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Statistique et démographie historique

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Jacques Dupâquier*
Affiliation:
Laboratoire de Démographie historique

Extract

Voici un ouvrage qui sort des sentiers battus, puisqu'il constitue la première exploration méthodique des registres paroissiaux du xvie siècle, dans un secteur privilégié : l'actuel département de la Loire-Atlantique qui faisait partie presque entièrement du diocèse de Nantes.

Cette belle étude a été rendue possible par l'initiative de l'évêque Henri Le Barbu qui, s'indignant qu'un grand nombre de gens aient contracté des mariages illégaux et interdits par le droit à cause de l'ignorance de leur parenté spirituelle, ordonne le 3 juin 1406 à tous les curés de son diocèse de coucher et inscrire en leurs registres les noms des parrains et marraines, ainsi que ceux des enfants. L'ordonnance semble avoir produit progressivement ses effets grâce à des fréquentes visites épiscopales (du moins de 1570 à 1578 et de 1593 à 1600): Savenay tient registre dès 1464, 44 paroisses ont une série antérieure à 1539, 30 autres antérieures à 1579.

Type
Polémiques et Controverses
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1975

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References

Notes

1. Alain Croix, Nantes et le pays nantais au XVIe siècle. Étude démographique, Paris, S.E.V.P.E.N., 1974, 356 p.

2. L'argument eut été valable si l'objectif avait été d'étudier ces paroisses pour elles-mêmes ; il devient spécieux dans le cadre d'une étude régionale, car rien ne prouve par ailleurs que la démographie des petites communautés soit semblable à celle des grandes.

3. Pour 4 paroisses rurales, l'étude annoncée ne semble pas avoir pu être menée à bout : Batz, Campbon, Noyal-sur-Brutz, Fercé.

4. L'auteur essaie de rétablir le nombre réel des naissances en évaluant à 10 % la part de celles n'ayant pas été suivies d'un baptême, y compris les mort-nés, ce qui est fort discutable, car on raisonne généralement sur les naissances vivantes.

5. A. Croix étudie, dans son chapitre vu, sous le titre « structure socio-économique des paroisses nantaises », la répartition des cotes d'imposition pour chacune des 12 paroisses, mais les limites des catégories ont été choisies de façon arbitraire (moins de 1 livre, 1 à 5, 5 à 20, 20 à 50, 50 à 100, plus de 100 livres), ce qui rend l'analyse statistique difficile ; les non-imposés sont exclus du calcul des moyennes paroissiales, et l'étude par profession est à peine esquissée.

6. On connaît le procédé : il consiste à substituer au chiffre réel d'une année, celui de l'année médiane pour la période considérée. Par exemple pour les baptêmes de St-Aignan-de-Grandlieu, A. Croix attribue à l'année 1508 le nombre 20, puisque, pour l'ensemble des 9 années 1504- 1512, quatre données sont supérieures et quatre inférieures. Il procède de même pour l'année 1509 en retenant cette fois l'ensemble 1505-1513, etc.

7. Cet inconvénient subsisterait avec le procédé des moyennes mobiles ; on peut reprocher en outre à ces deux procédés d'introduire des décalages chronologiques : par exemple, avec une moyenne mobile de 9 ans, une brusque pointe de mortalité en 1597 se traduit par une hausse dès 1593.

8. A. Croix ne dispose que d'états établis entre 1505 et 1520, et il est probable qu'il s'agit de feux fiscaux n'ayant plus de valeur démographique. 9. Le quotient baptêmes/mariages reflète sans doute mieux le niveau de la fécondité légitime que le taux brut de natalité.

10. J'ai naguère partagé ce point de vue (cf. mon article de la Revue historique, paru dans le numéro de janvier-mars 1968 : « Sur la population française au XVIIe et au xviiie siècle »). J'en suis complètement revenu aujourd'hui (cf. « De l'animal à l'homme : le mécanisme autorégulateur des populations traditionnelles, Revue de l'Institut de sociologie, 1972, n” 2).

11. L'analyse porte sur la crise de 1582-1584 à Châteaubriant et à St-Clément-de-Nantes ; sur celle de 1590-1591 à St-Laurent et St-Nicolas-de-Nantes ; sur celle de 1596-1597 à Beslé, la Chapelle-sur-Erdre, St-Brévin, St-Mars-du-Désert et St-Michel-Chef-Chef.

12. « Il paraît difficile de trouver au xvie siècle schéma plus net d'une crise démographique d'origine frumentaire » (p. 133).

13. En règle générale, le mariage a lieu dans la paroisse de la fiancée, si bien que le déplacement du conjoint, tel qu'il apparaît dans l'acte, est purement fictif : parti la veille ou le matin, il rentre au bout de quelques heures dans la paroisse dont il est censé avoir migré. C'est pourquoi toute analyse de la mobilité fondée sur l'étude des actes de mariage risque d'amener à surestimer les migrations masculines. Toutefois, dans le pays nantais, la règle n'est pas générale : à Guenrouet, on relève bien, sur 121 «horsins», 110 hommes pour 11 femmes, mais à la Chapelle-Launay, les étrangères sont 58, et les étrangers 45.