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Paul Veyne naturaliste : l'histoire est un herbier*

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

François Hartog*
Affiliation:
Université de Strasbourg

Extract

« Depuis toujours, le vrai problème de l'histoire… » Pour Paul Veyne, la période, cet instrument de mise en ordre élaboré par les historiens, est un mythe ; mythe veut dire ici réponse insuffisante, mais sécurisante, langage inadéquat, balbutiement. Veyne indique, de manière intéressante, les « racines de ce mythe. « La première est la défense corporative, la sauvegarde du terrain de chasse. » La seconde, ce sont « les conventions du métier » : parmi les « signes extérieurs » qui accréditent une proposition historique comme scientifique, il y a le fait « de ne pas sortir de sa période » ; il faut toutefois faire entrer en ligne de compte la difficulté réelle de « dominer la documentation… de plus d'une civilisation ».

Type
Polémiques et Controverses
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1978

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Footnotes

*

Paul Veyne, L'inventaire des différences, Leçon inaugurale au Collège de France, Paris, Éditions du Seuil, 1977

References

1. L'histoire narrative n'est pas l'histoire événementielle; il peut y avoir une histoire événementielle non-narrative, celle précisément qui conceptualise.

2. Le premier moment étant, pour Veyne, la critique du fait: « Les faits n'existent pas. »

3. « Sciences de l'homme » ou « sciences morales et politiques », « sociologie », ou « conceptualisation », autant de termes substituables; de même, « sociologiquement » ou « scientifiquement ».

4. Veyne parle de « modèle », « d'invariant » et de « modèle invariant » (p. 18).

5. Veyne donne ici l'exemple du marxisme.

6. Exemple: «L'histoire de toute société jusqu'à ce jour est une histoire de luttes de classes… » Jusqu'à ce jour « le ressort de l'histoire est invariablement la lutte des classes » (p. 23).

7. « Dire que la guerre punique fut une guerre, c'est déjà mettre imprudemment les pieds sur un terrain miné » (p. 53).

8. On trouve tout au long du texte les oppositions: apparence/essence, apparence/réalité, illusion/vérité, et pourtant « la vérité n'est pas la plus élevée des valeurs de connaissance » (p. 61).

9. Non pas « l'orient, la Grèce, Rome, le Moyen Age », mais par exemple: « Du pouvoir par droit subjectif au pouvoir par délégation » (p. 48).

10. Comment on écrit l'histoire, Paris, 1971, p. 73.

11. M. A. Petit, cité par M. Foucault, Naissance de la clinique, p. 85.

12. On retrouve le progrès pp. 12, 25, 30, 49.

13. Seule affirmation sur la question: « L'histoire est faite pour amuser les historiens, c'est tout» (p. 12).

14. Comment on écrit l'histoire, pp. 76, 81.

15. Je me réfère, avant tout, au livre de M. Foucault, Les mots et les choses et à La Logique du vivant de F. Jacob, d'où sont extraites les citations suivantes.

16. Notamment pp. 20, 45.

17. « Décrire, c'est tout dire, c'est entasser toutes les données visibles », écrit F. Jacob, et donc finalement ne pas voir; de même l'histoire narrative, lorsqu'elle décrit, ne voit pas ce qu'il y a à voir. Il faut respectivement le caractère et l'invariant.

18. Avec cette particularité: si un événement se répète, il figurera deux fois dans « l'herbier ». D'où l'aphorisme veynien: « L'histoire consiste à aimer deux fois ce qu'on revoit à l'occasion. »