartouches des blessés.

No 8. Février 1872. — Enquête sur le fonctionnement de l'œuvre pendant la paix et pendant la guerre (suite). — Correspondance. — Index bibliographique.

Vorschalg und Plan zu einer Bildungs-Anstalt für Krankenpflegerinnen, par le Dr H. Niese, Generalarlz a. D. — Comité d'Altona, 1872.

Catalogue avec planches des ustensiles, meubles, appareils pour hôpitaux et ambulances militaires, de la fabrique de Ed. Lipowsky, à Heidelberg.

Altonaer-Mercur, journal du Schleswig-Holstein, no 74, du 27 mars 1872, contenant la séance de l'assemblée générale du Comité de la Croix rouge d'Altona, par le Dr H. Niese, Generalarzt a. D.

Nachrichten des Central Comites des Badischen Frauen-Vereins (suite), no 80 à 82.

Le Comité central allemand vient d'éprouver une perte des plus douloureuses. S. Ex. M. Rodolphe de Sydow, son digne Président lui a été enlevé le 14 mars, après une courte maladie. Cette mort inattendue et presque subite sera ressentie profondément, non seulement en Allemagne, mais par tous les nombreux comités étrangers avec lesquels M. de Sydow avait établi ou entretenu depuis quelques années des relations assidues de correspondances et d'affaires, en qualité de l'un des représentants les plus éminents de l'œuvre de la Croix rouge.

C'est avec un très-vif sentiment de tristesse que le Comité international a appris la mort si subite de votre vénérable Président, M. R. de Sydow.

Le Comité international a toujours apprécié hautement les services immenses que M. de Sydow a rendus avec un dévouement à toute épreuve à notre œuvre de la Croix rouge, à laquelle il s'était entièrement consacré depuis plusieurs années; aussi, sa mort laisse-t-elle dans les rangs de notre association un vide qui sera difficile à combler.

Je viens d'apprendre la mort de M. de Sydow, je ne veux pas tarder un seul jour à vous exprimer les sentiments de vive et profonde douleur, que cette perte cruelle me fait éprouver.

Le Président de la Société française de secours aux blessés militaires M. le Cte de Flavigny, se fera l'interprète des regrets de tous les membres de l'œuvre. Mais je sens que j'ai le devoir de rendre hommage personnellement au noble caractère de M. de Sydow, à ses longs services rendus à la cause de l'humanité.

La mort de M. de Sydow a été vivement sentie par notre Conseil tout entier; c'est un deuil pour toutes les sociétés de secours et en particulier pour la nôtre, qui n'ignorait pas qu'au milieu des plus rudes aspérités de la guerre, le sentiment chrétien et humanitaire de M. de Sydow n'avait jamais fléchi.

Notre Vice-Président, le Cte Sérurier qui avait eu la bonne fortune de connaître personnellement cet homme d'Etat éminent, s'est empressé dès hier de vous exprimer combien il était affligé de cette grande perte; je viens à mon tour, aujourd'hui, vous témoigner avec quelle sympathie je m'unis à votre douleur.

M. le Dr Niese a publié une seconde édition de la brochure annoncée déjà dans le précédent Bulletin (p. 106), sur la nécessité de créer un établissement pour la formation de garde-malades. L'auteur ajoute peu de chose à ce qu'il avait déjà dit sur ce sujet; il insiste seulement sur la convenance qu'il y aurait pour toutes les communes de campagne à posséder pour les maladies éventuelles un hôpital-baraque, dont la construction n'est nullement dispendieuse, et qui, divisé en plusieurs compartiments, sous la direction d'une garde, aurait l'avantage d'isoler les malades en cas de besoin, empêcherait la maladie de se communiquer aux autres membres de la famille, et préserverait les malades eux-mêmes des suites fâcheuses qu'entraîne toujours le manque d'aération et la privation d'un air pur.

Le Comité central de l'Association des dames badoises avait commencé pendant la guerre la publication d'un petit journal de Nouvelles (Nachrichten des Centralkomites, etc.), qui paraissait ordinairement deux fois par semaine et qui, plus spécialement destiné à l'œuvre des femmes, donnait aussi quelquefois des détails sur l'œuvre des Comités de la Croix rouge. Cette publication a pris fin avec le 13 janvier. Les motifs qui l'ont fait interrompre (car il est possible qu'elle se relève plus tard), sont de deux ordres: financiers et littéraires. Financiers: le Comité n'a pas cru pouvoir, maintenant que la paix a succédé à la guerre, continuer une dépense que les circonstances ne justifiaient plus. Littéraires: les matériaux proprement dits, les nouvelles manquaient, et il n'y avait pas de rédacteur possible qui pût accepter la tâche et la responsabilité d'une rédaction dans des conditions semblables.

Le Département de la guerre a publié en août dernier, comme circulaire no 3, et au nom de la direction médicale, le volumineux Rapport sur les cas de chirurgie observés de 1865 à 1871. C'est un fort volume in-40 de 296 pages, d'une nature presque exclusivement technique, destiné par les détails dans lesquels il entre, à servir de base à des conclusions ultérieures sur la préférence à donner à certains procédés ou à l'emploi de certains traitements.

Nous continuons de résumer les rapports et comptes rendus qui nous parviennent sur l'œuvre de la Croix rouge et sur l'organisation des différents services d'ambulances pendant la guerre. Si les détails, souvent les mêmes, ne présentent pas toujours un bien grand intérêt, ils concourent par leur groupement à faire mieux comprendre l'importance de l'œuvre dans son ensemble, en même temps qu'ils mettent en saillie quelques lacunes ou quelques défectuosités auxquelles il conviendra de porter remède.

Côle-d'Or.—Aux détails contenus dans le dernier Bulletin, p. 80 et 81, tels que nous les avons donnés d'après le rapport du comité, le travail de M. Vernes n'ajoute que peu de chose, il entre seulement dans plus de détails sur l'ambulance mobile de M. le Dr Dugast, et nous saisissons avec plaisir cette occasion de recommander comme extrêmement attachante la lecture du volume qui raconte les aventures de l'ambnlance de la Côte-d'Or. C'est M. le Dr Dugast lui-même qui a écrit les Souvenirs intimes de l'ambulance mobile de la Côte d'Or (255 p. in-120, 2 fr., se vend au profit des orphelins de la guerre). Le vénérable sexagénaire a 1'expérience de la vie pratique, mais il a conservé la fougue, le feu, la sève montante de la jeunesse; ses jugement sont pleins de hardiesse, ses observations pleines de finesse; il donne des coups de boutoir á droite et à gauche, ne ménageant ni amis ni ennemis, frappant sur les Prussiens, qui sont l'ennemi, et frappant également sur les alliés d'un jour, les garibaldiens; attaquant l'intendance, attaquant les mobiles, parlant souvent de la revanche immanquable, et ne respectanl que trois choses: la religion, telle qu'il la comprend: la monarchie, telle qu'il la rêve; et la charité, telle qu'il l'exerce.

Le Comité auxiliaire de Strasbourg, l'un des comités sectionnaires les plus importants de l'œuvre de secours aux blessés, n'a publié son rapport général que l'un des derniers. Comme l'a dit M. Alfred Walther, l'auteur de ce travail: «La marche rapide des événements, l'investissement, le bombardement de Strasbourg et les devoirs qui en résultèrent pour nous, — l'occupation de notre ville par les troupes allemandes, et l'évacuation successive de nos ambulances, — le passage continuel des blessés, malades et prisonniers, — enfin le départ de beaucoup de nos collaborateurs au plus fort de nos occupations,—nous imposèrent l'obligation de pourvoir à des services nombreux et de donner tout notre temps à l'action. Nous avons été empêchés, à notre grand regret, de publier des rapports périodiques.»

La Société de secours de Padoue a publié, au commencement de l'année dernière, son rapport, que nous venons seulement de recevoir, et qui par suite de ce retard a perdu quelque chose de son actualité. Il embrasse d'ailleurs l'espace de trois années, et va du 1er janvier 1868 au 31 décembre 1870. Pendant ce temps, le Comité de Padoue a recueilli la somme de 20,918 fr. 38 cent, et beaucoup de dons en nature, dont la plus grande partie lui ont été envoyés à l'occasion de la dernière guerre.

M. le Dr P. Schmit, président de la Société des sciences médicales, et membre du Comité central de secours aux militaires blessés, a fait sur les Services rendus par le corps médical Luxembourgeois, un rapport (43 p. 80) auquel nous empruntons quelques détails.

D'abord simple médecin volontaire auprès de l'armée allemande, M. Schmit fut attaché le 10 août à l'hopital militaire de Saarlouis comme Hülfsarzt, médecin suppléant, et il y resta pendant cinq semaines, occupé surtout de soigner les dyssentériques. Après la capitulation de Metz, il fut désigné avec deux autres médecins pour soigner les prisonniers malades. Mais pendant le lugubre passage de ces 100,000 hommes, on en comptait au moins 12,000 qui étaient complètement incapables de marcher. C'est dans ces conditions qu'il a commencé son œuvre, ayant eu par conséquent beaucoup plus à faire à des malades qu'à des blessés.

Vu son éloignement du théâtre de la guerre, le royaume de Portugal n'a pu intervenir que d'une manière indirecte, par des dons et des souscriptions, dans l'œuvre philanthropique de secours aux malades et aux blessés; mais il l'a fait de manière à ne laisser aucun doute sur ses intentions, ni sur les sympathies dont il était animé.

Nous avons sous les yeux deux rapports, qui ont été publiés l'un par le Comité local de Porto, l'autre par le Comité central portugais de Lisbonne.

Le Comité de Porto (Relatorio da Commissao Philantropica portueuse), composé de neuf membres, a publié également son rapport au 30 septembre 1871, signé du secrétaire, M. Joâo Mendes Osorio, et du trésorier, M. Pedro Maria da Fonseca. Les dons en argent, pour cette seule province, se sont élevés a la somme de 3,180 reis (17,650 fr.). Les dons en nature se composent de 3372 bouteilles de Porto, plus de la lingerie, vêtements, chemises, bandes, etc. — La liste detaillée des dons n'occupe pas moins de vingt-deux pages.

Le Comité de secours aux victimes de la guerre, organisé à Saint-Pétersbourg par l'Association française de bienfaisance, a publié le second compte rendu de ses opérations Pendant l'année dernière. Ce rapport (de 40 pages in-80) embrasse l'espace de quatre mois, du 1er mars au 30 juin. C'est plutôt un appel de fonds qu'un compte rendu proprement dit, car à la distance où ils se trouvaient du théâtre de la guerre, les philanthropes de Saint-Pétersbourg ne pouvaient pas intervenir autrement en faveur des blessés et des malades.

Service sanitaire des hôpitaux russes pendant la guerre de Crimée, dans les années 1854 à 1856. — Appendice à la description de la défense de Sébastopol, par le Dr Hubbenet, professeur à l'Université de Kiew. — Saint-Pétersbourg, 1870.—190 pages in-40.

Ce volume n'appartient à l'œuvre de la Convention de Genève ni par la date des expériences qu'il rappelle, ni même par son contenu. Mais, indépendamment de l'intérêt qu'il présente comme lecture, il touche à des sujets de médecine et de chirurgie d'un ordre général dont se préoccupent avec raison, depuis quelques années, tous ceux qui ont à cœur le soulagement des blessés et des malades, et sous ce rapport nous ne pouvions passer complètement sous silence un document qui vient s'ajouter à tant d'autres et qui concourra, sans doute, à hâter la solution des questions controversées sur l'encombrement des hôpitaux, sur certaines opérations chirurgicales, sur l'organisation des lazarets de campagne, etc.