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Philosophe ou écrivain ? Problèmes de délimitation entre histoire littéraire et histoire de la philosophie en France, 1650-1850

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Dinah Ribard*
Affiliation:
Paris III-GR/HL

Extract

L'histoire de la philosophie et l'histoire littéraire, aujourd'hui, ne se croisent vraiment que sur un seul objet, qui se trouve être aussi une catégorie particulièrement prégnante de l'histoire culturelle, les « Philosophes des Lumières », les « Philosophes français du 18e siècle ». Mais ce croisement est en réalité un partage : ce que par habitude scolaire on appelle « les Philosophes du 18e siècle » est le produit d'un phénomène tout à fait particulier de répartition des compétences disciplinaires. Ce mode de désignation où le P majuscule et les guillemets assurent une fonction correctrice renvoie à un usage qui concède, voire réserve l'étude des « Philosophes des Lumières » aux professeurs de français et l'Université aux « littéraires ».

Summary

Summary

This article is concerned with the concept of “French Philosophers of the 18th century” and shows how it was elaborated by academics, especially historians of philosophy and historians of literature, in order to exclude non-academic practices of philosophy from the “real” history of philosophy. People who considered themselves as philosophers have been characterized as “writers” and are now studied by specialists of literature, from a stylistic and rhetorical point of view. This article tries to show the complexity of non-academic philosophical practice from the Age of Descartes to the French Revolution. It analyzes how various historical models were successively produced to understand that practice, first by independent writers who tended to classify the philosophers of their time, then (after the Revolution and the reorganisation of academic life) by professors of philosophy and literature.

Type
Figures D'auteurs. Musique et Littérature, France, 17e-20e Siècles
Copyright
Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 2000

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References

1. Un exemple frappant de ce caractère fantomatique se donne à voir dans M. Guéroult, Dianoématique, dont les trois premiers volumes, consacrés pourtant à l'Histoire de l'histoire de la philosophie, Paris, Aubier, 1984-1988, s'organisent comme suit : Histoire de l'histoire de la philosophie en Occident, des origines à Condillac ; en Allemagne, de Leibniz à nos jours; en France, de Condorcet à nos jours. Outre le bizarre décrochage chronologique qui fait revenir à Leibniz à partir de Condillac, cette organisation réserve en réalité une place minimale au 18e siècle français, l'idée étant bien que les choses sérieuses se passent ailleurs. Si les méthodes « structurales » de M. Guéroult sont aujourd'hui rejetées par la majorité des historiens de la philosophie, le jugement porté sur les «Philosophes du 18e siècle » n'en est pas sensiblement modifié.

2. II est significatif, du reste, qu'une entreprise qui redonne dans la bibliothèque des oeuvres philosophiques une place à celles qui ont été écrites au 18e siècle soit aussi une collection qui met l'accent sur la langue, comme si la disparition d'une spécificité (celle du « siècle », qui n'est plus mis à part) impliquait de redonner vie à une autre (celle de la langue française).

3. Cf., du côté des philosophes, le livre de Macherey, P., A quoi pense la littérature ‘’ Exercices de philosophie littéraire, Paris, Puf, 1990 CrossRefGoogle Scholar, qui fait de cette délimitation son point de départ critique. Voir aussi Marquet, J.F., Miroirs de l'identité : la littérature hantée par la philosophie, Paris, Hermann, 1996 Google Scholar, et RanciÈRE, J., La parole muette, Paris, Hachette, 1998 Google Scholar. Du côté des littéraires, et pour s'en tenir à l'époque moderne, on peut citer Cahnk, P.A., Un autre Descartes. Le philosophe et son langage, Paris, Vrin, 1980 Google Scholar, et Darmon, J.C., Philosophie épicurienne et littérature en France au XVIIe siècle, Paris, Puf, 1998 Google Scholar.

4. Pour Voltaire, Malebranche était le type même du philosophe égaré par son imagination et son style. Cf. Voltaire, , Lettres philosophiques, 13e lettre, Naves, R. (éd.), Paris, Garnier, 1964, p. 3 Google Scholar, où Malebranche est rangé avec tous les «raisonneurs ayant fait le roman de l'âme » ; dans cette liste, Malebranche se distingue par ses « illusions sublimes ». L'adjectif sublime renvoie alors clairement à la critique littéraire.

5. Cf. F. Azouvi, « Descartes », dans Nora, P. (éd.), Les lieux de mémoire, t. III, rééd. Paris, Gallimard, 1997, pp. 44754519 Google Scholar, qui retrace toutes les étapes de la constitution de la figure de Descartes comme philosophe français par excellence, identifié à l'esprit français. Je lui emprunte cette date symbolique du concours de 1765. Une date proche éclaire cependant les faits d'une autre lumière : en 1766 était créée l'agrégation de philosophie, pour remplacer les professeurs des collèges jésuites expulsés en 1762.

6. La situation est très différente aujourd'hui, où il semble évident que les professeurs de philosophie réalisent cette actualisation, qui a par ailleurs perdu de son prestige. Cette évidence, selon Fabiani, J.L., Les philosophes de la République, Paris, Minuit, 1988 Google Scholar, date de la fin du 19e siècle et du début du 20e, même si la représentation de la place de la philosophie dans le cursus scolaire a glissé du couronnement aux marges, et d'une fonction de législation des savoirs à une fonction critique (sur ce point, voir aussi J.L. Fabiani, « Enjeux et usages de la “crise” dans la philosophie universitaire en France au tournant du siècle », Annales Esc, 1985, n° 2, pp. 377-409). Il me semble néanmoins que l'assimilation du philosophe au professeur est antérieure à la Troisième République, même si elle faisait l'objet de polémiques et si beaucoup de philosophes encore reconnus aujourd'hui n'étaient pas membres, à l'époque, de l'institution enseignante. La différence tient surtout au fait que la philosophie, au début du 19e siècle, n'était pas encore installée dans la classe terminale des lycées.

7. Ce processus est analysé par Viala, A., dans Naissance de l'écrivain. Sociologie de la littérature à l'âge classique, Paris, Minuit, 1985 Google Scholar.

8. Un cas analysé par A. Blair et qui date du tout début du 17” siècle montre que cet effet est bien dû aux conditions de la publication imprimée. Il s'agit du manuscrit d'un professeur de philosophie parisien, JeanCécile Frey, qui contient la matière des cours qu'il avait donnés dans divers collèges sur des questions philosophiques diverses. Ce manuscrit avait été préparé pour la publication imprimée par un anonyme, qui lui donne un titre, Hortus Freii, indiquant qu'il s'agit d'un recueil de lieux communs, genre alors florissant, et fait disparaître dans la préface de Frey la formule par laquelle il s'adresse aux jeunes gens. Envisager la publication imprimée semble donc impliquer de masquer l'origine pédagogique d'un livre de philosophie. Cf. A. Blair, « Bibliothèques portables : les recueils de lieux communs dans la Renaissance tardive », dans Baratin, M. et Jacob, C. (dir.), Le pouvoir des bibliothèques. La mémoire des livres en Occident, Paris, Albin Michel, 1996, pp. 84106 Google Scholar.

9. Les Méditations sur la métaphysique, par Guillaume Wander (l'abbé de Lanion), parurent d'abord séparément en 1678, puis furent publiées à nouveau par Bayle dans le recueil de pièces cartésiennes qu'il fit paraître en 1684. Je dois la connaissance de ce minigenre à Emmanuel Faye.

10. L'ouvrage satirique du P. Daniel, le Voyage du monde de Descartes, fait de cette ressemblance entre les méditations philosophiques et les livres de dévotion la matière d'un récit qui accuse Descartes d'avoir joué consciemment sur elle pour dissimuler ce que sa philosophie a de peu chrétien : « Enfin il n'y a rien de plus édifiant que la Lettre que ce Philosophe écrit à Messieurs de Sorbonne en leur dédiant ses Méditations ; & cela est si vrai, qu'il n'y a pas fort longtemps qu'un de mes amis, qui n'est pas trop fin dans ces matières, ayant lu par hasard chez moi cette Lettre qui le toucha, & voyant ensuite le titre de Méditations à la tête de l'ouvrage, me pria bonnement de lui prêter ce livre spirituel, pour entretenir sa dévotion pendant la semaine sainte », Recueil de divers Ouvrages Philosophiques, Théologiques, Historiques, Apologétiques, & de Critique, par le R. P. Daniel de la Compagnie de Jésus, Paris, Denis Mariette et JeanBaptiste Coignard, 1724, t. I, p. 4.

11. La préface d'Helvétius ne contribue pas à dissiper l'ambiguïté, puisqu'elle signale à la fois cette ressemblance et cette différence avec les écrits des « moralistes » : « L'on a, jusqu'à présent, considéré l'esprit que sous quelquesunes de ses faces. Les grands Ecrivains n'ont jeté qu'un coup d'oeil rapide sur cette matière […]. La connaissance de l'esprit, lorsqu'on prend le mot dans toute son étendue, est si étroitement liée à la connaissance du coeur & des passions de l'homme, qu'il était impossible d'écrire sur ce sujet, sans avoir, du moins, à parler de cette partie de la Morale commune aux hommes de toutes les Nations […]. Les principes que j'établis sur cette matière, sont, je pense, conformes à l'intérêt général & à l'expérience. C'est par les faits que j'ai remonté aux causes. J'ai cru qu'on devait traiter la Morale comme toutes les autres Sciences, & faire une Morale comme une Physique expérimentale. », Euvres complètes de M. Helvétius, Londres, 1777, t. II, p. m.

12. La production que Mademoiselle de Scudéry présente comme issue des réunions qu'elle organise, les Conversations, se donne pour exemplaire de la manière de traiter des questions philosophiques comme celle du pyrrhonisme (De l'Incertitude) dans la bonne société : il s'agit de montrer sa capacité à faire de questions techniques la matière de propos par lesquels le cercle confirme sa supériorité intellectuelle. Le président de Lamoignon était connu pour ouvrir sa propre académie au débat philosophique ; les productions critiques du P. Rapin sur la « nouvelle philosophie » lui sont adressées. Le ton des conversations entre philosophes reçus es qualités chez Madame Geoffrin et d'Holbach était très différent, bien plus radical. critique et matérialiste dans le second que dans le premier cas, à en croire du moins les témoignages de Morellet et de Diderot.

13. Furetière donne cette phrase comme un exemple d'usage du mot philosophie, comme le signalent les italiques, mais elle n'en est pas moins imprimée telle quelle dans le Dictionnaire universel, La HayeRotterdam, A. et R. Leers, 1690 (reprint Paris, Le Robert, 1978), s. v. « Philosophie ».

14. Le dictionnaire de Richelet donne à « Philosophe » une définition qui présente l'usage professionnel du mot comme un abus, ce qui fait de la nouvelle philosophie un retour aux origines : « Mot qui vient du grec, et qui veut dire amateur de la sagesse, sage, prudent, mais comme dans ce sens le nombre des philosophes d'aujourd'hui est fort limité on l'étend un peu davantage, et on nomme philosophe celui qui sait, qui croit savoir ou qui se pique de savoir la Logique, la Morale et la Physique », Nouveau Dictionnaire François, nouvelle édition, Rouen, F. Vaultier, 1719.

15. Dictionnaire Universel, vulgairement appelé Dictionnaire de Trévoux, nouvelle édition, Paris, Compagnie des Libraires associés, 1771, s. v. «Philosophe».

16. Dictionnaire critique de la langue française, par M. l'abbé Féraud, Marseille, J. Mossy, 17871788.

17. C'est le cas chez l'oratorien LA Grange, auteur d'un livre intitulé Les Principes de ia Philosophie, contre les Nouveaux Philosophes, Descartes, Rohault, Regius, Gassendi, le P. Maignan, & c, Paris, J. Couterot, 1682 (lrc éd. 1675). Rohault et Regius sont des disciples de Descartes, le P. Maignan un minime toulousain essentiellement préoccupé par la physique, en particulier dans ses rapports avec la théologie.

18. Sur ce point, voir J.P. CavaillÉ, « “Le plus éloquent philosophe des derniers temps”. Les stratégies d'auteur de René Descartes», Annales Hss, 1994, n” 2, pp. 349367. Sur l'opposition des stratégies des deux philosophes, on peut lire de Gassendi la Lettrepréface à SorbiÈRE de la Disquisitio Metaphysica, seu dubitationes et instantiae adversus Renatl Cartesii metaphysicam et responsa, texte établi, traduit et annoté par B. Rochot, Paris, Vrin, 1962.

19. La Recherche de la Vérité de Malebranche va jusqu'à ne faire aucune différence entre les professeurs de philosophie et les savants indépendants, des humanistes aux mathématiciens. D'une manière générale, le cartésianisme se construit en s'opposant, en tant que philosophie, à tout savoir ; il se veut une philosophie pour le monde, au double sens de grand monde, par opposition à la pédanterie, et de vaste monde, par opposition à l'espace confiné des cabinets de travail.

20. Les occurrences de cette idée sont nombreuses chez Voltaire ; on la trouve bien développée dans le ch. XXXI du Siècle de Louis XIV, consacré aux sciences.

21. Traité de paix entre Descartes et Newton précédé des Vies Littéraires de ces Chefs de la Physique moderne, par le P. AiméHenri Paulian, professeur de physique au collège d'Avignon, de la Compagnie de Jésus, Avignon, Veuve Girard, 1763, p. 15.

22. Traité de paix entre Descartes et Newton, op. cit., pp. 26-28.

23. Sur ce point, voir Mesnard, J., « Langage littéraire et philosophie au Xvif siècle », Le Langage littéraire au XVIIe siècle, C. Wentzlaffeggebert (éd.), Tubingen, G. Narr, 1991. pp. 241264 Google Scholar. Le Traité de paix du P. Paulian reprend en fait, bien qu'il s'en défende, le projet de traité de paix entre Descartes et Aristote inséré par le P. Daniel dans son Voyage du Monde de Descartes (lre éd. 1690), qui se présente comme un roman ; le choix de l'épistolaire montre lui aussi la perpétuation de la double stratégie des professeurs jésuites (attaque de l'adversaire sur son propre terrain et conciliation doctrinale).

24. Cf. la violente riposte de Voltaire au discours de réception de Lefranc de Pompignan. qui critiquait l'esprit philosophique moderne.

25. Cf. D. Julia, « Livres de classe et usages pédagogiques », dans Chartier, R. et Martin, H.J. (dir.), Histoire de l'édition française, t. II, Le livre conquérant, 1660-1830, Paris, Fayard, 1990, pp. 615657 Google Scholar.

26. M. Rohault, Entretiens sur la Philosophie, s. 1., 1675 (lre éd. 1671), pp. 57-58.

27. Sur l'adresse simultanée de Descartes aux savants et aux mondains via le P. Mersenne et Chapelain, voir J.P. CavaillÉ, « “Le plus éloquent philosophe des derniers temps”… », art. cité, et Descartes. La Fable du monde, Paris, VrinEhess, 1991. Sur le choix du français et d'une écriture narrative pour le Discours de la méthode, voir A. Viala, « Le Discours de la méthode comme récit génétique», Paragraphes, 9, Montréal, 1993, pp. 153163. Sur l'attention de Descartes aux aspects matériels des livres qu'il publiait (choix typographiques comme l'alinéa, formats, publication des objections de l'adversaire avec son propre texte), dans le but de faciliter leur lecture, voir H.J. Martin, « Les formes de publication au milieu du Xviie siècle », Ordre et contestation au temps des classiques, Actes du 21e colloque du Cmr 17, ParisSeattleTubingen, Biblio 17, 1992, t. II, pp. 209224.

28. Les ouvrages de Louis de Lesclache ﹛La Philosophie divisée en cinq parties, Paris, C. Chastellain, 1648-1650, La Philosophie en tables, Marseille, G. Garsin, 1675) exposent la philosophie « ordinaire » qu'il diffusait également dans ses conférences. Ceux de Gilles de Launay (qualifié par le privilège de ses oeuvres de « Conseiller, Historiographe du Roi & Professeur en Philosophie »), qui déclare proposer à la lecture la « Philosophie active & civile des honnêtes gens, qui se doit pratiquer dans le monde » ﹛Dissertation de la Philosophie en général, Paris, Jean Cusson, 1668, p. 4), n'en sont pas moins organisées selon l'ordre scolaire et utilisent les termes aristotéliciens. Ces textes, comme celui du P. La Grange déjà cité, ne sont pas les premiers cours de philosophie en français (ils avaient été précédés par celui de Scipion Dupleix, publié entre 1600 et 1610, et de nombreuses fois réédité), mais ils se présentent comme une réplique explicite à une situation nouvelle de la philosophie ; Scipion Dupleix, quant à lui, n'était pas professeur. Son projet est avant tout la diffusion de la philosophie ordinaire, si toute dimension polémique (contre le néoépicurisme et le néostoïcisme, en particulier) n'en est pas absente. Cf. E. Faye, « Le corps de philosophie de Scipion Dupleix et l'arbre cartésien des sciences », Corpus, 2, 1986, pp. 715.

29. LA Grange, Les Principes de la Philosophie…, op. cit., pp. 43-44.

30. Ce petit traité, qui donne un exemple de correction de l'ancienne philosophie par la rigueur terminologique de la nouvelle, comme le Voyage du Monde de Descartes le suggère, n'a cependant paru que dans le Recueil de divers ouvrages du P. Daniel, op. cit., pp. 281-304.

31. Sur ce point, voir l'article ancien d' Boehm, A., « Deux essais de renouvellement de la scolastique au Xviie siècle. II. L'aristotélisme d'Honoré Fabri », Revue des Sciences religieuses, 39e année, n° 4, oct. 1965, pp. 305360 CrossRefGoogle Scholar. Le P. Fabri était un contemporain de Descartes qui, sembletil, a d'abord craint sa contreattaque.

32. Cf. Julia, D., « Une réforme impossible. Le changement de cursus dans la France du XVIIIe siècle », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 47-48, 1983, pp. 5376 CrossRefGoogle Scholar.

33. Les établissements d'enseignement « public » (c'estàdire collectif et ouvert à une assez large clientèle sociale), dans les différentes formes qu'ils ont prises à l'époque moderne, subissent une mise en cause continue (la concurrence, globalement favorable aux premiers, entre les collèges administrés par les ordres religieux, en particulier les jésuites, et les collèges dépendant des Universités, débouche sur un mouvement général de critique de l'enseignement des collèges et par l'expulsion des jésuites) au cours de la période, qui voit aussi fleurir les projets et les tentatives de réforme des enseignements sur un modèle unique.

34. Ce que l'on sait de la composition du public qui venait chez Rohault provient en fait d'une seule source, la longue préface donnée par Claude Clerselier aux oeuvres posthumes de celui qui était aussi son gendre : les autres sources reprennent celleci ou mentionnent simplement des présences individuelles. La description de cette assemblée, où venaient selon Clerselier « des prélats, abbés, courtisans, docteurs, médecins, philosophes, géomètres, régents. écoliers, provinciaux, étrangers, artisans, en un mot des personnes de tout âge, de tout sexe. et de toute profession » (OEuvres posthumes de Mr Rohault, Paris, Guillaume Desprez, 1682, p. x), est destinée à mettre en valeur, pour les lecteurs de Rohault, à la fois le caractère universel d'une philosophie qui a rencontré l'approbation des catégories sociales les plus diverses, et sa capacité à intéresser « prélats » et « courtisans » aussi bien que des professionnels comme les médecins, les « régents » (professeurs des collèges) et les « philosophes » (probablement, d'après l'ordre de la liste qui conserve quelque chose de l'ancienne répartition universitaire, ceux qui enseignent la philosophie à la faculté des arts, ou éventuellement comme précepteurs privés, avec les géomètres).

35. Inversement, Rochon affirme que si les cartésiens se rattachent bien à un espace social spécifique (et inférieur), « l'École » n'existe pas : pour lui, la philosophie scolaire est en constante adaptation et se montre différente de lieu en lieu. Les professeurs de philosophie ne font donc pas corps, alors que les cartésiens font bloc et parlent tous de la même manière (Lettre d'un philosophe à un cartésien de ses amis, Paris, Thomas Jolly, 1672).

36. Cf., dans la lignée des travaux de Shapin, S. et Shaffer, S., Licoppe, C., La formation de la pratique scientifique. Le discours de l'expérience en France et en Angleterre (1630-1820), Paris, La Découverte, 1996 Google Scholar.

37. L'interlocuteur de Rohault s'exclame par exemple : « Pour moi, j'admire que vous me rendiez plus savant en me faisant avouer que je suis plus ignorant que je croyais », M. Rohault, Entretiens sur la Philosophie, op. cit., pp. 66-67. Le même genre d'allusions se retrouve dans les plus célèbres Entretiens sur la pluralité des mondes d'un autre cartésien, Fontenelle.

38. Cette référence a par ailleurs une diffusion plus large : tous ceux qui prennent part au débat en font usage. L'héritage prestigieux de l'Antiquité est ainsi revendiqué et réinterprété par tout le monde.

39. La comparaison de l'Académie des sciences et même de l'Académie française avec l'académie platonicienne (conçue comme le lieu de formation par excellence) est fréquente sous la plume de Fontenelle, célèbre secrétaire de la première, et de Pellisson, premier historien de la seconde. Plus largement, toutes les histoires de la culture française qui se multiplient au cours de la période sous différents titres font succéder tout naturellement les académies modernes aux universités médiévales, comme si elles occupaient la même fonction : les académies sont présentées comme l'instrument des renouvellements du savoir et de la pensée, de même que les universités étaient celui de leur conservation dans des temps barbares. C'est le cas par exemple dans un ouvrage au titre significatif, Les Muses en France, ou Histoire chronologique de l'Origine, du Progrès & de VEtablissement des BellesLettres, des Sciences & des Beaux Arts dans la France ; contenant La Fondation des Universités, des Collèges, des Académies Royales, des Écoles célèbres de ce Royaume ; et les Personnes Illustres qui les premiers se sont le plus distinguées soit dans les Sciences, soit dans les Arts, par A. M. Le Fèvre, prêtre de Paris, bachelier en théologie, Paris, J. F. Quillau Fils, 1750, qui ne dit rien des institutions enseignantes de son temps, et ne mentionne aucune réforme universitaire moderne, alors qu'il a évoqué les précédentes ; à la place, il parle des académies.

40. Je me permets de renvoyer à Ribard, D., « D'Alembert et la “société des gens de lettres” : utilité et autonomie des lettres dans la polémique entre Rousseau et d'Alembert », Littératures classiques, 37, 1999, pp. 229245 Google Scholar.

41. Ces deux objets étaient de la même manière interdits aux membres des académies royales par les règlements officiels.

42. Cité par Gayot, G., La francmaçonnerie française. Textes et pratiques (Xviiie XIXe siècles), Paris, Gallimard-Julliard, «Archives», 1980, p. 70 Google Scholar.

43. Ces réflexions visent à compléter, du côté d'une histoire sociale des auteurs et d'une histoire de la publication, l'analyse de P. Macherey, qui souligne avec force l'importance du mouvement de réinscription de la philosophie dans l'École devenue institution d'État après la Révolution, mais est de ce fait même amené à schématiser quelque peu la situation et l'action des philosophes « classiques ». Cf. « Faire de la philosophie en France aujourd'hui », dans Macherey, P., Histoires de dinosaure. Faire de la philosophie, 1965-1997, Paris, Puf, 1999, en particulier p. 210 Google Scholar : « Ce qui singularise la période allant du XIVe siècle, et surtout du Xvie siècle au Xviiie siècle, c'est […] la sécularisation de l'activité philosophique, progressivement autonomisée par rapport à l'Église, mais sans avoir encore à chercher du côté de l'État ses garanties de légitimité : cette activité s'est alors développée dans le cadre que lui fixait l'existence de la communauté inorganique d'écrivains et de penseurs symboliquement réunis sous la bannière transnationale de la “république des lettres”. Alors, la philosophie est demeurée une activité pour l'essentiel privée, […] désintéressée dans la mesure où elle n'était pas exercée comme un métier par des gens dont la position n'était pas socialement déterminée par le fait d'exercer une telle pratique […] tous ces gens travaillaient “à leurs frais”, éventuellement assistés par un mécène qui, même s'il s'agissait d'un personnage public, intervenait auprès d'eux à titre privé : Louis XIV n'a jamais formé le projet |…] de s'attacher es qualités des philosophes, comme il l'a fait par ailleurs pour des écrivains ou des artistes, puis des savants, en créant et en protégeant le corps officiel des Académies. […] c'est dans ce cadre très particulier, où la philosophie s'est maintenue pendant plusieurs siècles, que s'est élaboré le système de la rationalité classique : et peutêtre cette situation n'estelle pas tout à fait sans rapport avec l'abstraction de son ordre représentatif ». P. Macherey déclare plus rapidement encore, p. 216, que « ni Montaigne ni Rousseau n'ont été effleurés par l'idée de prendre la parole en public pour propager leurs idées, c'estàdire pour communiquer des thèses qui n'offraient d'ailleurs pas à leurs yeux un caractère proprement didactique, et n'avaient donc pas à être enseignées ».

44. Cette construction s'accommode très bien d'une critique radicale, et très courante, de la métaphysique et de la physique cartésiennes, par exemple dans le Discours préliminaire de l' Encyclopédie dû à d'Alembert, ou dans l'un des éloges de Descartes couronnés par l'Académie française en 1765, celui de Thomas; même Voltaire, comme il a été signalé, prend acte du geste fondateur de Descartes décidant de penser par luimême, sans toutefois rien conserver de sa doctrine.

45. Cf. Braun, L., Histoire de l'histoire de la philosophie, Paris, Ophrys, 1973 Google Scholar, et M. Gué Roult, Dianoématique, op. cit., livre I, vol. I.

46. Sur le cas particulier de l'éloge, voir Bonnet, J.C., Naissance du Panthéon. Essai sur le culte des grands hommes, Paris, Fayard, 1998 Google Scholar.

47. Bordelon, Laurent, Théâtre philosophique, Paris, C. Barbin, 1692 Google Scholar. La même année, soit un an après sa parution, la Vie de M. DesCartes par Adrien Baillet (Paris, D. Horthemels, 1691) est réimprimée en petit format, signe de succès.

48. Dupontbertris, , Éloges et caractères des philosophes les plus célèbres, depuis la naissance de JésusChrist, jusqu'à présent, Paris, H.S.P. Gissey, 1726 Google Scholar. Le livre est dédié au Régent Philippe d'Orléans, supposé amateur de philosophie.

49. Je me permets à nouveau de renvoyer à D. Ribard, « Cartésianisme et biographie : la critique de la Vie de M. DesCartes par le P. Boschet », Corpus, numéro spécial : « Cartésianisme et augustinisme », à paraître.

50. Gassendi, qui se pose en simple successeur et redécouvreur des Anciens, se prête beaucoup moins bien à cette opération. Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle de Charles Perrault (Paris, Antoine Dezallier, 1697) trouvent à cette difficulté une solution qui permet d'associer les deux grand représentants de la « nouvelle philosophie » : Descartes est appelé « philosophe » et Gassendi « sage », ce qui marque une différence tout en les égalant l'un à l'autre.

51. A. Baillet, Vie de M. DesCartes, op. cit., préface, p. V.

52. Ce personnage, évoqué dans la deuxième partie de la Vie de M. DesCartes, s'appelait Chandoux. Baillet précise qu'il a fini pendu : la dénonciation est d'autant plus violente que la ressemblance avec la manière de procéder de Descartes pour se faire connaître, avant la tardive publication de son premier livre, est patente.

53. C'est encore le cas de la biographie la plus récente, due à Rodislewis, G., Descartes, Paris, CalmannLévy, 1995 Google Scholar, malgré la minutie des recherches documentaires et malgré la tendance de la recherche cartésienne actuelle à insister, comme par un effet de balancier, sur les liens de la philosophie de Descartes avec ce qui l'a précédée et ce qui l'entoure. Il semble qu'il y ait là un trait propre au genre de la biographie.

54. Cf. Thomas, A.L., Euvres, nouvelle édition revue, corrigée et augmentée, Paris, Moutard, 1773, t. IV Google Scholar. Cet éloge sera publié par Victor Cousin en tête de son édition des oeuvres de Descartes (Paris, F.G. Levrault, 1824-1826). Voëtius était ministre du culte réformé et professeur à l'université d'Utrecht. Thomas a tendance à oublier son statut de professeur pour souligner son caractère sacerdotal.

55. Les plus célèbres de ces traités, signale SaintLambert, sont ceux de Fontenelle et de Maupertuis. Mais il montre qu'ils ne représentent rien de neuf, puisque Fontenelle était encore en ce tempslà un « bel esprit » plutôt qu'un « philosophe », ce qui le rend comparable à Sénèque, tandis que Maupertuis, « esprit chagrin & jaloux », dénie le bonheur à l'homme comme les « Moralistes modernes ».

56. Oeuvres complètes de M. Helvétius, op. cit., t. I, pp. 3942. Ce texte avait d'abord paru comme préface au Bonheur, poème en 6 chants, avec des fragments de quelques épîtres. ouvrages posthumes de M. Helvétius, Londres, 1772.

57. SaintLambert est l'auteur du célèbre poème des Saisons.

58. Les « Moralistes » et Maupertuis ne peuvent pas parler du bonheur puisqu'ils refusent de l'éprouver.

59. A propos de De l'Esprit, plus loin, SaintLambert situe la nouveauté d'Helvétius par rapport à la chronologie inaugurée par Descartes, en montrant que cette nouveauté est plus véritable que celle de Descartes : « On a dit de Descartes, qu'il avait créé l'homme. On peut dire de M. Helvétius, qu'il l'a connu. », Euvres complètes de M. Helvétius, op. cit., t. I, p. 93.

60. Cf. Fontenelle, , Éloge du P. Malebranche, Euvres Complètes, A. Niderst (éd.), Paris, Fayard, t. VI, 1994, pp. 337360 Google Scholar. Ce récit de la conversion de Malebranche à la philosophie a d'ailleurs été sans cesse repris jusqu'à aujourd'hui, comme s'il était de l'ordre des faits et ne méritait pas l'examen de ses enjeux.

61. Chez Baillet, Descartes devient philosophe à la demande d'un saint prélat, Bérulle, et bénéficie d'illuminations spéciales. Il obéit en fait à une véritable vocation, qui le conduit à la retraite en Hollande, c'estàdire, comme ne manquent pas de le remarquer les adversaires de Baillet, dans un pays protestant.

62. Gaillard, G., Mélanges académiques, poétiques, littéraires, philologiques, critiques et historiques, Paris, H. Agasse, 1806, t. I, pp. 130131 Google Scholar. Cet éloge de Corneille a été couronné par l'Académie de Rouen en 1768.

63. Cf. Dagen, J., L'Histoire de l'esprit humain dans la pensée française, de Fontenelle à Condorcet, Paris, Klincksieck, 1977 Google Scholar.

64. Cf. Ferrari, Joseph, Les Philosophes salariés (1849), Douailler, S. et Vermeren, P. (rééd.), Paris, Payot, 1983 Google Scholar. Ferrari était luimême un professeur qui s'est trouvé en opposition avec l'institution.

65. Je pense en particulier aux académies. La reconnaissance académique, comme le cas de Fontenelle Fa montré, s'associait à celle que procuraient d'autres réseaux, et surtout les succès d'auteurs des philosophes.

66. De l'Usage & de l'abus de l'esprit philosophique dans le dixhuitième siècle, par J.E. M. Portalis, de l'Académie française, seconde édition, Paris, Moutardier et Eugène Balland, 1827, t. II, ch. 33, «Par quelles circonstances les philosophes sontils devenus une puissance dans nos Gouvernements ? », p. 434.

67. DE GÉRando, J.M., Histoire comparée des systèmes de philosophie, relativement aux principes des connaissances humaines, Paris, Henrichs Google Scholar, an Xii-1804.

68. Rapports à l'Empereur sur le progrès des sciences, des lettres et des arts depuis 1789, vol. IV, F. Hartog (présentation et notes par), Paris, Belin, 1989, p. 269.

69. Le dictionnaire de Richelet présentait comme un même abus de langage la désignation des professeurs comme philosophes, cf. plus haut note 14.

70. Il a en effet fallu attendre la Troisième République pour que la position de la philosophie, discipline universitaire présente dans les lycées, soit totalement stabilisée. Cf. J.L. Fabiani, « Enjeux et usages de la “crise” dans la philosophie universitaire en France au tournant du siècle », art. cité, qui exagère cependant le caractère extrauniversitaire des « philosophes fiançais les plus importants de la première moitié du XIXe siècle » (p. 383), à commencer par Renouvier dont le Manuel de philosophie moderne est pourtant issu d'un mémoire présenté au concours de l'Académie des sciences morales et politiques présidée par Cousin.

71. Après 1830 Cousin devient à la fois membre du Conseil supérieur de l'instruction publique, président de l'agrégation de philosophie, directeur de l'École normale et président de l'Académie des sciences morales et politiques. Il forme ainsi toute une génération de professeurs de philosophie. Cf. Billard, J., De l'école à la République : Guizot et Victor Cousin, Paris, Puf, 1998 Google Scholar, et surtout Vermfren, P., Victor Cousin. Le jeu de la philosophie et de l'État, Paris, L'Harmattan, 1995 Google Scholar.

72. Damiron est d'ailleurs un adepte de la méthode biographique, ce qui montre que la forme biographique ne subsiste pas qu'à l'état de traces chez les historiens de la philosophie postérieurs au Xviip siècle. Cf. les Discours prononcés à la Faculté des Lettres (Cours d'histoire de la philosophie moderne), Paris, Hachette, 1839, dont le deuxième, prononcé à l'occasion de l'ouverture de l'année scolaire 1838-1839, s'intitule « De la part et de l'emploi de la biographie dans l'histoire de la philosophie ».

73. Pendant cette période où il n'enseigne plus, Cousin entreprend de publier trois philosophes, Proclus, Platon et Descartes. Le choix est significatif : il correspond à une triple légimation, par l'érudition, par la référence au père de la philosophie ancienne et par la revendication de l'héritage cartésien.

74. Damiron, P., membre de l'Institut, professeur à la faculté des lettres de Paris, Essai sur l'histoire de la philosophie en France au XVIIe siècle, Paris, Hachette, 1846, p. 3 Google Scholar.

75. Renouvier, C., Manuel de philosophie moderne, Paris, Paulin, 1842 Google Scholar, préface, p. v. Le concours de 1839 avait pour sujet le cartésianisme, et le rapporteur du jury de l'Académie était Damiron. La table des matières du Manuel présente Descartes comme un aboutissement de l'histoire de la philosophie, qui retourne ensuite en arrière selon ce que Renouvier appelle un « mouvement inverse ».

76. P. Damiron, Essai sur l'histoire de la philosophie en France au Xvii” siècle, op. cit., préface, pp. Lxix-Lxx : « Après Descartes et avant ses disciples, j'ai placé comme en contraste et pour mieux les faire apprécier, ses deux principaux adversaires, Hobbes et Gassendi. Ils avaient déjà paru dans la lutte [se. contre Descartes] ; j'ai voulu les montrer hors du combat et les suivre dans leur marche de la négation à l'affirmation, de la critique à la doctrine ». Cette habitude semble prise dès le temps de Descartes ; le P. Daniel la relève dans son Voyage du Monde de Descartes, op. cit.

77. Cf. O. Bloch « Sur l'image du matérialisme français du Xviif siècle dans l'historiographie philosophique de la première moitié du XIXe siècle : autour de Victor Cousin », dans Bloch, O. (éd.), Images au XIXe siècle du matérialisme du Xviii” siècle, Paris, Desclée, 1979, pp. 3754 Google Scholar.

78. Sur l'élaboration de l'esprit cartésien comme esprit français, cf. F. Azouvi, « Descartes », art. cité.

79. P. Damiron, Essai sur l'histoire de la philosophie en France au Xviie siècle, op. cit., préface, respectivement pp. xxxi et xu.

80. Cousin, V., Histoire de la philosophie moderne, nouvelle édition révisée, Paris, Lagrange et Didier, 1846-1851, T série, 1847, pp. 4748 Google Scholar. Cette Histoire reprend en réalité les leçons de Cousin à la faculté des lettres.

81. AbelFrançois Villemain (17901870) enseigne à l'École normale et à la Sorbonne, comme professeur d'éloquence et comme suppléant de Guizot à sa chaire d'histoire ; homme politique et député, à partir de 1830 il devient membre puis président du Conseil royal de l'Instruction publique et secrétaire perpétuel de l'Académie française, puis membre de celle des Inscriptions et BellesLettres. Comme Cousin, il fut démis de ses fonctions enseignantes par le Second Empire.

82. Villemain, A.F., Cours de littérature française. Tableau de la littérature au Xviiie siècle, Paris, Didier, 1868 Google Scholar (rééd. Genève, Slatkine Reprints, 1974), p. m.

83. Désiré Nisard (18061888) prend la place de Villemain dans l'institution après le coup d'État de 1851 ; déjà maître de conférences à l'Ecole normale et professeur au Collège de France ainsi que député et directeur du secrétariat au ministère de l'Instruction sous la monarchie de Juillet, il devient sous Napoléon Iii inspecteur général puis secrétaire du Conseil impérial de l'Instruction publique, successeur de Villemain à sa chaire d'éloquence à la faculté des lettres et directeur de l'École normale. Il était aussi Académicien.

84. Nisard, D., Histoire de la littérature française, 4e éd., Paris, Firmin Didot frères, 1867, préface à la lre éd. du t. IV, pp. XIIXIV Google Scholar. Le t. IV paraît en 1861, alors que les trois premiers datent de 1844.

85. Cf. Compagnon, A., La Troisième République des Lettres. De Flaubert à Proust, Paris, Le Seuil, 1983 Google Scholar.