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Pour une typologie des formes d'organisation domestique de l'Europe moderne (XVIe-XIXe siècles)

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

André Burguière*
Affiliation:
EHESS, Paris

Extract

Il y a encore une vingtaine d'années un historien traitant de la famille depuis le XVIe siècle nous aurait fait assister à la lente montée en Europe de la famille nucléaire moderne sous l'effet des transformations économiques et de l'action « modernisatrice » des États. L'idée du passage de la famille traditionnelle, caractérisée par des groupes domestiques larges et complexes, à la famille réduite actuelle où le groupe de résidence se limite à la cellule conjugale, à la fois unité de reproduction biologique et de reproduction sociale, cette idée était commune à la plupart des théories sociologiques : certains y voyaient le signe d'une décadence, d'autres la marche plus ou moins bienfaitrice du progrès. On aurait pu croire que l'essor de la démographie historique, en France, à la fin des années 1950 allait redonner vie aux recherches sur l'organisation des groupes familiaux dans lesquelles s'étaient illustrés, un siècle plus tôt, Frédéric Le Play et son école. Mais la mise au point d'une méthode d'exploitation sérielle de l'état civil ancien dont on avait négligé pendant longtemps les considérables ressources, conduisit les historiens à privilégier l'étude du mouvement et du volume de la population. S'ils s'intéressaient à la cellule familiale, c'était comme unité de reproduction biologique, non comme instance de reproduction sociale.

Summary

Summary

If the family model is defined as a coherent System linking size and structure of house holds, domestic cycle profile, and family organization principles (authority distribution, rules of succession, etc.), severals models of Modem European familles (16th to 19th centuries) can be distinguished. H. Hajnal isolates two such models, while P. Laslett isolates four of them. The present study reutilizes Le Play's typology in a new way. Three family models co-existed in France and in Europe as a whole: (1) the nuclear family based on late and “neo-local” marriage, the circulation of “placed” children, (2) the stem family based on a permanent household of business, the parents cohabiting with the chosen heir, and (3) the multiple family which controlled the mobilization of substantial family labor power in a business concern whose revenues were directly generated by unpaid work.

Type
Les Structures Familiales
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1986

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References

Notes

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13. Le cas des pays baltes peut se discuter. La taille souvent considérable des ménages, leur structure complexe et fréquemment polynucléaire, le régime domanial dans lequel ils sont insérés — avec le système de la corvée —, tous ces traits les apparentent au modèle « communautaire ». Mais dans certaines régions, comme la Lettonie, l'exploitation est transmise à un héritier unique (Wirth) et les autres enfants vont s'engager ailleurs comme valets (Knechte), donnant au groupe domestique un profil de famille-souche.

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32. J'emprunte la notion de famille communautaire au livre de Hervé LE Bras et Emmanuel Todd (L'Invention de la France, Paris, 1981), mais sans lui donner le même contenu. Pour eux il s'agit d'un des trois types de « sentiment familial » qui se partagent l'espace culturel français. Ils le conçoivent comme la combinaison d'une structure domestique complexe et d'un contrôle des mariages relativement faible. Pour moi, il s'agit essentiellement d'un idéal d'organisation domestique qui vise à rassembler sous un même toit un grand nombre d'apparentés pour disposer d'une large quantité de main-d'oeuvre familiale, c'est-à-dire non salariée.

33. S. Dyrvik, op. cit., n. 29.

34. P. Laslett, op. cit., n. 6.