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Mémoire de soi et des autres dans les livres de famille italiens

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Claude Cazalé Bérard
Affiliation:
Université Paris X-Nanterre
Christiane Klapisch-Zuber
Affiliation:
EHESS

Résumé

La conservation et l’étude des écritures privées en Italie s’insère dans une tradition historiographique et littéraire qui correspond notamment au rayonnement de la culture et de la langue toscanes, ce qui, du même coup, a longtemps circonscrit cette production dans les limites de genres mal définis et considérés comme mineurs, tout en lui attribuant – en l’absence d’une approche typologique spécifique – une fonction auxiliaire par rapport aux domaines consacrés par des auteurs majeurs. Il faut donc attendre le XXe siècle – et en particulier l’enquête menée depuis les années 1980, par les équipes coordonnées par Angelo Cicchetti et Raul Mordenti – pour que soit entrepris, de façon systématique et à partir de critères homogènes, un traitement des textes repérés dans la longue durée et dans l’ensemble de la péninsule. Les « livres de famille » constituent désormais une catégorie heuristique opératoire et un instrument de travail précieux pour l’anthropologie historique et l’étude de la vie privée dans son articulation avec les réseaux économiques et les institutions publiques, avec les systèmes sociaux, politiques et culturels.

Abstract

Abstract

The conservation and study of private accounts in Italy fit into a historiographical and literary tradition notably linked with the influence of Tuscan culture and language. That link has, in turn, limited this written production to the frame of genres which were approximatively defined and considered as minor ones, but, since no particular typological approach was provided, this genre was given an auxiliary function compared to realms consecrated by major authors. It was not before the 20th century – and more precisely before the investigation carried on in the 1980’s by teams coordinated by Angelo Cicchetti and Raul Mordenti – that researchers started systematically and methodically listing the texts singled out in the long run and in the whole peninsula. “Family books” now represent an operating heuristic category and a useful tool for historical anthropology and for the study of the way private life is connected to economic networks and public institutions, to sociological, political and cultural systems.

Type
Écritures et mémoire familiale
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2004

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References

1 - Le programme et les travaux de Vincenzio Borghini sont cités par Raul Mordenti, dans le premier volume consacré aux livres de famille en Italie : Cicchetti, Angelo et Mordenti, Raul, I libri di famiglia in Italia, I, Filologia e storiografia letteraria, Rome, Edizioni di storia e letteratura, 1985, pp. 1213 Google Scholar. L’intérêt de l’érudit florentin s’enracinait sans doute dans sa propre mémoire familiale, puisqu’un ancêtre Borghino di Taddeo di Borgognone écrivit un de ces livres de 1316 à sa mort, lors de la peste de Florence en 1348 : prenant modèle sur ce texte, et sur d’autres qu’il identifie dans les archives florentines et transcrit de sa main, Borghini va lui-même entreprendre un récit de sa jeunesse et de sa formation, qui adopte les caractéristiques formelles et stylistiques de ce qu’il reconnaît comme un genre spécifique.

2 - Fondée en 1583, cette académie savante, toujours existante, se proposait alors de fixer un canon de la langue toscane et rédigea le dictionnaire (Vocabolario degli Accademici della Crusca) qui, à partir de sa première édition (1612) et dans ses révisions successives jusqu’à nos jours, permet de retracer l’histoire de la langue italienne.

3 - Cf. Pezzarossa, Fulvio, « La tradizione fiorentina della memorialistica fra Medioevo e Rinascimento. Rassegna di studi e testi », Lettere italiane, a.XXI, 1979, pp. 96138 Google Scholar ; «La tradizione fiorentina della memorialistica », in G. M. ANSELMI, F. PEZZAROSSA et L. AVELLINI, La « memoria » dei mercatores, Bologne, Pàtron, 1980, pp. 39-149.

4 - Cf. A. CICCHETTI et R. MORDENTI, I libri di famiglia…, I, op. cit., pp. 21-29.

5 - Sur la question de la prééminence de Florence, voir Bec, Christian, Les marchands écrivains à Florence, 1375-1434, Paris-La Haye, Mouton, 1967 CrossRefGoogle Scholar ; ID. (édition critique et commentée), Il libro degli affari proprii di casa di Lapo di Giovanni Niccolini de’ Sirigatti, Paris, SEVPEN, 1969.

6 - Le XIVe siècle était désigné comme le « bon siècle de la langue », c’est-à-dire le siècle de référence ; de ce fait, aujourd’hui encore, les archives textuelles électroniques consultables en ligne, le Trésor de la langue italienne réalisé par l’Opera del vocabolario italiano, contiennent des textes dont la date ne dépasse pas 1375.

7 - A. CICCHETTI et R. MORDENTI, I libri di famiglia…, I, op. cit., p. 9.

8 - Parmi les très nombreux travaux de ces auteurs, il convient de citer essentiellement : Branca, Vittore, « Con amore volere ». Narrare di mercanti fra Boccaccio e Machiavelli, Venise, Marsilio, 1996 Google Scholar ; Petrucci, Armando, Il libro di Ricordanze dei Corsini (1362- 1457), Rome, Istituto storico per il Medioevo, 1965 Google Scholar, « Introduzione » ; ID., « Pouvoir de l’écriture, pouvoir sur l’écriture dans la Renaissance italienne », Annales ESC, 43-4, 1988, pp. 823-847 ; Langeli, Attilio Bartoli, La scrittura dell’italiano, Bologne, Società editrice il Mulino, 2000 Google Scholar.

9 - Voir notamment de Cherubini, Giovanni, « Dal libro di ricordi di un notaio senese del Trecento », in Signori, contadini, borghesi. Ricerche sulla società italiana del basso medioevo, Florence, La Nuova Italia, 1974 Google Scholar, qui marque chez les historiens italiens un intérêt pour la société, les classes, les groupes, ignorés par l’histoire événementielle ; d’autres contributions ont illustré cette nouvelle approche : Herlihy, David et Klapisch-Zuber, Christiane, Les Toscans et leurs familles. Une étude du catasto florentin de 1427, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1978 Google Scholar ; PAOLO CAMMAROSANO, « Les structures familiales dans les villes de l’Italie communale », in G. DUBY et J. LE GOFF (dir.), Famille et parenté dans l’Occident médiéval, Rome, École française de Rome, 1977, pp. 181-194 ; Balestracci, Duccio, La zappa e la retorica, Florence, Salimbeni, 1984 Google Scholar : l’historien y présente et publie le livre domestique d’un paysan aisé du Quattrocento, un cas plutôt rare dans la région siennoise où peu d’écritures familiales ont été conservées, contrairement à Florence.

10 - ANGELO CICCHETTI et RAUL MORDENTI, « La scrittura dei libri di famiglia », in A. ASOR ROSA (dir.), Letteratura italiana, vol. III, Le forme del testo, t. II, La prosa, Turin, Einaudi, 1984, pp. 1117-1159. Dès 1980, Fulvio Pezzarossa avait dressé une liste de trois cent trente textes de mémoires familiaux imprimés. Pour un bilan des recherches et des publications, voir Ciappelli, Giovanni, « I libri di famiglia di Firenze. Stato delle ricerche e iniziative in corso », in Mordenti, R., I libri di famiglia in Italia, II, Geografiae storia, Rome, Edizioni di storia e letteratura, 2001, pp. 131139 Google Scholar.

11 - Cf. R. MORDENTI, I libri di famiglia…, II, op. cit., p. 31.

12 - Ainsi le Diario familiare dei conti Pegolotti-Nuzzi dal 1763 al 1812, publié en 1993 par Francesco Gavioli et Gianfranco Marchesi, dans le cadre du Centro studi storici nonantolani.

13 - Aborder ces écritures familiales sous l’angle de l’autobiographie risque, en effet, d’en effacer la spécificité : Guglielminetti, Marziano, Memoria e scrittura. L’autobiografia da Dante a Cellini, Turin, Einaudi, 1977 Google Scholar.

14 - Leonida Pandimiglio aborde la question, en particulier dans son étude des livres de la famille Morelli : « La memoria di Lionardo Morelli (1476-1539) », in C. BASTIA et M. BOLOGNANI (dir.), La memoria e la città. Scritture storiche tra Medioevo ed Età moderna, Bologne, Il Nove, 1995, pp. 156-157 ; dans le bilan qu’il trace ultérieurement de ses propres recherches, L. Pandimiglio milite pour le choix de la définition « libri di famiglia ». Cette définition résulte d’une décision d’ordre méthodologique, c’est-à-dire sans référence directe à un corpus précis et délimité, ce qui lui permet de recouvrir toutes les différences. Cependant, lors de l’édition de l’un de ces textes, si une désignation a été formulée par l’auteur lui-même, il est préférable de la conserver même si le livre se range dans la catégorie « livre de famille » : par exemple les Ricordanze de Ugolino Martelli, ou les Croniche de la famille Citone, etc.

15 - On peut mesurer le chemin parcouru en suivant les pratiques éditoriales qui ont précédé et suivi l’enquête systématique menée dans le cadre de la recherche sur les livres de famille : voir à ce sujet le recensement des textes publiés et répertoriés désormais sur le site Internet BILF (Biblioteca Informatizzata dei Libri di Famiglia), le Bulletin Ldf (Bollettino della ricerca sui libri di famiglia), publié de 1988 à 1994, et les Actes du séminaire national « I libri di famiglia in Italia: quindici anni di ricerche » (Rome, Université Tor Vergata, 27-28 juin 1997), publié dans R. MORDENTI, I libri di famiglia…, II, op. cit., pp. 115-205.

16 - Il est inutile de s’étendre sur le débat concernant les distinctions éventuelles entre ces différents termes ; voir à ce propos A. PETRUCCI, Il libro di Ricordanze dei Corsini…, op. cit. ; LEONIDA PANDIMIGLIO, « Quindici anni [circa] con i libri di famiglia », in R. MORDENTI, I libri di famiglia…, II, op. cit., pp. 115-129, ici p. 124 ; pour Orvieto, ERMINIA IRACE, «Dai ricordi ai memoriali: i libri di famiglia in Umbria », in ibid., p. 150.

17 - R.MORDENTI, I libri di famiglia…, II, op. cit., pp. 104-109.

18 - V. BRANCA, « Con amore volere »…, op. cit., pp. 13-14, cite Paolo da Certaldo : « Sempre […] abi un tuo libro e scrivivi suso » (” Toujours […] aie ton propre livre et écrisy »), dans ID., Mercanti scrittori. Ricordi nella Firenze tra Medioevo e Rinascimento, Milan, Rusconi, 1986, p. 46. Voir aussi Alberti, Leon Battista, I libri della famiglia, livre III, édité par Romano, Ruggiero et Tenenti, Alberto, Turin, Einaudi, 1969, p. 251 Google Scholar.

19 - Ibid., pp. 91-96. De nombreux témoignages permettent de reconstruire le passage de l’oralité à l’écriture et à la réécriture : ainsi, outre l’exemple des Velluti, les livres de Lorenzo da Lutiano (1365), de Bernardino Pilestri (1492), de son aïeul Cione di Tingo (1332-1372).

20 - C’est ce que semble suggérer F. Pezzarossa à propos des livres des Pilestri : cité par R. MORDENTI, I libri di famiglia…, II, op. cit., pp. 93-94 : « Io Cione […] narrerò […] certa parte d’antichità de’ nostri antichi passati, le memorie de’quali Io fo ad audire legiere nel tempo de mia poericia […]. » (” Moi Cione […] je narrerai […] certains faits anciens de nos ancêtres, dont j’ai entendu lire les mémoires, à l’époque de mon enfance. »)

21 - Cf. V. BRANCA, « Con amore volere »…, op. cit., pp. 33-49 : Bonaccorso Pitti représente à la fois le marchand entreprenant et aventurier (” mercante di ventura ») hors de la cité, et le défenseur à Florence de la puissance familiale dont il revendique la prééminence dans l’oligarchie citadine : L. Pandimiglio parle pour son livre d’un « manifeste politicofamilial » (V. BRANCA, « Con amore volere »…, op. cit., p. 35).

22 - A. CICCHETTI et R. MORDENTI, « La scrittura dei libri di famiglia », art. cit., pp. 1135-1137.

23 - GIOVANNI CIAPPELLI, « La memoria degli eventi storici nelle ricordanze private fiorentine (sec. XIII-XV) », in C. BASTIA et M. BOLOGNANI (dir.), La memoria e la città…, op. cit., pp. 129-130.

24 - V. BRANCA, « Con amore volere »…, op. cit., pp. 63-64 : « […] seguirò di fare menzione […] di certe guerre e novità avvenute a Firenze, ma molto brieve, perché il prencipio nostro non è per questo fatto, ma solo di nostri fatti propi e di nostri passati » (” […] je continuerai en faisant mémoire de certaines guerres et nouveautés survenues à Florence, mais très brièvement, car notre intention n’est pas de traiter ces événements mais les faits qui nous concernent en propre, nous et nos aïeux »). Voir également, Marcello Alberini, lequel, évoquant le « Sac de Rome » dans ses Ricordi, ne veut pas être « historiographe » pour un public, mais écrire l’histoire exclusivement en ce qu’elle peut avoir d’utile pour ses descendants (cf. A. CICCHETTI et R. MORDENTI, I libri di famiglia…, I, op. cit., pp. 4-5).

25 - R.MORDENTI, I libri di famiglia…, II, op. cit.

26 - Voir en particulier la contribution de G. CIAPPELLI, « I libri di famiglia à Firenze… », art. cit., pp. 131-140.

27 - Pour la fiche signalétique à l’intention des collaborateurs, se reporter à Langeli, Attilio Bartoli, « Scheda analitica per la rilevazione dei libri di famiglia », Ldf (Bolletino della ricerca sui libri di famiglia), 9, 1-1, 1980, pp. 517 Google Scholar. Les normes ont été publiées par Mordenti, R., « Proposte di norme editoriali per la collana “La memoria familiare” », Bolletino della ricerca sui libri di famiglia, 2, 2-3, 1989, pp. 561 Google Scholar ; extrêmement détaillées et rigoureuses, elles étaient accompagnées d’un « Appendice: esempi di edizione di libri di famiglia », par Fulvio Pezzarossa et Simona Foà.

28 - Jones, Philip J., « Florentine families and Florentine diaries in the fourteenth century », in Jamison, E. M. (dir.), Studies in Italian medieval history. Papers of the British school at Rome, 24, 1956, pp. 183205 CrossRefGoogle Scholar ; Goldthwaite, Richard A., Private wealth in Renaissance Florence. A study of four families, Princeton, Princeton University Press, 1968 Google Scholar ; Kent, Francis W., Household and lineage in Renaissance Florence. The family life of the Capponi, Ginori and Rucellai, Princeton, Princeton University Press, 1977 Google Scholar.

29 - Dans son introduction au vol. II, R. Mordenti précise les choix et les priorités imposés par l’ampleur de l’enquête (I libri di famiglia…, II, op. cit., pp. 12-13) ; voir également le bilan dressé par L. PANDIMIGLIO, « Quindici anni… », art. cit., pp. 115-129.

30 - G. CIAPPELLI, « I libri di famiglia… », art. cit., p. 132.

31 - L’expression « a pieno titolo » est de E. IRACE, « Dai ricordi ai memoriali… », art. cit., p. 149.

32 - Cf. note 16.

33 - Bicci, Neri Di, Le ricordanze (10 marzo 1453-24 aprile 1475), éd. par Santi, Bruno, Pise, Marlin, 1976, p. 10 Google Scholar. Sur l’atelier des Bicci, au long de trois générations, voir Frosinini, Cecilia, « Il passaggio di gestione di una bottega pittorica fiorentina del primo Rinascimento : (1) Lorenzo di Bicci e Bicci di Lorenzo », Antichità viva, XXV, 1, 1986, pp. 515 Google Scholar ; ID., « (2) Bicci di Lorenzo e Neri di Bicci », art. cit., XXVI, 1, 1987, pp. 5-14.

34 - Voir Klapisch-Zuber, Christiane, «Du pinceau à l’écritoire. Les “ricordanze” d’un peintre florentin au XVe siècle », in Ialtet, X. Barral (dir.), Artistes, artisans et production artistique au Moyen ge, vol. I, Les hommes, Paris, Picard, 1986, pp. 567576, ici p. 574Google Scholar. Sur ce peintre et son livre, outre l’introduction à son édition, voir Santi, Bruno, « Dalle ricordanze di Neri di Bicci », Annali della Scuola normale superiore di Pisa, Classe di lettere e filosofia, 3e série, 1, 1973, pp. 173188 Google Scholar ; et, plus récemment, Thomas, Alice, The painter’s practice in Renaissance Tuscany, Cambridge, Cambridge University Press, 1995, p. 297 Google Scholar sqq.

35 - Voir Klapisch-Zuber, Christiane, « El “Diario” del albañil boloñés Gaspare Nadi (1418-1504) », Anales de historia antigua, medieval y moderna, 34, 2001, pp. 6574 Google Scholar.

36 - Voir les remarques de L. PANDIMIGLIO, « Quindici anni… », art. cit., pp. 126 et 128, sur les livres de Lionardo et Lorenzo Morelli. On trouverait bien d’autres exemples chez certains Strozzi, Martelli, Rinuccini, Medici, etc. de la seconde moitié du XVe siècle.

37 - Cette particularité explique peut-être que les grandes familles tenant leurs livres de cette manière sophistiquée sont aussi celles où l’on ne trouve pas (ou dans lesquelles n’ont pas été conservés) de livres de famille « à plein titre » et autonomes.

38 - L. PANDIMIGLIO, « La memoria di Lionardo Morelli… », art. cit., pp. 151-233 ; R. MORDENTI, I libri di famiglia…, II, op. cit., p. 33.

39 - Voir, parmi beaucoup d’autres cas, E. IRACE, « Dai ricordi ai memoriali… », art. cit, pp. 143-145, sur les portions du livre de Matteo di Cataluccio d’Orvieto qui semblent avoir été composées (ou copiées ?) un certain temps après les faits.

40 - Archivio di Stato, Florence [ASF], Strozziane, série V, 17, f. 189v. (1471) ; série V, 22, f. 90 (1478) ; série V, 41, f. 151v. (1484) et f. 162v. (1487).

41 - Ainsi, Valorino di Barna Ciurianni prend dans le livre familial le relais de son père à sa mort en 1380, mais ouvre simultanément un registre personnel (ASF, Manoscritti 77) ; voir Chabot, Isabelle, « Reconstruction d’une famille. Les Ciurianni et leurs ricordanze (1326-1429) », in La Toscane et les Toscans autour de la Renaissance. Cadres de vie, société, croyances (Mélanges offerts à C.-M. de La Roncière), Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 1999, pp. 137160, ici pp. 148-149Google Scholar.

42 - « Chuaderno di Guidi Filippi del’Antella ove iscriverrae cierte ricordanze, chominciado a scrivere in kal. marzo anno MCCLXXXXVIII » ; ASF, Manoscritti 74 (les ricordanze de Guido occupent les folios 2r-v, 3v, 4v, 6r-v, 11r-12r ; ceux de ses fils, les ff. 3r, 5r). Édition très partielle (le tiers environ) par FILIPPO POLIDORI et GIOVANNI CANESTRINI, sous le titre « Ricordanze di Guido di Filippo di Ghidone dell’Antella, e de’ suoi Figlioli e Discendenti », in Archivio storico italiano, série I, IV, 1843 ; édition des seuls ricordi de Guido et de son fils : Castellani, Arrigo, « Ricordanze di Guido Filippi dell’Antella con aggiunte di un suo figliolo fino al 1328 », in Nuovi testi fiorentini del Dugento, Florence, Sansoni, 1952, t. II, pp. 804813 Google Scholar.

43 - ASF, Manoscritti 74, f. VIr.

44 - Après dix feuillets blancs, commencent les ricordi de Filippo dell’Antella, ibid., f. 23r-45v et f. 58A-B (1375-1399), suivis par ceux de son fils Amerigo, f. 45v-56v (1400-1405).

45 - 1er mars 1298 (st. flor.)/1299 (st. commun) pour le cahier, mars 1293/1294 pour les mariages de ses soeurs, mars 1299 et 1300 pour des accords divers.

46 - ASF, Manoscritti 77. Voir I. CHABOT, « Reconstruction d’une famille… », art. cit., pp. 137-160.

47 - Dans le premier cas, Barna di Valorino ne reprend le livre en 1341 qu’après la mort de ses deux aînés, eux-mêmes trop jeunes pour s’en être occupés ouvertement après la mort de leur père en 1332 (sur l’intervention anonyme de Borgognone di Valorino, voir ibid., pp. 141-142). Dans le second cas, c’est la longue vie et la persévérance dans l’écriture de Valorino (1380-1429) qui escamote son fils Lapozzo, lui aussi mort en 1429.

48 - Biblioteca nazionale centrale, Florence [BNCF], Panciatichi 134.

49 - « […] le quali [cose] a me scrittore sono di piaciere scriverle, però m’apartengono saperle, e cosí conseguentemente a chi de miei rimarrà drieto a me. E gieneralmente sanza fare di questo libro alquna partigione da questo dí innanzi, scriverrò ongni mio fatto proprio di quello avessi affare con altrui. […] E chiamasi memoriale segreto » ; ibid., f. 1. (Ces choses, quant à moi, je prends plaisir à les écrire, parce qu’il m’appartient de les connaître, et de la même façon à ceux des miens qui me suivront. Et, en général, sans procéder à aucune division dans ce livre, j’écrirai à partir d’aujourd’hui chacun des faits concernant mes affaires […]. Et il s’appelle mémorial secret.)

50 - « Questo libro non si mostri a nessuno », sur la couverture du premier fascicule.

51 - E. IRACE, « Dai ricordi ai memoriali… », art. cit., pp. 141-161.

52 - On ajoutera le livre des Corsini, édité par A. PETRUCCI, Il libro di Ricordanze dei Corsini, op. cit., avec une large introduction, livre ensuite étudié par Allegrezza, Franca, « Un secolo di scrittura: il libro di ricordanze dei Corsini », Bullettino dell’Istituto storico italiano per il Medioevo e archivio muratoriano, XLII, 1985-1986, pp. 223294 Google Scholar.

53 - L. PANDIMIGLIO, « La memoria di Lionardo Morelli… », art. cit., pp. 152-233.

54 - Alessandra Tugnoli Aprile, « I libri di famiglia dei Da Sala », in R. MORDENTI, I libri di famiglia…, II, op. cit., pp. 183-190.

55 - E. IRACE, « Dai ricordi ai memoriali… », art. cit., p. 149.

56 - Pezzarossa, Fulvio, « Una prima verifica dei rapporti fra strumenti culturali e ruoli sociali: la memorialistica e i ceti bolognesi nei secoli XIV-XVII », in Benedictis, A. De (dir.), Sapere e/è potere, vol. III, Bologne, Istituto per la storia di Bologna, 1990, pp. 111134 Google Scholar, a dégagé un type bolonais du livre de famille qui inclurait des données généalogiques à côté des arguments économiques avancés par le nouveau groupe de professionnels arrivant ou tendant au pouvoir. Il ajoute : « La présence d’arbres généalogiques ou de blasons de famille ne serait de fait pas compatible avec le modèle florentin. » On pourrait le contredire sur ce point en produisant un certain nombre de livres de familles relevant du modèle florentin qui décrivent leurs armes (Spini, Velluti…) ou l’« arbre de leur généalogie » et parfois le dessinent aussi bien qu’un Cesare Nappi (Spini, Castiglionchio).

57 - Elle l’est fort clairement, dans l’introduction à sa récente édition de livres de famille du Veneto, par Grubb, James S. (éd.), Family memoirs from Verona and Vicenza (15th-16th centuries), Rome, Viella, 2002 Google Scholar.

58 - En particulier C. BASTIA et M. BOLOGNANI (dir.), La memoria e la città…, op. cit., et Ciappelli, Giovanni et Leerubin, Patricia (dir.), Art, memory, and family in Renaissance Florence, Cambridge, Cambridge University Press, 2000 Google Scholar.