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Simple mise au point

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Sous la signature de René Baehrel, ont paru récemment deux articles : l'un intitulé Économie et histoire dans l'Hommage à Lucien Febvre édité au début de 1954 l'autre intitulé Histoire statistique et prix italiens au mois d'août dernier dans la revue Annales. L'un et l'autre m'ont semblé appeler une mise au point. La voici.

Type
Débats et Combats
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1955

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References

page 48 note 1. J'ai parfois de la peine à reconnaître ma pensée dans l'image qui en est donnée. Il y a là un procédé de discussion commode, sinon tout à fait nouveau, mais qu'on ne peut s'empêcher de relever.

Dans ce même article des Mélanges d'histoire sociale de 1944, j'avais présenté de brèves observations concernant les effets possibles sur les prix d'une « diminution » des monnaies. Entendons par là une diminution de la valeur de l'écu d'argent et du louis d'or, appréciée en livres tournois, donc une revalorisation de la valeur de la monrtaie de compte en poids d'argent et d'or. Quiconque lira avec attention ce passage y verra que j'avais cru observer les phénomènes suivants : 1° un contraste entre les effets de la « diminution » selon qu'on considère la phase où la mesure venait d'être annoncée mais n'avait pas encore d'application et la phase qui a suivi son entrée en vigueur, l'annonce provoquant la hausse des prix et l'entrée en vigueur la baisse de ces mêmes prix ; 2° une différence d'ordre de grandeur entre ces deux effets : la hausse est plus forte durant la première phase que la baisse par laquelle se solde finalement l'opération.

De toute façon, c'est travestir le sens d'un texte qui me paraît assez clair que d'y voir une apologie pour une forme simpliste de théorie quantitative de la monnaie en vertu de laquelle les prix hausseraient ou baisseraient exactement dans les mêmes proportions que la monnaie métallique. Au contraire,.inertie » des prix par rapport à certaines variations jnonélaires s'y trouve explicitement soulignée. Qu'à cela ne tienne, notre critique ne retiendra que la première remarque et écrira : « La logique est satisfaite : la revalorisation entraîna une hausse momentanée des prix due aux achats précipités, puis la baisse vint » [Hommage à Lucien Febvre, I, p. 293). Grâce à quelques simplifications de ce genre il sera possible de laisser au lecteur l'impression désirable et d'affirmer que tout notre effort ne peut aboutir qu'à « des conclusions discutables éternellement ressassées » (Annales, 1954, p. 226).

Quant à la validité de l'expérience tentée, car il s'agissait de constatations concrètes, j'ai à dire ceci. La « diminution » étudiée était celle qui, annoncée en décembre 1665, fut effective en janvier 1666. L'étude de ses effets n'avait de sens qu'en raison des «circonstances» qui m'avaient paru « exceptionnellement favorables ». Circonstance favorable très rarement réalisée à ce degré, le fait que nous connaissions d'une manière sûre et précise les prix des céréales pratiqués pour chaque qualité, marché par marché, à la halle de Paris. Circonstance favorable, également exceptionnelle, une année qui, à Paris, je dis à Paris et non pas forcément dans toute la France, ni encore moins dans les pays de la Méditerranée, n'a connu, sur les prix des céréales, qu'une variation saisonnière insignifiante. Le tout coïncidant avec une « diminution » monétaire m'a semblé, le phénomène se présentant de lui-même isolé et à l'état pur, permettre de déceler peut-être les effets sur quelques prix de la diminution en question. Expérience délicate, difficile à répéter et à confronter avec d'autres, comme certaines observations astronomiques qu'on ne peut faire souvent ni en n'importe quel lieu, ni par n'importe quel temps.

page 53 note 1. J'ai été étonné d'apprendre que j'étais un maniaque du calcul en fait d'histoire des prix. En ces matières on est toujours l'extrémiste de quelqu'un. Cependant, ici encore, toute discussion doit partir de faits exacts. Je n'ai jamais rien publié où on trouve trace de la méthode des moindres carrés. Celle-ci, en revanche, a été largement utilisée par nombre d'auteurs, notamment par Parenti qui construit des courbes du 3e degré à travers les prix les plus divers de 1520 à 1620. J'ai fait état une seule fois (Mélanges d'histoire sociale, article cité, p. 30), d'un calcul de coefficients de corrélation. Il venait comme moyen de démonstration auxiliaire à l'appui d'une critique précise fondée sur des textes. Suis-je, ici encore, l'exemple typique à ne pas suivre ? Labrousse, sous le titre de « covariation », a pourtant fait place à ce même coefficient. Il est vrai qu'il en use modérément ; moi aussi. Sous la forme traditionnelle, celle à laquelle reste attaché le nom de Bravais, il est d'ailleurs d'un calcul assez long. D'autres formules sont plus expéditives et, parfois, aussi efficaces.