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Symboles et rituels arabes

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Emmanuel Sivan*
Affiliation:
Université hébraïque de Jérusalem

Extract

” Vous pensez que tout simplement parce qu'il a déjà eu lieu le passé est achevé et inaltérable ? » écrit Milan Kundera dans La vie est ailleurs. « Oh non, le passé est vêtu de taffetas multicolore et chaque fois que nous le regardons nous voyons une couleur différente ». Et il est vrai que l'étude du « passé utilisable » et de son rôle dans la mobilisation des masses au XXe siècle occupe depuis peu de temps la pensée des historiens. La tendance la plus novatrice dans ce domaine est concentrée sur l'étude des manifestations essentiellement non verbales des mentalités. Cependant les chercheurs qui ont choisi cette voie se sont intéressés en priorité à l'histoire de l'Europe plutôt qu'à celle du Tiers Monde, attitude paradoxale car c'est dans ces sociétés encore fortement illettrées que le rôle de la communication non verbale est aujourd'hui encore le plus grand.

Summary

Summary

The article studies Arab calendars, stamps and banknotes as well as reports of public celebrations of national holidays over the last sixty odd years. This iconographic and ritualistic evidence points out the existance of a deliberate effort by all States, including conservative muslim States and pan-Arab States to develop a “community of memory” designed transform territorial States into nation-States.

Type
Pouvoirs et Sociétés Arabes
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1990

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References

Notes

1. Catalogue de timbres-postes, vol. 90, 1986, Paris, Les Éditions Yvert et Tellier.

2. La médaille frappée pour commémorer la prétendu victoire irakienne dans la guerre du Golfe (août 1988) représente les portraits de Nabuchodonosor et de Saddam Hussein.

3. Cependant les timbres de la République arabe du Yémen célèbrent en fait l'ancien barrage de Ma'rib, glorieuse réalisation technologique de la civilisation arabe dans cette région trois siècles avant l'avènement de l'Islam. Au Liban qui, à cause de la prédominance (jusqu'en 1975-1976) de l'élite maronite et de son idéologie « phénicienne », est bien sûr un cas sui generis qui va dans un sens différent, il y eut toujours très peu de symboles islamiques.

4. Organisation de Police Internationale, Monnaies et chèques de voyage authentiques, Amsterdam, Keessing (éditions remise à jour chaque mois).

5. Pour une bonne présentation du cas des historiens révisionnistes, voir les entretiens donnés par l'un d'entre eux, l'Irakien Hâdï al-'Alawï, dans al-Huriyya, Nicosie, 19 avril 1985, et ai-Karmil, Nicosie, n° 18, 1985.

6. Il est intéressant de noter qu'Israël célèbre un événement historique qui eut lieu la même année, quelque quatre-vingt kilomètres plus au Sud, comme illustration majeure de son propre mythe de la lutte d'une « poignée d'hommes contre des forces supérieures » : la défense de la colonie de peuplement de Tel-Hai.

7. De même le Liban célèbre l'émir Fakhr al-Din, le fondateur au xvme siècle de l'entité autonome de la montagne du Liban (le futur sanjak du Petit Liban).

8. La seule exception est Jubran Khalil Jubran, né au Liban et qui passa presque toute sa vie aux États-Unis. L'autre « écrivain de la Diaspora » honoré au Liban, Mikhâ'il Nu'ayma, revint vivre dans son pays vers la fin de son existence.

9. La fête de Noël a un statut officiel en Syrie, en Egypte et en Libye. L'Iran célèbre les fêtes musulmanes selon le calendrier islamique persan.

10. Dans les quelques cas où une fête était célébrée à la fois dans le calendrier grégorien et dans le calendrier musulman (le 10 du Ramadan, le 8 février, en souvenir du coup d'État de 1963 en Irak) la date grégorienne l'a finalement emporté.

11. Avec le temps le régime plus libéral de l'après-nassérisme accorda une certaine forme de reconnaissance au rôle historique du Wafd. En 1977 un timbre commémorant le cinquantième anniversaire de la mort de Zaghlul fut émis ; à partir de 1984 le parti néo-wafd fut autorisé à célébrer le 13 novembre par des rassemblements publics. Zaghlûl figure aussi sur des affiches gouvernementales apposées en divers points de la capitale.

12. Dans la seconde moitié des années 1950 et au début des années 1960 ; il fut effectivement appelé al-'ïd al-Qamwï, la fête pan-arabe. En 1954 le programme des festivités comprenait une procession sur le Nil de bateaux portant des tableaux vivants illustrant l'époque pharaonique.

13. C'est un élément du culte de la personnalité peut-être le plus poussé que l'on connaisse dans les États arabes « progressistes » aujourd'hui. Ses manifestations comprennent, entre autres choses, un film à peine déguisé sur sa jeunesse (1980) et l'apparition en 1986 de Saddam sur un billet de banque. L'anniversaire du dirigeant fut aussi célébré dans l'Egypte de Sadate et il l'est encore actuellement dans la Syrie d'Assad.

14. Même en Syrie il est habituellement célébré plus tard, en particulier dans les villes de province, en conjonction avec la journée de l'Évacuation du 17 avril, ce qui tend à en effacer quelque peu le caractère pan-arabe.

15. C'est un signe des temps que les deux fêtes célébrées dans presque tous les États arabes et qui portent exactement le même nom sont le jour de l'Arbre et le jour des Mères, toutes deux d'origine étrangère (elles ont lieu de surcroît à des dates différentes dans les divers pays). Il n'est pas étonnant que les intégristes islamiques rejettent ces deux fêtes comme laïques, affirmant par exemple (selon les mots du cheik Sha'rawl, prêcheur égyptien fort populaire) que « dans l'Islam chaque jour est le jour des Mères ».

16. Voir, par exemple, le rapport sur la conférence de l'Institut islamique de Londres consacrée à ce sujet dans al-Mukhtar al-Islami, Le Caire, sept.-oct. 1985, pp. 27-36.

17. C'est là une indication intéressante de l'existence de telles racines et de l'espèce de patriotisme médiéval qu'elles ont produites dans la littérature, les traités et pamphlets de FadS'Tl (à partir du ixc siècle) qui célèbrent tel ou tel pays (par exemple Fadâ'il Misr).

18. Pour une perspective différente permettant une comparaison, voir Hobsbawm, E. J., The Invention of Tradition, Cambridge, Cambridge University Press, 1984 Google Scholar ; Lane, C., Rites of the Rulers, Cambridge, Cambridge University Press, 1981.Google Scholar