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Prix et salaires à Paris au XVIe siècle. Sources et résultats

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Micheline Baulant*
Affiliation:
Centre de Recherches Historiques, EHESS

Extract

En matière d'histoire des prix, au XVIe siècle, au XVIIe siècle, l'historien doit constituer lui-même ses séries statistiques car, à l'exception des mercuriales, il ne dispose d'aucun corpus. Or, dans la moitié nord de la France et surtout au XVIe siècle, bien peu de mercuriales nous livrent autre chose que des prix de céréales, de légumes secs ou de fourrages ; à Paris notamment la mercuriale au XVIe siècle est exclusivement céréalière. C'est dire que pour un large secteur de cette recherche, on doit faire appel à d'autres sources. Celles qui offrent le maximum d'homogénéité et de continuité sont les comptes de collectivités : hôpitaux, abbayes et couvents, collèges.

Summary

Summary

The financial accounts of varions communities—hospitals, convents, boarding schools—constitute an excellent source for the history of prices in Paris during the 16th century. These are the only accounts which provide prices other than those for cereals and thus comprise the indispensible complement for the Mercuriale; they also list salaries.

Prices, be they food or "industrial" products, rose almost continuously from the beginning to the end of the 16th century, but the peaks and the amount of increase over the century varied considerably with the product; nevertheless, the most rapid overall increase occurred between 1561 and 1575.

The salaries rose as well, but during the first third of the century, and in some cases until 1560, they were overtaken and never again caught up.

The factors contributing to this increase and to the imbalance between prices and salaries are multiple: monetary and political factors, misfortunes of war, the development of Paris and, above all, a slow return to a demographic situation which differed from that of the 14th and 15th centuries characterized since the Black Death by a sparse population.

Type
Dossier
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1976

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References

Notes

1. Il y a bien sûr l'exception de la mercuriale d'Amiens (Arch. comm. Amiens, HH7 à HH58) qui, à partir de 1565, relève non seulement les prix céréaliers, mais des prix de vin, de laine, de fer et, au début du XVIIe siècle, de bois, de harengs et de fromage de Hollande. On peut aussi citer la mercuriale de Noyon qui, pour la fin du XVIe et le XVIIe siècle, donne des prix de vin, de chanvre et de lin. Voir à ce sujet Goubert, P., Beauvais et le Beauvaisis, Paris, 1960, 2 vol in 8°, pp. 400,Google Scholar 436-447, 458-459, 471-486.

2. Les sources utilisées pour la présente étude sont les suivantes :

— aux Archives de l'Assistance publique à Paris dans le fonds de l'Hôtel-Dieu : comptes de la prieuse, reg. 15 à 20; comptes du receveur, reg. 21 à 165.

— aux Archives nationales : comptes du couvent des Blancs Manteaux, LL1426 à LL1443 ; comptes de l'abbaye de Saint-Denis, comptes de l'Office des Charités, LL1276 à LL1286 ; compte de réparations, LL1302 ; comptes de la cuisine, LL1307 à LL1310 ; comptes de Saint-Germaindes- Prés, LL1115 et LL1116 ; comptes du prieuré Saint-Martin-des-Champs, LL1387 à LL1391 ; comptes du collège de Beauvais, H3278514 à H3278527.

— à la Bibliothèque de l'Arsenal : comptes du couvent des Célestins : manuscrits 1219, 3699 et 3700.

— à la Bibliothèque Mazarine : comptes du couvent Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie : manuscrit 3342.

Nous n'avons pas utilisé les « semainiers » de l'Hôtel des Quinze-Vingts, mais Corinne Beutler, qui les a étudiés, a eu l'amabilité de nous communiquer des salaires d'ouvriers du bâtiment que nous avons pu incorporer sans difficulté à nos séries. Par contre il était difficile de raccorder les prix contenus dans ces comptes avec les séries tirées des autres sources en raison de la gestion très particulière de cet établissement. Sur ce sujet, voir Corinne Beutler, « Étude de la consommation dans une communauté parisienne entre 1500 et 1600 d'après les registres de comptabilité des Quinze-Vingts », à paraître dans Mémoires publiés par la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de Paris et de iIle-de-France.

3. Arch. Hôtel-Dieu Chartres, 1E 107, fol 34 v°, 3 mars 1522.

4. Baulant, M. et Meuvret, J., Prix des céréales extraits de la mercuriale de Paris (1520- 1698), t.1, Paris, 1953, pp. 19-21.Google Scholar

5. Dupâquier, J., Lachiver, M. et Meuvret, J., Mercuriales du pays de France et du Vexin français (1640-1792), Paris, 1968, p. 26.Google Scholar

6. Delamarre, , Traité de la police, t. III, Paris, 1719, p. 566.Google Scholar

7. Delafosse, M., « Le commerce du vin d'Auxerre (XIVe-XVIe siècle) », dans Annales de Bourgogne, 1941, t. XIII, pp. 203-230.Google Scholar

8. Auxquelles s'ajoutaient différentes unités de charge plus ou moins bien définies : somme, grande somme, charge, charge de cheval, etc.

9. Bruslons, Savary Des, Dictionnaire universel de commerce…, Copenhague, 1759-1765, 5 vol in-fol, t. III, p. 1054.Google Scholar

10. A défaut de prix suivis de transports par terre, nous avons pu établir une série de prix de transport par voie d'eau (transport de vin de Champrosay à Paris) : les tarifs, qui en 1530 sont déjà en hausse par rapport aux années 1515 à 1520 (30 % environ), ont triplé entre 1530 et 1560, quadruplé en 1575. A titre de comparaison, citons Gascon, R., Grand commerce et vie urbaine au XVIe siècle : Lyon et ses marchands, Paris, 1971, t. I, p. 186,Google Scholar qui a relevé quelques données jalonnant l'évolution du coût de louage d'un cheval. Le montant du louage aussi bien que les dépenses d'hôtellerie pour le cheval et l'homme qui l'accompagne ont doublé de 1536 à 1566, triplé de 1536 à 1585.

11. Calculs faits au titre de tolérance d'après de Wailly, N., Mémoires sur les variations de la livre tournois depuis le règne de saint Louis jusqu'à l'établissement de la monnaie décimale, voir Baulant et Meuvret, op. cit., t.1, p. 249.Google Scholar

12. On ne saurait appliquer littéralement au XVIe siècle la plupart des tests de concordance de Labrousse, C.-E., La crise de l'économie française à la fin de l'Ancien Régime et au début de la Révolution, Paris, 1944, pp. 134 Google Scholar à 159. C'est à l'esprit de cette méthode qu'il faut se référer.

13. Moyenne des 5 années encadrant l'année indiquée. En outre, pour quelques séries qui ne commencent qu'au cours du siècle, nous avons calculé les indices de hausse en ajustant ces séries sur d'autres qui semblaient comparables, c'est-à-dire en supposant qu'entre 1506 et 1510 et le début de la série incomplète le mouvement des prix y avait été parallèle à celui de la ou des séries de référence.

14. Baulant, M., « Le prix des grains à Paris de 1431 à 1788 », Annales E.S.C., 1968, n° 3, p. 538.Google Scholar

15. Pendant le Carême, on n'achetait ni viande, ni beurre, ni œufs, ni fromage.

16. Cependant pour deux séries : cotrets et soudure (cette dernière très fragmentaire) on n'a pu calculer d'indice sur la base 1506-1510 faute de prix recueillis pour ces années.

17. Pas de données en 1551-1552. Le prix relevé est celui de 1549 et de 1555.

18. Pas de données entre 1585 et 1589. Le prix est de 1584.

19. Pas de prix de 1561 à 1565 ; le prix est de 1567.

20. Pas de prix de 1571 à 1575 ; moyenne des prix de 1570 et 1576.

21. Pas de prix de 1585 à 1589 ; le prix est de 1583.

22. N. de Wailly, op. cit., pp. 78 à 81 pour l'or; pp. 172 à 175 pour l'argent.

23. Prix de 1582-1583, faute de prix de 1585 à 1589.

24. Geremek, B. dans sa communication à la Troisième conférence internationale d'histoire économique (Munich, 1965), t.1, pp. 554-574,Google Scholar sur « Les salariés et le salariat dans les villes au cours du bas Moyen Age », conclut qu'au Moyen Age le salariat (au sens moderne du terme) « n'a qu'une importance limitée et que les salaires, loin de refléter la conjoncture générale, ne se rapportent qu'au mouvement d'un secteur économique montant mais encore secondaire et à un milieu social peu nombreux et peu compact ». A cet égard, le XVIe siècle est une époque de transition et conserve encore de nombreux traits médiévaux ; il n'est donc pas très étonnant qu'on éprouve tant de peine à recueillir des mentions de salaires.

25. Le mode a été calculé en comptant le nombre de villages où tel taux était payé. Les propriétés de l'Hôtel-Dieu étant réparties très inégalement dans diverses localités, compter le nombre des mentions équivaudrait à suivre l'évolution des tarifs payés à Champrosay.

26. La durée des travaux des ouvriers du pressoir n'est pas toujours bien définie, tantôt la nuit, tantôt la nuit et le jour ; nous avons donc dû éliminer quelques mentions douteuses.

27. Pas de mention de 1585 à 1589 ; salaire de 1583.

28. Une indication unique (de 1572) marque un recul par rapport aux années précédentes (notamment 1552, 1556). Toute la série fondée sur seulement une ou deux mentions annuelles reflète étroitement l'histoire particulière d'une ou deux personnes et doit être utilisée avec précaution. Elle présente d'ailleurs quelques anomalies: hausse précoce (1515), retours en arrière importants…

29. Pas de données de 1538 à 1542; indication de 1545.

30. Cet équilibre est ancien ; il apparaît déjà aux alentours de 1300 (Geremek, B., Le salariat dans l'artisanat parisien aux XIIIe-XVe siècles, trad. française, Paris, 1968, in 8°, pp. 89-90)Google Scholar et se maintient avec quelques variantes, au moins jusqu'au début du XVIIIe siècle (Baulant, M., « Le salaire des ouvriers du bâtiment à Paris de 1400 à 1726», Annales E.S.C., 1971, n° 2, pp. 480-481).Google Scholar

31. La première mention date de l'année 1528 ; ce chiffre est celui des années 1528 à 1530.

32. Gascon, R., op. cit., t. II, pp. 920-921Google Scholar ; prix du bichet. G. et Frêche, G., Les prix des grains, des vins et des légumes à Toulouse (1486-1868), Paris, 1967, in 8°, pp. 85-87,Google Scholar prix du setier. Le Roy Ladurie, E., Les paysans de Languedoc, Paris, 1966, t. II, pp. 819-820Google Scholar ; prix du setier.

33. La série s'interrompt après 1601. Ici, moyenne de 1600 à 1601.

34. Gascon, , op. cit., t. II, pp. 930 Google Scholar à 932. Presque tout ce que R. Gascon écrit à propos des salaires lyonnais (ibid., pp. 743-759) pourrait s'appliquer aux salaires parisiens.

35. Dans le budget A, nous attribuons aux céréales le coefficient 30 ; aux légumes secs 5 ; au vin 20 ; au sel 2,5 ; à la viande, aux œufs, au poisson, chacun 5 ; au beurre 2,5 ; aux matériaux de construction et au bois, chacun 5 ; à la chandelle et au fer, chacun 2,5 ; aux toiles et aux lainages et cuirs, chacun 5 ; total = 100. Pour le budget B, céréales, vin, viande, chacun 5 ; légumes secs et sel, chacun 1,25 ; beurre, oeufs et poisson, chacun 2,5 ; matériaux de construction, 25 ; bois 10 ; chandelle et cire 5 ; métaux 5 ; toile et lainages, chacun 15 ; total = 100. On peut bien entendu concevoir d'autres systèmes de pondération ; Gascon, par exemple, propose céréales 50 96 ; vin 10 % ; viande 10 96, etc. (op. cit. p. 544).

36. Brown, E. et Hopkins, S., « Seven centuries of the priées of consumables compared with builders wage-rates », dans Economica, vol. 23, n° 92, 1956, pp. 296-314.CrossRefGoogle Scholar Voir aussi la moyenne mobile qu'en a tiré Abel, W., Crises agraires en Europe (XIIIe-XXe siècle), trad. française, Paris, 1973, p. 400, graphique 72.Google Scholar