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Variations de la production textile aux XVIe et XVIIe siècles

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

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On ne peut manquer d'être frappé par le retard de l'historiographie française en ce qui concerne la statistique de la production textile aux XVIe et XVIIe siècles, depuis que des historiens belges, anglais et italiens ont apporté de précieuses contributions à la connaissance de cette question. Il est temps de seconder leurs efforts et de joindre aux études d'histoire des prix qui se multiplient en France, les compléments et les confirmations révélés par les variations quantitatives de la production.

Type
Travaux en Cours
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Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1963

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References

1 Nous pensons tout particulièrement aux travaux de B. Sabbe pour l'industrie du lin en Belgique, à ceux de J . Fisheiî, B. E. Supplk, pour l'Angleterre, de D. Seixa, C. M. Cipolla, G. Aleati, et R. Romano, pour l'Italie.

2 Voir en particulier « Métiers battant et mises en apprentissage dans les métiers du textile à Beauvais », p . 185 de Beauvais et le Beauvaisis (1960), et cartes et graphiques p. 116 à 119.

1. Il nous a semble préférable de choisir comme cadre chronologique de la statistique des métiers battant, l'année récolte du 15 septembre au 1S septembre suivant. A Amiens, les recensements avaient lieu généralement en octobre-novembre, puis en mars, avril, ou mai. Nous avons considéré comme également représentatifs de Tannéerécolte septembre 1627-septembre 1028 les dénombrements de novembre 1627 et d'avril 1C28. Les rapports semestriels des inspecteurs des manufactures pour le xvme siècle nous ont en effet montré qu'à Amiens tout au moins, et contrairement à ce qui se passait dans les manufactures rurales, il n'existait pas généralement entre les chiffres du premier semestre de l'année civile et ceux du second, de différence sensible ; lorsque de telles inégalités apparaissaient, en période de crise particulièrement, elles se manifestaient tantôt au profit de l'un, tantôt au profit de l'autre des deux semestres.

2. Archives Municipales Amiens, communautés de métiers, saiteurs, HH 815 à 319, mais aussi dans les Archives de la police municipale, F F 1 101 et 1 102.

3. Auchivks Municipales Reims, 678-9, 680 et 804, et dans le fonds non classé de la licutenance générale du baillage aux Archives départementales de la Marne ; Archives Municipales, ArmentiÈRes, HH 19, 1593, relevé des estilles trouvées à Armentières, Tournai, Tourcoing ; HH 25, 1734, recueil des métiers existant en la ville. Archives DÉPartementales DE L'Aubk, E 113G : compte des marchands drapiers de Troyes, 1099-1700, «pour les quatre visites de l'année faites chez 237 particuliers fabricants».

1. P. Goubert, Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730, S.B.V.P.E.N., 1960, p. 581.

2. Encore convient-il de connaître parfaitement le type d'outillage employé dans lu manufacture, métiers à 1 ou 2 tisserands, métiers à 2 ou 4 pédales.

3. Archives Municipales Amiens, AA 13, fol. 235.

4. Recueil des ordonnances concernant l'honneur de Dieu, garde et sûreté de la ville d'Amiens, Amiens, 1586, et Recueil des Règlements généraux concernant les manufactures du royaume, 1730, 4 vol. et suppl.

5. Archives Municipales Amiens, HH 272 à 290.

1. Ainsi à Beauvais, aux Archives départementales, dans le fonds du comté-pairie. P. Goubert, op. cité, p. 588.

2. Les registres aux amendes révèlent que les contrevenants étaient régulièrement poursuivis et condamnés. Arch. mun. : amendes pour contravention à la police, FF 1 205 à 1 225.

3. Pour les années 1700-1707, le registre H H 290 comporte un grand nombre de mentions relatives à l'âge des apprentis ; leur moyenne d'âge est de 19 ans 9 mois.

4. Il est évident par ailleurs que même lorsque l'apprenti ne monte pas encore sur le métier, sa présence est d'autant plus utile, ses services d'autant plus nécessaires que l'ouvroir est en pleine activité. Il n'est pas interdit de penser que le choix d'un métier par l'adolescent ou par ses parents, surtout lorsque le père n'était pas lui-même maître artisan, tenait compte de l'activité respective des diverses professions et des possibilités d'emploi qu'elles offraient.

5. Ici encore et pour des raisons de méthode que nous ne rappellerons pas, le dépouillement des registres et le comptage des entrées en apprentissage ont été effectués dans le cadre des années récoltes du 15 septembre au 15 septembre de l'année suivante.

6. Si l'on admet qu'une partie de l'augmentation de la production est attendue du travail des apprentis, les compagnons chômeurs et les immigrants étrangers à la ville fournissant le reste de la main-d'oeuvre supplémentaire nécessaire. 1. « Le produit des divers impôts… est une de ces données grossières mais indispensables à recueillir dont nous n'avons pas le droit de faire fi quand nous essayons, tant bien que mal, de donner sur une société passée non seulement nos impressions mais des moyens chiffrés de connaissance » (L. Febvhk, Annales, janv.-mars 1947, p. 16, cité par R. Laurent, L'Octroi de Dijon au XIXe siècle, Paris, S.E.V.P.E.N., 1960).

2. Quelques exemples pour souligner l'importance de cette documentation : ABCH. MUN. Bethune, CC 5 et ss. 1605-1643 : Assises et Tonlieux du vin, du fer, des chandelles, du cuir, de la mercerie, de la sayetterie, du sel, du miel, et du tabac. ARCH. MUN. Cambrai, CC 625 à 635, impôts sur les bières brassées en ville, sur les bêtes vendues en ville, sur la mercerie, sur les lins et chanvres, sur les draps et sur les cuirs, ibid. : CC 878, 1677 à 1789, droit de 12 deniers à l'aulne de toile de ménage, et CC 981, adjudications de l'impôt de 4 sols mis sur chaque toilette et mulquinerie claire et bâtisse faite et tissée en cette ville. ARCH. MUN. Armentieres, 1588-1594, compte des deniers levés sur les draps, étamettes et bayes fabriquées en cette ville.

3. P. Vieuviiae décrit toutes les vicissitudes de cette abondante législation, dans Nouveau traité des élections contenant l'origine des tailles, aides, gabelles, octrois et autres impositions, Paris, 1789. 615 p . ; p.48 et suiv.

4. En particulier l'art. 95 de l'ordonnance d'Orléans de 1560 ordonne que les comptes des receveurs seront rendus aux chambres des comptes, alors que les baillis et sénéchaux gardent leur juridiction relative aux comptes des deniers patrimoniaux.

1. ARCH. MUN. Amiens, comptes CC. 829, 25, Mémoires sur les comptes et octrois de la ville, 1668 : « … aides des grains : par estimation, attendu qu'elle n'est point baillée, en faisant une ferme à forfait elle irait bien à 3 000 livres au lieu qu'on en rend compte de ce que l'on veut ».

2. Les enchères se basent évidemment sur une prévision conjoncturelle. L'adjudication se déroulant généralement en juillet, août ou septembre, comme le montre le texte des baux recopiés dans les registres de l'élection (ARCH. DÉP., C. 1 700 à 1 716) les suppositions des fermiers se fondent probablement et sur la situation du commerce textile dans les quelques mois précédents et sur les apparences de la récolte en cours.

8. Douze dans le règlement amiénois de 1666. 1. Le cas est particulièrement typique pour les droits sur les eaux de vie et les vins.

2. ARCH. Mun., Amiens, correspondance, 16 juillet 1635, lettre du roi aux maires et échevins les avertissant qu'il envoie aux trésoriers de France les édits qu'il a fait expédier pour la levée d'un sol pour livre.

3. P. Vieuville, op. cité, p. 49 et Nouveau code des tailles ou recueil par ordre chronologique des ordonnances, édits et déclarations…, 4e édition, Paris, 1761. T. II, p. 539.

4. P. Vieuville permet de suivre parfaitement la succession souvent contradictoire des décisions royales.

5. Ce fut le cas à Amiens, ARCH. MUN., comptabilités, CC. 829 (25). Voir le texte des deux déclarations de 1661 e t 1663 à la Bibl. nat., imprimés, F. 23 612 (622 et 720).

6. Ordonnance de Louis XIV sur le fait des gabelles et des aides, mai-juin 1680, art. 3, BIBL. NAT., F. 20 283 : « les fermiers de la première moitié à nous appartenant seront préférés à tous autres dans les baux à faire de l'autre moitié ». Ce privilège suscita de nombreux abus que la législation royale s'efforça en vain d'endiguer par les arrêts du 11 janvier 1683 e t du 14 juin 1689.

7. ARCH. MUN. Amiens, délibérations, BB 75, 8 novembre 1682 : « le sous fermier des aides de la généralité d'Amiens a obtenu arrêt portant qu'il demeurerait subrogé périà la direction des octrois de la ville, que nous avons adjugée à Louis Decamp, bourgeois d'Amiens… Le dit arrêt ayant son exécution, la dite ferme diminuerait de moitié pour le moyen qu'on trouverait peu d'enchérisseurs ».

1. Auc. MUN. Amiens, Comptes, CC. 1 à 420. Baux et adjudications des octrois, et CC. 874-883. Ils s'agit d'une taxe demeurée inchangée du xvie au XVIIIC siècle, de 12 deniers par pièce.

2. Nous nous efforcerons d'étudier plus minutieusement ces accidents cycliques dans une prochaine étude sur l'histoire d'Amiens au XVIIe siècle.

3. P. Chaunu, Séville et VAtlantique, conjoncture, t. VIII-2. p . 177, p. 554 et construction graphique p. 51 et 55.

1. Ch. Veblinden, Dokumenten voor de Geschiedenis van Prijzen en lonen in Vlaanderen en Brabant, Bruges, 1959, 576 p. Prix du froment en Flandres en grammes d'argent et d'or p. 25 et 27.

1. P. Chaunuop.até,t. V I I I , p . 1335etsuiv. : «au fond delà crise, 1618»,et p. 1506: « deux grandes crises ont eu raison de l'Atlantique de Séville, celle de 1609-1613 et celle de 1619-1623. ». Pour l'Angleterre, la statistique établie par F. J. Fishek daas son article de Economie History Revieiv, 1950, III, 2e série, p. 151, « London's export trade in the earlier XVIIth eentury », est particulièrement éloquente. De 1598 à 1614, l'exportation progresse assez régulièrement, atteint en 1614 un maximum de 127 215 pièces, puis la rupture se produit : 88 172 pièces en 1616, 102 382 en 1618, 85 517 en 1620, les chiffres ultérieurs, à l'exception de celui de 1628, sont tous inférieurs à 100 000 pièces. B. E. Supple, dans son livre paru en 1599, Commercial crisis and change in England 1600-1642, Cambridge, 1959, confirme l'article de Fisher : 1614 marquerait la fin des progrès de la fabrication et des exportations de vieilles draperies.

2. Arch. DÉP. AUBE, E 1 136, compte des marchands drapiers et chaussetiers 1634-1685 : 1842 livres ; 1635-1636 : 1299 livres ; 1636-1637 : 1 335 livres ; 1637-1638 : 1 075 livres. Il est encore possible de relever dans le même dossier le produit des années 1647 à 1676, mais je ne connais pas assez l'histoire des institutions et des comptabilités troyennes pour utiliser cette série statistique au delà de la déclaration royale de 1647 qui a perturbé gravement la perception des deniers d'octroi.

3. ARCH. MUN. Reims, Deniers communs, registres 9-242 à 63-1296 (1588-1730) et compte des anciens octrois, 17 registres, 3-874 à 16-387 (1653 à 1736). Voir aussi, communautés de métiers, marchands drapiers et sergers, 678, 679, et 680. 1. C'est la raison pour laquelle nous avons interrompu en 1685 la courbe de l'octroi de la sayetterie sur les graphiques 1 et 2. Recueil des règlements généraux concernant les manufactures et fabriques du Royaume, Paris, 1780, t. II, p. 218. L'allongement des pièces se poursuivit après 1686, 24 aulnes pour les peluches en 1716, 36 aulnes pour les camelots en 1717 ; l'inspecteur des manufactures pouvait écrire dès 1722 : il y a plusieurs sortes d'étoffes de diverses qualités et longueurs, savoir 120, 50, et 40 aulnes. ARCH. NAT., F 12 1851, 17 août 1722.

2. La déformation dont nous avons signalé plus haut les causes abaisse artificiellement et progressivement le niveau des adjudications. La stabilité d'ensemble de celles-ci, de 1665 à 1680, exprime donc probablement un léger progrès de la production manufacturière.

1. P. Vilar décrit un déplacement analogue d'une partie de l'industrie textile catalane, dans La Catalogne dans Vespace moderne, t. I, p. 597-598, Sevpen, 1962.

2. Après une consultation préalable et minutieuse des intéressés. V. Recueil des règlements généraux concernant les manufactures et fabriques du Royaume, Paris 1780, t. II, p. 218.

3. AKCH. MUN. Amiens, HH 198, 18 janvier 1670 : Lettres patentes de Louis XIV permettant à Nicolas Maressal demeurant à Valenciennes d'établir à Amiens une manufacture de camelots façon Bruxelles et Hollande, avec privilège exclusif pour dix ans dans toute la province de Picardie, don de 10 000 livres pour 40 métiers, naturalisation et exemption de toute charge fiscale. Les lettres patentes renouvelant en 1683 et 1692 le précédent privilège se trouvent aux Archives nationales, Manufactures, F 12-1852.

1. Les hautelisseurs avaient reçu droit de mêler laine sèche et laine ointe, laines et chanvre, lin, soie, et même fils d'or et d'argent, poils de chèvre et de chameau. Les étoffes qu'ils fabriquaient, serges de Rome, dauphines, indiennes, yeux de perdrix, ondes, castagnettes, burails, marguerittes, étamines, droguets de soie, tripes de velours, figuraient parmi les plus coûteuses des étoffes amiénoises. Savary des Bruslons nous explique que les hautelisseurs étaient ainsi appelés parce qu'ils embellissaient et relevaient leurs étoffes de figures, fleurs et ornements qui « ont rapport avec les anciennes tapisseries de hautelisse que l'on fabriquait autrefois », article du Dictionnaire universel du commerce, l r e édition, 2 vol. 1723.

2. L'adjudication de l'ayde de la sayetterie enregistre également de 1086 à 1702 un mouvement ascendant très marqué. Voir graphiques 3, 4 et 5.

3. AKCH. MUN. LILLE, Comptes des grandes assennes, 16 603 et suiv. ; cette comptabilité a conservé les traces d'autres adjudications, assise des soies et satins renversés, droit sur les trippes de velours, mais elles ne concernent que des fabrications secondaires ; seule l'assise de la bourgetterie, intéressant toute sorte de tissus, échappe aux variations de la mode et nous semble posséder valeur représentative.

4. L'activité de 1698 à 1701 aurait certainement été plus grande encore si une décision du magistrat du 17 juin 1696 n'était venue bouleverser en partie la manufacture lilloise. Par cette sentence, les échevins autorisèrent la vente en ville d'un certain nombre d'étoffes du plat pays. Une partie du matériel de tissage fut démontée et transférée dans les villages de la châtellenie. V. Vanhaeck, Histoire de la sayetterie à Lille, Mémoire de la société d'études de la province de Cambrai, 1910, ch. XVII, p. 270 et suiv. ; rapports de la sayetterie avec les industries de la châtellenie. 1. AKCH. MUN. Saint-Quentin, compte des argentiers, liasses 68 à 94. La ferme de cet octroi subit par contre dès 1700 une diminution notable. Est-ce l'effet du traité de commerce franco-hollandais ou de la concurrence des Pays-Bas espagnols ?

2. Il est à peine nécessaire de rappeler qu'une telle modification susceptible de ranimer les circuits du profit et de la production peut très bien se produire en dehors de toute hausse des prix-or et à l'occasion d'une montée des seuls prix nominaux.

3. J. Meuvret, « Le Mouvement des prix de 1661 à 1715 et leur répercussion », Journal de la société de statistique de Paris, n° 5-6, mai-juin 1944, p. 109. M. Goubert attribue à juste titre l'essentiel de la hausse intervenue sur le prix des céréales en France à l'influence des crises cycliques de 1698 et 1709. Mais son objection ne s'adresse pas aux prix coloniaux, aux prix des matières premières industrielles, au mouvement des dépôts bancaires à Amsterdam que cite par ailleurs M. Meuvret. Au surplus, il ne s'agit pas de nier l'unité d'ensemble de la phase B qui se prolonge jusqu'en 1780, mais d'en préciser la trajectoire. Nous disons simplement qu'à partir de 1685, un grand nombre de prix or et argent se stabilisèrent, que certains même s'orientent à nouveau à la hausse, tout en demeurant inférieurs aux valeurs maximales du début du siècle.

1. Nous nous permettons de renvoyer le lecteur à l'article paru dans La Revue du Nord, avril-juin 1962, t. XLIV : « Le mouvement de la production textile à Amiens au xvm” siècle ». De 1715 à 1750, le nombre des métiers battant dans la ville et sa banlieue double et passe de 2 500 à 5 000 unités!