Le tissu d'une ville correspond à une transformation de matériaux géologiques bruts en un assemblage complexe de nouveaux minéraux, fabriqués par des humains, et de roches, telles que l'acier, le verre, le plastique, le béton, la brique et la céramique. Cette activité est considérée en termes de « métabolisme urbain », avec des afflux et des flux quotidiens de personnes, de nourriture, d'eau et de déchets. Empruntée aux temps géologiques, une échelle de temps plus longue, de quelques années au millénaire, est adoptée ; elle reste pertinente pour le présent et les générations humaines futures. Dans les systèmes sédimentaires naturels, les flux de matériaux sont gouvernés par des forces naturelles, comme le climat et la gravité, et ils laissent des traces physiques dans les strates des rivières. Dans les villes, les flux de matériaux géologiques nécessaires à les construire et à les reconstruire sont réalisés par les humains et sont largement produits par les énergies fossiles stockées dans les hydrocarbures. Les assemblages de roches anthropogéniques et de minéraux qui en résultent peuvent être pensés comme des systèmes sédimentaires (et/ou des traces fossiles), fossilisables, à l’échelle de la planète. Extrêmement plus diversifiés que les strates géologiques naturelles, ils évoluent aussi bien plus rapidement, notamment en ce qui concerne les déchets. Considérer les villes par le biais d'une telle perspective peut devenir de plus en plus utile, compte tenu de leur nécessaire adaptation aux conditions changeantes de l’époque émergente, l'Anthropocène.