Dr Julius Port. — Zur Reform des Kriegsverbandwesens. — In-80, 34 p. Major Victor von Strantz. — Das Rote Kreuz bei Beginn des 20. Jahrhunderts. — Berlin, 1900, in-80, 46 p.

Les choses étaient restées en l'état pendant plus de dix années encore, sans qu'aucun indice précurseur d'une prochaine revision donnât le moindre espoir à ses partisans, lorsqu'un message inattendu du Conseil fédéral suisse au Comité international vint, en 1896, modifier brusquement la situation.

Le groupe des douze premières signatures de la Convention de Genève s'accrut promptement, par l'adjonction de celles de presque toutes les puissances européennes qui, stimulées pour la plupart par le Comité international, se sentirent portées à se ranger sous la nouvelle loi. Cependant, lorsqu'éclata la guerre de 1866 entre la Prusse, l'Italie et l'Autriche, plusieurs hésitaient encore à se prononcer en sa faveur. Les belligérants notamment n'étaient pas d'accord sur ce point, mais les expériences de cette campagne, la décision prise par la Prusse et par l'Italie de mettre tous leurs adversaires indistinctement au bénéfice de la Convention, et les démarches multipliées du Comité de Genève, déterminèrent les plus récalcitrants eux-mêmes à suivre l'impulsion générale.

Avant que le Projet d'articles additionnels de 1868 ait été réduit à néant par la Conférence de La Haye, qui lui substitua une convention maritime spéciale, il eût été prématuré, pour le Comité international, de faire de la propagande en sa faveur, puisqu'il n'avait pas acquis force de loi, et pourtant il aurait rendu de grands services dans les guerres navales dont seul il s'occupait, si en pareille occurrence, les belligérants avaient consenti à s'y conformer pendant la durée de leurs hostilités. Il eût suffi, pour atteindre ce but, qu'un arrangement particulier et provisoire intervînt entre eux, mais il était peu probable qu'ils y songeassent si personne ne les y incitait.

Une fois là Convention libellée et sa promulgation opérée jusqu'aux confins du monde civilisé, ou peut s'en faut, ne semblaitil pas que le rôle du Comité internatioual dans ce domaine touchât à son terme? Pour que la réforme poursuivie fût complètement réalisée, il ne restait plus, en effet, qu'à pourvoir à ce que les maximes professées par tous fussent mises en pratique. Or, nulle institution privée ne peut s'en charger, car ce soin implique l'exercice de l'un des droits régaliens que tous les gouvernements sont jaloux de conserver dans leur intégrité. Eux seuls, d'après la science juridique, sont compétents pour veiller à ce que ni les individus ni les peuples ne méconnaissent les obligations créées par le droit des gens, ou tout au moins pour punir ceux qui commettraient de tels méfaits, et seuls ils disposent de tribunaux, de gendarmes et d'armées comme d'instruments de contrainte nécessaires, qui ne vont pas sans la souveraineté. Le Comité international, ne possédant pas la moindre parcelle de pouvoir, était donc absolument incompétent pour assurer à un degré quelconque la fidèle observation de règles qu'il avait largement contribué à faire admettre. Là était la limite de son intervention, et il n'a point tenté de la dépasser.

Le texte de la Convention est assez clair pour que son interprétation soulève peu de controverses, et ce n'est que par exception que le Comité international a été appelé à se prononcer sur des points de droit relatifs à sa teneur. Dans ces cas-là il n'y avait pas lieu, pour lui, de se récuser car on ne lui a jamais demandé de les trancher avec autorité, comme eût pu le faire le législateur, mais simplement de donner un avis. A qui d'ailleurs aurait-on pu s'adresser avec plus de raison, pour élucider la pensée des rédacteurs de la Convention, qu'aux hommes qui la leur avaient suggéree et les avaient aidés à la formuler ?

Les questions de fait, qui ont été fréquemment adressées au Comité international, n'ont point comporté de sa part des réponses aussi explicites. Elles se sont toujours rapportées à des violations vraies ou prétendues de la Convention, et le Comité ne pouvait vérifier l'exactitude des faits allégués. Les belligérants qui le saisissaient de plaintes de cette nature, et s'attendaient peut-être à ce qu'il fonctionnât comme un tribunal arbitral ou un jury d'honneur, ne se rendaient évidemment pas compte de l'impossibilité dans laquelle il se trouvait de leur donner satisfaction. Il leur eût été aisé pourtant de comprendre que l'enquête contradictoire et nécessairement tardive à laquelle il se fût livré pour contrôler leurs dires, aurait été sabordonnée au bon vouloir des autorités militaires, se serait heurtée à des difficultés de toute nature et n'aurait eu, en définitive, aucune valeur probante.

Comme on le pense bien, le Comité international n'a pas poursuivi pendant trente-sept ans la réalisation de son idéal, quant à la Convention de Genève, sans plaider cette cause dans la presse. Il n'aurait eu garde de se priver d'un pareil auxiliaire, et ses nombreuses publications témoignent qu'il y a eu largement recours.

L'impression dominante qui nous paraît devoir se dégager de la longue énumération de faits consignée dans ce mémoire, est celle d'une part exceptionnellement importante laissée à l'activité privée, dans l'accomplissement d'un progrès social qu'on aurait pu croire du ressort presque exclusif des gouvernements.

Le Comité international de la-Croix-Rouge, qui comme on sait, a participé à l'Exposition de Paris en exposant dans la classe 121, Hygiène et matériel sanitaire, a obtenu du Jury international, la récompense la plus haute, un grand prix. Sans vouloir tirer gloire de ce fait, il lui sera permis d'y voir un encouragement à son travail et un indice qu'aux yeux de ceux qui ont été chargés d'apprécier son œuvre, son rôle n'a point perdu de son importance et de sa valeur depuis les expositions de Vienne, en 1873, et de Paris, en 1878, dans lesquelles un diplôme d'honneur et une médaille d'or lui avaient été décernés.

Pour la cinquième fois, les médecins et les chefs des colonnes sanitaires volontaires de la Croix-Rouge se sont réunis au mois de juillet dernier, à Mayence. L'ordre du jour de la réunion, qui a duré trois jours, appelait un grand exercice de pansement et de transport de blessés supposés. Le principal intérêt résidait dans l'embarquement des blessés sur des bateaux, lequel avait été préparé par des travaux de pionniers. L'exercice réussit de tous points, et lorsqu'il fut terminé, les sœurs de la Société des Dames Alice offrirent des rafraîchissements au personnel qui venait de fonctionner. Au cours de l'exercice, le Dr Scholze présenta un nouveau brancard à roues, dont la simplicité et la commodité rencontrèrent l'approbation générale. Cette invention présente également cet avantage de pouvoir s'adapter facilement à toute civière.

Les lecteurs du Bulletin nous sauront gré de mentionner en quelques lignes une nouvelle publication du champion de « l'improvisation des moyens de secours sur les champs de bataille ». M. le médecin-général Dr Port, dans une petite brochure d'une quarantaine de pages, revient une fois de plus sur cet important sujet, et démontre dans un langage spirituel el persuasif, que la chirurgie de guerre ne saurait être assimilée à la chirurgie des salles d'opérations, mais qu'elle doit savoir se tirer d'affaire plus simplement tout en garantissant au malade des soins non moins sûrs, non moins parfaits, du moins quant à leur résultat final. La brochure de M. le Dr Port a pour titre: De la réforme dupansement de guerre. Nos lecteurs connaissent les idées de l'éminent médecin militaire sur l'importance du transport rapide et sur l'enseignement à donner à l'infirmier afin d'assurer dans chaque cas la sécurité absolue de ce transport en vue du traitement consécutif, on pourrait dire même pour éviter autant que possible d'avoir à recourir à un traitement consécutif. Il y a là une difficulté à résoudre entre différentes indications: la rapidité du pansement dont le premier objectif doit être le transport, la nécessité de se contenter d'un matériel de pansement dont la fourniture et le maniement soient faciles, enfin l'importance de ce premier pansement même qui, dans le plus grand nombre des cas, décidera du sort du malade. Il faut en un mot arriver à concilier les deux thèses longtemps opposées: le transport rapide prime le pansement ou le premier pansement prime toute autre préoccupation dans le traitement du blessé sur le champ de bataille.

Dès que les événements qui se sont déroulés en Chine eurent révélé que la lutte serait longue et meurtrière, les Croix-Rouges des nations intéressées s'émurent et se mirent en devoir de porter secours de toute manière aux victimes de la guerre. Nous rassemblerons sous la rubrique des pays respectifs, les détails que nous avons pu recueillir sur l'activité déployée par les Croix-Rouges des différents Etats.

L'année 1899 s'est signalée par des progrès intéressants accomplis au sein de la Société badoise des Dames. Trois solennités l'ont marquée: la conférence réunie à Heidelberg des sociétés de secours et d'assistance des dames; le jubilé de 25 ans de la fondation de l'école Louise et la célébration de son 40me anniversaire d'existence. A l'occasion de cette solennité, elle a eu la joie de voir encore à sa tête sa fondatrice vénérée, l'archiduchesse Louise. Elle entendit également dans cette réunion, où. le secrétaire général rendit compte du développement de la société, un discours du Dr Battlehner sur le concours hospitalier que pouvaient apporter les dames dans la lutte contre la tuberculose.

Nos lecteurs trouveront dans des articles séparés ce que les sociétés de la Croix-Rouge de divers Etats européens ont fait en vue de soulager les maux de la guerre de Chine. Nous résumons ici quelques faits isolés qui sont parvenus à notre connaissance relativement à l'activité secourable déployée en cette même occurence.

Le gouvernement de l'Etat indépendant du Congo a adressé au Comité directeur de l'Association congolaise et africaine de la Croix-Rouge un rapport insistant sur la nécessité d'étendre l'action de la Croix-Rouge sur le Haut-Congo, et de créer à Léopoldville et à Bumba des établissements sanitaires semblables à celui qui existe à Boma.

Nous avons parlé, dans notre précédent numéro, d'une campagne de diffamation menée contre la Croix-Rouge espagnole par un journal intitulé Le Brancardier; nous avons la satisfaction d'annoncer aujourd'hui à nos lecteurs que cette campagne est terminée et que le journal précité a cessé de paraître.

Dans sa dernière session (juin 1900), le Congrès a reconnu officiellement l'existence de la Croix-Rouge américaine et le président en a signé l'acte en présence de miss Clara Barton, saisissant cette occasion de féliciter cette dernière de l'œuvre accomplie pendant la guerre hispano-américaine. Cette loi annule l'ancienne organisation et la remplace par une nouvelle, tout en laissant régner, par dessus toute l'institution, le même esprit qui a présidé en 1881 à la fondation de l'œuvre et à son développement pendant 20 ans aux Etats-Unis.

Le 29 avril dernier, au Palais de la Légion d'honneur et sous la présidence du général Davout duc d'Auerstaedt, a eu lieu l'assemblée générale annuelle des membres fondateurs de la Société française de secours aux blessés militaires. Le Président de la République, ainsi que le ministre de la guerre, s'était fait représenter.

Nous avons reçu de Mme A. Hamilton sa thèse de doctorat en médecine, un grand ouvrage illustré, de plus de 300 pages et intitulé Considérations sur les infirmières des hôpitaux. Ce livre traite un sujet trop à l'ordre du jour au sein des sociétés de la Croix-Rouge, dont une des tâches les plus importantes est sans contredit la formation de bonnes infirmières, pour que nous ne le signalions pas au moins à l'attention de nos lecteurs. Au surplus, tout un chapitre (6me partie) est consacré aux sociétés de la Croix-Rouge et à l'examen des conditions d'admission, de formation et de fonctionnement des infirmières de la Croix-Rouge dans la plupart des Etats de l'Europe.