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«Pourtalès & Cie » (1753-1801) : Apogée et Déclin d'un Capitalisme

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

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A l'ouest de la Suisse, à mi-chemin entre Genève et Bâle — cités à tant de titres illustres dans l'histoire manufacturière, commerçante et financière de l'Europe de l'Ouest au XVIIIe siècle — Neuchâtel peut revendiquer d'avoir été en ce même temps un pôle de domination mondiale du capitalisme européen. Cette petite ville le doit essentiellement au génie marchand de Jacques-Louis Pourtalès (1722-1814) qui, pendant cinquante ans, s'est placé au centre d'une constellation négociante de parents, d'amis, d'associés appartenant comme lui au milieu dynamique des descendants de réfugiés protestants français, et d'un réseau d'affaires accrochant ses mailles à Londres et à Pondichéry, à Lorient et à Hambourg, à Philadelphie et à Constantinople. Cet homme infatigable qui consacra aux marchandises et à l'argent, dans une activité aussi intense qu'austère, tous les instants d'une longue existence — au point d'en recevoir le reproche de ses familiers — amassa une grande fortune sous le signe, pour lui évident, de la protection divine. Personne ne le suivit dans sa carrière : du vivant déjà du patriarche, les Pourtalès s'étaient intégrés aux noblesses européennes. De toute façon, personne n'aurait pu la recommencer : elle s'était inscrite, en effet, dans la dernière phase de prospérité d'un système d'échanges internationaux que les guerres de la Révolution et de l'Empire autant que l'industrialisation de l'Europe devaient perturber puis rendre caduc.

Type
Les Domaines de L'Histoire (Comptes rendus)
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1970

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References

1. Cette étude est fondée sur l'utilisation des papiers des familles de Pourtalès et de Coulon, conservés aux Archives de l'État à Neuchâtel. Nous exprimons ici notre reconnaissance aux descendants, qui nous ont autorisé à les consulter.

page 499 note 1. Archives Pourtalès, 2/Vlll, lettre de Jacques-Louis Pourtalès à Picot-Trembley, doyen de la faculté de Théologie de Genève, 25 février 1809.

page 499 note 2. « Notice de ma vie », Archives Pourtalès, 9.

page 499 note 3. Archives Pourtalès, 3/Vil et 9.

page 500 note 1. Archives Coulon, 46.

page 500 note 2. Archives Pourtalès, 19/1.

page 501 note 1. Id.. 19/n.

page 501 note 1. Id., 14/111.

page 501 note 2. Id., 4/1 et 20/11. Samuel Grellet est sans cloute apparenté aux Grellet négociants de Limoges.

page 503 note 1. François-Antoine Rougemont est le fils du premier mariage de Jean-Jacques Rougemont, fondateur de la banque Rougemont de Paris, f 1762, et le demi-frère de Denis de Rougemont fils du troisième mariage de Jean-Jacques et héritier de la banque parisienne.

page 503 note 2. La société Rougemont et Fesquet (1793-1802) résulte de l'association de Jean-Henri Rougemont avec Casimir Fesquet venu de Marseille, où il rentrera en 1802, provoquant la dissolution de la société. — Agassiz et Wilson (1793-1802) : société entre Thomas Wilson, J.-D. Humbert et A.-D.-L. Agassiz fils. La suite sera prise par Wilson, Agassiz et Cie. La maison a une filiale à Bordeaux.

page 503 note 3. Archives Coulon, 44.

page 503 note 4. Id, 47/IV.

page 504 note 1. Dans : Une Conquête douanière : Mulhouse (s.d.).

page 504 note 2. Cf. La Naissance de la grande industrie en Dauphiné, t. I, p. 270.

page 504 note 3. André-César Terrisse a été responsable de la maison de Lisbonne; Paul Pourtalès, de celle d'Ostende; Paul-Louis Carbonnier, de celle de Lorient où il a, en 1792, perdu la moitié de son capital; J. Wolff, de celle de Colmar; G. Chaillet, de celle de Lyon et des manufactures de Saint-Vérand et de Bourgoin. Aucune trace, non plus, des opérations de ces différents sièges. Au hasard des papiers, on en a toutefois relevé deux (d'ailleurs sans dates). L'une concerne un compte à demi entre Pourtalès et Cie et Germany, Girardot et Cie (société qui a existé sous cette raison de 1772 à 1777), portant sur un achat de 454 542 I. t. de thé Boùi (soit plus de 1 100 caisses), revendu 482 951 1.1. à M. de Rabec, ancien administrateur de la Compagnie des Indes et négociant parisien. La seconde, la vente à Ostende, pour plus de 2 000 000 de 1.1., de 1 104 balles (soit 51 000 pièces de toiles des Indes) apportées par le navire « La Chancelière-de-Brabant ».

page 505 note 1. Archives Coulon, 67/I. L'interruption des affaires avec l'Europe est sûrement compensée par la poursuite des relations directes avec les Iles, qui paraissent très fructueuses. Pierre Coulon écrit à Pourtalès et Cie, le 3 octobre 1781 : « Le fort envoi que notre nouvelle société a fait aux Iles en septembre 1780 y est arrivé à bon port et a été vendu tout de suite. Son produit net se monte à 650 000 livres, lesquelles, converties en bonnes lettres de change sur le Trésor, doivent produire à peu près 520 000 livres de France. Cette affaire nous donnera un bénéfice de 240 à 250 000 livres à partager en trois, soit 80 000 livres à chacun » (Archives Coulon, 67/II). Donc, un bénéfice de l'ordre de 100 %, sur guère plus d'une année, sans doute. Incontestablement, une affaire très réussie.

page 506 note 1. Cf. Cargaisons indiennes, Solier et Cie, t. Il, pp. 269-300. A noter que Pourtalès et Cie reçoivent également des toiles en consignation de Madras (Edouard Raphaël, Robert Ewing).

page 506 note 2. C'est-à-dire pour Livourne. Pourtalès et Cie reçoivent également des marchandises par Nice.

page 506 note 3. C'est sans doute le conflit russo-suédois qui se trouve ici évoqué.

page 507 note 1. Archives Coulon, 63.

page 507 note 2. Archives Pourtalès, 19/11, lettre à G. Chaillet, qui réside habituellement à Neuchâtel.

page 508 note 1. A ce sujet voir L. Dermigny, op. cit., t. I, pp. 204-216.

page 510 note 1. Pourtalès a, en outre, touché des « honoraires » : 2 500 livres par an de 1753 à 1757, puis de 1758 à 1761 ; 5 000 de 1762 à 1775.

page 510 note 2. Un écho de ce problème est sans doute à trouver dans une lettre du 29 mars 1787 à Robert Ewing, de Madras (Archives Coulon, 68) : Pourtalès et Cie refusent de donner plus de 3.% des fonds qui leur resteraient entre les mains. « C'est le plus haut intérêt que nous puissions vous payer, eu égard aux circonstances, aux risques qu'on court en les faisant valoir, et surtout n'ayant pas besoin des fonds étrangers dans notre commerce ».

page 511 note 1. Archives Coulon, 45/IV. Paul Coulon a, en outre, un compte de dépôt, rémunéré à 4 % comme le compte de fonds.

page 511 note 2. Une indication partielle concernant les années 1782-1795 (Archives Coulon, 55) montre que, dans ces années-là, l'intérêt du capital est calculé à la fois sur le capital initial et sur les parts de bénéfices qui s'accumulent, les intérêts eux-mêmes n'étant pas capitalisés. Si l'on choisissait de tenir compte des intérêts, le capital se trouverait à nouveau rémunéré à 24 %.

page 512 note 1. Si l'on apportait la même correction, le taux serait porté à 7 %.

page 512 note 2. Joseph Coulon, rentré en 1792 de l'Inde (où il paraît avoir fait fortune à Yanaon, associé à Douchez), devait subir des pertes bien plus fortes. Son avoir se montait à 2 158 000 1.1., pour bonne partie en assignats avec lesquels Pourtalès et Cie lui avaient payé une forte cargaison. Incapable de se résoudre à temps à les convertir en un placement solide, il courut à sa propre ruine. Il tenta de refaire sa vie à Philadelphie. — Quant à Pierre Coulon, il s'associe, en 1792, à Joseph Geslin et Joseph White (il est lui-même marié à une White) ; il est devenu maire de Pondichéry. Mais, en 1793, il s'aliène la population de sa ville, dont il a dû signer la capitulation devant les Anglais. Il se réfugie alors à Fort Saint-George (Madras), auprès d'un ami, le Suisse, Francis Lautour. Dissoute à Pondichéry, la société de Coulon se prolonge dans celle de White, Mercier et Cie, toujours commanditée par Amalric, cependant qu'à Madras Coulon entre en société avec Lautour (Francis Lautour et Cie, dans laquelle Geslin et Coulon sont commanditaires). Parti pour Londres afin d'y régler un conflit avec la Compagnie anglaise des Indes orientales à propos de ses créances hypothécaires sur les États du nabab d'Arcat, Lautour laisse en fait Coulon à la tête de sa maison.

page 512 note 3. Archives Pourtalès, 19/111.

page 513 note 1. ld, 19/11.

page 513 note 2. ld., 3/vll.

page 513 note 3. Ibid.

page 513 note 4. Archives Pourtalès, 2/XII, 4/VIII, 4/X; et archives Coulon, 47/1.

page 514 note 1. De 1776 à 1778, la guerre avec les Américains fait monter le taux des assurances à 6,7 et 8 %; il faut faire venir à haut prix de Londres les articles précédemment fournis par les Américains. De 1779 à 1782 c'est de surcroît la guerre avec la France : les assurances se tiennent entre 6 et 14 %; des navires sont perdus en mer; les Français prennent la Grenade, imposent diverses taxes, exigent des corvées de nègres gratuites. 1783 et 1784 sont des années de récolte « chétive » et de grandes dépenses en raison des achats différés, après la restitution de la Grenade à l'Angleterre. Suivent six années de pleine paix; les assurances tombent à 2 %; après 1787, malgré des pertes en bestiaux, de forts achats de nègres, et compte tenu de la médiocre récolte de 1790, la hausse des prix du sucre et l'amélioration des rendements permettent une augmentation du bénéfice net.

page 514 note 2. Il s'agit de 800 billets à 10 %, valant 880 000 1.1. mais évalués à 15 % de perte.

page 515 note 1. Filiale de la puissante maison Frédéric Romberg, de Bruxelles, Ostende, Gand et Bruges. Les intérêts de Pourtalès dans la filiale de Bordeaux ont certainement dépassé la possession de cette action, car, dans la faillite de cette firme en 1793, Pourtalès se trouve créancier de 500 000 1.1. à titre personnel, et de 500 0001.1. encore pour sa compagnie (A.D. de la Seine, D11 U3, 39/2515).

page 515 note 2. Bedin et Cie : société du 1 e r janvier 1796 entre Gabriel Bedin fils, associé gérant, Pourtalès et Chaillet, associés commanditaires, pour l'exploitation de la manufacture de Saint-Vérand. Le capital, de 36 000 livres de Suisse, est fourni pour moitié par Pourtalès ; 12 0001. par Bedin et 6 000 par Chaillet. Pourtalès a en outre vendu pour 14 000 I. d'outillage. La société sera renouvelée en 1800, le capital, porté à 54 000 I., étant toujours fourni par les mêmes dans les mêmes proportions. Charles Dappler, de Lausanne, y est employé en qualité de commis. Elle rapportera: 11 729 I. de bénéfice pour 1797; 6 118 pour 1799; 8 400 pour 1800; 5 747 pour 1801. Mais, en 1802, il y a 6 828 I. de perte.

page 515 note 3. Janvier et Cie, société au capital de 400 000 I., réunissant en une seule maison les fabriques de papier de Thouvenot et Cie, à Wolfenbùttel, et de Brandt et Cie, à Berne. Il y aura une maison à Lyon. En 1802, la société a des dépôts à Hambourg, Leipzig, Munich, Salzbourg, Trieste. Elle tire des « avantages inappréciables » de la proximité du Harz pour ses différentes fabrications,

page 515 note 4. Famille de Bournens (Vaud). David Samuel Henri s'est établi à Londres. Un Duveluz est sous-préfet du Léman en 1798 et député à la Diète helvétique en 1801.

page 516 note 1. Vingt-cinq ans auparavant Pourtalès s'était déjà intéressé de près aux toiles silésiennes et saxonnes, sans qu'il soit possible de dire s'il les avait effectivement incluses dans ses achats.

page 516 note 2. Les vingt actions de 16 000 I. se répartissent comme suit : Jacques-Louis Pourtalès, 6; Jean-Frédéric de Montmollin, 4 ; De Montmollin, Berthoud et Cie, 3 — ainsi que Nottnagel et Antoine Fornachon; Charles-Henri Du Pasquier, 1.

page 517 note 1. Le compte d'armement s'établit ainsi : le navire de 540 tx tout armé, 170 000 francs; pacotille et assurances, 25 000; fret d'aller, 70 000; fret de retour, 125 000; cargaison, 440 000 francs de piastres, à employer à l'achat de 560 balles de diverses qualités.